"UN PEUPLE QUI SAUTE AU PIED DES PYRÉNÉES".
Dans "la Princesse de Babylone", en 1768, Voltaire indiquait, en parlant des Basques : "Ces peuples qui demeurent, ou plutôt qui sautent au pied des Pyrénées".
CARTE DU PAYS BASQUE NORD |
Voici ce que raconta à ce sujet le quotidien La Croix, le 24 août 1950, sous la plume de G. Nilho :
"Nos belles provinces françaises.
Un peuple qui saute au pied des Pyrénées.
Peuple de l'Europe méridionale, établi depuis un temps immémorial sur les deux versants des Pyrénées occidentales, les Basques qui forment, de nos jours, une population d'environ 800 000 âmes sont repartis dans les provinces espagnoles de Biscaye, de Guipuscoa, d’Alava, dans une partie de la Navarre, et dans les petites contrées françaises : le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, les arrondissements de Bayonne et de Mauléon, du département des Basses-Pyrénées.
Appelé par les Romains Cantabri, mot qui signifie, en langage basque, "chanteurs excellents" (khanta ber), par les Espagnols Vascongados ou Vascos, dénomination venue, semble-t-il, du basque Vasco (homme), et par les Français Basques (dérivation de vascos), le peuple basque ne s’est jamais désigné lui-même que par le nom d'Escualdunac, composé de trois mots basques : escu (main), alde (adroits) et dunac (qui ont), c'est-à-dire hommes adroits ou qui ont la main adroite.
Toutefois, son origine n'a jamais pu être établie même par les plus réputés. Les historiens, depuis Hésiode (600 ans avant Jésus-Christ) et Avenius (500 ans avant Jésus-Christ), signalent qu'un peuple très particulier, parlant une langue curieuse, sans analogie avec celle de leurs voisins, occupe les deux versants des Pyrénées en leur extrémité occidentale ; ils les appellent Draganes, Ibères, Turditans, etc., mais jamais "Basques".
Le pays basque, dont l’ensemble porte le nom d'Eskual Herria ou Euskadi, a toujours gardé, de nos jours encore, ce caractère d'étrangeté dû à ses origines inconnues, tant dans manière de vivre et dans son esprit que dans ses mœurs, ses coutumes et ses traditions.
Sa beauté est incontestable. Maints poètes l’ont chantée, maints écrivains l’ont dépeinte ! La montagne y est imposante, sans aridité et agréablement accessible ; la mer toujours mouvementée, le ciel d'une exquise teinte perlée, les paysages d'un attrait incomparable.
La côte elle-même offre des sites admirables : Bayonne, capitale du Labourd, secrète et confidentielle comme les plus vieilles cités, mais d’une hospitalité tellement avenante et généreuse ; Biarritz, la reine des plages où l'étranger est roi ; Bidart, le "village basque sur la mer" ; Guéthary, où l'on se sent attiré simultanément par ces deux géants : l’Océan et les Pyrénées ; Saint-Jean-de-Luz, vieux port de pêche, dont l’église, avec son chœur surélevé et les innombrables statues en bois doré de son retable, est une merveille ; Ciboure, où l'arrivée des pécheurs et la vente des poissons aux enchères sont des scènes fort pittoresques ; Hendaye, enfin, à l’embouchure de la Bidassoa, d’où l'on entend tinter les cloches de la vieille cité espagnole de Fontarabie.
PARC DE LA MARINA FONTARRABIE 1950 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A l’intérieur des terres, les riantes vallées de la Nivelle et de la Nive s'épanouissent sous les chauds et caressants rayons du soleil et s’ornent de ravissantes prairies. Partout ailleurs, dans le Labourd, ce ne sont que plateaux arides et landes où poussent les genêts appelés "thuyas".
Voici Espelette, type parfait du village basque, avec ses maisons d'une blancheur immaculée, que fait ressortir davantage encore le roux des toits et de la montagne ; Cambo l'enchanteur, Hasparren, capitale basque de la chaussure, qui naquit au milieu d'une forêt de chênes ; Saint-Etienne-de-Baïgorry et son vieux port, couvert de lierre, qui enjambe la Nive.
QUARTIER LESPARS SAINT-ETIENNE-DE-BAIGORRY 1950 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici Louhossoa, dont le cimetière possède de curieuses tombes discoïdales qui ont de sept cents à huit cents ans ; Sare, pays de la contrebande ; Saint-Jean-Pied-de-Port et son église qui se dresse, semblable à une forteresse, au bord de la Nive.
Voici encore Tardets, la perle de la Soule, chantée par Francis Jammes ; Mauléon, capitale de la vallée, où s'élève le magnifique château de Maytie d’Andurain, construit par Arnaud 1er de Maytie, évêque d’Oloron, et coiffé d’un haut toit béarnais ; Saint-Palais, enfin, dans la Basse-Navarre, dont l’activité est essentiellement agricole.
CHÂTEAU D'ANDURAIN MAULEON 1950 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il nous faudrait citer toutes les localités du pays basque dans cette nomenclature, car elles offrent toutes, sans exception, des raisons de s’émerveiller, mais elles sont par trop nombreuses.
Cependant, le pays basque n'est pas seulement ces villes et ces villages, ces sites et ces panoramas que l'on rencontre à chaque pas, cette riante campagne que l’on découvre au hasard des chemins ombreux.
Le pays basque, c’est aussi ses habitants qui se montrent si accueillant et compréhensifs envers l’étranger, sans pour cela abandonner une parcelle de la fierté native de leur race. Tout élève, en effet, une barrière entre le Basque et ce qui l’entoure, les mœurs, le langage, les coutumes.
La tête haute, l'air dégagé, la taille droite et souple, la pose académique, la démarche aisée, ferme et légère : le regard vif et assuré, tels sont les caractères extérieurs du Basque ; habile à tous les exercices du corps, il est d'une agilité qui est passée en proverbe : courir, sauter comme un Basque, sont des dictons français dont on reconnait la justesse quand on a vu le peuple auquel ils s'appliquent. S'ils ne peuvent plus être les redoutables corsaires d'autrefois, les Basques sont encore d'audacieux contrebandiers, aussi lestes pour échapper aux douaniers qu'ils le sont lorsqu'ils dansent ou lorsqu'ils jouent à la pelote, leur jeu favori.
Le costume des hommes et des femmes est à la fois simple et gracieux. L’homme porte un pantalon maintenu par une ceinture rouge, dont les bouts retombent sous la courte veste de couleur brune, très ajustée ; un gilet ouvert, une cravate négligemment nouée autour du cou, un béret et des espadrilles à rubans de couleur complètent ce costume. Pour celui de la femme, le plus remarquable. c’est le foulard attaché sur le sommet de la tête, et qui, parfois, retombe en arrière sur la chevelure flottant dans le dos.
Mais, malgré son caractère si particulier et si particularisme, le peuple basque a su parfaitement s’attacher à la mère-patrie et la servir, chaque fois qu'il a été nécessaire, avec un élan et une générosité admirables. Il a donné au monde les saints Ignace de Loyola, François Xavier et Garicoïts, le cardinal Lavigerie, et il continue de fournir à l’église de jeunes et ardents missionnaires qui quittent la terre aimée pour aller prêcher la Bonne Nouvelle dans les contrées les plus éloignées de notre monde, parfois au prix de leur sang.
CARDINAL LAVIGERIE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire