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mardi 30 mai 2023

LE CONGRÈS DU PARTI RADICAL-SOCIALISTE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN OCTOBRE 1936 (sixième partie)

 

LE CONGRÈS DU PARTI RADICAL-SOCIALISTE À BIARRITZ EN 1936.


C'est officiellement, le 21 juin 1901, qu'est créé le Parti républicain, radical et radical-socialiste.




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CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 23 octobre 

1936 :



"Le Congrès radical-socialiste a continué aujourd’hui ses travaux.

Le Commerce et l’Industrie, la politique sociale, la défense nationale et la politique extérieure, faisaient les objets des rapports de ce matin. 

Cet après-midi : la politique financière et économique, 

Les Jeunesses radicales se sont réunies hier soir.


Les séances d’ouverture.

Vues et impressions. La tendance anticommuniste paraît bien l'emporter.


Jamais on n’avait assisté, de mémoire de journaliste, à un Congrès radical et radical-socialiste, donnant lieu dès l’ouverture de ses assises, à des incidents analogues à ceux qui ont marqué la séance d’hier. 


Ces incidents, nous les avons signalés dès hier. Des poings levés, des mains tendues, des cris... des interruptions fréquentes durant tout le discours du Président du parti. 



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EDOUARD DALADIER


M. Daladier en était tout surpris. 


On ne peut dire qu’il ait perdu pied : il a montré de l’énergie et de l'esprit dans ses courtes réparties, il a continué chaque fois d’une voix ferme, son exposé, mais il était visible, néanmoins, qu’à un certain moment, il n’était plus le maître de son auditoire ; il n’avait plus, si l’on peut employer ce langage, tout son monde en main. 


Ainsi que nous le notions hier et que s’accordent à le faire ressortir ce matin un grand nombre de journaux parisiens, sauf ceux qui sont de parti-pris, il est bien clair que deux tendances se manifestent au Congrès radical-socialiste : l’une des partisans de la personnalité pure et nette du parti radical-socialiste tel qu’il n’avait cessé d’exister jusqu’à la veille des élections législatives dernières, l’autre des partisans du Front populaire, jusques et y compris les communistes. 


Hâtons-nous de dire, — et tous les hommes d’ordre s'en réjouiront — que le nombre des premiers, à assister à la séance d'hier après-midi, que le nombre des premiers disons-nous, l’emporte nettement sur celui des seconds. 


Un fait est significatif, c’est que les deux discours de MM. Plaa, président de la Fédération radicale socialiste des Basses-Pyrénées, et Hirigoyen, maire de Biarritz, si pondérés, si mesurés et empreints de tact, ont été écoutés au milieu d'une attention profonde. 


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CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

M. Plaa n’a-t-il pas dit : 

"Nous sommes avec le Président Campinchi lorsqu’il souligne que, les grèves continues, les occupations renouvelées ne peuvent que compromettre la réalisation du programme établi en commun par les partis de gauche, qu’elles nous discréditent aux yeux de l'étranger, qu’elles désorganisent la production en interdisant toutes prévisions normales et constituent un sérieux obstacle à la réussite de l’expérience actuelle qui est fondée sur la reprise économique. 

Nous sommes d’accord parce que la pensée radicale-socialiste est unanime ; elle veut le progrès dans l'ordre ; l’évolution dans le calme et la légalité. Elle ne veut d’aucune Révolution." 


Et M. Hirigoyen : 

"Alors que certains s’attardent à rêver encore à des combinaisons politiques, à je ne sais quels jeux d’associations d’influences ; alors que certains rêvent de transformer notre pays en un champ clos pour je ne sais quelle lutte entre mystiques creuses, seul ce programme de travail que le Pays attend de vous, parce qu’il mettra en lumière le vide et le danger des doctrines qui ne s’étayent ni sur l’âme, ni sur le bon sens français, obligera les pêcheurs en eau trouble, de quelque côté de l’horizon qu’ils puissent venir, à préciser leurs idées et leurs intentions."


Sous la sagesse et la prudence des mots, les deux orateurs ont entendu signifier que le Pays n’était pas ennemi des réformes mûries, venant à leur heure, à condition qu’elles soient accomplies dans l’ordre et la légalité. 


Avez-vous remarqué que, dans son discours, qui devait déchaîner une première tempête, ce discours où il s’est affirmé partisan du Front populaire jusqu’au bout, M. Daladier, s’il s’est bien déclaré partisan de l’ordre indispensable, n’a pas prononcé une seule fois le mot de "légalité". Et maintenant, que va-t-il advenir ?... 



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33EME CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

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Le discours de M. Daladier.


"...La grande majorité de nos Fédérations s’est prononcée pour le maintien du Front populaire..." a dit hier le Président du parti. On ne l’aurait vraiment pas cru en voyant l’attitude de la majorité du Congrès !


Nous avons publié, hier, une analyse du discours de M. Daladier. Nous reproduisons in-extenso aujourd'hui : 


Citoyens, 

Je suis assuré de bien exprimer votre sentiment en adressant à notre vaillante Fédération des Basses-Pyrénées les remerciements chaleureux et les cordiales félicitations du Parti. Son président, le citoyen Plaa, et avec lui le citoyen Hirigoyen, maire de Biarritz, les élus et les militants du Béarn et du Pays basque, ont organisé notre Congrès national avec une ferveur et un dévouement qui attestent leur foi dans le radicalisme. Qu’ils reçoivent l’expression de notre gratitude pour l’accent d’amitié fraternelle qu’ils ont mis dans leur accueil ! Grâce à leur admirable effort, le Congrès de Biarritz s’affirme dès aujourd'hui comme l’une dos plus belles assemblées que la France radicale ait connues. 


L’importance du Congrès de Biarritz.


Je m’en voudrais d'insister sur l’importance de notre Congrès en des heures aussi graves de la vie de l’Europe, en des heures aussi délicates de la vie politique française. 


Voici déjà plusieurs mois que se poursuit hors de nos frontières, une course de plus en plus rapide aux armements terrestres, maritimes, aériens, et que, de nouveau, passe sur le monde l’ombre mortelle des antagonismes nationaux. Tandis que de grandes nations ont déclenché au service de leurs fortes armées permanentes, une véritable mobilisation industrielle, d’autres Etats, moins vastes et moins peuplés, en proie à l'inquiétude, proclament une neutralité qui d’ailleurs se préoccupe d’être aussitôt fortement armée. Comment ne pas apercevoir dans ces événements la conséquence de la crise que subit la Société des Nations et avec elle, cette grande et noble idée de la sécurité collective par l’assistance mutuelle qu’elle avait la mission d’organiser ? Qui pourrait méconnaître les extrêmes difficultés que rencontre la préparation d’un nouvel accord pacifique entre les puissances qui autrefois, souscrivirent au pacte de Locarno ? Aussi bien, le conflit de doctrine qui dans la plupart des Etats, oppose l’idée de dictature et l'idée de démocratie, ne manque point d’avoir désormais de graves répercussions sur la politique Internationale elle-même. Comment, au delà des frontières de notre Patrie, ne seraient-ils pas nombreux, les hommes impatients de connaître sur ce problème de la Paix, qui domine tous les autres, la pensée du parti radical de Fiance, si profondément démocrate, et si résolument national ? 


Dans notre Pays lui-même, que d’événements sc succèdent depuis quelques mois. Des réformes sociales généreuses et hardies, une réforme monétaire qui, par la dévaluation du franc désormais aligné sur les grandes monnaies du monde, s’efforce de mettre un terme à la disparité des prix français et des prix mondiaux, l’exaltation inévitable des ouvriers qui voient dans la victoire du front populaire, la certitude d’un destin meilleur, tout cela se réalisant d’abord dans une atmosphère fiévreuse. Aussi bien, toutes les fractions de l’opinion française, tous les partis, qu’ils soient situés à notre gauche ou à notre droite, interrogent aujourd’hui le parti radical ou prennent soin de lui faire connaître leur propre pensée. 


Vous avez sans doute lu dans la presse — et j’en remettrai d’ailleurs le texte à notre commission de politique générale, — l'importante lettre que nous adresse le parti communiste. Vous ayez admiré le discours si lucide et si pathétique que Léon Blum, chef du gouvernement du Front Populaire, et aussi chef du Parti Socialiste, a prononcé dimanche dernier, à Orléans, devant notre Fédération du Loiret. Ajouterai-je qu’il n’est pas un journal, à Paris eu en province, qui n’ait eu l'amabilité de nous prodiguer, depuis plusieurs semaines, les conseils affectueux ou les avertissements impératifs ? Remercions-les de proclamer ainsi l’importance du présent Rassemblement radical et l’influence qu’il doit exercer sur l’orientation de la politique française. 


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EDOUARD DALADIER


Le Parti Radical et le Front Populaire.


L’an dernier, à Paris, au Congrès de Wagram, à l’unanimité, ou du moins sans que nulle voix opposée ne se fut fait entendre, notre Parti a résolu de collaborer avec toutes les forces populaires, de sceller l'alliance des classes moyennes, du Tiers-Etat, avec les ouvriers et les paysans de France. Contre les manœuvres et les prétentions du fascisme, les démocrates se sont unis peur la défense de la République. En outre, et pour la première fois peut-être dans l’histoire du régime, sans rien abandonner de notre doctrine propre, nous avons donné notre adhésion à un programme commun de réformes, que nous devions réaliser ensemble, afin que la victoire électorale des gauches solidaires eût enfin pour conséquence leur collaboration au gouvernement pour une œuvre constructive. 


Nous avons fait honneur à notre signature. Aucune voix autorisée ne s’est élevée dans le Parti au lendemain des élections pour demander au Parti radical de se borner à une politique de soutien. Nous avions perdu à la Chambre notre primauté numérique, parce que dans le Pays, environ quatre cent mille électeurs s'étaient détournés de nous. Pourquoi ? J’ai déjà montré que cet échec temporaire était dû au mécontentement de nombreux petits fonctionnaires, petits retraités, modestes rentiers, anciens combattants qui nous reprochaient cette politique de restrictions, d’économies, à laquelle beaucoup d’entre nous s'étaient résignés parce qu’ils la croyaient nécessaire au salut du pays. Mais l’étude méthodique du scrutin démontre que nous aurions eu à déplorer encore des pertes plus sensibles, si, contre les attaques passionnées des droites, nous n’avions pas donné notre adhésion à cette union résolue de toutes les gauches qui portent ce nom nouveau de Front Populaire. 


Nous avons fidèlement respecté la parole donnée. Nous sommes entrés au Gouvernement. Nous nous sommes efforcés de remplir notre mandat avec probité, d'ailleurs soutenus dans notre tâche par l’appui constant de notre Groupe parlementaire. Vos ministres ont travaillé de leur mieux au maintien de la paix, à l'administration d'une justice impartiale à la solution des conflits du travail dans lesquels ils ont parfois exercé un heureux arbitrage, à la réorganisation de l’Education Nationale, à la reprise des échanges commerciaux entre les peuples, à l’amélioration de notre Défense Nationale. Il vous appartiendra de dire si ce mandat doit être confirmé ou abrogé. En tous cas, la décision ne dépend que de vous. 


De même, vous aurez à juger l'oeuvre accomplie. Je crois, si je m'en rapporte aux ordres du jour de nos Fédé rations, que l'immense majorité, sinon l'unanimité du Parti, approuve les réformes sociales que la Gouvernement a proposées et que le Parlement a votées. Qui s’élèvera contre l’accroissement des salaires quand il apprendra par les statistiques des Assurances sociales, qu’en 1934, un million de salariés gagnaient moins de quinze francs par jour ? Qui protestera contre les congés payés, contre les contrats collectifs, quand il réfléchira aux douloureuses incertitudes qui, pendant ces dernières années, ont rendu si précaire la vie ouvrière ? Qui condamnera la politique de valorisation des produits agricoles, lorsqu'il mesurera que la prospérité des campagnes françaises est la condition de l’activité de l’industrie et du commerce ? 


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CONGRES PARTI RADICAL-SOCIALISTE BIARRITZ
PHOTO JOURNAL REGARDS 29 OCTOBRE 1936


Certes, il était, sans doute, inévitable que la victoire du Front populaire provoquât parmi les ouvriers, victimes d'une crise économique sans précédent, une sorte d’exaltation qui a donné lieu parfois à de regrettables abus. On a signalé aussi, et avec raison, le rôle inadmissible que prétendirent jouer dans les conflits du travail des étrangers, ou même des agents provocateurs. Nous n’avons cessé, quant à nous, dès le milieu de juin, et plus tard encore, de faire entendre les appels nécessaires au calme, à la raison, à la paix sociale. 


Nous avons rappelé que, fidèles à l’esprit de la Révolution française, nous entendions que fussent préservés la liberté individuelle, l'ordre républicain et la souveraineté de la loi qui en est la garantie suprême, et cette propriété la garantie suprême et cette propriété individuelle, fruit du travail et de l’épargne, qui correspond si étroitement aux caractères profonds de la nature humaine qu’elle renaît aujourd'hui dans les Etats qui avaient d’abord prétendu la détruire et la proscrire."



A suivre...












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