L'HISTOIRE DE HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE RACONTÉE EN 1927 (quatrième partie)
L'HISTOIRE DE HENDAYE RACONTÉE EN 1927.
En 1927, la commune d'Hendaye comprend environ 5 700 habitants et est administrée par le Maire Léon Lannepouquet.
VUE GENERALE D'HENDAYE PLAGE PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce que rapporta à ce sujet Georges Velloni dans le mensuel Pyrénées et océan : organe des stations thermales et des bains de mer desservant tout le littoral et la chaîne des Pyrénées, le 1er mars 1927 :
Les sables que le travail des siècles a détachés des falaises qui entourent Hendaye ont formé, à l'embouchure de la Bidassoa, de grandes dunes baignées par les flots et dont les contours étaient constamment modifiés par le courant du fleuve frontière. Cette lande sablonneuse, appuyée contre les collines derrière lesquelles passe, actuellement, la voie ferrée de la Cie du Midi, était jadis presque désert, parsemée de quelques pins, de tamaris et d'oeillets sauvages.
AFFICHE CHEMINS DE FER DU MIDI ET DE PARIS A ORLEANS HENDAYE PLAGE
Or, sur ce désert, un mirage fit apparaître aux yeux du voyageur surpris, dès le début de ce siècle, une cité riante et fleurie, un palace, des avenues majestueuses, et à la voix sonore du vent du large, se mêlèrent les accords des orchestres, le ronflement des autos, le murmure grandissant de la vie mondaine. Mais ce mirage ne disparut pas avec l'évaporation d'une nuée ou le départ d'un rayon lumineux : il se matérialisa, s'amplifia, s'embellit. Ce n'était pas une illusion mais une réalité : une nouvelle ville était née, créée par la volonté, le travail et le talent d'un réalisateur : Hendaye-Plage existait.
Ne voulant pas nous borner à donner une sèche description de la si attrayante station qu'est Hendaye, et afin de fournir à nos lecteurs une documentation précise sur la rapide et intéressante évolution de la nouvelle cité, le moyen le plus sûr était de s'adresser au promoteur d'Hendaye-Plage, M. Henry Martinet, président du Conseil d'administration de la Foncière de Hendaye, l'architecte et le paysagiste, auteur de travaux importants exécutés sur de nombreux points du globe, le créateur et l'animateur de l'Hendaye moderne.
ARCHITECTE HENRI MARTINET PAYS BASQUE D'ANTAN
Je descendis donc du train, par une radieuse matinée de mars, à la coquette gare de Hendaye-Plage, dont l'élégante architecture basque nous donne un premier spécimen du style adopté dans la station, architecture qui lui procure un aspect si particulièrement riant et pittoresque.
LA GARE D'HENDAYE-PLAGE PAYS BASQUE D'ANTAN
A la sortie, le regard est charmé de dominer un rivage verdoyant semé de coquettes villas semblant rêver devant la splendeur de l'Océan qui se déploie majestueusement devant elles, en face de l'Espagne que signalent la longue ligne du Cap Figuier et le hautain profil du Jaizquibel.
Par une large route qui descend vers la mer, nous arrivons aux premières villas, dominées par l'imposante silhouette de l'Hôtel Eskualduna se détachant sur le fond merveilleux de l'Océan et du Cap, qu'inonde cette lumière limpide qui est un des plus grands attraits de notre côte.
GRAND HÔTEL ESKUALDUNA HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN
Ayant une bonne heure devant moi, je suis heureux de parcourir Hendaye-Plage, que je n'ai jamais vue en dehors de l'époque du mouvement estival.
Une surprise délicieuse m'est réservée. A partir du joli square circulaire, je chemine parmi les mimosas en fleurs et les constructions nouvelles ; le soleil avive le jaune des uns et la blancheur des autres, parmi des verdures multiples et reposantes, tandis qu'une brise chargée d'embruns et de parfums m'enveloppe.
Près du casino, la mer elle-même semble paresseuse sous cette lumière printanière et l'écume des vagues répond à la clarté des villas basques.
GROUPE DE VILLAS BASQUES HENDAYE PLAGE
L'air est limpide : Fontarabie et la Côte Espagnole semblent toutes proches, pour mieux admirer leur coquette voisine. Au bout des diverses avenues aux perspectives savamment calculées, on voit tout à coup se profiler le château d'Abbadia, sur la colline du Golf, Hendaye-Ville, la montagne de la Haya ou des Trois Couronnes, Irun, l'Eglise de Fontarabie et le château de Charles-Quint, le Jaizquibel aux modelés accentués, avec sa chapelle de la Guadeloupe, enfin l'Atlantique venant mourir sur cette incomparable plage de sable fin gardée par la double silhouette rocheuse des Deux Jumeaux.
Repassant devant le magnifique palace de style basque, qu'est l'Eskualduna, je me plais à parcourir les voies si diverses d'aspect, toutes plantées d'essences différentes : allées de magnolias, de pins, de palmiers, de mimosas, de tamaris se succèdent agréablement. A l'extrémité de la plage, sur les terrains encore vagues, fleurissent les oeillets sauvages d'autrefois.
RUE ET VUE DE FONTARRABIE HENDAYE PLAGE PAYS BASQUE D'ANTAN
Après l'ampleur mouvante et bruyante de l'Océan, voici, du côté Sud, le calme de ce lac magique entouré de monts qu'est l'estuaire de la Bidassoa, contraste saisissant et splendide qui vous subjugue à mesure qu'on chemine.
ESTUAIRE DE LA BIDASSOA AVEC LE PORT DE FONTARABIE PAYS BASQUE D'ANTAN
Le charme irrésistible d'Hendaye vous incite à vous attarder, mais l'heure presse et voici d'ailleurs, signalé par divers spécimens de plantes rares, au-dessus d'une barrière rustique, le jardin de M. Martinet, au fond duquel apparaît l'une des premières villas basques construites à Hendaye-Plage.
Aussitôt introduit et reçu avec la cordialité accoutumée, j'entre dans le vif su sujet, laissant dès lors la parole à M. Martinet.
— Quelle circonstance vous fit jeter votre dévolu, demandais-je au créateur de la plage d'Hendaye,pour y créer la cité que nous voyons aujourd'hui s'épanouir ?
La prise de possession.
C'est au printemps de 1905 que je vins à Hendaye pour étudier sur place les propositions qui m'avaient été faites de m'occuper du développement de cette station, qui n'existait alors qu'à l'état rudimentaire, si je puis m'exprimer ainsi.
Je connaissais déjà un peu Hendaye que j'avais visitée une dizaine d'années auparavant, au cours de plusieurs villégiatures sur la Côte Basque, mais je n'avais conservé qu'un souvenir assez confus de cette plage, cependant si belle où n'existaient alors que le bâtiment actuel du Casino servant d'établissement de Bains, l'Hôtel de la Plage et une douzaine de villas. Le tout avait été construit une trentaine d'années plus tôt, par les soins d'une Société Civile Immobilière constituée par quelques Bayonnais et Hendayais, dont les ressources financières, vite épuisées, avaient été insuffisantes pour continuer l'oeuvre entreprise.
GRAND HÔTEL DE LA PLAGE HENDAYE FACADE MONTAGNE PAYS BASQUE D'ANTAN
Lors de ma visite, la Société était présidée par l'excellent et digne M. Vic, maire de Hendaye, et avait pour Administrateur-délégué, M. L. Dantin, qui, par la suite, devint mon principal collaborateur, jusqu'au jour où, capitaine commandant une compagnie, il fut tué glorieusement à la première bataille de la Marne.
L'expérience que j'avais pu acquérir au cours de nombreux et lointains voyages, en matière de création de villes d'eaux et notamment comme architecte-paysagiste de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, comme architecte de l'Industrielle Foncière, Société que j'avais formée en 1902 avec quelques amis, me permit, en visitant en détail le domaine de la première Société Civile Immobilière, de juger vite qu'il était possible de tirer un merveilleux parti de l'ensemble de beautés qui se déroulaient sous mes yeux.
Il est, en effet, bien peu de plages dans le monde entier, qui soient aussi belles que celle d'Hendaye, plage de sable fin et ferme, à pente très douce, qui s'étend sur une longueur de près de 3 kilomètres.
Le cirque de montagnes qui sertit l'estuaire de la Bidassoa forme, par ses contrastes et sa lumière changeante, un cadre si incomparable à cette plage si belle, que mon imagination entrevit immédiatement tout le parti que l'on pouvait tirer de ce site, pour créer une ville nouvelle ne ressemblant à aucune autre et devant avoir son caractère propre, qui en ferait le charme et l'attrait. J'étais séduit, conquis, comme médusé, et dès lors, ma décision était virtuellement prise.
Ce ne fut, toutefois, qu'au mois de septembre suivant que les premiers accords préliminaires furent signés, et qu'en mai 1906 que je devins définitivement propriétaire du Domaine de la Société Civile Immobilière, qui, à partir de ce moment, prépara sa dissolution.
Mon premier soin fut d'assurer un moyen de transport économique entre la gare, la ville et la plage. Aussi, dès le 17 juillet de la même année, une ligne de tramway Decauville, avec locomotive à vapeur et automotrices à essence pouvait-elle être inaugurée, grâce à la complicité bienveillante des autorités locales et du service des Ponts et Chaussées.
TRAMWAYS DANS LES PINS HENDAYE PLAGE PAYS BASQUE D'ANTAN
Près de deux ans, en effet, s'écoulèrent, avant que me parvinssent les autorisations officielles de construire et exploiter cette ligne de tramways, un peu primitive et insuffisante, il est vrai, mais qui fut remplacée deux ans plus tard par la ligne actuelle, à voie de 1 mètre, qui fut, pendant un certain nombre d'années, le seul tramway électrique exploité dans l'arrondissement de Bayonne."
A suivre...
(Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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