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mardi 1 mars 2022

LA SORCELLERIE ET LES SORCIÈRES AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)

LES SORCIÈRES AU PAYS BASQUE.


En 1609, des centaines de personnes, en grande partie des femmes, sont accusées de sorcellerie au Pays Basque.




pays basque autrefois sorciere sabbat
SABBAT
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet la publication mensuelle La Revue du Palais, le 1er septembre 

1897 :



"Le crime de sorcellerie.



Durant plusieurs siècles, la sorcellerie fut un crime. En France et dans toute la chrétienté, ce crime était puni de mort. Soupçonnait-on un homme ou une femme d'avoir commerce avec le diable, aussitôt on s’empressait d'instruire son procès. On commençait par les tortures afin d’obtenir des aveux, puis on allumait le bûcher.



Vers la lin du XVIe siècle, les inquisiteurs et les prêtres cessent de jouer le principal rôle dans les procès de sorcellerie. C'est la juridiction civile qui, à partir de cette époque, intervient directement, du moins en France, et prend la direction des procès. On verra qu'elle ne se montra pas moins acharnée à poursuivre sorciers et sorcières que la juridiction ecclésiastique. En ces temps-là, le diable était, paraît-il, si redoutable que l'on rivalisait de zèle, de ruse et de cruauté pour le combattre. Les magistrats aussi bien que les moines tenaient pour une œuvre méritoire de poursuivre sans pitié les malheureux et les malheureuses accusés, sur les indices les plus absurdes, d’avoir conclu un pacte avec le "Malin". Par tant de pieuse rigueur, ils comptaient assurer le salut de leur âme dans un autre monde et, comme par surcroît, défendre tous leurs privilèges en celui-ci. 




Aujourd’hui, nous nous plaisons à proclamer que nous sommes affranchis de ces terreurs superstitieuses et barbares.



Bien qu’il ne convienne de triompher que modestement des complètes, si relatives, de l’esprit humain, il est juste de reconnaître que nous avons progressé tout au moins en ce sens que nos hypothèses philosophiques de l’heure présente ne nous commandent plus d’allumer des bûchers pour attester notre foi. Nous ne mettons plus nos conjectures à si haut prix que d’en faire cuire un homme ou une femme tout vifs. Aussi éprouvons-nous quelque peine à nous représenter l’état d’esprit d’un peuple affolé par cette invraisemblable peur du diable dont témoigne à chaque page l’histoire religieuse du moyen âge. A ces époques de terreur religieuse, pour se délivrer d’une si redoutable obsession, on raconte que des moines jeûnaient pendant des mois entiers et que des vierges n’étaient pas toujours quittes avec le démon moyennant sept cents oraisons par jour. Maintenant il faut reconnaître que l’enfer doit avoir beaucoup perdu de son ancienne puissance, car, en dépit des plus infaillibles formules de sorcellerie, on ne renouvelle pas les prodiges du passé. Même par les nuits les plus sombres, nous ne rencontrons plus de sorcières se rendant aux sabbats sur le manche d’un balai !



Mais, avant de parler du crime de sorcellerie, ne convient-il pas de présenter le diable ? Qu’est-ce que le diable ?



Déjà, au moyen âge, le diable était un personnage très vieux. On doit le supposer contemporain des premiers hommes, puisqu’il incarne le mal et que sans doute le mal apparut au premier homme dès qu’il ouvrit ses yeux sur la création. Suivant la tradition dogmatique, le diable serait un ange déchu. L’orgueil — il tenta de s’égaler à Dieu — et la concupiscence — il s’aperçut que les filles des hommes étaient belles — le précipitèrent du haut des cieux jusqu’au fond des enfers. Ce diable du christianisme, on le retrouve dans les religions orientales et dans la théogonie égyptienne, avec cette différence, toutefois, qu'Ahriman et Typhon, qui disputent l'empire du monde au principe du bien, réussissent à s'en emparer. Lucifer, au contraire, n’usurpe jamais la puissance de Dieu. Le glaive de l’archange Michel suffit à le terrasser.



combat diable
REPRESENTANT DE L'HUMANITE ENTRE LUCIFER ET AHRIMAN
Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17585132



religion catholique saint sainte michel archange
29 SEPTEMBRE SAINT MICHEL
Par Michael Jaletzke — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2425991




Dans les temps où ces sortes de controverses étaient en grand honneur dans le monde chrétien, on hasardait diverses hypothèses pour expliquer la naissance du diable. Qu'il existât et en voulût au bonheur des hommes, c'est ce dont on ne s’avisait pas de douter, mais d’où était-il sorti ? Du chaos, soutenaient les uns ; d’un rayon de matière, prétendaient les autres. Voilà, semble-t-il, des assertions un peu hasardeuses et dont la démonstration, en dépit de la subtilité de leurs auteurs, ne laissait pas d’être assez difficile ! Saint Jérôme rapporte que, en Judée, au temps où il s’y réfugia pour y faire pénitence, le diable passait pour être fils de Léviathan. Une telle croyance se rattachait, peut-être, à certains récits des Livres Saints qui représentent le diable s'incarnant tantôt en serpent, tantôt en dragon. C’est sous la forme du serpent qu'il réussit à tenter la femme ; c’est sous la forme du dragon que Daniel lui fit avaler une boulette empoisonnée. Il n'est rien de surprenant à ce que l'imagination des hommes ait associé l’esprit du mal à des animaux perfides ou répugnants.




histoire dragon daniel
DANIEL BEL ET LE DRAGON
Par Auteur inconnu — culture.gouv.fr, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17451690



On n’ignore pas qu'il est souvent parlé du démon dans les Évangiles. Jésus, après avoir reçu le baptême dans le Jourdain, fut amené au désert de Juda pour être tenté par le diable. On relève jusqu’à trente-huit passages où des faits de possession sont signalés. Dans la contrée des Géraséniens, Jésus ordonna à l'"esprit immonde" de sortir du corps d'un homme et d’aller se loger dans le corps des pourceaux. Le diable obéit, mais les pourceaux, au nombre de deux mille, se précipitèrent aussitôt dans le lac où ils se noyèrent.



Il se forma de bonne heure, dans le christianisme primitif, diverses sectes qui admirent l’existence de deux principes, l'un bon, l’autre malfaisant. Dans un tel système, on attribuait au diable l’origine de la matière et du mal, et par conséquent on voyait en lui un rival de Dieu. L'hérésie manichéenne vint consacrer, au IIIe siècle, cette théorie du dualisme. M. Renan confesse quelque part, lui qui n’en était pas à une hérésie près, qu’il ne se sentit jamais pour celle-là la moindre complaisance. N’est-ce pas, en effet, compliquer d’une manière un peu naïve le mystère de l’au-delà que d’imaginer deux principes en rivalité et l’homme comme enjeu de cette lutte ? Nous ne pouvons plus symboliser ainsi la force inconnue à laquelle nous attribuons la direction des choses. Par delà les bornes de ce petit univers que nous habitons, notre idéal religieux tente de s’affranchir des contingences humaines pour s’épurer et s’ennoblir en des rêves de beauté, de puissance et de miséricorde infinies.



Mais, au moyen âge, on conversait familièrement avec Dieu et le diable, qui se mêlaient à toutes les affaires des hommes. L’un avait une barbe vénérable et débonnaire ; l’autre portait des cornes sur le front et avait des ailes noires. Sous ces ailes de ténèbres, l'humanité demeura terrorisée durant plusieurs siècles.



Tous les moyens servaient au diable pour réaliser ses fins, c’est-à-dire détruire l’œuvre de Dieu. La puissance de l'amour n’échappa point à sa clairvoyance ; aussi le plus souvent tentait-il par là de s’emparer des créatures. Bien qu'il n'ait pas de corps, comme il est fertile en ruses, il ne réussit pas moins à avoir un commerce charnel avec l'homme ou la femme. C’est pour lui un jeu d’emprunter le cadavre d’un être humain ou de se former un corps avec diverses matières qu'il façonne à sa guise. Suivant ses désirs et le but immédiat qu'il veut atteindre, il change de sexe. Il y a des diables incubes et des diablesses succombes, dont on conte les audacieuses tentatives dans les traités orthodoxes. Par ces accouplements avec les humains et quelquefois aussi avec des animaux, le Malin se propose d’altérer la race, de créer des monstres afin de troubler les bons desseins de son rival. On crut longtemps qu'il naissait de ces unions contre nature soit des nains très malicieux, soit des géants très féroces. Les femmes toutefois avaient la réputation de ne pas répugner aux caresses du diable. Elles y goûtaient quelque plaisir : feminæ in illius amore delectantur. De son côté, le démon n’était pas toujours insensible aux charmes des femmes. Il mettait tout en œuvre pour triompher de celles qui lui résistaient. C’était une question de savoir si, quand il s’accouplait par concupiscence, il ne compromettait pas la vertu de son maléfice. On la trancha, d’ordinaire, contre lui. Donc, c’était tant pis pour ses desseins s'il devenait amoureux pour de bon !



Mais le diable pouvait posséder les créatures en dehors de tout commerce charnel. Cela ne fait aucun doute pour les démonologues. Ainsi lui reconnaît-on communément le pouvoir de se transfuser dans un corps humain d’une manière invisible. Rien ne l’empêche non plus de se métamorphoser en une petite bête. On a vu souvent des mouches et des pucerons très suspects d’incarner le diable ou plus exactement d’être le diable lui-même. Il peut se réduire à de si petites proportions, que l’on reconnut souvent qu’une créature humaine était visitée par une légion de diables ; or, une légion de diables se compose, nous apprend-on, de 6 666 diables.



Le diable ne réussissait pas toujours, quelle que fût sa malice, à "posséder" les créatures. Pour les "posséder", il fallait qu’il s’installât en elles. La possession est un élan grave, mais qui n’implique pas nécessairement la complicité de la victime. Il se caractérise par des mouvements convulsifs, une insolite raideur des membres, le gonflement des yeux et le désir de fuir ses semblables. En pareil cas, on proscrivait un traitement à suivre qui consistait généralement à jeûner pendant quarante jours et autant de nuits, à manger du pain froid, à boire de l’eau bénite, à s’abstenir de la chair de poisson, surtout de celle de l’anguille, etc.... Il arrivait quelquefois que l'on se délivrait du diable par une immersion dans un tonneau d’eau froide. Au surplus, si ces prescriptions demeuraient sans résultat, on devait avoir recours à l’exorcisme.



Le cas d'"obsession" était bien moins dangereux. Le diable, n'ayant pas réussi à pénétrer dans le corps de la créature autour de laquelle il voltigeait, se bornait à la menacer du dehors. Comme il n’était pas encore maître de la place, il suffisait d’ordinaire, pour le mettre en fuite, de quelques invectives et d’un peu d’eau bénite.



Doit-on justice au diable ? Si on lui doit justice, force est de reconnaître que ce n’est pas toujours lui qui commençait. Il advint en effet, nous raconte-t-on, que des créatures s’offrirent au diable, s’enrôlèrent volontairement dans sa milice terrestre, conclurent un pacte avec lui. De cette offre, de ce pacte naissaient les sorciers et les sorcières. Ces croyances nous reportent vers la fin du XIIIe siècle. Il semble qu’avant cette époque on n’eût pas encore songé à régler les rites sataniques. Sorciers et sorcières, sabbats, messes noires, etc... sont des inventions relativement modernes. Le merveilleux païen n'eut pas le caractère que l'on attribue à la sorcellerie du moyen âge. Le grand Pan en devenant le diable, a incarné l’esprit de malice et l’esprit de révolte. Il n’exprime plus la joie de vivre, la volupté sans remords, l’espérance. Il semble né de la misère et du désespoir et créé à l’image de la douleur humaine. Il est laid et malfaisant. Il a des pustules vénéneuses sur son corps hideux de gnome. Regardez-le grimacer dans les sculptures gothiques !




pays basque autrefois démon satyre
DIEU PAN SATYRE DELLA VALLE
Par User:Jastrow, 2004, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=460606


C’est à ce démon que se vouaient des créatures pour être initiées aux pratiques de la sorcellerie. Tout pacte, cependant, ne donnait pas naissance à un sorcier ou à une sorcière. D’après l’inquisiteur Cumanus, il faut distinguer deux sortes de pactes : le pacte solennel et le pacte particulier ou tacite. Le pacte solennel ne se pouvait conclure qu’aux sabbats où se réunissaient les sorcières pour présenter au diable la créature qui voulait se consacrer à lui. Suivant certains auteurs, qui rapportent les aveux judiciaires arrachés aux sorcières dans les tortures, on n'était investi de ce caractère satanique, élevé à cette sorte de pontificat infernal, qu’après avoir fait une profession publique qui n’exigeait pas moins de onze cérémonies.



Cette profession une fois prononcée, la victime qui s'est volontairement offerte appartient à Satan. Il exigera d’elle l’obéissance aux engagements pris et qu’elle serve ses desseins, mais en échange il lui livrera certains de ses secrets et tiendra sa parole. Car s’il est railleur, insolent et menteur, on se plaît à reconnaître qu’il observe ses engagements vis-à-vis des créatures qui se sont données à lui. N'a-t-il pas l'éternité pour se rattraper, comme le font remarquer les bons moines ?



Non seulement il exauce les vœux particuliers que les sorciers et les sorcières lui présentent comme condition de leur dévotion, mais il leur accorde d’une manière générale une puissance mystérieuse grâce à laquelle ils prendront leur revanche des humiliations subies. Sorciers et sorcières participent de la puissance même du démon. Ils connaissent la vertu des plantes. Ils savent préparer les onguents et les philtres. Ils peuvent jeter des sorts à leurs ennemis. La femme qui cherche un soulagement à ses douleurs s’adresse à la sorcière. Elle est sage-femme et médecin et par là conquiert une influence sur les pauvres gens auxquels elle prodigue ses soins. L’écuyer, le petit page veut-il être aimé de la dame qu’il sert, de la grande héritière qui daigne à peine le regarder ? Il va, la nuit, chez la sorcière lui demander un philtre d’amour, le breuvage mystérieux qu'il versera à la dérobée dans la boisson de la châtelaine. Ainsi la "bonne femme", comme on nommait jadis la sorcière, peut, grâce à ses secrets diaboliques, consoler les pauvres du village et nuire aux grands dans leurs châteaux.



Le pacte tacite avec le diable n’impliquant pas de cérémonies publiques, les inquisiteurs nous apprennent qu’il faut une longue expérience et beaucoup de sagacité pour en faire la preuve. D’ailleurs, on inclinait à penser qu’il n’avait pas la même efficacité que le pacte solennel, car il n’était pas démontré qu’il conférât nécessairement la dignité de sorcier ou de sorcière.



En de telles histoires auxquelles plusieurs siècles ajoutèrent foi, quelle est la part de la vérité ? Même, faut-il admettre que la vérité y ait eu une part, si petite, soit-elle ? Les hommes et les femmes qui passèrent en ces temps-là pour sorciers et sorcières et furent brûlés en ladite qualité, étaient-ils des malades en proie à des affections nerveuses connues aujourd’hui, mystérieuses autrefois, ou convient-il de voir en ces prétendus serviteurs du diable des révoltés et des désespérés qui, en possession de quelque secret de médecine rustique, tâchaient d’acquérir par là un peu de crédit et de faire servir ces connaissances au triomphe de leurs desseins ? Nous sommes aujourd’hui très enclins à reconnaître des phénomènes d’hystérie dans tous les faits merveilleux que l’on rapporte des sorcières d’autrefois. Nous pensons que l’eau froide, ne fût-elle pas bénite, aurait suffi le plus souvent à calmer le prétendu démon. Le souci que nous avons en ce siècle de nous mettre en garde contre tout excès de crédulité aboutit, peut-être, à trop réduire dans les choses humaines le rôle des causes morales. Il paraît hors de doute qu'il faut faire la part de l’hystérie, ou de l’épilepsie, dans les phénomènes connus de sorcellerie. C’est par là que l’on peut expliquer l’état d’anesthésie que l’on constatait chez un grand nombre de sorcières et qui constituait "la marque du diable", et les convulsions qui les secouaient devant les juges et les hallucinations dont les interrogatoires font foi. Mais il serait téméraire d’affirmer que l’hystérie suffit à nous expliquer toute l’histoire de la sorcellerie.



Sans doute on ne peut contester qu’une sorte de terreur superstitieuse s’attachait aux maladies inconnues, mais n’est-ce pas en exagérer l’importance, si considérable qu’elle ait été, que de lui attribuer l’exclusive responsabilité de la lutte si persévérante et si atroce que l’on poursuivit durant plusieurs siècles contre les hommes et les femmes soupçonnés de sorcellerie ? Car il n'est pas permis de douter que la société, représentée par ses juges et ses prêtres, organisa une terrible défense contre le diable et ses suppôts. Repoussons tous les témoignages des inquisiteurs et des juges. Ils sont trop justement suspects. Accordons que Sprenger, l’auteur du Marteau des Sorcières, est un sot, d’une intrépide et risible crédulité, que le jésuite Del Rio et le dominicain Michaëlis, s’ils ne le passent pas en crédulité et en fanatisme, réussissent presque à l’égaler. Accordons également que Pierre Le Loyer, conseiller du roy au siège présidial d’Angers, Nicolas Rémi, conseiller intime du duc de Lorraine, Boguet, qui fut chargé de juger les sorciers du Jura dans les dernières années du XVIe siècle, le fameux Bodin et même Pierre de Lancre, conseiller du roy au Parlement de Bordeaux, à qui fut confiée, la mission de mettre fin à l’épidémie de démonomanie qui sévissait au commencement du XVIIe siècle dans la partie du pays basque français appelé le Labourd, ne surent pas s’affranchir des frayeurs superstitieuses de leur époque. Les livres et grimoires fermés, les témoignages écartés, on reste en présence d’un fait certain : la guerre impitoyable déclarée aux sorciers et sorcières. La superstition seule suffit-elle à en rendre compte ? Et si les intérêts temporels n’avaient pas originairement été menacés par la sorcellerie, le souci des intérêts spirituels expliquerait-il que la possession diabolique méritât la mort ? Il paraît certain que les prêtres et les juges virent, dans toute sorcière, une révoltée qui, à l’instigation du diable, tentait de perdre les âmes, mais, en attendant, risquait de troubler l’ordre de choses établi et de porter atteinte aux droits existants. Rien ne devint plus abusif et plus atroce que cette pensée de révolte prêtée à toutes les pauvres femmes hystériques, mais oserait-on affirmer que primitivement, c’est-à-dire à la fin du XIIIe siècle, la sorcellerie ne représente pas l’esprit de révolte ? Que l’on n’oublie pas combien fut dure sous Philippe le Bel, par exemple, la condition des humbles, hommes et femmes, femmes surtout ? Si l’on a trop répété que le moyen âge fut une époque de pénitence universelle, de désespoir total, d’obscurcissement de l’esprit humain — que de noms et que d’œuvres viennent démentir cette légende ! — il reste tout de même acquis à l’histoire que la misère y fut grande pour le peuple et la servitude excessive. Or, comme il y avait assez de foi au cœur de ces humbles pour continuer à croire au surnaturel sous une forme grossière et à peu près païenne, déçus dans leur espoir en un Dieu de justice et de miséricorde, ils appelèrent à leur secours le diable, son éternel rival, le Prince des Ténèbres, le principe du mal. Le désespoir, où la misère, la maladie et la servitude amenèrent peu à peu l’âme du peuple, finit par engendrer un sentiment, de révolte. C’est de ce sentiment de révolte que naquit, peut-être, la sorcellerie. Il n’est pas démontré que la première sorcière fût atteinte d’hystérie.



pays basque autrefois sorcieres
LIVRE LE MARTEAU DES SORCIERES
DE JACQUES SPRENGER




pays basque sorcieres sabbat
DESCRIPTION ET FIGURE DU SABBAT
LIVRE PIERRE DE LANCRE




S'il ne paraît pas invraisemblable de reconnaître à la sorcellerie une autre origine que l’hystérie ou l’épilepsie, on ne peut dissimuler qu’on ne relève plus aucune trace de ce sentiment initial de révolte dans les épidémies de sorcellerie de la fin du XVIe siècle et du commencement du XVIIe dont les récits nous ont été transmis. Il faut croire que la sorcellerie avait eu le temps de dégénérer en l'espace de deux cents ans. A partir du XVIe siècle, nous avons affaire aux sorcières de la décadence, pour reprendre l’expression de Michelet. Et, comme on ne connaît pas de description détaillée du sabbat avant le temps de Henri IV, il reste que nous ne pouvons que conjecturer ce que furent la messe noire et les rites du sabbat à l'origine de la sorcellerie. La poétique et fougueuse imagination de Michelet a tenté de nous représenter une de ces cérémonies nocturnes."




A suivre.




(Source : Wikipédia)






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