LA SOULE EN 1881.
La Soule est la plus petite des 7 provinces du Pays Basque. Située dans les Pyrénées-Atlantiques, elle est peuplée d'environ 15 000 habitants et a pour capitale Mauléon-Licharre (Maule).
Voici ce que rapporta Paul Perret dans son livre "les Pyrénées françaises" en 1881 :
"Le pays de la Soule.
... Les gens de Larrau vivent sur leur cime comme des gens de mer sur le pont de leur navire. Nous nous en étions bien doutés en consultant nos cartes, et en choisissant pour centre d'excursion ce coin perdu de pays. Nous avions voulu voir la vraie vie de montagne.
PLACE PRINCIPALE LARRAU SOULE D'ANTAN |
C'est bien le tableau fidèle que nous en avons sous les yeux. La nuit vient, les brumes montent partout de ces vallons profonds que nous dominons de toutes parts. Sur un chemin qui suit le Saison à nos pieds et qui conduit, en amont du torrent, à des forges fondées au siècle dernier par l'abbé de Sauvelade, nous apercevons, comme un point noir mouvant d'abord, un homme à cheval, qui ne porte point le costume des montagnards. C'est le médecin. Il rentre à Tardets sous cette nuit tombante, car on n'a jamais vu en résidence à Larrau l'ombre même d'un officier de santé. Il a plus de seize kilomètres encore à faire, dont la moitié dans les pleines ténèbres. -Ah ! le beau dévouement ! mais le rude métier !
EXCURSIONNISTES A CHEVAL LARRAU SOULE D'ANTAN |
Les personnes accoutumées à la montagne connaissent seules cette large paix des nuits, qu'on ne goûte que là. Vers le matin même, elle paraît un peu triste et vide à ceux qui ont, au contraire, l'habitude de la campagne proprement dite dans les plaines et dans les vallées, surtout au bord des rivières de pays plats. A cette hauteur, on n'entend guère de chants d'oiseaux. - A l'aube, nous nous mettons en route ; nous traversons des bois ; ils sont muets. Nous allons d'abord en pèlerinage à l'ermitage de Saint-Joseph et, dans trois heures, nous aurons atteint le port de Larrau. Il est bon de penser que nous allons rencontrer l'aide d'un Saint, car c'est bien Satan qui a fait ce chemin-là ; il y a semé des escarpements diaboliques. Nous traversons des gorges noires, haletants de fatigue et de soif ; la chaleur est insupportable. Le sentier monte en zigzag, formant des angles aigus, dont la pointe glisse terriblement à la descente. Enfin, de grands hêtres nous rafraichissent un peu de leur ombre ; nous avons atteint le bois de Saint-Joseph. Un plateau le couronne ; la chapelle y est assise. Elle est neuve, mais reconstruite sur les assises d'un édicule primitif qui datait de 1655, comme l'église de Larrau. Le restaurateur en est également le curé actuel de la paroisse, le savant et gracieusement hospitalier abbé Onnaïnty.
CHAPELLE SAINT-JOSEPH LARRAU SOULE D'ANTAN |
La chapelle de Saint-Joseph n'est pas seulement lieu de pèlerinage : c'est aussi trop souvent un lieu de refuge pour les muletiers espagnols que l'orage surprend, ou pour le voyageur qui n'a pas compté avec les difficultés du chemin et qui voit venir la nuit. Du plateau où nous sommes arrivés, la vue est d'une grande beauté, surtout au nord, dans la direction de Bostmendiette (ou Bostmendi), aux cinq cônes (les cinq doigts) et du côté d'Ahusquy.
VUE GENERALE LARRAU ET BOST MENDIETA SOULE D'ANTAN |
Le temps est clair, et cela est d'un bon présage ; nous reprenons notre ascension à travers de larges crevasses, qui peuvent bien mériter même le nom de ravines, et qui creusent le versant de l'Olhadu. Deux heures d'une marche assez monotone. Nous joignons le passage de Marinochinala, ou port de Larrau, à près de 1 400 mètres, au flanc du mont Orrhy.
PIC ORHY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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