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samedi 6 mai 2023

LE "FEUILLETON" DE L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (sixième partie)

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 13 janvier 

1934 :



"L'escroquerie de Bayonne.


La demande d'une Commission d’Enquête formulée par M. Ybarnégaray a été repoussée par 360 voix contre 229.


La Chambre a consacré hier deux séances à l’affaire du Crédit Municipal de Bayonne. Après avoir entendu M. Camille Chautemps, elle a repoussé, par 360 voix contre 229, la constitution d’une commission d’enquête proposée par M. Ybarnégaray, député des Basses-Pyrénées.


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LIVRE DE ISABELLE BILBAO SUR JEAN YBARNEGARAY
PAYS BASQUE D'ANTAN


A Bayonne.


Un appel des conseillers municipaux restant en fonctions à la population.

Au moment de publier notre première édition, nous recevons communication de l'appel suivant du premier adjoint au maire, M. Pierre Simonet


Citoyens bayonnais, 

Bayonne traverse des heures exceptionnelles et particulièrement douloureuses. Vos élus ont constaté, avec émotion, les sentiments véritables de la population, faits surtout de tristesse et d'angoisse ; bannissant toute passion et toute fièvre ; elle attend, dans le calme, l'heure de la justice. 


Quelques-uns de nos collègues ont adressé à M. le Sous-Préfet de Bayonne leur démission de Conseillers municipaux, et ils ont cru devoir, soit par leur lettre, soit par un communiqué aux journaux, mettre en rapport directement leur décision avec les événements d’aujourd'hui. 


Leur geste, vous le jugerez !


A l'heure où, sous le couvert d'une affaire criminelle, se trame une évidente manœuvre politique, nous estimons que notre devoir est de rester à notre poste, pour servir nos idées, les vôtres, exécuter le programme sur lequel vous nous avez élus, et assister dans le malheur l'homme qui, durant trente années de sa vie, a consacré ses forces et son intelligence à la grandeur de la ville et à la prospérité de toutes nos régions. 


Calmes et fermes comme vous tous, nous attendons les événements qui vont suivre, confiants dans la justice pour faire éclater la vérité, avec la volonté très nette de ne pas céder aux menaces et aux injonctions des adversaires qui nous ont toujours combattus et dont vous avez déjà condamné les procédés, les programmes et les doctrines. 


Nous avons la conscience nette : notre honnêteté est au-dessus des soupçons hypocrites et intéressés : nous restons dignes de votre confiance. 


Avec les collègues que bientôt vous nous désignerez, nous continuerons, dans l'ordre et le calme, à travailler à la grandeur et à la prospérité de la ville que nous chérissons de tout notre cœur. 

Signé : MM. Simonet, Lacouture, Weiller, Forsans adjoints ; Croste, Berrogain, Duclerc, Anatol, Labayle, Escorbiac, Desquerre, Pachebat, Lamarque, Labourdique, Saint-Arroman, Pradal.



La journée d’hier a été plus calme à l’instruction à Bayonne, mais l’activité judiciaire continue ici et à Paris.


A Bayonne, journée de travail pour le juge d’instruction, M. d’Uhalt, qui a étudié les dossiers Série-Caisse. 


Les perquisitions qui avaient été prévues pour hier après-midi, ont dû être renvoyées à dimanche, en raison du travail urgent qui devait retenir le magistrat tout l’après-midi. 


M. d’Uhalt a reçu de Chamonix, deux lettres chargées contenant, l’une 20 000 et l’autre 12 000 francs, cet argent avait été trouvé sur Stavisky après sa mort. 


Le juge nous dit que les charges qui pèsent sur Camille Aymard ne paraissent pas tics lourdes ; elles sont suffisantes pour motiver son inculpation, mais elles ne semblent pas suffisantes pour justifier une détention prolongée. 


La journée de demain sera consacrée, sur la demande des avocats, aux interrogatoires de Darius, Camille Aymard et Dubarry. Ces interrogatoires porteront sur le fond de l’affaire. 



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CAMILLE AYMARD
PHOTO AGENCE MEURISSE


Hayette sera conduit au Palais de Justice le 18 pour subir un nouvel interrogatoire. 


Les détenus se sont plaints du froid qui règne à l’intérieur de la prison ; la nuit, on enregistre dans les cellules, une température de moins deux. La commission des prisons s’est réunie et elle a envisagé les mesures à prendre pour remédier à cet état de choses. 


A l’Instruction.



Nous lisons dans L'Intransigeant

Le juge de Bayonne poursuit son instruction avec une vigueur et une célérité qui réjouissent et rassurent l'opinion. Il ne tient aucun compte ni de la situation de ceux qu'il inculpe, ni des influences qu'ils comptaient sans doute faire jouer. Il est la Justice, indépendante Justice. Et il veut faire mentir la leçon pessimiste du fabuliste : Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour... 


Voilà justement ce que tout le monde réclame en ce moment. Ce qui a en effet révolté les Français, quand le scandale a éclaté, c’est d’apercevoir tant de complaisances suspectes, c'est de constater les lenteurs et l'indifférence de la justice. L'affaire dépasse, et de loin, les manœuvres et les vols de Stavisky. Elle pose un problème grave et général. Il s'agit de savoir si quelques sportules distribuées opportunément à quelques intermédiaires, suffisent à paralyser toute répression, et à assurer l'impunité à un escroc avéré. 


Le magistrat bayonnais est en train de crever l'abcès. Il manie le bistouri avec sûreté, et n’hésite point. C'est ce dont on lui est reconnaissant. Car l'essentiel est d'aller vite. Une justice qui se fait attendre trop longtemps cesse d'être une justice. File se perd dans les atermoiements, et son arrêt final, même s'il est sévère, n'a plus de valeur exemplaire. Or. on peut croire que, dans quelques semaines, la dégoûtante affaire qui nous occupe sera réglée. 


Il le faut. Fendant que la passion publique s'anime et s'indigne de ce scandale, les grandes questions dont elle se détourne demeurent posées et exigent une solution. Redressement financier, politique extérieure, voilà qu'ils doivent être nos premiers soucis. Vite, qu'on punisse les coupables, afin que nous ayons le droit de ne plus penser à eux., et que nous nous reprenions à songer aux questions capitales ! 



A Paris. la levée de l’immunité parlementaire de M. Bonnaure. 

La commission a conclu à l’unanimité à l’autorisation des poursuites.


Les onze bureaux de la Chambre ont nommé jeudi soir chacun un de leurs membres pour faire partie de la commission chargée d’examiner la demande en autorisation de poursuites contre M. Bonnaure, député de Paris, mêlé, comme on sait, à l’affaire Stavisky. 


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DEPUTE GASTON BONNAURE


Mme Garat entendue par le juge d’instruction.



M. Gareau, juge d’instruction, a entendu hier vendredi après midi Mme Garat. 


Le magistrat, lors de perquisitions opérées au domicile de M. Garat, 7 bis, rue Lalo, avait remarqué une cassette vide et des bijoux dans le bureau de M. Garat et dans l’armoire de sa femme. Il n’y avait pas prêté attention tout d’abord, mais depuis il a eu connaissance des accusations portées par Tissier, qui a déclaré que M. Garat avait retiré des bijoux du mont-de-piété de Bayonne. 


Mme Garat a apporté au magistrat tous ses bijoux qui sont, pour la plupart, des bijoux de famille sans aucune valeur, exception faite pour une bague d’une valeur de 2 000 francs et quelques pièces de monnaie d’or montées en pendentifs. Mme Garat a précisé qu’elle et son mari avaient toujours eu une vie très modeste. 


Comme sur un carnet de comptes, on avait trouvé traces de versements de 80 et 50 000 francs à un compte en banque, la femme du maire de Bayonne expliqua que son mari gagnait bien sa vie comme avocat et que ces versements, au surplus, étaient antérieurs aux affaires Stavisky. 


Pour le reste, Mme Garat a déclaré quelle était complètement étrangère aux affaires et aux comptes de son mari, et que toute sa collaboration consistait à répondre à des lettres banales. 


Avant de quitter le cabinet du magistrat, Mme Garat a tenu a affirmer qu’elle avait une pleine confiance dans l’issue de l’affaire en ce qui concerne son mari, sa conviction en sa bonne foi restant entière. 


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JOSEPH GARAT MAIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


L’interrogatoire du masseur.


Après l’exécution des mandats d'arrêt décernés contre MM. Dubarry et Aymard, et l'interrogatoire de M. Depardon, collaborateur de Stavisky, qui avaient marqué la journée de jeudi, l’enquête relative à l’affaire des escroqueries a connu hier un temps d’arrêt. 


Au cours de la matinée, les services de la Sûreté générale n’ont pas eu à s’occuper de l’affaire de Bayonne


Dès les premières heures de l’après-midi, toutefois, arrivait à la rue des Saussaies le masseur de l’escroc, M. Marie Niemen, né le 15 novembre 1894  à Paris, et dont le passeport, renouvelé par la préfecture de police, le 23 décembre 1933, après avoir été maquillé et porté au nom de Niemenzedko, fut retrouvé, à Chamonix, sur le cadavre de Stavisky. 


Ce témoin fut aussitôt introduit dans le bureau du commissaire Charpentier qui l’interrogea longuement. 


Apres cet interrogatoire, M. Charpentier a entendu Mme Stavisky


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PHOTO MME STAVISKY
AGENCE MEURISSE




Mme Stavisky croit au suicide de son mari.


Un journaliste américain de Faris a pu obtenir jeudi une brève interview de Mme Stavisky. Elle l’a reçu entourée de ses deux enfants. "Il ne fait aucun doute pour moi, a-t-elle déclaré, que mon mari a mis fin à ses jours de sa propre main. C’est évident d’après la lettre qu’il a laissée."


A la Compagnie "l’Urbaine". 


A la suite de la perquisition de M. Demay, jeudi, au siège de l’Urbaine, boulevard Hausmann, la direction de la Compagnie a fait une intéressante déclaration : 


— Il n’y a pas eu de perquisition à proprement parler. M. Demay est venu voir si nous étions encore en possession des bons du Crédit municipal de Bayonne. Nous lui avons répondu que nous les avions envoyés depuis douze jours à M. d’Uhalt, juge d’instruction. 


Le montant attribué à ces bons par différentes informations n’est d’ailleurs pas exact. L’Urbaine Capitalisation n’a pas souscrit 7 millions de francs, mais 3 millions 300 000 francs, ce qui, sur son portefeuille de 250 millions, représente 1,04 %


L'Urbaine Vie avait souscrit non pas 18 ou 20 millions, mais 11 millions 880 000 francs, et, sur ce chiffre, 5 500 000 seulement sont échus, le solde venant à échéance en février 1937. Sur un portefeuille de 500 millions, cela représente 2,40 %.


Nous avons pu savoir également que l'Urbaine tenait ces bons de la Caisse centrale foncière, organe de la Confiance. 


Les souscriptions de l’Urbaine se placent chronologiquement en 1931, au début des opérations. La décision du Conseil d’administration n'a donc pas été influencée par la circulaire de M. Dalimier. La société a, cependant, consulté le service du contrôle des assurances et examiné le dossier qui contenait les attestations habituelles de M. Garat, les bilans du Crédit municipal, les autorisations d’émission montrant que les bons offerts entraient entièrement dans le cadre autorisé. 


L'Urbaine n'a pas acheté de bons au pair, mais à un prix qui les capitalisait à intérêts composés à 6 %. Le Crédit Municipal de Bayonne prêtant à 7 %, sa marge bénéficiaire, déduction faite des ristournes à sa Société intermédiaire, restait évidemment bien faible. 


Ajoutons, — et ce point est à souligner, — que c’est l’Urbaine qui, devant les échéances non satisfaites de juillet-septembre, après avoir patienté quelques mois, s’est adressée au préfet des Basses-Pyrénées, et a déclenché l’enquête qui amena l’arrestation de Tissier. 


D'autre part, le "Journal" publie les deux informations suivantes : 


Ce sont les déclarations de M. Romagnino qui ont amené la double arrestation de MM. Dubarry et Aymard. et la mise en cause de M. Bonnaure. 


M. Romagnino, secrétaire général de la Sima, avait été, à plusieurs reprises ainsi que nous l’avons dit, entendu par M. Ordonneau. 


C’est après avoir pris connaissance de déclarations de ce témoin que M. d’Uhalt, juge d’instruction à Bayonne signa les mandats d'amener contre MM. Albert Dubarry et Camille Aymard et demanda la levée de l'immunité parlementaire de M. Gaston Bonnaure, député du troisième arrondissement de Paris. 


Au cours de ses dépositions, M. Romagnino ayant déclaré qu’en octobre 1932 M. Camille Aymard avait reçu près de 60 000 francs de Stavisky, il dut naturellement préciser les raisons de ce versement. 


Celui qu'un pamphlétaire appelait "l'un des boxeurs de Stavisky" ajoutait encore que l’aventurier avait également versé diverses sommes à M. Albert Dubarry. 



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ALBERT DUBARRY SORTANT DU CABINET DU JUGE
PHOTO AGENCE MEURISSE


Le juge de Bayonne a dû trouver dans ces dépositions la preuve que les deux hommes connaissaient l’origine frauduleuse des bons, puisqu’il a retenu contre eux l’inculpation de recel. 


Enfin, parlant du député Bonnaure, M. Romagnino avait affirmé qu'on trouverait les traces des sommes que lui aurait remises Stavisky dans la comptabilité de la Compagnie Foncière. Il spécifiât qu’à sa connaissance, M. Bonnaure aurait, en outre reçu trois traites d’un total de 45 000 francs. 


Le tailleur du député reçut aussi environ 5 000 francs de Stavisky, somme représentant le tiers d’une note de M. Bonnaure. M. Lachaise, tailleur, 3, rue Tronchet a confirmé les renseignements de M. Romagnino sur ce point. 


Enfin, en terminant ses sensationnelles révélations, ce dernier a prétendu que les frais de l’élection de M. Bonnaure avaient été supportés par Stavisky. 


On doit supposer que les vérifications des enquêteurs parisiens ont démontré l'exactitude des déclarations de M. Romagnino, puisque le juge de Bayonne n’a point hésité à prendre une aussi grave décision. 



Un collaborateur de Stavisky a été longuement entendu.


Parmi les nombreux témoins qui défilèrent jeudi à la Sûreté générale, le plus important fut M. Henri Depardon, 41 ans, employé de la Société foncière d’entreprises de travaux publics, 28, place Saint-Georges, et qui paraît avoir été un des "hommes de paille" de Stavisky. Le témoin a déclaré qu’en 1928, sur le vu d'une annonce parue dans un journal, il s’était présenté rue Laborde et avait été engagé par Stavisky, qui se faisait alors appeler Victor Boitel. Il avait été nommé aussitôt chef du service des titres et des coupons à la Société foncière, emploi qu’il occupe encore actuellement. 


M. Depardon a spéculé sur les changes et les matières premières pour le compte de Stavisky. Ces opérations se sont soldées par des pertes considérables.  


"Il m’est arrivé parfois, a déclaré M. Depardon, au cours de son audition, d'avoir eu à régler des différences de 15 à 18 millions." 


Le chef du service des titres qui, malgré son poste élevé, semble avoir des connaissances financières assez peu étendues, a reconnu de bonne grâce qu'il avait placé pour le compte de Stavisky nombre de bons du Crédit municipal de Bayonne, toutefois, il affirme qu’il en ignorait l’origine frauduleuse. 


Au cours de l’enquête, les policiers ayant établi que M. Depardon figurait parmi les actionnaires des multiples sociétés contrôlées par l’escroc, le questionnèrent sur l’origine des fonds qu’il avait investis dans ces diverses entreprises. Le pseudo-capitaliste, dont les appointements mensuels ne dépassaient pas 3 000 francs, se borna à répondre : 


"Je ne me rappelle pas le nombre de sociétés auxquelles je suis intéressé : Mais j’ai toujours agi pour faire plaisir au "patron". 

A diverses reprises j’ai signé de nombreux papiers sans toutefois y prêter attention d’autant plus que je n’avais uns d'argent à débourser." 



La protection de l’Epargne.


Nous lisons dans Paris-Soir : 


Le scandale Stavisky fait naturellement surgir de nouveaux projets ou propositions de lois pour la protection de l’épargne. Le gouvernement se préoccupe en particulier d'interdire aux escrocs déjà condamnés certaines opérations financières. 


Mais ne sera-t-il pas toujours possible à un escroc d’agir par personne interposée ? Ce n'était pas Stavisky qui présidait au Crédit Municipal de Bayonne ou à la Caisse Autonome des Règlements et des grands travaux internationaux. A la tête de l'une opérait un parlementaire ; à la tête de l’autre, un ancien ambassadeur. On ne songe évidemment pas à interdire aux députés ou aux anciens diplomates d’entrer dans des Conseils d’administration. 


Que prouve d’ailleurs l’escroquerie de Bayonne ? Non pas que les lois aient été insuffisantes ; mais les contrôles que les lois prévoyaient n’ont pas joué. Certaines camaraderies et complicités y ont fait obstacle. 


Ce ne sont donc pas les lois qu’il s'agit de changer, mais les mœurs. Il n'y aurait plus de scandale financier en France, le jour où serait réalisée la séparation de la politique et des affaires. 


En fait, l’escroquerie de Bayonne rend impérieusement urgente une double réforme : du côté du Parlement un redressement des mœurs ; du côté des épargnants, un réveil de l’esprit de discernement et de la volonté critique. 


Si les députés ont tort de vouloir à tout prix faire des affaires, les épargnants n’ont pas eux-mêmes raison d’accorder confiance à une affaire sous prétexte qu'il y a derrière elle un député. On constate d’ailleurs en France un fait curieux : l’homme politique, "affairiste" est en quelque sorte un personnage traditionnel. Topaze est un héros de comédie, mais chaque Français incline individuellement à faire confiance à son sénateur ou à son député. On critique le parlementaire en général ; on se confie aux parlementaires que l’on connaît. 


Ce n’est ni des parlementaires, ni des votes du Parlement, que l'épargne doit attendre demain toute sa sauvegarde : c’est de sa propre vigilance. Pourquoi le Français, qui met tant de peine à économiser, abandonne-t-il aussi facilement ses économies au premier venu ? On disait autrefois à un chef de guerre : "Tu sais vaincre, mais tu ne sais pas profiter de la victoire." Le Français sait épargner, mais il ne sait pas placer ses économies. La plupart de ses malheurs financiers viennent de son excès de confiance. 

Jacques Chatillon."



A suivre...



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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