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lundi 20 mars 2023

AGNÈS SOURET D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE PREMIÈRE MISS FRANCE DE L'HISTOIRE (troisième partie)

  

LA PREMIÈRE MISS FRANCE ÉTAIT D'ESPELETTE.


Agnès Souret, née le 21 janvier 1902 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et morte le 30 septembre 1928 en Argentine, est un mannequin, une comédienne et danseuse française.

Elle est la première Miss France, élue en 1920, avec le titre de "la plus belle femme de France".



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai déjà parlé d'Agnès Souret dans quatre précédents articles, le 29/11/2016, le 7/09/2017

le 20/01/2023 et le 20/02/2023.



Voici ce que rapporta à son sujet la presse nationale dans plusieurs autres articles :


  • La revue française politique et littéraire, le 5 août 1923, sous la plume de Fabritius :

"De l'ennui d'être la plus belle femme de France.



Y a-t-il, à tout prendre, royauté plus gracieuse que celle qu’exerça Mlle Agnès Souret ! N’était que les concours de beauté ont surtout servi de publicité tapageuse aux grands journaux, nous eussions tous applaudi au couronnement de la plus belle femme de notre pays, où les femmes sont plus belles encore, dit-on, que partout ailleurs.



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LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE 1920
AGNES SOURET


Nous avons rencontré Mlle Souret, il y a quelques jours ; c'est une délicate jeune fille, aux traits fins, aux yeux profonds, au teint de lys et de pavots, dirons-nous, car le bleu de théâtre ombrait encore ses paupières ; nous avons été surpris de la réserve presque craintive de celle autour de qui on a mené si grand tapage, dont les photographies se sont vendues par milliers, non seulement en France, mais à l’étranger, où elle a porté un coup fatal aux vedettes de cinéma "les plus mondiales" d'Amérique.



Certes, il eût été imprudent de demander des impressions à Mlle Souret dans l’éclat de son avènement ; mais son règne a deux ans maintenant ; elle a eu le temps de réfléchir, peut-être même de philosopher un peu. Nous avons risqué une ou deux questions. Mlle Souret a souri avec une mélancolie douce et qui, heureusement, nous a paru superficielle.



"Mais je ne suis plus la plus belle femme de France ! s’est-elle écriée. Depuis deux ans, il y a eu d'autres concours, d'autres lauréates... Moi, j’ai vieilli ; j’ai vingt ans maintenant !... Et puis, vous savez, ce n'est pas toujours très amusant d'être la plus belle femme de France.


Sans doute il y a le premier instant de surprise... très agréable. On s’y attend si peu ! On a vu l’annonce du concours dans un journal ; on en a parlé entre amies, à une petite réunion du dimanche provincial. L’une d’elles a dit en riant : "Tu devrais envoyer ta photographie !" Et l’autre a envoyé sa photographie, toujours pour rire. Et voilà qu’un beau jour, au grand effarement de toute la famille, et de tout le quartier, des reporters, des photographes débarquent devant la maison ; vous êtes la plus belle femme de la province ; vous passez dans tous les cinémas, on se passionne pour vous ; on vous discute. Un mois après, il y a un service d’ordre dans votre rue ; vous êtes la plus belle femme de France ? Impossible de sortir sans que la foule s’arrête pour vous dévisager ; on n’a plus qu’a quitter sa ville natale.



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AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN


La célébrité n’est pas toujours drôle. Sans doute est-il flatteur, les premiers jours, d’être reconnue, discrètement fêtée de sourires. Mais songez qu'aujourd’hui encore je ne puis entrer dans un magasin sans devenir le point de mire de tous les regards. J'ai été très populaire parmi les petites Parisiennes ; ça m’a flattée, car je suis une provinciale, un peu biarrote, un peu bretonne ; mais c’est irritant, à la longue, de ne pouvoir acheter une paire de bas au Printemps ou aux Galeries Lafayette sans qu'aussitôt mon nom ne courre de lèvres en lèvres ; tout le monde me dévisage ; il y a des petits rires pas très gentils, des face-à-main sévères, des monocles un peu dédaigneux, des gens qui ont des mines moqueuses... ou déçues ? Comment ne pas perdre contenance devant un tel examen, et quand on aperçoit une petite midinette de quinze ans qui, à peine vous a-t-elle vue, met furtivement un peu de rouge sur son visage chiffonné en se mirant dans sa petite glace et en ayant l’air de dire :


— C’est elle ? Oh ! Mais alors, j’ai des chances au prochain concours ?


Ah ? Rencontrer quelqu’un qui, en vous voyant, ne se rappelle pas telle couverture de magazine ou telle carte postale en couleurs ? Tenez ! Je ne sais qui j’épouserai, mais je crois que le jeune homme qui, après dix minutes de conversation, répondrait à une question insidieuse en ces termes : "Agnès Souret ? Connais pas. Qu’est-ce quelle a fait ?" aurait bien des chances.


Il me reste le théâtre, direz-vous. Evidemment, au début, je paraissais dans un panier fleuri qui faisait trois petits tours au-dessus de la scène, et s'en allait. Cela suffisait à faire salle comble. — Sans doute ai-je toujours "mon public", comme on dit. Mais il a bien fallu que je me rende à la réalité : je ne savais ni chanter, ni danser, ni jouer ; c est peu ? Je n’avais jamais songé au théâtre.


Alors j’ai voulu rentrer dans l'ombre ; j’ai acheté avec mes parents une petite maison de campagne dans mon pays ; c'était près de la route de Biarritz à Saint-Sébastien ; nous avions quelques terres et je voulais faire de la culture. Impossible ? Ma présence avait été éventée et ma petite maison marquée sur l’itinéraire des agences d’excursions. Songez au nombre de cars automobiles qui défilent sur cette route, en toute saison ? Ils s'arrêtaient tous devant chez nous ; le cicérone se levait et, d’une voix de tenter :


— Ici demeure la plus belle femme de France, dans la retraite et dans la tristesse d'un chagrin d’amour !


Le car attendait, avec recueillement, qu’une quarantaine de paires d'yeux eussent fouillé, à travers leurs lunettes jaunes — parfois leurs jumelles — les bosquets déserts et les vitres voilées de rideaux, derrière lesquels je me cachais, accablée. Car à peine le car s’était-il ébranlé doucement, qu’un autre lui succédait ; une voix nouvelle s'élevait, mais les paroles ne changeaient point :


— Ici demeure, etc..., etc... 


"Si encore j’avais eu, pour de vrai, un joli chagrin d'amour... pour me consoler ? Désespérée, je suis revenue à Paris, — au théâtre, mais sans éclat, cette fois. Je fais de la figuration, tout bonnement, et je profite de mes loisirs pour travailler ; je prends des leçons de danse, de diction ; j'apprends mon métier, comme la plus modeste petite fille qui rêve de devenus, un jour de grand tam-tam de presse, la plus belle femme de France !"


Ne nous attristons pas ; si, en nous faisant ces confidences, Mlle Souret avait le gentil petit air crâne d’une qui fait front à la tempête, elle resplendissait cependant, comme la plus heureuse des femmes ; et ce titre-là, mon Dieu, vaut bien l'autre."



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AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN

  • La Presse, le 10 août 1923, sous la plume de Paul Hyex :

"La Quotidienne.



Vous rappelez-vous le nom de celle qui fut proclamée, il y a deux ans, "la plus belle femme de France ?" Peut-être l'avez-vous oublié. Elle s'appelait Agnès Souret. Un concours de beauté, organisé par un de nos confrères du matin, l'avait sortie de l'ombre. Elle connut la célébrité, ou ce qui en tient lieu, par le temps qui court, la publicité tapageuse, mais éphémère. Elle fut, une saison, la grande vedette d'un music-hall. Elle attira des foules dans cet établissement. Elle ne disait rien, ne faisait rien, se contentait de paraître, d'être exhibée plutôt. Chaque soir, elle jouissait de son triomphe. Elle pouvait supposer qu'elle avait conquis la gloire ; elle était en droit de croire qu'elle resterait, désormais, une sorte d'idole vers laquelle iraient les hommages d'un public dont l'enthousiasme et la ferveur ne s'éteindraient jamais.



Mlle Agnès Souret a pu faire, depuis lors, de mélancoliques réflexions sur la versatilité des foules. Ces réflexions, elle les a même confiées à un de nos confrères de la Revue Française, qui signe : "Fabricius". Elles trahissent un amer désenchantement, en même temps qu'un naïf orgueil.



Elle a raconté, à celui qui l'interrogeait, qu'elle ne pouvait "entrer dans un magasin sans devenir le point de mire de tous les regards" et "sans qu'aussitôt son nom ne courre de lèvres en lèvres" ; tout le monde, dit-elle, la dévisage, et cette indiscrétion la fait souffrir. "La célébrité n'est pas toujours drôle !" a-t-elle déclaré, mais on devine qu'elle n'en est pas moins très flattée de subir les inconvénients et les ennuis qu'elle énumère !



Elle a formulé ce souhait dans l'oreille de notre confrère de la Revue Française :


Ah ! Rencontrer quelqu'un qui, en vous voyant, ne se rappelle pas telle couverture de magazine ou telle carte postale en couleurs ! Tenez ! Je ne sais qui j'épouserai, mais je crois que le jeune homme qui, après dix minutes de conversation, répondrait à une question insidieuse en ces termes : "Agnès Souret ? Connais pas. Qu'est-ce qu'elle a fait ?" aurait bien des chances.



Mlle Agnès Souret a dit cela. Mais il serait peut-être imprudent de prendre au pied de la lettre celte déclaration ! Le bon jeune homme qui aurait la candeur de naïvement avouer qu'il ne connaît pas Mlle Agnès Souret risquerait fort d'être considéré comme un dadais et un malotru, impardonnable d'être si mal instruit des événements considérables et si mal renseigné sur les personnalités illustres de ce temps. Il serait évincé sur l'heure, sans espoir de rétablir jamais la situation qu'il aurait si maladroitement compromise. Telles seraient les seules "chances" qu'aurait le bon jeune homme en question, quoi qu'en prétende Mlle Agnès Souret.



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AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN



Celle-ci, d'ailleurs, a des projets d'un caractère moins pot-bouille. Elle n'a pas renoncé à l'ambition de briller sur les planches et de garder la vedette sur l'affiche. Ayant savouré l'ivresse du triomphe au music-hall, elle désire retrouver cette griserie. Les applaudissement, les ovations, les désirs qui montent vers elle, d'une salle en délire, l'atmosphère capiteuse des coulisses, toute cette vie artificielle et fiévreuse du théâtre lui manquent dès qu'elle s'en éloigne. Elle entend bien y revenir, et déclare fièrement :


Je prends des leçons de danse, de diction ; j'apprends mon métier, comme la plus modeste petite fille qui rêve de devenir, un jour de grand tam-tam de presse, la plus belle femme de France !



Allons ! allons ! le bon jeune homme qui croirait se faire agréer de Mlle Agnès Souret, en feignant de ne pas la connaître, n'aurait, décidément, pas la moindre chance !"



A suivre...







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