LES CHAPELLES DE SARE AUTREFOIS.
Le village de Sare est, dans la province du Labourd, l'un des plus riches en édifices religieux.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°14, en 1937, sous la plume de
Pierre Dop :
"La chapelle Sainte-Catherine.
Type. - Site sur une voie particulièrement importante dans le passé. - Aspect extérieur. - Description intérieure. - Le bénitier.
Par ses dimensions, par ses dispositions tant intérieures qu'extérieures, cette chapelle s'écarte du type des oratoires qui ont fait l'objet des chapitres précédents. Elle se classe dans la catégorie des édifices religieux, à laquelle appartient également Sainte-Madeleine, sa voisine de Saint-Pée, au quartier d'Amotz. Son importance égale et même supérieure à celle de bien des églises rurales, a permis de penser qu'elle représenterait le sanctuaire primitif de la paroisse de Sare, ou tout au moins antérieur à l'église actuelle.
L'hypothèse peut se soutenir.
Sainte-Catherine est édifiée sur le bord d'un chemin, qui a été manifestement très fréquenté dans les temps anciens.
Il apparaît de plus en plus certain que le large val où se sont créés les villages de Sare, Ainhoa, Zugaramurdi était traversé depuis les âges les plus reculés, par l'un des principaux itinéraires, sinon le principal, suivis pour la traversée des Pyrénées Occidentales. De récentes découvertes de dolmens, ouvrages qui constituent le meilleur jalonnement des pistes de la préhistoire, sont venus confirmer ce qui ressortait déjà de considérations géographiques et d'observations topographiques. C'était l'opinion de M. Camille Jullian. En particulier elle a été rapportée dans la séance du 6 novembre 1922 de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne par son président, le Commandant de Marien. Des vues semblables ont été exposées par le Commandant Rocq dans l'intéressante étude qu'a publiée le Bulletin de cette même société de Juillet-Décembre 1935.
A une époque moins lointaine, le passage rendu plus facile à travers les "rias" du littoral détourna le trafic et les voyageurs des anciennes voies de montagne dans la région voisine de la mer. Cependant l'une d'elles continua à être fort utilisée, comme nous en relevons les témoignages.
Franchissant le cold de Vera, dont le peu d'altitude est si favorable, cette voie passe sous les tours du vieux manoir d'Haramburua, toujours dressées dans leurs fonctions de sentinelles à l'orée de la vallée, s'engage sur la longue croupe de Lehembiscaye, où la vie qu'elle a attirée sur ses bords s'est fixée dans des habitations, rapprochées les unes des autres. Après une descente dans la plaine, elle remonte une pente où elle a créé la vieille agglomération d'Eyhalar, dont les maisons d'un si joli caractère labourdin se pressent de part et d'autre à l'instar de celles d'une bourgade, passe à 800 mètres de là devant la chapelle Sainte-Catherine, puis, sous les regards de l'antique château d'Ibarola, se divise en deux tronçons, l'un se dirigeant vers Saint-Pée et Bayonne, par le défilé d'Amotz, l'autre conduisant part le col d'Espelette à de multiples directions à travers le pays.
Le bourg de Sare, qui groupe peu de maisons anciennes, ne se trouvait autrefois que sur un chemin secondaire reliant celui dont nous venons de parler avec la région côtière.
Cette situation, comparée à celle du quartier d'Eyhalar, fait voir dans celui-ci l'agglomération primitive de Sare, et l'idée que Sainte-Catherine en fut l'église vient tout naturellement à l'esprit. Cependant cette supposition ne repose ni sur un document ni sur une tradition orale sérieusement établie. La distance qui sépare le quartier et la chapelle n'est pas non plus pour l'appuyer. Il est plus prudent de ne considérer Sainte-Catherine que comme une annexe de l'église de Sare, où le nombreux clergé dont été doté la paroisse avant la Révolution, permettait des offices réguliers et fréquents.
De nos jours, on y dit la messe, seulement deux fois par an : le second jour des Rogations, où l'on y vient en procession, et le dimanche qui suit le 25 novembre, fête de Sainte-Catherine, ou qui coïncide avec cette date.
Le site de la chapelle a été affecté d'une façon fâcheuse par la route créée vers 1860 entre Sare et Saint-Pée. La petite place qui l'entourait a disparu du côté méridional. Elle a été creusée de quelques mètres, presque au ras du mur, pour le passage de la route. Il en résulte que l'édifice reste bizarrement perché, l'accès d'une de ses portes n'étant plus possible que par une étroite bande de terrain.
La structure essentielle de Sainte-Catherine, comme de la plupart des édifices religieux de la région, se rapproche de la simplicité de construction d'une grange : gros murs soutenant la charpente d'un toit à deux versants. Cependant, celui sur lequel s'adosse l'autel, au lieu d'être rectiligne, est à trois pans, tous trois égaux. Celui du fond se continue au-dessus de la toiture. Un petit fronton le couronne, percé d'une ouverture pour le logement de la cloche. De ce côté, une étroite fenêtre, aujourd'hui comblée, permettait au sonneur de guetter l'arrivée des processions.
L'entrée est protégée par un large auvent, susceptible de servir d'abri aux pèlerins. Son toit en pente repose d'une part sur la chapelle, de l'autre sur un mur peu élevé.
La porte rectangulaire est accolée à une vaste fenêtre garnie de barreaux de fer, au-dessus d'un banc de pierre. Cette disposition permet aux passants qui s'arrêtent pour une prière, de découvrir l'intérieur, d'y jeter leurs aumônes. Un bénitier est creusé, à leur usage, dans la base interne de l'ouverture. Le millésime de 1654 est sculpté sur le linteau. Doit-on y voir la date de l'édification primitive ou celle d'une restauration ? Il est manifeste que la porte a été restaurée. Le seuil actuel est fait d'une pierre marquée du logement de barreaux de fer et retirée par conséquent d'une fenêtre plus ancienne.
La documentation fait totalement défaut. Nous savons seulement que la chapelle fut dévastée par la Révolution et les guerres qui suivirent. Des travaux de réparations la rendirent plus tard au culte. Sans doute ces travaux ne furent-ils pas suffisants. En effet, vers le milieu du siècle dernier, l'état était tel que la chapelle fut menacée d'être désaffectée et convertie en bâtiment agricole. L'aspect intérieur, malgré de nouvelles réparations effectuées, reste misérable. La charpente qui soutient le toit est à nu. Autrefois elle était masquée aux regards par un plafond de bois dont les traces subsistent. Ce plafond est maintenu seulement au-dessus du choeur.
Des galeries à deux étages courent sur les côtés et le fond de l'édifice, comme dans toutes les églises du Labourd. Elles ne conservent qu'en partie les balustres anciens faits au tour. Très simples, elles ne portent de taille décorative que sur les têtes des poutres. Celles-ci sont ornées d'un motif où se retrouve, comme à l'église de Sare, l'inspiration locale de la fougère. Les galeries latérales sont soutenues par des poteaux quadrangulaires, à gauche, plantés verticalement, à droite, inclinés, la base encastrée entre le sol et le mur. Celle du fond est supportée par une colonne en pierre, d'un modèle qu'on retrouve également à l'église de Sare.
Le sol est entièrement dallé de grands carreaux de brique rouge. Ce dallage, d'une facture antique, est malheureusement fort abîmé dans beaucoup de ses parties.
Une balustrade en bois isole le choeur qui est élevé de deux marches. L'autel, auquel on accède par deux autres marches, est d'une extrême simplicité. Au-dessus de la table, deux gradins, dont le plus élevé encastre un grossier tabernacle de forme quadrangulaire, sorte de caisse peinte en vert, ornée cependant de bordures dorées, et, sur la porte, d'un calice en bas-relief, également doré.
CHAPELLE DE SAINTE-CATHERINE SARE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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