USTARITZ EN 1817.
En 1817, la commune d'Ustaritz compte environ 1 800 habitants et est administrée par le Maire Auger Dibasson.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Mercure de France, le 31 mai 1817 :
"1er mai 1817.
Mes adieux aux Basques.
Chaque peuple, par son caractère, se fait sa fortune.
C’est par Ustaritz où je suis depuis plusieurs jours, et dont je n’ai pas encore parlé, que je terminerai cette longue course et ce long séjour que j’ai faits parmi les descendants des Cantabres. Les communes d’Arboun, d'Arcangues, de Villefranque et de Bassussarvi ne m’ont rien offert de très remarquable ; je serais même tenté de croire que les mœurs nationales commencent à s'y altérer, ou, si l’on veut, à s’y polir, par un frottement plus habituel avec celles des Français de Bayonne.
Mon guide cependant m'arrêta près d'Arcangues, devant l’enclos d’une maison isolée, presque élégante, et située au milieu d'une vaste étendue de vergers, de champs d'une riche culture, sur un sol que j’avais jugé stérile ou du moins peu fécond : je me crus dans une habitation de Saint-Domingue. On peut d’autant mieux s’y méprendre, me dit M. Destère, que le propriétaire de cette maison est un M. Larre qui a longtemps vécu dans les colonies françaises, et qu’il en est revenu, il y a quelque trente ans, avec une fortune modeste, et des connaissances administratives qui n'ont point été sans utilité pour son pays. C’est le sort de cette maison d’appartenir à des hommes de mérite. Avant d'être à M. Larre, elle appartenait au médecin Harambillaque, lequel parlait et écrivait en latin comme Astruc, avec le génie hippocratique de Bordeu, auquel Astruc était tout à fait étranger.
CARTE USTARITZ 1887 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ustaritz, par son étendue de plus d’une lieue et demie en longueur, rappelle à ceux qui ont traversé la Belgique, le village de Saint-Nicolas. Ustaritz est, également, formé de plusieurs bourgades réunies que l’on appelle quartiers ; Arraüns, Eroritz, Heri-Behère, Pourgonia : le nom du troisième, qui signifie ville-basse, annonce qu'anciennement Ustaritz était, ou du moins avait la prétention d’être une ville. Quoi qu’il en soit, ce bourg a conservé, pendant des siècles, des prérogatives que la révolution lui a fait perdre, et qui pouvaient, à cet égard, motiver ses droits.
Ustaritz était la résidence d'un grand tribunal de justice civile et criminelle, et c’est là que s’assemblaient les états administratifs du Labour. Le bilçar était réellement l’assemblée des propriétaires, des chefs de famille, à la discussion et à la décision de laquelle étaient soumises les questions administratives de toutes les communes du Labour. Un antre canton basque français, la Basse-Navarre, se vantait d’avoir aussi ses états ; mais ceux-ci n’avaient pas conservé les formes et les caractères vraiment antiques, qui distinguaient le bilçar du Labour.
Ce pays est essentiellement religieux, et cependant la coutume excluait du bilçar les prêtres et les nobles : était-ce pour écarter les dangers de leur influence ? je ne le pense pas : il est plus probable que le bilçar, antérieur à l’établissement du christianisme et de la féodalité, ne voulut rien changer à sa constitution primitive; il resta tel qu’il avait toujours été.
Cette immutabilité se manifestait d’une manière bien remarquable dans le choix même du lieu de ses séances. Le bilçar ne se tenait ni dans un palais, ni dans une enceinte fermée de murailles, mais dans un bois, sur une éminence qui dominait la commune d’Ustaritz. Deux quartiers de rocher formaient les sièges du président et du secrétaire ; un autre bloc, dont la surface avait été grossièrement polie, servait de table ; et c’est là que s’inscrivaient les délibérations et les arrêtés du conseil : les membres composant l'assemblée, debout, appuyés sur des bâtons d'épine, et adossés à de vieux chênes disposés circulairement, avaient autant de respect pour cette enceinte sauvage, que les Romains pour le Capitole décoré des images de leurs dieux. Aussi les Basques l’avaient-ils nommé et la nomment-ils encore Capitolo herri (Capitole du pays).
USTARITZ 1852 PAR LES SOEURS FEILLET |
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