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mercredi 3 mai 2023

HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE DANS LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE EN SEPTEMBRE 1937 (deuxième partie)

 

HENDAYE EN SEPTEMBRE 1937.


Pendant la Guerre civile espagnole, Hendaye, ville-frontière, est aux premières loges du conflit.




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PONT INTERNATIONAL HENDAYE 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Dépêche, le 22 septembre 1937 :



"... Les agents du Commandant.


Hendaye, 21 septembre. 

— A 17 heures, ce soir, le commandant Troncoso était toujours en observation, dans l'attente des décisions de la justice.


Le commandant Troncoso est un officier de carrière. C'est un homme de 40 à 45 ans, trapu, 1 m. 70, visage rond, blond, rit facilement en découvrant une rangée de dents en or. Autoritaire, très actif, emporté, surtout quand les douaniers résistent à ses fantaisies. C'est l'homme de confiance de Franco, en quelque sorte son ambassadeur.



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COMMANDANT TRONCOSO 1937


Ses relations administratives ont permis à ses agents d'avoir, par la haute confiance de leur chef en France, bien des facilités qui permirent l'exécution des opérations aventureuses plus ou moins légales, dont la dernière a abouti à l'incident de Brest.


Troncoso avait un assistant, un nommé Barraïbar, diplomate de carrière, ancien consul en Allemagne et conseiller diplomatique.


Pour les questions militaires, c'est le capitaine Ibanez qui est le délégué. Antonio Martin de Monti est l'agent de liaison entre Irun et Saint-Jean-de-Luz pour le service des renseignements.


Plusieurs fois par jour, cinq automobiles immatriculées M. 47 649, R. 56 303, M. 57 662, M. N. 2 9891 et S. S. 10 266 sont à la disposition de ces messieurs et assurent leur transport entre les deux pays. Le va et vient est constant.


Les attributions du commandant Troncoso sont celles de chef suprême dans la zone de la Bidassoa, de la Navarre et du Guipuscoa.


Le fameux Orendain est l'homme des missions dites de confiance, comme celle de l'enlèvement des chalutiers, la prise du bateau pétrolier à Bordeaux, "Le Campouamor", remis à la Société Campsa. Il toucha pour cette opération 50 000 pesetas.



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ORENDAIN
LA DEPÊCHE 22 SEPTEMBRE 1937


Orendain transporte des bombes et de la dynamite. Bien que surpris, un jour, avec du tabac de contrebande, le sol français ne lui a jamais été Interdit puisqu'il était encore au coup de main de Brest.


A l'incident de Brest sont mêlés le commandant Troncoso, Antonio de Monti, le capitaine Ibanez, un Français dont on va établir l'emploi du temps, agent tout dévoué à Troncoso, habitant Hendaye.


A son retour de Brest, M. de Monti est rentré en Espagne en passant par le pont frontière, à Irun. Le capitaine Ibanez est passé en Espagne par la montagne.


L'arrestation des agents rebelles a produit une vive satisfaction du côté français. La population frontalière, qui avait l'intuition de l'insécurité devant la bienveillance excessive de l'administration, s'est sentie soulagée.


En apprenant la mise en observation du commandant Troncoso, les populations riveraines espagnoles ont réagi dans l'ensemble assez mollement. Il faut s'attendre, par la suite, à l'excitation provenant de gens attachés à Troncoso, des fonctionnaires en particulier, pour fomenter des manifestations s'il doit s'en produire.


Signalons simplement qu'un nommé Motta d'Irun, se trouvant dans la cour de la gare d'Hendaye et apprenant le maintien en arrestation du commandant Troncoso, s'est écrié à la barbe des policiers : "Avec cent cinquante hommes, je me charge de cette bande." Le drôle a été signalé au commissaire spécial. Les Espagnols parlent de fermer la frontière.


Conclusion : Pour ramener le calme et permettre aux esprits de se ressaisir, une seule solution : Fermeture de la frontière pendant un temps déterminé.



L'activité de Troncoso.


Paris, 21 septembre. — M. Moitessier, directeur de la sûreté nationale, dont les services enquêtent actuellement au sujet du coup de main tenté sur un sous-marin dans le port de Brest, a déclaré à un représentant de l'agence Havas :



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PIERRE MOITESSIER 
DIRECTEUR SURETE NATIONALE 1937


"Dès le début de l'enquête, l'attention de nos services fut attirée sur la personne du commandant Troncoso, gouverneur militaire d'Irun. Il ressortirait des précisions fournies aux enquêteurs que le commandant Troncoso aurait pris une part active à une série d'attentats terroristes commis en France. Un témoin dont on ne veut pas dévoiler l'identité aurait fait connaître qu'il avait été en rapport avec le Commandant Troncoso et un de ses adjoints, le capitaine Ibanez. Ce dernier, aux dires du témoin, aurait demandé a celui-ci de se rendre en France pour y commettre des attentats et lui aurait parlé notamment de l'Exposition 1937, de l'ambassade d'Espagne à Paris et de la Bourse du Travail de Marseille, où, disait-il, se faisait le recrutement de volontaires de l'armée républicaine.


Ce témoin aurait été alors informé que le capitaine Ibanez se chargeait d'introduire les bombes en France à l'aide d'automobiles à carrosseries truquées qui franchiraient la frontière à Hendaye pour y déposer les explosifs dans des localités des Basses-Pyrénées.


On a appris d'autre part que la sûreté nationale a arrêté à Paris un Espagnol du nom de Nicolas Gabarin, frère de celui qui a été tué lors du coup de main de Brest.


A la suite de cette arrestation, la sureté nationale s recueilli les déclarations d'un témoin dont l'identité est tenue secrète. Ce témoin aurait affirmé qu'au cours d'un entretien, il avait appris que Gabarin, accompagné d'un nommé Ramon et de deux de ses amis, avait, le 7 mars 1937, sur l'ordre de Troncoso, déposé une bombe dans le train de Cerbère. Le témoin a ajouté que Gabarin avait tenté de faire sauter le consulat d'Espagne à Bayonne et qu'il avait déposé également un engin explosif sur un bâtiment alors à Bayonne. Le témoin a précisé au surplus qu'en avril 1937, Gabarin avait eu à Biarritz une entrevue avec Ramon et Troncoso. Ce dernier circulait dans une voiture américaine de marque très répandue qui lui appartenait.


Ce groupe se transporta alors à Saint-Jean-de-Luz. Ramon était porteur d'un chargement de bombes. Le témoin ajouta encore que Gabarin et Ramon devaient se rendre à Toulouse, afin de détruire des avions que l'on supposait destinés aux républicains. Cette expérience échoua, Troncoso n'ayant pas laissé suffisamment d'argent à ses subordonnés pour mener à bien leur mission.


A la fin de juin dernier, une entrevue eut lieu à Biarritz, entre les frères Nicolas et José Gabarin. José, qui était de retour de Marseille, déclara qu'il avait été chargé de placer une bombe dans des marchandises destinées à Barcelone. H ajouta qu'il avait été accompagné dans son voyage par le capitaine Ibanez.



Le Commandant Troncoso fait l'objet d'un mandat d'amener.


Pau, 21 septembre. — Nous apprenons à 18 heures que M. le procureur de la République de Bayonne vient de délivrer un mandat d'amener contre le commandant Troncoso. Le chef militaire espagnol va être transporté à Bayonne, où auront lieu les prochains interrogatoires.


Bayonne, 21 septembre. — Aux dernières nouvelles, on apprend que le mandat d'amener lancé par le parquet de Brest contre le commandant Troncoso a été transformé ce soir, par le procureur de la République de Bayonne en mandat d'arrêt. On croit savoir que le commandant Troncoso sera transféré incessamment à Brest.



Le Commandant Troncoso transféré à Bayonne


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COMMANDANT TRONCOSO 1937


Bayonne, 21 septembre. — Le commandant Troncoso, accompagné du commissaire spécial de la gare d'Hendaye, d'inspecteurs de la sûreté nationale et d'un officier de la garde mobile, a quitté Hendaye par le train omnibus de 20 h. 10.


A La Négresse-Biarritz, le commandant Troncoso et son escorte ont quitté le train pour prendre des autos qui les attendaient à la gare et ont gagné Bayonne par le route.


Arrivés au palais de justice à 21 heures, ils ont été immédiatement introduits auprès de M. Déjean de la Batie, procureur de la République, de MM. Fenié et Boutemaille, substituts, et de M. Favre, juge d'instruction.


Sortis du cabinet du procureur à 21 h. 55, ils ont regagné les voitures ; celles-ci précédées et suivies de camions de gardes mobiles, se sont rendues à la maison d'arrêt de Bayonne. A 22 heures, le commandant Troncoso qui venait de pénétrer souriant dans la prison, était écroué.


Le parquet s'est refusé à faire la moindre déclaration. Aucun incident n'est à signaler.



Le Commandant Troncoso incarcéré.


Hendaye, 21 septembre. - Après toute une journée d'interrogatoire au commissariat spécial de Hendaye par M. Ceugniard, dont on s'était empressé d'annoncer la révocation, le commandant Troncoso, commandant la place d'Irun, impliqué dans l'affaire du sous-marin de Brest, vient de prendre, sous bonne escorte, le train pour Bayonne, où il sera incarcéré à la villa Chagrin.



Le Commissaire Ceugniard n'est pas révoqué.


Paris, 21 septembre. - Au ministère de l'intérieur on dément le bruit de la révocation du commissaire spécial de la gare d'Hendaye, M. Ceugniard, sous le prétexte relevé par certains journaux qu'il aurait relâché le commandant Troncoso.


Cette information lancée par radio avait, du reste, causé une certaine émotion, car le commissaire spécial Ceugniard est considéré comme un fonctionnaire parfaitement loyal et attaché à ses devoirs.



Les postes frontières d'Hendaye sont renforcés.


La nouvelle de l'interrogatoire du commandant Troncoso à Hendaye a causé lundi soir à Irun une effervescence dont les autorités françaises ont été vite averties. On ne parlait rien moins que d'une manifestation à la frontière pour réclamer la mise en liberté immédiate du chef militaire.


Mis au courant de ces faits, M. Maurice Mathieu, préfet des Basses-Pyrénées, a fait immédiatement renforcer les postes de gardes mobiles. On dit qu'entre-temps le commandant Troncoso aurait invité au calme ses compatriotes par l'intermédiaire de sa femme. Toujours est-il qu'aucun incident ne s'est produit.


Le commandant de gendarmerie Sarthous, rentrant de congé, s'est rendu cet après-midi à Hendaye.



L'enquête à Bordeaux.


Bordeaux, 21 septembre. — Où en est l'enquête sur l'acte de piraterie tenté sur le sous-marin "C-2" ? Bien des faits, certes, restent obscurs. Essayons pourtant de faire une mise au point avec les brèves indications recueillies à cette heure à Bordeaux.


Sur une douzaine d'agresseurs, trois étaient hier aux mains de la police mobile, ainsi que les deux officiers du "C-2" et le commandant du "C-4", hier soir venait les rejoindre le fils du fabricant de sandales bordelais Sainz, cependant qu'à Hendaye on arrêtait le chauffeur du commandant Troncoso, dénommé Parella, contre lequel avait été lancé dimanche soir un mandat de recherche et que d'autres arrestations étaient signalées à Saint-Brieuc.


L'ignorance où nous sommes tenus des réponses faites par les fugitifs à la police mobile, qui reste bouche close, limite le champ des considérations, mais deux points dominent cette affaire : la personnalité de l'industriel Orendain, que mettront au clair les renseignements généraux centralisés par le parquet de la Seine, et l'attitude de Ferrando, commandant du "C-2".



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SOUS MARIN C2 REPUBLICAIN 1937

Celui-ci, avec qui nous avions passé trois heures durant la nuit de dimanche, était préoccupé — on le serait à moins — et déclarait qu'il s'agissait d'une chose grave.


Grave, la chose l'est à coup sûr pour le jeune enseigne de vaisseau qui avait à défendre le navire et que l'on retrouve dans l'automobile des agresseurs et déjeunant avec eux a Beliet. On peut invoquer sa camaraderie avec le lieutenant de vaisseau de las Heras. commandant du "C-4", actuellement impliqué dans cette affaire. On y a ajouté son désir de revoir les siens, actuellement en territoire nationaliste. De là, la fuite volontaire — il faut le souligner — avec les agresseurs.


Ce sont là, certes, des raisons humaines, mais suffisent-elles à un officier pour déserter son poste avec l'ennemi ?


Les enquêteurs, qui promettent d'ouvrir leur dossier, connaissent sans doute à cette heure les circonstances de l'agression de Brest d'après Ferrando qui en résolvait le récit aux magistrats.


Ce matin on n'était pas plus avancé que dimanche en ce qui concerne le rôle joué par lui et par l'officier mécanicien Dabouza.



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SOUS MARIN C2 A BREST SEPTEMBRE 1937


Quatre mandats d'arrêt arrivent à Bordeaux.


Hier, dans la soirée, quatre mandats d'arrêt télégraphiques du parquet de Brest concernant Chaix, Orendain, Satrusteguy et de las Heras arrivaient au parquet de Bordeaux. Les mandats manuscrits sont attendus aujourd'hui au courrier de midi. Jusqu'à présent, Ferrando, commandant du "C-2", et Dabouza, mécanicien, sont donc considérés comme simples témoins. Il faut attendre à leur sujet les progrès de l'enquête faite à Brest sur leur attitude exacte au moment de l'agression, le juge d'instruction devant, au moment opportun, décider ce qu'il y aura lieu de faire à leur sujet.


D'ailleurs, on a lu la déclaration du consul d'Espagne à Nantes qui se porterait garant de la loyauté du commandant du "C-2" et du commandant du "C-4".


Quoi qu'il en soit, les quatre inculpés actuels, qui ont passé la nuit au secret dans la prison municipale, seront amenés dans la journée au parquet où ils seront entendus par M. Pastour, substitut du procureur de la République, qui procédera à leur interrogatoire d'identité et leur notifiera les mandats d'arrêt. Après quoi, ils seront dirigés sur Brest."



A suivre...






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