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samedi 7 août 2021

LA COMMUNE D'USTARITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1817 (première partie)

USTARITZ EN 1817.


En 1817, la commune d'Ustaritz compte environ 1 800 habitants et est administrée par le Maire Auger Dibasson.



pays basque autrefois labourd
ARMOIRIE D'USTARITZ LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Mercure de France, le 31 mai 1817 :



"1er mai 1817.



Mes adieux aux Basques. 



Chaque peuple, par son caractère, se fait sa fortune. 



C’est par Ustaritz où je suis depuis plusieurs jours, et dont je n’ai pas encore parlé, que je terminerai cette longue course et ce long séjour que j’ai faits parmi les descendants des Cantabres. Les communes d’Arboun, d'Arcangues, de Villefranque et de Bassussarvi ne m’ont rien offert de très remarquable ; je serais même tenté de croire que les mœurs nationales commencent à s'y altérer, ou, si l’on veut, à s’y polir, par un frottement plus habituel avec celles des Français de Bayonne.



Mon guide cependant m'arrêta près d'Arcangues, devant l’enclos d’une maison isolée, presque élégante, et située au milieu d'une vaste étendue de vergers, de champs d'une riche culture, sur un sol que j’avais jugé stérile ou du moins peu fécond : je me crus dans une habitation de Saint-Domingue. On peut d’autant mieux s’y méprendre, me dit M. Destère, que le propriétaire de cette maison est un M. Larre qui a longtemps vécu dans les colonies françaises, et qu’il en est revenu, il y a quelque trente ans, avec une fortune modeste, et des connaissances administratives qui n'ont point été sans utilité pour son pays. C’est le sort de cette maison d’appartenir à des hommes de mérite. Avant d'être à M. Larre, elle appartenait au médecin Harambillaque, lequel parlait et écrivait en latin comme Astruc, avec le génie hippocratique de Bordeu, auquel Astruc était tout à fait étranger.


pays basque autrefois capitale labourd
CARTE USTARITZ 1887
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ustaritz, par son étendue de plus d’une lieue et demie en longueur, rappelle à ceux qui ont traversé la Belgique, le village de Saint-Nicolas. Ustaritz est, également, formé de plusieurs bourgades réunies que l’on appelle quartiers ; Arraüns, Eroritz, Heri-Behère, Pourgonia : le nom du troisième, qui signifie ville-basse, annonce qu'anciennement Ustaritz était, ou du moins avait la prétention d’être une ville. Quoi qu’il en soit, ce bourg a conservé, pendant des siècles, des prérogatives que la révolution lui a fait perdre, et qui pouvaient, à cet égard, motiver ses droits.



Ustaritz était la résidence d'un grand tribunal de justice civile et criminelle, et c’est là que s’assemblaient les états administratifs du Labour. Le bilçar était réellement l’assemblée des propriétaires, des chefs de famille, à la discussion et à la décision de laquelle étaient soumises les questions administratives de toutes les communes du Labour. Un antre canton basque français, la Basse-Navarre, se vantait d’avoir aussi ses états ; mais ceux-ci n’avaient pas conservé les formes et les caractères vraiment antiques, qui distinguaient le bilçar du Labour.



Ce pays est essentiellement religieux, et cependant la coutume excluait du bilçar les prêtres et les nobles : était-ce pour écarter les dangers de leur influence ? je ne le pense pas : il est plus probable que le bilçar, antérieur à l’établissement du christianisme et de la féodalité, ne voulut rien changer à sa constitution primitive; il resta tel qu’il avait toujours été.



Cette immutabilité se manifestait d’une manière bien remarquable dans le choix même du lieu de ses séances. Le bilçar ne se tenait ni dans un palais, ni dans une enceinte fermée de murailles, mais dans un bois, sur une éminence qui dominait la commune d’Ustaritz. Deux quartiers de rocher formaient les sièges du président et du secrétaire ; un autre bloc, dont la surface avait été grossièrement polie, servait de table ; et c’est là que s’inscrivaient les délibérations et les arrêtés du conseil : les membres composant l'assemblée, debout, appuyés sur des bâtons d'épine, et adossés à de vieux chênes disposés circulairement, avaient autant de respect pour cette enceinte sauvage, que les Romains pour le Capitole décoré des images de leurs dieux. Aussi les Basques l’avaient-ils nommé et la nomment-ils encore Capitolo herri (Capitole du pays).



pays basque autrefois feillet
USTARITZ 1852
PAR LES SOEURS FEILLET



Lorsque je revins dans ces montagnes, après ce règne de terreur par qui la révolution commençait à se détruire, je ne trouvai plus, continua M. Destère, le moindre vestige de ces monument sacrés du Capitolo herri. C'est ainsi que dans mon premier voyage en Suisse j’allai contempler, près de Morad, cette chapelle où les ossements entassés des soldats de Charles-le-Téméraire offraient une utile leçon aux défenseurs de la liberté nationale, et un terrible exemple aux satellites des tyrans : lorsque j’y retournai, dix ans après, ces débris instructifs avaient été dispersés par le délire de la liberté armée contre elle-même.



Ustaritz a tout perdu ; il n'a plus de bilçar ; il n’a plus de tribunal ; il n est plus un entrepôt de commerce de laine entre l’Espagne et la France ; les familles s’éteignent, et les maisons tombent en ruine, ou sont abandonnées aux reptiles et aux oiseaux de nuit. Combien sont rapides les progrès de la décadence et de la destruction ! Ce même Ustaritz voit encore se promener sur ses ruines un grand nombre d'hommes et de femmes derniers témoins de la prospérité de cette commune, berceau d’une famille entière d'hommes célèbres.



Un des orateurs, dont l’éloquence a eu le plus d’éclat au barreau de Bordeaux, M. Garat l’aîné, était né à Ustaritz : député par son pays aux états-généraux où il se montra dévoué, jusqu'à la mort, à la cause de son Roi, sans néanmoins rester indifférent au triomphe de la liberté, une gloire plus éclatante s'offrait à lui ; mais une indisposition qui dura presque aussi longtemps que la session de cette assemblée, ne lui permit que rarement de paraître à la tribune ; chaque fois il y obtint un succès.



Un autre frère de cet avocat célèbre, a pris un des premiers rangs parmi les écrivains philosophes dont s’honore l’Europe : ses leçons à l’école normale resteront comme des modèles de cette éloquence didactique dont il fut en quelque sorte le créateur."



A suivre...



 







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