Libellés

mercredi 2 mars 2022

LE MERCREDI DES CENDRES AUTREFOIS

LE MERCREDI DES CENDRES.


Le mercredi des Cendres est un jour de pénitence qui marque le début du carême dans le christianisme. C'est une fête mobile qui a lieu 47 jours avant Pâques.




mercredi cendres
MERCREDI DES CENDRES



Voici ce que rapporta à ce sujet Le Petit Parisien, le 8 février 1883, sous la plume de Jean Frollo :


"Mercredi des Cendres. 



Mercredi des Cendres ! Pénitence et macérations, jeûne et malpropreté, humiliation de la chair devant l'âme. Encore une niaiserie qui s'en va, comme le carnaval, et plus rapidement encore, Dieu merci !



Un chroniqueur célèbre a jadis prédit la venue du dernier masque, de celui qui, jetant pour la dernière fois, au milieu d'une humanité vivante l'écho des joies ressenties par une humanité morte, ficellera définitivement sur l'antique saturnale la pierre du tombeau.



Il ira troubadour lamentable, par les rues et par les boulevards, la toque au front, la guitare au dos, le maillot abricot aux jambes, traînant ses nippes et sa tristesse comme un boulet, mélancolique et hagard, implorant de l'œil un quolibet qui ne viendra pas, et, de temps en temps, secouant le velours de ses oripeaux et se disloquant en des gestes macabres, et s'arrêtera pour crier :

- Ohé ! les autres ! Ohé !



Et les autres ne répondront pas. Car il n'y aura plus ni marquis en habit à fleurs, ni mousquetaire au large feutre, ni pêcheur napolitain, ni garde française, ni seigneur Henri III, ni pierrot enfariné, ni chicard titubant dans ses larges bottes, pour donner la réplique au troubadour.




loir et cher carnaval
MERCREDI DES CENDRES
41 OUCQUES LA JOYEUSE



Fini, enterré, oublié, tout le clinquant et tout le tapage des carnavals d'autrefois. Il n'y aura plus que des gens affairés ou indifférents, vêtus de pantalons chauds et d'amples paletots, qui passeront, allant à leurs travaux ou à leurs plaisirs, sans entendre et sans voir le dernier troubadour.



Alors, dans son spleen funèbre et dans l'universel abandon des vivants, la nostalgie de la mort le saisira, et si l'asphalte du trottoir ne s'entr'ouvre et l'engloutit, il avalera sa guitare pour en finir avec l'existence. 



Et plus jamais, plus jamais on n'entendra parler du carnaval et de ses troubadours. 



J'imagine qu'il n'est pas loin non plus le jour où le dernier , blême, vêtu de noir et la cendre au front paraitra sous la haute ogive de Notre-Dame et où, les bras étendus en forme de croix, il jettera d'une voix de fantôme à la foule impassible et muette, le dernier appel du catholicisme expirant ̃ :

- Ohé ! les autres ! Ohé !



Nous n'en sommes pas encore là, mais ça vient...



Ce n'est plus le temps aujourd'hui où, dès l'aube, la ville entière se levait et gagnait l'église.



Ne fallait-il pas, le mercredi des Cendres, premier jour du carême, demander pardon à Dieu des plaisirs qu'on avait pris durant les folies semaines du carnaval !



Maintenant, et ce n'est pas une des moindres conquêtes que l'homme ait faite sur les prêtres, - si on ne s'amuse plus à jour fixe, du moins s'amuse-t-on sans remords. On a compris que le plaisir n'a pas besoin d'être pardonné et que ce qui doit s'expier, ce n'est pas la joie, - c'est le mal. 



Aussi la presse ne sera-t-elle pas grande sur les parvis et les gens qui croient gagner le ciel dans l'autre vie et le droit de faire tout le mal qu'il leur plaît dans celle-ci, pour un peu de cendres au front, ne seront-ils pas obligés de prendre leur billet d'avance.



Il y aura pourtant, comme toujours, un défilé à Notre-Dame. C'est là que se rendent d'ordinaire les curieux qui veulent se rendre compte, par eux-mêmes, de ce qui reste de religion en notre sceptique patrie.



J'ai vu deux ou trois fois ce spectacle, et, bien que l'Eglise se mette à l'ordinaire en grands frais pour l'entourer de quelque solennité, il n'a pas ébranlé ma vieille irreligion.



Un long défilé de bonnes femmes, marmottant des Ave Maria, coupé de place en place d'un vieux monsieur en bonnet de soie noire, les mains croisées sur la poitrine. De ci de là, un ouvrier à la blouse toute neuve, toute brillante de gomme pour arrêter la vue, un Saint-Cyrien, un pioupiou et un nègre.



Mais j'ai toujours soupçonné le nègre, le Saint-Cyrien et l'ouvrier d'être de simples figurants et de porter des costumes loués la veille.



Quoi qu'il en soit, tout le monde s'agenouille à la queue leu leu devant une petite balustrade dressée à l'entrée du choeur. Le prêtre passe, allant de l'un à l'autre et s'arrêtant devant chacun pour lui salir le front avec une pincée de cendres. Et à chaque station les mêmes paroles :



- Memento, homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris.

"Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière". 



Telle est la fête que l'Eglise catholique compte parmi les plus importantes de son rituel ; telle est la grave leçon qu'elle donne à ses enfants.



Je ne veux pas trop insister sur ce qu'il y a d'absurde à prolonger parmi nous, hommes du siècle le plus positif et le plus épris de réalités qui fût jamais, le souvenir emblématique et figuratif de cérémonies empruntées aux mœurs de l'humanité la plus primitive.



Que l'usage de se couvrir de cendres pour manifester sa douleur et son repentir ait été universellement pratiqué aux temps bibliques par les populations de l'extrême Orient ; que les Ninivites aient cru devoir se livrer à d'aussi malpropres pratiques pour témoigner de la sincérité de leur contrition quand Jonas - l'homme à la baleine - les convertit à la vraie foi, et que même le roi David, qui - tout parent qu'il fut du bon Dieu - avait donné d'assez mauvais exemples à la terre, ait chanté sur son luth, dans un accès de repentir lyrique : "Je mange la cendre comme du pain" ; je vous demande un peu de quelle autorité peuvent être, fût-ce pour des croyants, au dix-neuvième siècle, d'aussi antiques précédents.



A chaque temps ses mœurs que diable ! Et s'il faut faire revivre toutes celles dont la Bible a transmis jusqu'à nous l'affriolante description, nous en verrons de grises tout à l'heure sur les trottoirs.



Mais ce n'est pas seulement parce qu'elle ressuscite mal à propos le passé que la prétendue leçon d'humilité donnée par l'Eglise aux Chrétiens doit être condamnée ; c'est encore par ce qu'elle est en elle-même, profondément absurde et profondément immorale. 



Je le demande à tout homme de bon sens quelle que soit sa religion, s'il en a une et s'il n'en a pas, quelle que soit sa philosophie, de quel nom, sinon du nom de folie pieuse faut-il appeler cette logique qui conduit à détériorer, bien plus, à avilir le corps pour réparer les erreurs de l'âme.



- Tu as souillé ton âme. Je vais, dit cette religion charentonesque, t'offrir un excellent moyen de la rendre blanche comme neige : Souille ton corps.



Vrai, je rougis pour l'humanité quand je songe qu'on la conduite pendant des siècles de siècles avec des charlataneries de cette espèce.



Heureusement le soleil de la Libre-Pensée s'est levé pour ne plus s'éteindre. Il était temps vraiment que ses rayons dissipassent une nuit où grouillaient tant d'abjections."





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 400 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire