PAUL DÉROULÈDE À SAINT-SÉBASTIEN EN 1900.
Paul Déroulède, fondateur de la Ligue des patriotes et acteur important de la droite nationaliste en France est banni et expulsé en Espagne en 1900, pour avoir entrepris un coup d'Etat en 1899, après les obsèques du Président de la République française Félix Faure.
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| PAUL DEROULEDE |
Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Le Drapeau, le 18 mars 1900 :
"A Saint-Sébastien.
Notre éminent collaborateur, M. François Coppée, est allé voir Paul Déroulède à Saint-Sébastien d’où il a envoyé la dépêche suivante à notre confrère le Gaulois :
Saint Sébastien, 10 mars.
Parti mercredi soir, en compagnie du très aimable M. André Déroulède, par le sud-express — le train le plus rapide du monde entier, m’a-t-on assuré — et après avoir roulé pendant toute la nuit "à tombeau ouvert", selon l'expression des chauffeurs d’automobiles, je descendais jeudi, à sept heures du matin, sur le quai de la gare, à Saint-Sébastien, et je voyais venir vers moi, les bras ouverts, le grand et cher proscrit. Quelle étreinte ! il m’a semblé alors que je lui donnais l’accolade des innombrables Français indignés par son injuste bannissement, et qui pensent à lui avec tendresse et espérance.
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| CARICATURE : BONJOUR A DEROULEDE ! |
Je puis tout «le suite donner une joie à ces braves gens : Déroulède, que je n'avais pas vu depuis le 1er janvier dernier, dans son affreuse cellule de la prison de la Santé, où je l'avais laissé malade, fiévreux, presque impotent, Déroulède est à présent tout à fait guéri, rajeuni, superbe. Son héroïque et loyal visage exprime la force et la santé. Il marche d'un pas ferme, et, sous le beau climat de Saint-Sébastien, le vivifiant et salubre vent du large et la courtoise hospitalité qu'il reçoit et qui lui était due, dans les Pyrénées qui ont vu le paladin Roland, et dans cette Espagne qui est la patrie du Cid, ont fait merveille. Que, demain, se dissipe l’odieux cauchemar qui pèse sur la France, et qu'elle ait besoin du tribun et du soldat, il est prêt pour la parole et pour l'action.
Depuis deux jours, nous ne nous quittons pas et, par un temps radieux, devant un sublime paysage de mer et de montagnes, nous parlons de la patrie bien-aimée. Il ne doute pas du salut prochain, du salut par le Peuple tout entier, par le plébiscite républicain ; et il a raison, car il faudra sortir, à la fin, de l’anarchie où nous nous épuisons, et, malgré la résistance des parlementaires, qui font durer cette anarchie parce qu’ils en profitent, eux et leur clientèle, le suffrage universel, qui est le seul maître, parviendra, n’importe comment, à briser ses entraves, et fera entendre sa grande voix.
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| DEROULEDE ET HABERT SAINT-SEBASTIEN DONOSTIA 1901 |
Avec quelle ardente foi, avec quelle irrésistible éloquence Déroulède parle de l'appel à la Nation, d’où naîtra la République plébiscitaire, et avec elle une France réconciliée, régénérée, immolant les intérêts et les passions de tous les partis politiques sur l’autel de la Patrie, choisissant un chef responsable uniquement délégué par son mérite et ses vertus, et solennellement chargé d'assurer l’ordre et la liberté à l’intérieur et de relever fièrement le drapeau aux yeux de l'Europe et du monde !
... Je voudrais maintenant donner aux lecteurs du Gaulois quelques détails sur la vie de Déroulède à Saint-Sébastien.
Il considère, on le sait, que la politique d'action doit faire trêve pendant la durée de l'Exposition, aussi s’est-il installé ici pour quelques mois avec sa famille, dans la villa Alta, d'où l’on jouit d’une vue admirable. Sur la terrasse, en haut de la maison, il a même la joie, mêlée d’amertume, hélas ! d'apercevoir tout là-bas, dans les brumes de l'horizon, la Rhune, une montagne française, et ses yeux s’attendrissent, et sa voix tremble un peu quand il la montre du doigt et quand il dit : "C’est en France."
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| VILLA ALTA PAUL DEROULEDE SAINT-SEBASTIEN DONOSTIA GUIPUSCOA |
Dans ce logis, orné de souvenirs patriotiques, Déroulède compte se remettre bientôt au travail, et il espère nous donner, l’automne prochain, un livre où sera développé, avec quelque ampleur, son programme politique et social. Mais, à présent, il est encore trop distrait, agréablement sans doute, par les visites, pour entamer cet important ouvrage. De nombreux amis viennent de France ; il est aussi très recherché et très entouré par la société de Saint-Sébastien ; les Espagnols, qui s’y connaissent en courage et en noblesse de cœur, ont tenu à prouver l'admiration qu’ils éprouvent pour la vie du grand patriote. En l'approchant, ils l’ont aimé, et c’est à qui lui témoignera, dans son séjour d'exil, le plus d’affectueuse estime.
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| CARICATURE : LES EXILES PAUL DEROULEDE |
Aujourd’hui même, Déroulède et moi nous avons été introduits et reçus avec une exquise courtoisie dans la "Société basque des Amis du pays", qui est à la fois une académie, un musée, un conservatoire de musique. Il s'y fait des cours, des conférences, des expositions, et l'on y donne aussi d’excellents concerts et de belles représentations théâtrales. C’est là que palpite le cœur et que s’épanouit l'intelligence du pays basque. Un très savant archéologue, M. Pedro de Sorraluce, nous a conduit dans le bel hôtel de la Société, dont MM. Ramon et Luis de Camio, Bermingham et Antonio de Eugana nous ont montré les trésors, et où M. Larroga, musicien émérite, a exécuté sur l’orgue une délicieuse improvisation ; où l’on nous a présenté le riche album de la Société, sur lequel Déroulède a écrit ces lignes qui le montrent tout entier :
"La sympathie des gens de cœur, l’entretien des gens d’esprit, les splendeurs de la nature ne consolent pas l’homme d’un deuil d’amour. Voilà pourquoi Saint Sébastien ne me console pas de la France".
Et j’ai ajouté à mon tour : "Dans les armes de Saint-Sébastien, je lis les mots : loyauté, fidélité, noblesse. Jamais la charmante ville n’a été plus digne de sa belle devise qu’en donnant l’hospitalité au loyal, au fidèle, au noble Paul Déroulède."
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| DEROULEDE ET HABERT A SAINT-SEBASTIEN AVEC CONSEILLERS MUNICIPAUX NATIONALISTES |
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