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vendredi 3 mars 2023

LE CHÂTEAU DE ST-PÉE À SAINT-PÉE-SUR-NIVELLE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (première partie)

LE CHÂTEAU DE SAINT-PÉE.


Cela fait plusieurs mois que je vous présente divers châteaux du Pays Basque.

Aujourd'hui, c'est celui de Saint-Pée, en Labourd.



pays basque autrefois château ruines labourd
CHÂTEAU DE SAINT-PEE
DESSIN DU BMB N10 1929




Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), ArcanguesMaytie (Mauléon), 

BidacheHaïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre

Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), CherauteAhaxe

CharritteMenditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure) et Larrea (Ispoure)



Voici ce que rapporta au sujet du château de Saint-Pée le Bulletin du Musée basque N°10 de 1929 :



"Château de Saint-Pée à Saint-Pée-sur-Nivelle, situé sur la rivière de ce nom, au pied de la montagne La Rhune, a été, pendant fort longtemps, le siège d'une seigneurie dont les possesseurs ont joué un rôle des plus importants dans l'histoire de la province. De ses origines on ne sait rien, comme c'est le cas pour la plupart des fiefs nobles du Labourd sur lesquels on n'a de renseignements précis qu'à partir du 12ème ou du 13ème siècles.



Ceux que l'on possède sur les Saint-Pée sont des plus rares, car, si on excepte la mention qui en est faite en 1170, à l'occasion de la soumission du Labourd à la domination anglaise, on n'en trouve plus trace qu'en 1247, lorsqu'une nouvelle dynastie se forma avec les Sault d'Hasparren.



Cette branche d'une ancienne famille du Labourd, ne semble avoir été ni très puissante ni bien fortunée. Armand de Sault, après avoir fait six cents livres de dettes mourut à Bayonne à l'hôpital. Sa mère emprunta au chapitre de la cathédrale les sommes nécessaires à son enterrement et eut beaucoup de peine à les rembourser. Du reste, cette branche s'éteignit rapidement. En 1370 son dernier représentant trouva la mort dans un combat singulier, avec Garcie-Arnaud seigneur d'Espelette, ne laissant qu'une fille en bas-âge, nommée Jeanne.



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CHÂTEAU DE SAINT-PEE-SUR-NIVELLE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Celle-ci épousa, quelques années plus tard, un chevalier guipuzcoan, Pero-Lopez de Amesqueta et ce mariage fut marqué par un événement sensationnel. En effet, à Garcie-Arnaud avait succédé, dans la seigneurie d'Espelette, son fils Velche qui continuait à nourrir contre les Saint-Pée la haine existant depuis longtemps entre les deux lignages. Tandis qu'au château de Saint-Pée on célébrait joyeusement les noces de Jeanne et de Pero-Lopez. Velche se présenta pour défier ce dernier. Celui-ci accepta le défi et, au cours d'un combat qui lui fut favorable, il désarçonna son adversaire et le tua "en vengeance, dit la chronique, de la mort de son beau-père et d'autres meurtres commis par le lignage d'Espelette sur celui de Saint-Pée."



Pero-Lopez de Amesqueta ne vécut pas longtemps ; il mourut vers 1393, laissant deux fils. Tandis que le second se fixait en Espagne où il devenait seigneur de Lescano et continuait le lignage des Amesqueta qui s'est continué jusqu'à nos jours, Jean, l'aîné, succédait à son père et restait, comme lui, le ferme soutien de la cause anglaise.



En 1413, il épousa Isabelle de Beaumont, fille du seigneur de Guiche, ricombre et alferez de Navarre, capitaine-châtelain de Mauléon et de Saint-Jean-Pied-de-Port. En 1416, il passa en Angleterre au service du roi Henry V dont il devint l'homme de confiance et qui le chargea de diverses missions dont une ambassade en Castille, en 1430. En récompense de ses services, le roi lui accorda de nombreuses faveurs :

il lui permit d'élever son donjon d'une hauteur de dix brasses supérieures à celle qu'autorisait la coutume du Labourd ;

il lui donna le bailliage, la juridiction et le péage de Hastingues ainsi que l'office de prévôt de Dax ;

en outre, il l'autorisa à agrandir ses possessions de la seigneurie d'Arbonne.



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CHÂTEAU DE SAINT-PEE-SUR-NIVELLE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Jean n'eut pas d'héritier légitime, mais, avec l'agrément du roi, il légitima un fils naturel, Ogerot, auquel il laissa en mourant son titre, le château et les terres qui l'entouraient ; ses autres biens revenant à sa fille légitime.



Ogerot, fidèle sujet du roi d'Angleterre, comme l'avait été son père, fut chargé, pendant la guerre de cent ans, de la défense de plusieurs places fortes hors de la région. Ses services lui valurent à plusieurs reprises des récompenses, notamment l'agrandissement et de ses domaines, le droit de varech sur la côte jusqu'à Capbreton et des licences pour l'usage de la rivière la Nivelle, ce qui en fit presque le propriétaire réel. Enfin le roi lui confia le bailliage du Labourd et, peu après, celui de Hastingues et la prévôté de Dax.



Il resta fidèle à la cause anglaise et joua un rôle important dans les événements de 1449. Lorsque Lautrec et Gaston de Béarn se dirigèrent vers le Labourd pour en chasser les Anglais, Ogerot et le seigneur d'Urtubie, à la tête d'une troupe de Labourdins et de Bayonnais, se portèrent au secours de Guiche assiégé par Gaston. Une grande bataille eut lieu sous les murs de la place ; plus de 3 000 hommes d'après les chroniqueurs, restèrent sur le terrain, Urtubie fut tué et la place dût se rendre.



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CHÂTEAU DE SAINT-PEE-SUR-NIVELLE
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Saint-Pée devait payer cher cet insuccès. Les troupes royales se dirigèrent vers Saint-Jean-de-Luz au nombre de 300 hommes d'armes, 1 000 à 1 200 arbalétriers, quelques gros canons et prirent, en passant, sa maison fort et la saccagèrent. 



... Ogerot n'ayant plus rien à faire en Labourd, se réfugia à Pouillon qu'il défendit valeureusement ; mais là aussi il dût céder à la force. Il mourut peu après sans postérité.



Les biens de Saint-Pée passèrent dans la maison de Luxe par le mariage de Jeanne soeur d'Ogerot avec Gracian de Salazar de Luxe ; mais de ce mariage ne naquit qu'une fille et, une fois de plus, la seigneurie changea de maître lorsque cette fille épousa, le 7 janvier 1516, Jean de Chicon, baron d'Arbonne, bailli de Labourd et un des deux cents chevaliers du roi François 1er. Mais la gestion de ce dernier ne fut pas toujours marquée par des événements heureux pour le Labourd et pour lui.



Une terrible peste apportée par un navire, ravagea le pays qui subit aussi les épreuves de la guerre étrangère, conséquence de la rivalité de François 1er et de Charles-Quint. Le roi de France envoya sur la frontière l'amiral Bonnivet, qui prit Fontarabie. A cours des opérations, Saint-Pée, fait prisonnier, vit un peu plus tard, ses biens ravagés par l'armée de Philibert de Châlon, lorsqu'il envahit le Labourd.



Peu de temps après, Jean de Saint-Pée eut à intervenir à l'occasion du passage du roi François 1er revenant de Madrid, après la bataille de Pavie et, 4 ans plus tard, lors de l'échange des enfants de France contre la rançon exigée par Charles-Quint. Il reçut en son château le vicomte de Turenne, qui se rendait en Espagne, le traita superbement et lui fit cadeau d'un grand sanglier.



Le jour fixé pour l'échange étant arrivé, il escorta le duc de Montmorency et le cardinal de Tournon, dans leur traversée du Labourd et il eut pour mission de présider à l'embarquement de la reine Eléonore et des enfants quand ils parvinrent sur la terre de France.



Enfin Charles-Quint ayant été autorisé à traverser la France pour se rendre dans les états des Flandres, en 1539, Saint-Pée eut la mission d'organiser ce voyage.



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CHÂTEAU DE SAINT-PEE-SUR-NIVELLE
PAYS BASQUE D'ANTAN



A sa mort survenue en 1565, Jean de Caupenne d'Amou, son gendre, hérita de ses biens et de sa seigneurie.



Les Caupenne, originaires du pays des Lannes, ont eu, en même temps qu'une nombreuse postérité, une très grande influence dans le pays où ils étaient alliés à presque toutes les familles nobles. Ils comptaient plusieurs branches, parmi lesquelles les de Caupenne de Foix, ceux d'Osserein, ceux de Mées, ceux d'Echauz et ceux d'Aspremont. Quant à la seigneurie de Saint-Pée, elle appartint à la branche aînée dont les représentants furent seigneurs d'Amou et de Saint-Pée, depuis Jeanne Chicon jusqu'à la Révolution.



Charles, fils et successeur de Jean, joua un rôle des plus actifs pendant les guerres de religion qui troublèrent si profondément la contrée au 16ème siècle. C'était un fidèle lieutenant de Terride qui soutenait le parti catholique contre Montgoméry, commandant les troupes de Jeanne d'Albret.



Il assista, en 1569, au siège de Navarrenx et à celui d'Orthez non sans en souffrir dans ses intérêts. Par mesure de représailles les religionnaires incendièrent son château d'Amou. Pour le dédommager de cette perte, le roi le pourvut, l'année suivante, de la charge de sénéchal des Lannes. Il occupa aussi celle de bailli de Labourd qui passa, à sa mort survenue peu après 1584, à ses fils et petits-fils.



Le troisième des Caupenne de Saint-Pée, Jean-Paul, servit fidèlement le roi Henri IV qui, pour le récompenser de ses services, le nomma vice-amiral de Guienne. Pendant sa charge se déroulèrent, en 1609, les lamentables procès de sorcellerie qui semèrent la terreur dans le Labourd. Il les provoqua lui-même en signalant au roi la situation troublée du pays et en lui demandant de faire instruire contre les sorciers."



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PAYS BASQUE D'ANTAN



A suivre...









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