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samedi 14 août 2021

LES ORIGINES BASQUES PAR ÉLISÉE RECLUS EN 1924 (première partie)

LES ORIGINES BASQUES PAR ÉLISÉE RECLUS.


L'origine des Basques a toujours été et reste encore aujourd'hui un mystère.




pays basque autrefois dessin origines
PORTRAIT D'HOMME BASQUE
PAR OZENNE



Voici ce que rapporta à ce sujet Elisée Reclus dans La Côte basque : revue illustrée de 

l'Euzkalerria, le 17 août 1924 :



"Autrefois les deux versants des Pyrénées étaient habités par des hommes de même race, par ces Ibères, dont les descendants non mélangés sont aujourd’hui connus sous le nom de Basques ou d’Euscariens (Euscaldunac).



Avant l’époque historique, il est probable que cette race occupait la plus grande partie de l’Europe occidentale, ou du moins toute l’Espagne, la Gaule Méditerranéenne, les côtes de l’Italie, la Corse, la Sardaigne, les Baléares.



Ces hommes qui ont laissé leurs ossements dans les cavernes des Alpes et des Pyrénées à côté de ceux de l’ours, de l’hyène et du rhinocéros, étaient sans doute des Ibères. C’étaient également des hommes de cette race qui fondèrent sur pilotis ces petites Venises dont on a récemment retrouvé les vestiges en si grande abondance dans les lacs de la Suisse et de la Savoie.



Cédant à la pression des envahisseurs celtes, phocéens, romains, francs et visigoths, les pacifiques aborigènes reculèrent peu à peu, ils abandonnèrent les rivages, puis les plaines ouvertes et les régions de collines et finirent par se réfugier dans les vallées des montagnes. A l'époque Romaine, tous les escarpements des Pyrénées, depuis le cap Creux jusqu’au cap Finisterre, leur servaient de boulevard, et seulement un petit nombre de tribus celtiques avaient obtenu de gré ou de force, le droit de séjourner dans quelque gorge.



Maintenant encore presque toutes les populations pyrénéennes, de Port-Vendres à Bayonne, sont incontestablement d’origine ibérique. Les Andorrains et les Aranais, les montagnards des vallées de Biros et Betmale, bien qu’ils aient oublié leur langue et perdu jusqu’au souvenir de leurs aïeux, ont le même droit au nom que les habitants de la Soule et du Labourd. 



Brisés en plusieurs groupes distincts par les invasions, les guerres, les vicissitudes politiques de toute espèce, ils ignorent aujourd’hui leur parenté ; mais ils n’en sont pas moins frères.



Récemment encore, l’examen des crânes a révélé à M. Baër et par son entremise au monde scientifique, que les Romands, ces prétendus Etrusques, retranchés comme dans une citadelle dans les hautes vallées des Grisons, étaient aussi des Basques. Comme un continent assiégé par les eaux d’un déluge, la nationalité des Ibères s’est partagée en grand nombre d’Iles et d’Ilots. En s’isolant, chaque partie d’un continent qui se fractionne reçoit une désignation qui n’est plus celle du massif entier : de même chaque groupe d’Ibères a perdu son nom en voyant se rompre le lien qui l'unissait à la mère Patrie. Seuls, les Basques, qui ont pu se maintenir en corps de nation considérable à l’extrémité occidentale des Pyrénées, ont dû à la force du nombre le privilège de garder leur nom, leur langue et le sentiment de leur nationalité.



Depuis plus de quarante ans déjà, Guillaume de Humboldt a prouvé par l’étude des noms de lieux que les Basques avaient occupé toute la péninsule hispanique, et récemment, la comparaison des monnaies recueillies en diverses parties du Midi de la France et de l’Espagne a confirmé d’une manière éclatante les découvertes du célèbre philologue. Pour nous borner aux seules régions pyrénéennes, c’est par milliers qu’on trouve dans les parties centrales et orientales de la chaîne des noms d’origine escuara. Aussi bien que les provinces basques proprement dites, ces districts ont leurs vallées de Bastan, de Bastennes et de Bastannet ; l’Andorre, comme le Labourd, possède une Ardanabia ; les villes d’Elne, de Collioure, d’Auch et maint village d’Espagne étaient désignés par le titre sonore d’Illiberri : enfin, il n’est pas de nom dont le nom soit plus évidemment Ibère que celui de la Catalane de Bascara. Et les Pyrénées elles-mêmes, que les Arabes appelaient Djebel-Al-Basken, montagnes des Basques, ne doivent-elles pas aux Ibères le nom qu’elles portent encore ?



Quoi qu’il en soit, les basques proprement dits, n’occupent plus aujourd’hui qu’une très faible partie du domaine de leurs ancêtres. Au nombre de 800 000 environ, ils habitent les deux versants de la chaîne, dans le département des Basses-Pyrénées et dans les provinces espagnoles de Pamplona, de Guipuzcoa, d’Alava et de Bilbao. En France ils ne possèdent qu’une partie des vallées de la Nivelle, de la Nive, de la Bidouze et du Saison, et leur population homogène ne s’élève pas à plus de 120 000 âmes. Le pays Basque est borné au nord par l’Adour et le territoire de Bayonne, au sud par la chaîne des Pyrénées, à l’ouest par l’Océan, à l’est par une ligne courbe longeant les limites des cantons de Sauveterre, Navarrenx, Ste-Marie d’Oloron et Aramitz : il comprend l’arrondissement de Mauléon et la majeure partie de celui de Bayonne. Autrefois on le divisait en trois districts, dont le plus occidental se nommait Labourd (Laphurdy, pays des pirates), le plus oriental, Soule, et celui du milieu, Basse-Navarre.



Bien que les Béarnais et Basques descendent des mêmes Ibères, et que les formes de leurs crânes, les traits de leurs visages se rapportent au même type, cependant il est facile de distinguer ces deux populations voisines à la simple apparence. Dès qu’on a traversé la frontière qui sépare les campagnes du Béarn de celle du Pays Basque, on s’aperçoit d’un changement soudain des physionomies. Au lieu des visages tant soit peu cauteleux des paysans Béarnais, au lieu de leurs sourires presque douteux, on voit des têtes rejetés noblement en arrière, des regards francs, des gestes intrépides. Le Basque n’a jamais été asservi et porté sur le front le signe de la liberté.



En général les Basques sont bruns et de petite taille ; cependant ceux qui habitent les vallées de Larrau et de Sainte-Engrâce, dans le cœur même du pays Basque, sont plus grands que leurs voisins les Béarnais, et leur chevelure est blonde : il est donc impossible de caractériser le type basquais par la taille et la couleur des cheveux. Ce qui distingue d’une manière spéciale les Euscariens et leur donne une incontestable supériorité sur les lourds paysans de nos campagnes françaises, qui mettent tout leur art à cacher leurs pensées secrètes, c’est l’extrême mobilité de la physionomie. Les moindres sentiments se révèlent sur leurs visages par l’éclair du regard, le jeu des sourcils, le frémissement des lèvres."



A suivre...




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