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mercredi 29 mars 2023

WENTWORTH WEBSTER UN ANGLAIS AMOUREUX DU PAYS BASQUE AU DÉBUT DU VINGTIÈME SIÈCLE (troisième partie)

WENTWORTH WEBSTER AU PAYS BASQUE.


Wentworth Webster, né le 16 juin 1828 à Uxbridge, en Angleterre et mort le 2 avril 1907 à Sare, en Labourd, est un prêtre anglican, collecteur des contes traditionnels du Pays Basque, érudit de langue anglaise, française et basque.




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WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de 

l'Euzkalerrria, le 1er février 1925 :



"Basques. Extraits de l’ouvrage du Révérend Wentworth Webster.


Les Loisirs d’un Etranger au Pays Basque.



Le Révérend Wentworth Webster, un des plus anciens résidents anglais dans notre région, fut l’un des érudits les plus renommés de la langue basque. Il fut précepteur à Biarritz, il y a une cinquantaine d’années, puis aumônier à St-Jean-de-Luz. Ses goûts entraînèrent ensuite vers Sare où il passa le restant de sa vie, et il y mourut le 2 avril 1907.


Modeste et savant, il collabora à plusieurs revues et prit une part active au mouvement littéraire en France et en Espagne. Plusieurs livres rares furent apportés par lui à la Bibliothèque de Bayonne et il magnifia l’art, le pittoresque et les traditions euskariens avec autant d’érudition que d’amour et de conviction, par la plume et par la parole, propagandiste fervent.


Parmi ses ouvrages les plus réputés, Les Loisirs d’un Etranger au Pays Basque, dont nous publions une importante partie, fut accepté pour la bibliothèque du château de Windsor par S. M. le Roi Edouard VII.



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LIVRE LES LOISIRS D'UN ETRANGER DE WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN

"... Non moins intéressant à étudier est le développement de leurs "fueros" ou droits particuliers ; le régime civil et municipal qu’ils ont su conserver jusqu’à nos jours à travers tout le moyen âge et les temps les plus modernes. Disons en premier lieu que la supériorité des Basques est bien moins dans l’excellence de leurs lois que dans leur façon de les administrer.



Le caractère des "fueros", les "fors", comme on les appelait en deçà des montagnes, n’est pas du tout particulier aux Escualduns. Dans les détails secondaires seulement, les fueros basques diffèrent de ceux du Béarn, des "libertés et privilèges" de la vallée d’Aspe de "las comunidades de Aragon",  de "los concelleres y consejos" de Catalogne et quelques-uns des fueros de Castille.



De l’un ou l’autre côté des Pyrénées, ces libertés procèdent de deux sources bien différentes. L’une, celle des "fueros générales ” et de "fuero de albedrio", a pris naissance chez les montagnards dans les nécessités de l’existence pastorale et des droits de pâture ; tandis que les libertés municipales, les fueros particuliers, sont certainement imités des anciens privilèges des principes latins. C’est là qu’on a pris les méthodes et les traditions que les Basques et les Navarrais ont si heureusement développées pendant des siècles. Un de nos amis, mort l’année dernière, le savant M. Châteauneuf, s’est même cru autorisé à conclure que la municipalité de Bayonne, le nombre de ses officiers, le mode de leur nomination reproduisent exactement le "municipium" récemment découvert des villes romaines du midi de l’Espagne.



pais vasco antes carlismo guipuzcoa
CARLISTE MUÑAGORRI A BERASTEGI GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je ne prétends point que les Basques et les autres peuples des deux versants de la chaîne aient eu conscience de cette généalogie de leurs droits, en remontant aussi loin que possible toutes les sources connues, nous sommes constamment arrêtés par l’appel aux "us et coutumes" sur lesquels ont base les lois écrites et auxquels celles-ci se conforment au moins en principe. Ces us et coutumes ainsi que le "common lawn" d’Angleterre, sont fort antérieurs au droit écrit et codifié.



Les fueros basques affirment toujours la liberté du pâturage, du passage, de commerce, dans tout le territoire appartenant à là grande communauté. Ils insistent avec force sur l’indépendance personnelle, le droit de se défendre contre tout homme, serf ou seigneur, laïque ou ecclésiastique, pape ou empereur, qui voudrait empiéter sur ces droits ou libertés. Privilège fondamental commun dans l’origine à presque tous les fueros de ces contrées, mais que les Basques ont su conserver jusqu’au milieu du XIXe siècle.



Pour résister victorieusement aux attaques réitérées de la monarchie espagnole et de l’absolutisme sous toutes ces formes, ils ont surtout maintenu qu’ils ne devaient aucun service militaire en temps de paix, en temps de guerre seulement, ils l’accorderaient dans leur propre province. Au-delà de certains endroits désignés sur la frontière, par exemple, El Arbol Malato plantado en Luyando, en Vizcaya, ils ne pouvaient être conduits en armes sans le consentement de la junte et sans toucher par avance leur solde pour tout le temps du service requis. Nulles troupes royales n’avaient la permission d’entrer dans le pays ; les recrues basques devaient être commandées par un Basque. Ces sauvegardes, se retrouvent, bien que sur une échelle plus restreinte, dans les privilèges de la vallée d’Aspe.



pais vasco antes frontera vizcaya alava
MONUMENT ARBOL MALATO LUYANDO BISCAYE 1910
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les Basques n’ont jamais reconnu au gouvernement central de l’Espagne le droit de lever taxe et impôt sur eux. Les "Provincias Vascongadas" furent des Etats indépendants avec qui le ou les royaumes environnants faisaient union par concordat ou "convenio", mais nullement une contrée vaincue et soumise ; l’argent voté dans les juntes pour le roi d’Espagne lui était présenté en don libre et gracieux, jamais comme tribut obligatoire. Pour mieux garantir ce caractère de donation, le vote qui en fixait le montant était toujours le dernier pris en considération dans les sessions de la junte suprême, griefs ouis et discutés, toutes affaires particulières aux provinces terminées, délibérations prises sur ce qui concernait l’administration générale et municipale, on procédait aux débats sur le cadeau à offrir au roi d’Espagne. Il suffit d’avoir étudié quelque peu l’histoire des libertés parlementaires pour reconnaître la sagesse d’une disposition semblable et les garanties qu’elle présentait contre les entreprises du pouvoir.


pais vasco antes provincias vascongadas
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ce ne fut pas seulement par les juntes et leurs délibérations, par leurs coutumes écrites, que les Basques surent maintenir leur indépendance. Une des lois fondamentales assure le droit de tout individu à résister à tout officier du roi ou autre qui attenterait aux fueros, et même à le tuer au besoin. Les trois provinces étaient tenues de faire cause commune avec le défenseur ou le meurtrier, et la junte suprême nommait une délégation spéciale pour veiller spécialement à cette clause. Dans le même but, ils écartaient du parlement les deux classes d'individus que l’expérience leur désignait comme les plus dangereux ennemis des libertés nationales : les prêtres et les légistes. Nul ecclésiastique ne pouvait être élu député ; et, quant aux avocats on leur interdisait, même pendant la session, l’accès de la ville ou du village où se réunissait la junte. Pour la discussion des questions légales seulement un "letrado" était appelé chaque fois en qualité d’"asesor", mais sans droit de vote. L'inviolabilité parlementaire couvrait tout député depuis son départ de chez lui jusqu'à son retour ; mais une amende de dix mille ducats était édictée contre les représentants qui proposeraient quelque mesure contraire aux dispositions fondamentales des fueros. Les séances avaient toujours lieu à huis-clos et on n’en publiait pas les rapports. Les votes se comptaient non par tête de député, mais d’après le nombre de maisons ou de feux compris dans chaque circonscription. Les décisions d’une assemblée ne pouvaient être annulées par les juntes subséquentes ; par respect pour la minorité, et lorsqu’il n’y avait pas entente virtuelle, on votait trois fois et à trois jours différents la même proposition ; elle n’avait force de loi que si, dans ces trois occasions elle réunissait la majorité.



Les provinces Vascongades avaient de bien autres privilèges. Toujours le commerce y fut absolument libre. De longs siècles avant l'ère de Gobden et l'"Anti-Corn-Law-league", avant la prédication par les économistes de notre époque de l’évangile du libre échange, les Basques le pratiquaient dans sa plus large acception. Point de douanes échelonnées sur le littoral ou embusquées aux cols des Pyrénées ; le cours de l’Ebre était la seule ligne où l’Espagne avait le droit de rechercher la contrebande ; encore ces ordonnances furent-elles toujours le sujet de "convenios" spéciaux avec les provinces.



Le trafic intérieur, et pendant plusieurs siècles, avec le Labourd en France, avait lieu sans restriction aucune. De temps à autre, tel ou tel monarque espagnol essayait de porter la main sur ces privilèges ; les basques se montrèrent intraitables et la corruption n’avait aucune prise sur eux. Lettres et édits royaux restaient sans effet tant qu’ils n’étaient pas visés par la junte suprême. Lors Ferdinand VII, aidé par les Bourbons de France, violait impunément la Constitution et courbait sous le joug de l’absolutisme tout le reste de la Péninsule, il n’osa toucher aux privilèges des Basques. Certes, dans le cours des siècles, ces droits avaient subi quelques modifications."



A suivre...




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