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dimanche 12 mars 2023

LA POPULATION JUIVE À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1845

LA POPULATION JUIVE À BAYONNE EN 1845.


En 1845, la Ville de Bayonne compte environ 18 000 habitants et est administrée par le Maire François Balasque.



pays basque autrefois labourd 1843
BAYONNE 1843
PAYS BASQUE D'ANTAN



En 1837, la synagogue est construite dans le quartier Saint-Esprit, au nord de la ville de Bayonne.

La communauté juive de Bayonne est ancienne et constituée de différents groupes de fugitifs de 

Navarre et du Portugal, établis à Saint-Esprit-lès-Bayonne après l'expulsion des Juifs d'Espagne 

en 1492 et du Portugal en 1496.

En 1846, un consistoire est installé à Saint-Esprit, qui est intégré à Bayonne en 1857.





Voici ce que rapporta au sujet de la Communauté juive de Bayonne la revue mensuelle Archives 

Israélites de France, le 1er janvier 1846 :



"... La plus grande partie de ce que nous avons dit de Bordeaux convient aussi à la communauté de Bayonne ou plutôt de Saint-Esprit, où se trouve la synagogue. La population israélite s'élève à environ 12 à 1 500 âmes. La célébration du culte y est identiquement la même que celle de Bordeaux, mais pour l'ensemble il y a une différence. Bayonne, sous plus d'un rapport, ressemble à une de nos anciennes kehiloth, comme l'étaient jadis Metz, Mayence et Francfort.




C’est ce qui ressortira, j’espère, des particularités que j’y ai remarquées et dont j’ai à vous entretenir. Comme à Bordeaux, le culte est imposant à Bayonne ; le temple, qui se trouve dans la principale rue de Saint-Esprit, est un magnifique édifice. Vous êtes, ayant d’y entrer, frappé de la noble simplicité de la maison consacrée au Seigneur. Elle a été construite en 1836, et a coûté 110 000 fr. Cet édifice aurait été mieux placé à Bayonne, où les israélites ont leurs établissements commerciaux. Il est vrai de dire que presque tous demeurant néanmoins à Saint-Esprit, c’est sans doute ce motif qui les a portés à y établir le temple.



Ils ont pourvu aux frais de construction du temple par des dons volontaires et par un emprunt fait entre eux. Ce temple est remarquable par son style à la fois simple et sévère ; sa façade se dessine agréablement au coup d’œil. Après qu’on a passé par une belle grille de fer, on se trouve dans une cour, ayant un pavillon à droite, qui est habité par le rabbin ; là se trouve aussi une belle salle : c’est le siège de l'administration du culte ; le pavillon à gauche est habité par le concierge du temple. A l’intérieur, le temple a la forme d’un parallélogramme allongé ; la voûte, qui court d’un bout à l’autre de l’édifice, est légèrement cintrée. Deux rangs de colonnes forment trois nefs et soutiennent les tribunes des dames, qui s’étendent au-dessus des nefs latérales ; de ces tribunes, soutenues par des colonnes, et occupant trois faces latérales du temple, s'élancent autant de pilastres quadrangulaires qui vont jusqu’à la voûte. La nef, d’une étendue de 50 mètres carrés, est en marbre, entourée d’un parquet en bois de chêne. Il y a, comme à Bordeaux, un grand espace carré devant le tabernacle, lequel est recouvert d’immenses rideaux cramoisis occupant toute la hauteur du temple et s’ouvrant facilement par le milieu, au moyen de deux cordons. On monte au tabernacle par plusieurs degrés ; l’arche sainte, au haut de laquelle on lit les dix commandements, est en noyer sculpté et d’une beauté remarquable. Les noms des donateurs sont inscrits sur le mur ; et il y en a de très généreux.



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VUE SUR LA GALERIE DES FEMMES
SYNAGOGUE BAYONNE



Au milieu du temple, et séparée du tabernacle par un beau parvis de marbre noir et blanc, est une estrade placée sur l’avant d’une sorte de tribune où se tiennent les enfants de chœur et les ministres du culte ; devant la tribune s’élève le chandelier à sept branches.



La chaire est fort élégante ; le service est célébré avec une grande dignité. Nous avons déjà fait remarquer en quoi le chœur de Bayonne, dans lequel nous avons entendu d’excellentes basses-tailles, se distingue de celui de Bordeaux. Le grand chœur de Bayonne est surtout composé de personnes appartenant aux familles les plus honorables ; mais ce qu’on appelle le petit chœur, composé de douze enfants, le cède à celui de Bordeaux pour la tenue et pour la beauté des voix. Le chœur est dirigé avec habileté par M. Salzedo ; un professeur de chant l’exerce pendant la semaine.



Bayonne obtiendra probablement bientôt un Consistoire ; en attendant tout ce qui concerne le culte est dirigé avec zèle et intelligence par l’administration du temple et de la bienfaisance. Le budget annuel du culte se monte à près de 13 000 fr., et, sur les 110 000 fr. qu’on a dépensés pour la construction du temple, il n’est plus dû que 45 000 fr.



Nous avons fait une remarque que plusieurs de nos lecteurs auront peut-être faite également de leur côté : c’est que les fonctions du rabbin, pour être multipliées, sont rendues moins pénibles dans une communauté du rit portugais par le zèle et le dévouement des fidèles, qui respectent au plus haut degré la parole de leur pasteur. Nous n’avons pas entendu prêcher M. Samuel Marx, rabbin de Bayonne, mais les parties de discours qu’il a bien voulu nous communiquer nous l’ont fait connaître sous le jour le plus avantageux ; il a une bonne diction et beaucoup de profondeur d’esprit. On voit qu’il a une immense lecture. C’est un homme qui a l’enthousiasme du bien et qui, avec les excellentes qualités qui le distinguent, sera, lorsque Saint-Esprit aura un Consistoire, un des meilleurs grands-rabbins de France.



Il a, du reste, un vaste champ à cultiver, car l’instruction religieuse est peu répandue dans cette communauté. Aussi M. Marx s’applique-t-il, dans son enseignement, à traduire les prières et à propager ces connaissances théologiques, sans lesquelles le culte, devenant machinal, est privé de l'élément vital qui le fait aimer et qui le maintient. 



Nous avons dit que cette communauté a de la ressemblance avec les principales communautés allemandes telles qu’elles étaient il y a cinquante ans : en effet, quoique Bayonne soit séparé de Saint-Esprit par un très grand pont (sur l’Adour), la fréquentation de la synagogue, surtout le sabbat, est très grande ; là personne ne transgresse, du moins ouvertement, les prescriptions du saint jour.



En arrivant à Saint-Esprit à quatre heures du matin, nous avons rencontré (c’était dans la semaine qui précède Ros-Haschana) les fidèles se rendant à cette heure si matinale à l’office de Selihoth ; et à la prière du soir (Mangrib) nous avons également rencontré un grand nombre d’assistants. Comme à Bordeaux, on ne fait pas l'office dans le grand temple les jours ordinaires, mais dans une succursale. Mais nous avons fait une remarque : autant dans le temple l’office se fait avec dignité, autant dans la succursale c’est une confusion digne de la plupart de nos synagogues du Nord. Bayonne et Saint-Esprit, qui appartiennent à deux départements différents, n’ont pourtant jamais formé qu’une seule communauté ; le plus grand nombre de ceux qui la composent demeurent à Saint-Esprit, où même ceux qui ont leur établissement commercial à Bayonne ont leur domicile.



Cette communauté est le premier établissement israélite en France, où pour la population israélite elle tient le quatrième rang. Les israélites de cette communauté occupent une très haute position sociale ; tels sont, par exemple, les Furtado, les Isaac Léon, les Josué Léon, les Nounez, les Patto, etc. Là on est fier d être israélite, et ce n’est pas là qu’un missionnaire s'aventurerait avec succès.



Comme nous l’avons dit de Bordeaux, le besoin de réforme s’y fait moins sentir, puisque la principale nécessité est celte de donner au culte l’éclat et la majesté qui, dans la plupart de nos temples, lui manquent ; et là nous rendons volontiers justice aux adversaires des réformes. Ils sont animés d’une grande sincérité religieuse, et il y en a qui se soumettent, en voyage, à de grandes privations par esprit de religion. Ce n’est cependant pas le plus grand nombre, et c’est là ce qui distingue l’israélite du rit portugais de celui du rit allemand.



Nous ne pouvons nous expliquer cette différence que par l’origine des deux communautés, Bordeaux et Bayonne. Venus d’un pays où ils avaient été obligés de vivre ostensiblement comme chrétiens, la pratique extérieure a bien pu souffrir de cet état de gêne, mais l’attachement à la croyance s’est maintenu d’autant plus vivace, qu’on avait souffert pour cette croyance tous les genres de martyre.



Nous avons vu avec étonnement qu’on vend encore les Mitswoth au temple de Bayonne, ce qui est d’autant plus remarquable, qu’on a devant les yeux ce qui se fait à Bordeaux. Cette persévérance n’a cependant, nous a-t-on dit, d’autre fondement que le besoin de compléter le traitement du rabbin et celui du hazan ; le jour où Bayonne aura un Consistoire, la vente des Mitswoth y sera supprimée.



Il y a deux écoles gratuites, l’une pour les garçons, dirigée par M. Moreau, et l’autre pour les filles, dirigée par mademoiselle Pereire. Nous avons trouvé ces deux établissements bien tenus, et les soins que leur donne M. Marx, le digne rabbin, dénotent le zèle dont il est animé. Il est à même de faire beaucoup de bien : il est instruit et possède à un haut degré l’affection de ses administrés.



Le cimetière remonte au XVIIe siècle ; il est remarquable par son étendue ; un gardien spécial est chargé de son entretien ; les pierres tubulaires, d’une égale dimension, sont couchées ; celles des rabbins ont une forme particulière. Les funérailles se font, comme à Bordeaux, avec la plus grande décence. M. le rabbin, ayant à ses côtés des membres de l’administration, marche à la tête du cortège ; tout se fait dans cette communauté avec la plus grande convenance.



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CIMETIERE JUIF DE BAYONNE


Puisque ces détails ont paru vous intéresser, mon cher ami, je souhaite que ces observations impartiales, recueillies par un témoin oculaire, fassent sur tous les lecteurs des Archives la même impression que sur vous, et stimulent le zèle de nos administrateurs du Nord et de l'Est. Telle est ma seule ambition et, avec le désir de vous être agréable, le seul motif qui ait guidé ma plume.


Un touriste."



(Source :  WIKIPEDIA)




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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