L'ESTUDIANTINA DE 1889 À 1924.
C'est en 1889 qu'un groupe de 5 amis amoureux de musique créa à Saint-Jean-de-Luz une société de musique, l'"Oursin".
Voici ce que rapporta à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 6 juillet 1924,
sous la plume de René Meyran :
"De 1889 à 1924 L'Estudiantina de L’Amicale Donibandarrak.
Par les tièdes nuit d’été, et souvent aux heures de rosée des joyeux printemps, Saint-Jean-de-Luz a, parfois, la surprise d’être tirée doucement de son sommeil par des notes grêles qui s’égrènent, volent rapides et meurent lentement...
C’est l’Estudiantina qui passe, parcourant les rues à pas calfeutrés, s’abstenant de tout bruit discordant, voire même du moindre éclat de voix, s’arrêtant à un carrefour ou à un point donné et, sur le signe d’un chef invisible et perdu dans l’ombre, laissant trembler la mélodie aigrelette des mandolines gravement ponctuée par les mélancoliques accents des guitares.
Graduellement, et comme sous les effets d’un envoûtement magique, la population s’éveille, écoute et se recueille, s’abstenant toutefois de se montrer, car l'Estudiantina opère discrète et aurait tôt fait, à la plus légère manifestation de curiosité, d’arrêter ses accords enchanteurs pour poursuivre, plus loin, dans le silence, son harmonieuse mission de porteuse de sérénades.
Qu’est donc cette Estudiantina aux randonnées nocturnes, et dont la modestie est poussée au point de donner à ses artistes toutes les allures de conspirateurs, agréables d’ailleurs, de poètes rêvant à la lune, ou de mystificateurs de bon goût ?
Filiale de l’Amicale Donibandarrak, la société des mandolinistes de l'Estudiantina a, en vérité, l’origine la plus curieuse et la plus simple, à la fois, que groupement puisse rêver. Son histoire vaut d’être contée.
Il y a une trentaine d’années environ un groupe d’excursionnistes composé de MM. Augier Etcheverrigaray, Joseph Etcheverrigaray, son fils ; Pascal Elissalt, Fernand et Honoré Tastet, tous mélomanes, à des titres divers, concevaient au cours d’une partie de campagne le projet de créer une petite société musicale susceptible d’agrémenter leurs parties de plaisir et d’occuper , en outre, les loisirs des longues soirées.
Hendaye avait à l’époque une Société de ce genre appelée Le Chipiron et qui faisait merveille. Biarritz, de son côté, venait de fonder un groupement similaire, ayant pris pour titre: L’Operne. Nos excursionnistes décidèrent donc de donner à l’association projetée un nom aussi maritime que celui des Sociétés d’Hendaye et de Biarritz, et ils la baptisèrent : L’Oursin.
La présidence échut d’emblée à M. Augier Etcheverrigaray qui fit, sans tarder, montre d’une fort belle activité et vit la Société naissante se grossir bientôt d’éléments précieux avec MM. Augustin Lalague, comique apprécié, Paul Henry, Barthélémy, Hubert, Bringeon et Laurens, ancien directeur du casino de St-Jean-de-Luz.
La carrière de L’Oursin s’accentua brillante. Le groupe multiplia ses concerts, fut recherché et ses succès eurent un retentissement tel qu’il se vit, à diverses reprises, appelé à donner à Biarritz des auditions très écoutées. Son action à Saint-Jean-de-Luz n’était pas moins précieuse. Les hôtes étrangers commençaient à affluer et les hôtels, heureux de les distraire, recoururent à L’Oursin qui avait le don de leur plaire. L’un de ceux-ci — le plus ancien résident de la colonie étrangère — cet anglais basquisant et naturalisé basque : le commandant Caufield, que Saint-Jean-de-Luz et Ciboure estiment et vénèrent comme l’un des meilleurs de leurs citoyens, s’intéressa, tout particulièrement, à l’initiative des créateurs de L’Oursin et les encouragea à donner de nombreux concerts au bénéfice des marins de Socoa. D’autres concerts pour les victimes de Courrières, les sinistrés de la Martinique et toutes les œuvres charitables, enfin, figurent dans l’histoire généreuse de ce groupement de musiciens d’humeur allante et de bonne volonté.
ESTUDIANTINA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et L’Oursin y gagna, nécessairement en popularité.
C’est alors que M. Gustave Leremboure, maire et conseiller général de Sare, auquel la région tout entière doit en partie son développement et qui conçut, notamment, le Golf de la Nivelle, eût l’excellente idée d’élargir le cadre de la Société de musique L’Oursin et de la fondre en une vaste association générale qui prit le titre de l'Amicale Donibandarrak autrement dit l’'"Amicale des Luziens".
Aucun projet ne pouvait sourire davantage aux cinq fondateurs de L’Oursin. L’Amicale Donibandarrak se trouva donc constituée avec MM. Ahetz-Etchebers et Lhoste, directeurs d’école ; Gaspalou et Pommés, instituteurs ; les anciens élèves de l’école laïque et les membres de L’Oursin.
Nous étions en 1904. Il y a exactement vingt ans et l’Amicale Donibandarrak qui atteint, cette année, sa pleine majorité, s’apprête à fêter dignement cet anniversaire.
SORTIE DE L'ESTUDIANTINA ST JEAN DE LUZ PAYS BASQUE 1906 |
Quel chemin parcouru depuis néanmoins !
L’Amicale Donibandarrak commença par créer un orphéon qui peut, aujourd’hui, se glorifier d’avoir formé un fameux élève, puisque c’est lui qui fit débuter Casenave, désormais ténor glorieux oh combien ! Elle donna le jour également à Saint-Jean-de-Luz à la première équipe de rugby d’où surgit l’international bien connu Jean Sebedio, dit le "Sultan". Enfin elle favorisa l’éclosion d’un groupement de mandolinistes qui, sous la direction éclairée de notre excellent ami M. Joseph Etcheverrigaray, prit le titre d’Estudiantina et réunit principalement les membres de l’ancien groupement de L’Oursin.
Avec ses diverses sections l’Amicale Donibandarrak — elle compte actuellement plus de 500 membres — a pu faire œuvre féconde et s'intéresser, sous l’habile direction de ses présidents successifs : MM. Cazenave, Edouard Weizsaecker, Augustin Lalague, Fernand Tastet, Alfred Barthélémy, Honoré Tastet, Julien Gastellu, Dupreuilh, à toutes les manifestations sportives et artistiques en même temps qu’elle poursuivait sa mission de bienfaitrice toujours prête à se dévouer et à donner son gracieux concours pour les malheureux et les infortunés.
Que ce soit pour les marins de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, pour les jeunes mobilisés, pour les veuves chargées de famille, pour toute initiative généreuse enfin, l’Amicale Donibandarrak se montra toujours au premier rang et disposa de toutes ses ressources pour subvenir aux déshérités. Et son concours est d’autant plus précieux qu’elle excelle dans toutes les branches de l’activité du corps et de l’esprit.
C’est ainsi qu’en 1913 elle organisa un concours International de Fandango, disputé au Jeu de Paume de St-Jean-de-Luz avec la participation des meilleurs danseurs de Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Hendaye, Irun et Saint-Sébastien.
De même lorsque l’Opéra-Comique fit représenter à Paris "Chiquito", l’œuvre lyrique du compositeur Nouguès, c’est encore à l’Amicale Donibandarrak que furent demandés les quatre danseurs MM. Gabriel Baron ; Dominique Diribarne, Albert Josié et Jules Ramos, qui dansèrent sur la seconde scène de France le Fandango.
SCENE FINALE DE CHIQUITO DE NOUGUES |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire