LE CHÂTEAU DE SAINT-PÉE.
Cela fait plusieurs mois que je vous présente divers châteaux du Pays Basque.
Aujourd'hui, c'est celui de Saint-Pée, en Labourd.
Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), Arcangues, Maytie (Mauléon),
Bidache, Haïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre,
Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), Cheraute, Ahaxe,
Charritte, Menditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure) et Larrea (Ispoure)
Voici ce que rapporta au sujet du château de Saint-Pée le Bulletin du Musée basque N°10 de 1929 :
"Château de Saint-Pée à Saint-Pée-sur-Nivelle, situé sur la rivière de ce nom, au pied de la montagne La Rhune, a été, pendant fort longtemps, le siège d'une seigneurie dont les possesseurs ont joué un rôle des plus importants dans l'histoire de la province. De ses origines on ne sait rien, comme c'est le cas pour la plupart des fiefs nobles du Labourd sur lesquels on n'a de renseignements précis qu'à partir du 12ème ou du 13ème siècles.
Ceux que l'on possède sur les Saint-Pée sont des plus rares, car, si on excepte la mention qui en est faite en 1170, à l'occasion de la soumission du Labourd à la domination anglaise, on n'en trouve plus trace qu'en 1247, lorsqu'une nouvelle dynastie se forma avec les Sault d'Hasparren.
Cette branche d'une ancienne famille du Labourd, ne semble avoir été ni très puissante ni bien fortunée. Armand de Sault, après avoir fait six cents livres de dettes mourut à Bayonne à l'hôpital. Sa mère emprunta au chapitre de la cathédrale les sommes nécessaires à son enterrement et eut beaucoup de peine à les rembourser. Du reste, cette branche s'éteignit rapidement. En 1370 son dernier représentant trouva la mort dans un combat singulier, avec Garcie-Arnaud seigneur d'Espelette, ne laissant qu'une fille en bas-âge, nommée Jeanne.
Celle-ci épousa, quelques années plus tard, un chevalier guipuzcoan, Pero-Lopez de Amesqueta et ce mariage fut marqué par un événement sensationnel. En effet, à Garcie-Arnaud avait succédé, dans la seigneurie d'Espelette, son fils Velche qui continuait à nourrir contre les Saint-Pée la haine existant depuis longtemps entre les deux lignages. Tandis qu'au château de Saint-Pée on célébrait joyeusement les noces de Jeanne et de Pero-Lopez. Velche se présenta pour défier ce dernier. Celui-ci accepta le défi et, au cours d'un combat qui lui fut favorable, il désarçonna son adversaire et le tua "en vengeance, dit la chronique, de la mort de son beau-père et d'autres meurtres commis par le lignage d'Espelette sur celui de Saint-Pée."
Pero-Lopez de Amesqueta ne vécut pas longtemps ; il mourut vers 1393, laissant deux fils. Tandis que le second se fixait en Espagne où il devenait seigneur de Lescano et continuait le lignage des Amesqueta qui s'est continué jusqu'à nos jours, Jean, l'aîné, succédait à son père et restait, comme lui, le ferme soutien de la cause anglaise.
En 1413, il épousa Isabelle de Beaumont, fille du seigneur de Guiche, ricombre et alferez de Navarre, capitaine-châtelain de Mauléon et de Saint-Jean-Pied-de-Port. En 1416, il passa en Angleterre au service du roi Henry V dont il devint l'homme de confiance et qui le chargea de diverses missions dont une ambassade en Castille, en 1430. En récompense de ses services, le roi lui accorda de nombreuses faveurs :
il lui permit d'élever son donjon d'une hauteur de dix brasses supérieures à celle qu'autorisait la coutume du Labourd ;
il lui donna le bailliage, la juridiction et le péage de Hastingues ainsi que l'office de prévôt de Dax ;
en outre, il l'autorisa à agrandir ses possessions de la seigneurie d'Arbonne.
Jean n'eut pas d'héritier légitime, mais, avec l'agrément du roi, il légitima un fils naturel, Ogerot, auquel il laissa en mourant son titre, le château et les terres qui l'entouraient ; ses autres biens revenant à sa fille légitime.
Ogerot, fidèle sujet du roi d'Angleterre, comme l'avait été son père, fut chargé, pendant la guerre de cent ans, de la défense de plusieurs places fortes hors de la région. Ses services lui valurent à plusieurs reprises des récompenses, notamment l'agrandissement et de ses domaines, le droit de varech sur la côte jusqu'à Capbreton et des licences pour l'usage de la rivière la Nivelle, ce qui en fit presque le propriétaire réel. Enfin le roi lui confia le bailliage du Labourd et, peu après, celui de Hastingues et la prévôté de Dax.
Il resta fidèle à la cause anglaise et joua un rôle important dans les événements de 1449. Lorsque Lautrec et Gaston de Béarn se dirigèrent vers le Labourd pour en chasser les Anglais, Ogerot et le seigneur d'Urtubie, à la tête d'une troupe de Labourdins et de Bayonnais, se portèrent au secours de Guiche assiégé par Gaston. Une grande bataille eut lieu sous les murs de la place ; plus de 3 000 hommes d'après les chroniqueurs, restèrent sur le terrain, Urtubie fut tué et la place dût se rendre.
CHÂTEAU DE SAINT-PEE-SUR-NIVELLE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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