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dimanche 21 mai 2023

AGNÈS SOURET D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE PREMIÈRE MISS FRANCE DE L'HISTOIRE (cinquième et dernière partie)

 

LA PREMIÈRE MISS FRANCE ÉTAIT D'ESPELETTE.


Agnès Souret, née le 21 janvier 1902 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et morte le 30 septembre 1928 en Argentine, est un mannequin, une comédienne et danseuse française.

Elle est la première Miss France, élue en 1920, avec le titre de "la plus belle femme de France".




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AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai déjà parlé d'Agnès Souret dans cinq précédents articles, le 29/11/2016, le 7/09/2017

le 20/01/2023, le 20/02/2023, le 20/03/2023 et le 20/04/2023.



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse nationale dans plusieurs articles :



  • Le Petit Journal, le 13 septembre 1928 :

"La fin d'une future étoile.

Agnès Souret la plus belle femme de France est morte en Argentine.

Une crise d'appendicite a emporté en quelques jours la jolie Basquaise.



Elle portait au front tout l'éclat d'une des plus nobles races du monde. Elle était Basquaise et coulait près de ses parents des jours paisibles. Un jour, on organise un concours, celui de la plus belle femme de France.



Elle est jolie, va-t-elle se présenter ? Pourquoi pas ? Elle vient à Paris. Elle est choisie : la voici sacrée la plus belle femme de France. Reproduite à l'infini, son image est partout : sur les écrans, dans les devantures des librairies, voire sur des affiches. C'est la gloire : elle n'a pas seize ans !



Paris s'empare d'elle : la voici au music-hall, danseuse, puis artiste de cinéma. L'an dernier encore, elle dansait à la fête de bienfaisance organisée par le Petit Journal, et recueillait une chaleureuse ovation. 



Elle part pour l'Amérique du Sud. Arrivera-t-elle à prendre sa place au firmament des étoiles ? Puis, brutalement, alors que point le succès, une crise d'appendicite banale l'emporte à vingt-trois ans. Agnès Souret vient de mourir à Buenos-Ayres, 



Son corps, naguère merveilleux, sera ramené en France. Elle reposera dans la terre du petit bourg d'Espelette, dans ce pays basque tout fleuri de pommiers, tout parfumé de brises marines qu'elle quitta un jour, parce qu'elle était trop belle."



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AGNES SOURET MISS FRANCE 1920


  • La Petite Gironde, le 19 septembre 2023 :

"Etrange destinée que celle de cette pauvre Agnès Souret, consacrée par le suffrage populaire la plus belle femme de France, dont tous les journaux du monde reproduisent les traits charmants, et qui après avoir essayé vainement de projeter des feux d’étoile à Paris, s'en va mourir seule, en Argentine, des suites d’une opération chirurgicale. Elle n’était pas préparée à son rôle elle n’a pas su brûler l'étape. 



Elle était venue d’Espelette, au Pays basque, pour être le premier prix de Beauté des journaux. Il fallait tirer parti d'une pareille vedette. Les directeurs des Folies-Bergère — dont un au moins fut Bordelais — essayèrent de la présenter dans un numéro de danse, de chant, de poses plastiques. Timide, un peu bourgeoise, Agnès Souret ne "rendait" pas. On songea alors à la montrer dans une corbeille, promenée au dessus des spectateurs. Elle leur jetait des fleurs, des devises. 



Nous avons la curiosité de monter sur le plateau des Folies-Bergère avant son numéro. Agnès Souret est dans les larmes. Elle a traversé les rangs des figurantes en train de répéter, et ces dames, dont la générosité est le moindre défaut, ne manquent pas de conspuer l'enfant : 


— C’est ça le prix de beauté de France !... Ah ! mince, alors... (Et quand je dis : mince...). C'est un petit chameau de plus, voilà tout. 



Peu habituée à ce monde spécial, et surtout à son vocabulaire, Agnès Souret, blessée ne pouvait arrêter le flux de ses glandes lacrymales. Le fard s’en allait sous l’ondée. Le noir et le bleu des yeux se mêlaient au rose des joues. Il fallut refaire une tête à l'étoile pour qu'elle pût prendre place dans son nid de fleurs. Le public fut un peu étonné. Succès médiocre. 



Elle s’était retirée à Espelette Mais elle avait touché aux planches ; elle en sentirait toujours la brûlure délicieuse. Elle revint à Paris, où elle étudia la danse avec passion. Des engagements la familiarisèrent avec le public. Elle fut quelque temps la partenaire de Carpentier au music-hall ; puis elle tourna des films, chanta dans les cabarets montmartrois. 



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AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'était l’apprentissage. Elle était partie pour l'Argentine afin de mettre, au point un numéro de chant et de danses, sur lequel elle comptait pour faire une rentrée brillante à Paris... On va ramener son petit corps.



Elle avait fait une entrée brusquée sous le projecteur. Douce, réservée, elle eut quelque peine à se mettre à la page, à exploiter la chance. Les années s'écoulèrent. Jamais elle ne dépassa la période des essais.



On l'enterrera dans cette terre d’Espelette, à laquelle la gloire était venue prématurément l’arracher. Sans jouer les moralistes. emploi qu’on n'exerce qu’à l'égard des autres, on peut penser qu’elle eût été plus heureuse en épousant quelque gars basque, auquel elle aurait donné de beaux enfants, maîtres en l’art de la pelote et du football."



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AGNES SOURET MISS FRANCE 1920


  • La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 4 décembre 1928 :

"La jolie Agnès Souret qu’un jury proclama un jour la plus belle femme de France, mourut, on s’en souvient, l'été dernier, d'une crise d’appendicite, au cours d'une tournée théâtrale en Amérique du Sud. Un paquebot vient de ramener à Bordeaux le cercueil contenant le corps embaumé de la jolie Basquaise qui, aussitôt, a été dirigé sur Bayonne pour être transporté à Espelette. Les obsèques seront célébrées jeudi. La charmante et regrettée Agnès Souret reposera ensuite dans le paisible cimetière du riant village qui la vit naître, et auquel la gloire éphémère la vint un jour arracher."


"Convoi funèbre.


Madame Marguerite Souret, 

Prie ses amis et connaissances de lui faire l’honneur d’assister aux obsèques de 

Mademoiselle Agnès Souret 

Sa fille regrettée, pieusement décédée à Buenos-Ayres, le 14 août 1928, et qui auront lieu à Espelette, jeudi 6 décembre, à 9 heures 3/4. 

On se réunira à la villa Ederrenia, à Espelette (B.-P.), à 9 heures 1/2 précises.

 Un service d’autocars partira de la gare du B. A. B., Bayonne, à 8 heures et demie."



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AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN




  • La Petite Gironde, le 19 février 1929, sous la plume de Marcel Perin :


"Puisqu'on parle des plus belles...


Une visite à la maman d’Agnès Souret.


Espelette, février 1929. 

Un chalet basque aux poutres, aux balcons, aux volets bleus et sur la barrière bleue, elle aussi, cette inscription : "Ederrenia" (chez la plus belle). 


La terrasse domine les maisons d’Espelette, serrées les unes contre les autres, dans un cadre de montagnes cou vertes de neige, sous un ciel bas ouaté de gris. 


Aux murs du studio, sur le bureau, sur chaque meuble, un portrait : cent visages enfantins, candides, mutins, souriants, songeurs, d’une grâce ineffable ; ovale pur, chevelure qui semble un rêve blond, regards profonds de grands yeux bruns caressants. 


Assise en face de moi, une pauvre maman, frappée d’un deuil cruel, ne vivant plus que parmi les souvenirs, dans la demeure où Jamais plus l'enfant chérie ne reviendra, où ne tintera jamais plus son rire clair, plein de jeunesse, où jamais plus ne s’apaiseront ses chagrins dans la douce prison des bras maternels refermés. 


... Si j’osais, je me lèverais, je saluerais, je m'échapperais, car il n’y a plus de place ici pour un étranger, mais comme si elle avait prévu mon geste. Mme Souret me retient.


"Ecoutez-moi... je vais vous parler d’elle. On l'a trop connue et mal connue, ma petite Agnès ; sa beauté physique n'était que le reflet de sa beauté morale. Le cinéma la tentait beaucoup, beaucoup ; à l’époque où le "Journal" organisa son premier concours ; elle tenta sa chance ; non pas, croyez-le bien, pour conquérir un titre de pure vanité, mais bien pour réaliser son rêve : devenir une artiste de l'écran. 


Elle eût dû y parvenir, car, choisie, élue par le public de presque tous les cinémas de France, elle aurait pu en devenir l’idole ! Mais qui expliquera pour quelles raisons un metteur en scène ne sut rien tirer de cette merveille de photogénie ? Faut-il supposer que dans le milieu cinéma, les desseins soient plus obscurs, les intrigues plus redoutables ? Elle n’avait pour se défendre que sa douceur, sa bonté, son désir de mieux faire. C'était sans doute insuffisant à notre époque. 


A vrai dire, sa notoriété subite, mondiale lui nuisait. Elle alla au music4iall, où elle continua à demeurer simple, aimable ; elle avait acquis à force de travail un joli talent de danseuse ; son beau corps, si souple, si élégant, ses gestes si gracieux, si chastes, tout en elle permettait la floraison d’une grande artiste... 


Puis ce fut le départ pour Buenos-Ayres, un engagement de deux mois ! La joie de partir vers cette Amérique du Sud chère à tous les Basques... et c’est la crise foudroyante au moment du retour, l’espoir d’abord envisagé d'une guérison, enfin les complications fatales et le souci constant de l’enfant qui a tout fait pour épargner à sa mère l’horreur de cette angoisse : savoir son enfant en danger loin d'elle."



Mme Souret se tut un instant... lourd silence qu'elle rompit d’un effort : 


"Il y a quelque chose qui adoucit ma douleur, c'est d'être certaine que sur cette terre lointaine, Agnès a trouvé toutes les protections, tous les soins, auprès de ses compatriotes de là-bas. Comment exprimer ma reconnaissance à la générosité d’un Basque au grand cœur à qui je dois cette suprême consolation : pouvoir pleurer et prier sur la tombe de ma fille."



Des poules picorent les iris dans le cimetière qui ceinture la vieille église aux murs blanchis à la chaux. Deux cyprès s’élèvent dans le ciel gris. Le vent, la pluie, les années ont à demi effacé les noms de bien des tombes, mais dans l’angle du dernier contrefort et de l'abside, une dalle affreusement neuve porte gravés, un prénom, mi nom : "Agnès Souret", et l'on croit lire : "Jeunesse, beauté."



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TOMBE D'AGNES SOURET ESPELETTE - EZPELETA
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • Paris-soir dimanche, le 2 février 1936 :

"Agnès Souret et sa robe de communiante.


Voici la première de toutes, Agnès Souret, cette Basquaise blonde qui vivait avec sa mère, à Bayonne, et qui, parce qu’elle avait lu dans un journal que l’on cherchait la plus belle femme de France (c’était juste après la guerre ; juste à l’aube de ces concours) envoya à M. de Waleffe sa photographie en première communiante, avec ce mot délicieux : "J’ai maintenant 16 ans. Mais je n’ai pas d’autre photo. D’après celle-ci, croyez-vous que j’aie des chances, si je me présente ?" Le maître du concours, fort perplexe, considéra la photo de petite fille... et conseilla de venir. Quelques semaines plus tard, Agnès Souret. par plus de 600 000 voix proclamée reine de France. 


Sa vie, jusque-là, s’était écoulée sans autre histoire que la promenade quotidienne, la messe et les arts d'agrément : véritable éducation de jeune provinciale que sa beauté, tout à coup, jetait dans le vaste monde. Avec de grands yeux étonnés, elle considéra ces messieurs aux paroles persuasives qui venaient lui promettre des contrats, des voyages.


— Voici un contrat d’un million, l'Amérique...


Agnès Souret, effarouchée, refusa net. Comment aurait-elle vécu un an hors de France ?


Mais lorsqu’on a longtemps refusé son cœur, le moment vient où le cœur se tait, on accepte avec sa raison. C’ès ainsi qu'Agnès Souret a trop entendu ses amis lui reprocher de laisser fuir la chance. Quand un nouveau monsieur, combien persuasif, s’est présenté chez elle, demandant qu’elle consentit à paraître aux Folies-Bergère, elle a donné son premier "oui". Ce n’était qu'un début.


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AFFICHE LA GRANDE FOLIE
FOLIES-BERGERE 1920


Déesse charmante au milieu d’une immense corbeille de fleurs, dans le plus pur style des décors de cette époque pour nous déjà vieillie. Agnès Souret. chaque soir, parut. Dans les coulisses, une mère jalouse, veillait. Elle passa cent fois, fière et ravissante, toujours un peu lointaine, comme ceux qui n'ont pas encore trouvé leur destin.


Crut-elle l’avoir trouvé, lorsque, lasse de sollicitations, elle consentit à prendre le bateau pour l’Argentine ? Il y avait en elle, lorsqu’elle quitta la France, une grande tristesse. Buenos-Ayres. aux maisons éclatantes, blessa cette jeune vie d’un éclat trop vif. Et puis, le brouhaha des admirations, autour de ses cheveux fauves... Et puis, cette misère dorée des vedettes pures... Un soir, Agnès, prise de fièvre, dut s’étendre. Emportée par une infection maligne, elle ne se releva jamais."






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