LE QUARTIER SAINT-ESPRIT DE BAYONNE.
Pendant la Révolution française, Saint-Esprit devient une commune libre et reçoit, en 1793, le nom de Jean-Jacques Rousseau.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 5
janvier 1933, sous la plume de René Bayland :
"Quelques bribes de l'Histoire de Bayonne.
Saint-Esprit de 1789 à 1823.
Que Saint-Esprit ait joué un rôle important dans la Révolution bayonnaise, tous les vieux Bayonnais s’en souviennent fort bien. Les éléments jacobins qui s'y trouvaient se recrutèrent en partie dans l'élément israélite qui s'y était fixé ; une vieille tradition locale rattache même à cette conjonction la dévastation de notre cathédrale désaffectée le 30 novembre 1793. Les Juifs jacobins s'en prirent aussi à ceux de leurs compatriotes restés attachés au "fanatisme". Bref, c'est une très curieuse histoire que celle de la Révolution à Saint-Esprit, débaptisé comme de juste et s'appelant Jean-Jacques Rousseau. Seulement, la plupart des documents ont disparu par le feu. Voici qu’un heureux hasard vient de nous en apporter quelques bribes. Empressons-nous d'utiliser ces trouvailles qui concernent l’un des plus sympathiques quartiers de notre ville.
Les éléments révolutionnaires se groupèrent dans une importante Société populaire qui, selon la marche ascendante de la Révolution, changea deux fois de nom : encore "Société des Amis de la Constitution" en 1791, elle était en 1792 le "Club des Amis de la Liberté et de l'Egalité", pour devenir en l’an II "la Société montagnarde de J.-J. Rousseau" : comme de juste, elle avait alors pour émanation un redoutable Comité de surveillance, ou Comité révolutionnaire.
Bien vainement, le Club des Feuillants avait, de Paris, essayé de retenir les sociétés locales dans son giron : "Amis ardents de la liberté (et non de la licence immodérée), nous voulons vivre avec elle ou mourir sous ses ruines, rester fidèles aux principes constitutionnels, sans lesquels il n'est plus ni propriété ni sûreté publique." Le président La Valette avait signé, et aussi le secrétaire Feydel, Poncet, Simon de Troyes, Ch. Lameth, Victor Broglie. Ces modérés, ces royalistes constitutionnels étaient dépassés par la marche de cette Révolution qu’ils avaient déclenchée : Saint-Esprit ne les écouta pas (2 septembre 1791).
La jonction de Saint Esprit à Saint-Etienne avait été décrétée par la Constituante : il n'y avait plus qu'une seule commune en deux sections, qui finalement fut rattachée au département des Landes. Tel fut l'objet de deux actes du Comité de constitution de l'Assemblée nationale, signés Target, Le Chapelier, Demeunier (Talleyrand), l'évêque d'Autun, en date du 17 mars et du 27 avril 1791. se prononçant, l'un sur la jonction désirée, l'autre sur une demande d'emprunt formulée. Est-ce pour ce motif que le 26 juillet, et en signe de joie, Baptiste Bégué voulait faire une course de bœufs place Saint-Esprit ? Le 14 novembre 1790, la nouvelle municipalité de la nouvelle commune était constituée ; le 13 novembre 1791, un an plus tard, eurent lieu de nouvelles élections ; en 1792, on élit juge de paix, assesseurs, huissiers ; le 26 août 1792, dix-huit électeurs, désignés par l’Assemblée primaire des électeurs, partaient pour Saint-Sever afin d’aller élire au second degré les députés à la Convention. Ce qui n'empêchait, pas le 15 janvier 1793 la section de Saint-Etienne d'attaquer certaines élections. Mais la fusion de Saint-Etienne et Saint-Esprit réalisait le vœu de multiples adresses qui se succédaient depuis 1789.
JEAN-NICOLAS DEMEUNIER |
Super reportag..passionnante histoire.ma maman bayonnaise.
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