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vendredi 27 août 2021

LE DÉVELOPPEMENT DE HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AU 19ÈME SIÈCLE (troisième partie)

 

LE DÉVELOPPEMENT DE HENDAYE AU 19ÈME SIÈCLE.


La population d'Hendaye passe de 241 habitants en 1800 à 3 215 habitants en 1901.




pays basque autrefois labourd
HENDAYE 19EME SIECLE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Georges Langlois, en 1931, dans son livre La véritable histoire de 

Hendaye Plage :



"...La "Société d’Exploitation des Bains de la Plage d’Hendaye".



Quatre années passèrent encore quand enfin, lassés de tant d’espoirs éveillés et non réalisés, plusieurs habitants d’Hendaye se concertèrent et décidèrent de fonder une "Société d’Exploitation des bains de mer de la plage d’Hendaye". Ils se bornaient dans ce projet à fonder un établissement de bains de mer d’au moins 30 cabines, d’un restaurant-buvette et faisaient appel à leurs concitoyens pour souscrire les actions. Voici d’ailleurs le texte intégral de la séance du Conseil Municipal où fût présenté la demande de la société :



Séance extraordinaire du 19 Juin 1877.



Présents M. Ansoborlo maire, Meynier adjoint, Curutchet, Lalanne Canuyt, Sallet, Anatol, Boussac.



M. le Maire expose que depuis longtemps les Espagnols fréquentent la belle plage de Hendaye ; qu’ils s'y rendent en barques de Irun et Fontarrabie. Une légère tente que le groupe apporte, abrite les baigneurs. C’est ainsi que des étrangers jouissent de la plage française sans payer quoi que ce soit à l’Etat ni à la commune.



Jusqu’en 1864 la voie ferrée ne dépassait pas Bayonne. Le voyageur qui se rendait en Espagne par la route N° 10 franchissait la frontière à Béhobie sans soupçonner l’existence de Hendaye, que le mamelon d’Irandatz dérobait à sa vue. Cette localité ne serait pas encore sortie de l’oubli si les nécessités de la stratégie moderne n’y avaient pas conduit le chemin de fer. C’est de l’ouverture de la ligne de Bayonne à Irun que date la renaissance d’Hendaye. On vit dès lors la population augmenter, les ruines disparaître, les maisons s’élever, le commerce s’établir et la prospérité naître là où naguère végétaient pariétaires et orties.



Une chose cependant, indispensable, réclamée depuis quelque temps avec insistance par les habitants, manque à Hendaye pour engager les étrangers à se fixer dans un endroit où ils sont attirés par une plage sans rivale, par les sites les plus pittoresques : un établissement de bains convenable et un restaurant avec buvette où les baigneurs seraient sûrs de trouver tout le confort des stations balnéaires.



C’est dans le but de combler cette regrettable lacune que divers habitants de Hendaye, représentés par les sieurs Albrespy Auguste, Durruty Alphonse, Ithurria Etienne, Muxica Joseph, Etchégaray Henry, Susperreguy Ignace, tous propriétaires et domiciliés à Hendaye nous ont adressé une demande tendant à obtenir l’autorisation de fonder l’établissement dont il s’agit, suivant le cahier des charges ci-après.



Article premier. — Une société désignée sous le nom de : Société d’exploitation des bains de la plage d’Hendaye, et composée de tous les actionnaires qui désirent en faire partie est formée à Hendaye et se constituera définitivement après approbation du projet par l’autorité supérieure.



Art. 2. — La commune d’Hendaye cède à titre de bail à ferme pour 9 années qui commenceront le 1er juillet 1877 et finiront à pareil jour de l’année 1886 l’exploitation des bains de mer de la plage de Hendaye à la dite société aux conditions suivantes :


1° La Société s’engage de construire pour la saison balnéaire de l'année courante, un établissement composé d’au moins trente cabines et d’un restaurant-buvette dont le prix sera, y compris l’ameublement et le vestiaire nécessaires de 6 000 francs au minimum.


2° La dite société s’oblige à payer à la commune de Hendaye 40 % sur les bénéfices réalisés après prélèvement de 5 % du capital social.


3° Les opérations de la société seront contrôlées par les soins du Maire de la commune ou d’un délégué par lui désigné à cet effet.



Art, 3. — La commune d'Hendaye cède à la dite société les terrains qui lui sont nécessaires pour la construction de cet établissement, avec faculté de développement suivant l’urgence dûment constatée, après entente réciproque des deux parties.



Art. 4. — Le Maire prendra un arrêté réglementant les bains, déterminant les limites au moyen de poteaux indicateurs, approuvant les tarifs, etc...



Art. 5. — La commune de Hendaye se réserve le droit de résilier le présent bail et de se substituer à la dite société en lui remboursant de ses propres deniers, le capital engagé, plus les intérêts depuis l’époque du versement dans le cas où ils n’auraient pas été servis et 50 % en sus à titre d’indemnité sur le dit capital, mais une autre société ne pourra se substituer à celle déjà existante qu'autant que cette nouvelle société prouvera, par des garanties qu’elle est en mesure de faire un établissement d’une valeur dix fois plus forte que celui déjà fait par l’ancienne société,



Art. 6. — Les cabines existant actuellement seront tolérées pour l'année courante, eu égard aux dépenses déjà faites par leurs propriétaires ; mais à partir de l’année prochaine, la présente société aura seule le droit d'exploitation des bains de mer.



Art. 7. — A. l’expiration du présent bail, la commune aura la faculté, soit de le renouveler, soit de le résilier en payant à la société la valeur de l’établissement, au prix de l’estimation faite par deux experts nommés contradictoirement par les deux parties, sauf en cas de désaccord la nomination d’un troisième expert par le Tribunal de Commerce pour trancher la difficulté.



Art. 8. — Les divers frais de quelque nature qu’ils soient se rapportant au présent bail seront à la charge de la société.




Cette proposition n’allait pas être du goût de tout le monde. Une première protestation s’éleva de M. Boussac, directeur de l’établissement de bains de la plage qui s’élevait contre une installation plus convenable et plus importante que la sienne... La seconde, plus sérieuse était signée de MM. Lissardy, Légarralde, Anatol, Meynier, Dantin, et... Boussac, tous conseillers municipaux. M. Dantin, initiateur de cette protestation, offrait des conditions plus avantageuses, ne réclamant qu’un intérêt de 5% et employant le surplus en améliorations soit à l’établissement de bains, soit en plantations dans les dunes ou à tous autres travaux tendant à protéger ces dunes contre l’action de la mer.



Au conseil municipal, la thèse de M. Dantin obtint cinq voix et celle du Maire cinq voix également Il fût alors demandé au Préfet de prendre une décision.



L'année suivante, aucune décision n'était encore prise. Mais les élections municipales venaient d’avoir lieu ; M. Dantin n’était plus du conseil municipal et M. Ansoborlo, maire, voulant en finir, fit adopter le projet Albrespy, Durruty, Ithurria, etc. :


"Le Conseil considérant que la formation d’une société rencontre des difficultés inattendues, et des formalités dont la loi entoure les actes de société ; qu’il est indispensable d’arriver à la solution de cette affaire ; que les susnommés, personnes honorables et de solvabilité reconnue, offrent de prendre aux conditions ci-dessus. Décide, par 8 voix contre 3 d’autoriser le Maire à signer un bail avec eux."



A la fin de décembre 1878, aucune solution n’ayant encore été donnée à l’affaire, les intéressés rédigent une nouvelle demande qui est également envoyée au Préfet en le priant d’y donner la plus prompte suite.



En août 1879..... Mais nous touchons au point où l’affaire devient d’un haut comique que n’eût point désavoué Courteline. Quel dommage que cette histoire ne lui fût contée, lui qui, pourtant, fréquenta notre station.



Une comédie, avec quelques scènes dramatiques, s’écrira peut-être un jour...



Le projet Moreau.



Moreau-Ville — Hendaye-Moreau — Hendaye-Moreau-Ville.



Comment le Docteur François Moreau, propriétaire du château de Mauves, commune de Podensac (Gironde) fut-il amené à faire des propositions à la commune d’Hendaye pour la mise en valeur de son territoire ?



Nous supposons, et nous avons de bonnes raisons pour le croire, comme on le verra plus loin, qu'il fût aiguillé sur cette affaire par M. Dupuy auteur du projet dont nous avons parlé plus haut.



L’assurance du Docteur Moreau était telle que le 26 août 1879, le conseil municipal décidait de concéder à la société (?) Moreau et Cie la moitié de la surface des dunes, plus toute la partie de la plage baignée par la haute mer qui venait de lui être attribuée par la délimitation du territoire maritime du 18 mars 1878, à condition :


1° De désintéresser les créateurs de l'établissement de bains (qui venait enfin de voir le jour).


2° D’élargir à 10 mètres le chemin de la ville à la plage.


3° D’établir un tramway.


4° De créer un établissement de bains avec soubassement en maçonnerie comme celui de la grande plage de Biarritz.


5° De construire un casino avec café-restaurant.


6° De s’engager à fournir devis et plans en 6 mois pendant lesquels la commune promettait de n’écouter aucune autre proposition d'aucun particulier ou société.



Un mois après, l’affaire se corsait et le Docteur Moreau ajoutait la construction d’un grand hôtel et une rente annuelle et perpétuelle à servir à la commune. On lui enlevait seulement une bande de terrain de 10 mètres de large, du chemin d’Ondaralxou à la pointe de Socoburu, longeant la plage et destinée à la circulation publique.



L’emballement était général...



Les premières pluies de novembre vinrent probablement jeter quelque fraîcheur sur cet enthousiasme, car le 17 novembre 1879, le Docteur Moreau écrivait la lettre suivante au Maire d’Hendaye :


"Je ne peux donner suite au projet d'établir une station balnéaire sur la plage d’Hendaye qu’autant que figureront sur cette concession les Joncaux de Chingoudy en totalité ou tout au moins en plus grande partie...


L'obligation que je contracte de faire construire par mes soins un établissement de bains, un hôtel et un casino, de donner un élargissement de 10 mètres au chemin qui conduit du village à la mer, d’aplanir les dunes, de faire construire un nouveau chemin le long de la plage, de planter des arbres sur le bord de toutes les voies, me conduira à d’énormes dépenses, et comme conséquences à de grandes chances aléatoires qui peuvent faire reculer les capitalistes surtout avec la charge d’une rente perpétuelle à servir si celle-ci n’est pas raisonnablement comptant que le Conseil Municipal de son côté répondra à ma bonne volonté en renfermant dans de justes limites les prétentions de la commune. Agréez, etc..."



A suivre...




 


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