LA CORNICHE DE LA CÔTE DES BASQUES EN 1913.
Dès le début du 20ème siècle, existent des projets pour aménager la Côte des Basques.
CÔTE DES BASQUES BIARRITZ 1913 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 28 décembre 1913 :
"La Corniche de la Côte des Basques.
Rapport présenté au Conseil municipal par M. de Lainsecq.
Personne, Messieurs, parmi les touristes qu'amène sur notre côte la réputation mondiale de Biarritz, n’oublie, dans ses premières promenades, d’aller admirer le splendide point de vue offert depuis le plateau du Phare à l'œil émerveillé du spectateur. D’un côté, à perte de vue, le rivage de la région landaise avec ses pignadas et ses vagues d'argent ; de l'autre, la Côte Basque, dentelle découpée par la mer au pied des Pyrénées et des montagnes de Biscaye. Et aucun de nos visiteurs ne peut s'empêcher de déplorer que par suite des circonstances, le point de vue soit brusquement interrompu, entre le Phare et la Grande-Plage. A cet endroit, le panorama superbe de Biarritz, déroulé sur fond des montagnes, entouré par l'Océan, ceinture moelleuse ou grondante, est remplacé par le spectacle sensiblement moins flatteur de murs protégeant des jardins contre tout regard ou de nombreuses villas, ne laissant plus comme repos à l’œil du promeneur que quelques rares échappées sur la mer.
CÔTE DES BASQUES BIARRITZ 1903 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce n’est qu’à partir de la Grande-Plage que la vue est enfin libérée de ces contraintes, et que le touriste peut admirer, en passant successivement par l’Esplanade de la Vierge, le Port-Vieux, puis la Côte des Basques, l’Océan, ses nuances infinies de diversité, ses calmes et ses fureurs.
Or, si du côté de la route du Phare, il n'a pas été possible de ménager au public la vue ininterrompue de la mer, des dispositions sagement comprises peuvent, à la Côte des Basques, la conserver de façon définitive, pourvu qu’elles soient prises en temps utile. Et tous ceux qui, les yeux pleins du spectacle unique déroulé devant eux à cet endroit, voient leur promenade arrêtée au bout de quelques mètres, ne peuvent que concevoir par la pensée une voie jetée contre les falaises, offrant au promeneur, à son gré, les bienfaisantes ardeurs du soleil de midi et les splendeurs du couchant.
CÔTE DES BASQUES VILLA BELTZA BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
La Ville avait si bien compris les avantages de la création d’une route de corniche, que, reprenant, en 1902, une idée de Napoléon III, elle avait étudié la possibilité de la construction d’une voie allant de la digue actuelle à la villa Marbella, et revenant ensuite sur la falaise jusqu’à son point de départ, par des boulevards de corniche, offrant ainsi aux hôtes de Biarritz une splendide promenade de quatre kilomètres de longueur.
Multiples et séduisants sont les arguments en faveur de cette création :
D’abord, éviter, comme nous le disions tout à l’heure, que la vue de la mer ne soit, comme du côté du Phare, soustraite pour la plus grande partie à l’œil du touriste (sans cependant gêner les propriétés existantes), et prolonger, de façon ininterrompue, jusqu’à Marbella, la magnifique promenade qui se déroule depuis le Palais, le Rocher de la Vierge et le Port-Vieux.
En second lieu, tous les résidents de Biarritz — et ils sont nombreux — qui ont fait de la Côte des Basques, par les journées bien souvent ensoleillées de l’hiver, leur coin préféré, savent quelle température douce et bienfaisante règne en cet endroit si bien abrité contre les vents du Nord et de l’Est. Il n’est pas téméraire de prévoir que la promenade créée à cet endroit pourrait offrir à notre clientèle d’hiver des avantages comparables comme conditions climatériques à la Promenade des Anglais de Nice, avec une vue infiniment plus pittoresque, et une mer autrement plus vivante.
En troisième avantage serait de sauvegarder contre l'action destructive des éléments les falaises marneuses de la côte.
FALAISE DE LA CÔTE DES BASQUES BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
En effet, si i on consulte le dernier plan cadastral, on constate que l'empiétement de la mer sur le rivage est de 50 centimètres par an. D’autre part, des éboulements se produisent sans cesse, causés partie par les tempêtes, partie par l’action érosive des sources qui rongent sans cesse les terres. Le chemin des falaises beau-Rivage s’est effondré en partie, et la descente à la mer prolongeant le chemin de la Fontaine Bouillante nécessite des réparations continuelles. L’on peut donc prévoir que dans un avenir très prochain, des mesures d’urgence devraient être prises pour soustraire les falaises à cette lente, mais totale destruction. Des travaux de soutènements partiels, avec quelque soin qu’ils soient faits, ne peuvent rien avoir d’esthétique. Il paraît donc indiscutablement préférable d'éviter sur ce point, par une disposition d’ensemble sagement comprise, la ruine irrémédiable et inutile de l’œuvre de la nature, ou son gaspillage par des travaux partiels juxtaposés.
CÔTE DES BASQUES BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Enfin, un autre avantage du travail projeté touche à un problème vital pour Biarritz, la question de l’assainissement.
Vous vous rappelez, Messieurs, que la configuration de Biarritz, particulièrement accidentée, vous a obligés, pour résoudre cette question, à de longues et délicates études. Le relèvement des eaux usées pour les conduire à l’usine d’épuration soulève tout particulièrement un problème des plus difficiles. En effet, vous avez été obligés de prévoir ce relèvement jusqu’à un point de la ville situé à 27 mètres de haut. Sans doute, des appareils capables d’un semblable travail existent-ils, et une de vos Commissions va être appelée à examiner leur fonctionnement dans une autre station. Mais le problème serait résolu d’une façon autrement plus pratique et moins coûteuse, si un relèvement plus considérable pouvait être suffisant. Et c’est ici que votre Commission des Travaux trouve un nouvel et très important argument en faveur des travaux projetés à la Côte des Basques. En effet, on pourrait simplement, au lieu de relever les eaux jusqu’au point primitivement prévu à 27 mètres, les amener jusqu’au Port-Vieux, puis les acheminer par une canalisation qui suivrait le quai-promenade projeté jusqu’à Marbella, et de là se rendrait à l’usine d’épuration. Le travail demandé aux appareils de relèvement serait donc incomparablement moindre et les garanties de fonctionnement absolument supérieures par conséquent. Au point de vue financier, l’économie réalisée par la Ville serait au minimum de 300 000 francs et peut-être même de 400 000.
CÔTE DES BASQUES BIARRITZ 1907 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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