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dimanche 1 août 2021

LES CRÂNES BASQUES DE ZARAUTZ ET DE SAINT-JEAN-DE-LUZ AU PAYS BASQUE EN 1958 (deuxième partie)

 

LES CRÂNES BASQUES DE ZARAUTZ ET DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1958.


Depuis très longtemps, des chercheurs cherchent les origines du peuple Basque.




pays basque autrefois femmes
VIEILLE FEMME
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Paulette Marquer, dans un Travail du Laboratoire 

d'Anthropologie du Musée de l'Homme :


Craniologie des Basques de Zaraus et de Saint-Jean-de-Luz.




Les deux séries de crânes qui font l'objet du présent travail appartiennent à la collection Broca. Ce sont celles-là même qui ont servi à l'éminent anthropologiste du siècle dernier à étayer ses principales conclusions sur la race basque.



I. Le matériel :




Origine et état de conservation.




Les crânes de Basques espagnols ont été recueillis dans un cimetière de la province de Guipuzcoa, à Zaraus, petite localité typiquement basque, mais dont la population côtière est considérée par certains comme assez mélangée. Ils étaient à l'origine au nombre de 78, mais les tribulations nombreuses subies par les collections de Broca, après la mort de leur possesseur, n'en ont laissé parvenir jusqu'à nous que 75 qui sont à l'heure actuelle déposés au Laboratoire d'Anthropologie du Musée de l'Homme. La même remarque s'impose pour les crânes de Basques français, qui, au nombre de 58 d'après l'article de Broca, ne sont plus aujourd'hui que 56. Ils proviennent de l'ancien cimetière qui entourait la vieille église de Saint-Jean-de-Luz, cimetière qui fut désaffecté en 1532 et dont les ossements furent ultérieurement réenterrés dans un emplacement réservé du cimetière actuel. Il convient de faire remarquer que la pureté raciale de ces derniers n'est peut-être pas aussi certaine que l'affirmait Broca. Collignon, en particulier, souligne le fait que la population de cette ville, comme celle de tous les ports, a subi de nombreux apports étrangers et ne peut être choisie comme un exemple-test du groupe basque français.




professeur ethnologue origines pays basque
PROFESSEUR MAXIME COLLIGNON



Ces crânes ont été étudiés par Broca dans un article de synthèse des Bulletins de la Société d'Anthropologie (1868), tandis qu'une partie des crânes masculins (30) fournissait à G. M. Morant le sujet d'un article paru dans Biometrika (1929). Il nous a paru néanmoins intéressant de reprendre l'étude détaillée de ces crânes, en dépit de la suspicion qui pèse sur la pureté de leur origine, pour leur appliquer les méthodes actuelles de mensuration et les soumettre aux procédés modernes de la statistique. 




Nous ne prétendons pas en tirer des conclusions définitives sur le peuple basque, mais éclaircir — si faire se peut — les données anthropologiques de la question, tout en en donnant un aperçu d'ensemble. Ce travail n'a pour but que de préparer une enquête ultérieure que nous voudrions mener au Pays Basque même, sur des sujets vivants, et qui, seule, pourrait fournir une contribution valable au problème des origines basques.


Le matériel osseux, se compose uniquement de calvariums, la plupart en assez bon état de conservation, mais dont les mandibules sont systématiquement absentes.




Sexe.




Les sujets ont été séparés en hommes et femmes d'après les critères courants de différenciation, ce qui nous donne 43 hommes et 32 femmes pour la série de Zaraus, 33 hommes et 23 femmes pour la série de Saint-Jean-de-Luz. Quelques crânes présentaient des caractères mixtes qui rendaient leur détermination sexuelle incertaine ; nous les avons classés en suivant les présomptions plus ou moins fortes qui faisaient pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Ce sont ces crânes de sexe douteux qui expliquent — avec la différence dans le nombre total de sujets, ainsi que le fait que la série de Zaraus a été étudiée en deux fois par Broca, 60 crânes d'abord, 18 autres ensuite — le léger écart qui existe entre l'estimation de Broca et la nôtre. Broca trouve, sur 57 sujets de Saint-Jean-de-Luz, 32 hommes et 25 femmes, sur 60 sujets de Zaraus, 32 hommes et 27 femmes. Les proportions entre hommes et femmes, avec une légère prédominance du côté féminin, n'en demeurent pas moins sensiblement les mêmes.




professeur ethnologue france
PAUL BROCA



Age.




La détermination de l'âge à partir du degré de synostose des principales sutures et de l'état d'abrasion des dents nous a semblé, dans d'assez nombreux cas, sujette à caution. En effet les Basques de Zaraus comme ceux de Saint-Jean-de-Luz possèdent une dentition très défectueuse. La série des molaires manque le plus souvent et fréquents sont les sujets qui, paraissant tout jeunes vu l'aspect de leurs sutures, révèlent par ailleurs une dentition de vieillards. Nous nous sommes donc trouvée dans l'obligation d'évaluer l'âge à l'aide du seul critère de l'oblitération des sutures, et ceci sur la majorité des cas. 



Taux de mortalité assez fort parmi les adultes jeunes. Pourcentage faible de vieillards.




II. La boîte cranienne.




Caractères descriptifs.




En norma verticalis, les crânes de Zaraus sont, dans une grande majorité, ovoïdes tandis que ceux de Saint-Jean-de-Luz se distinguent par une tendance pentagonoïde atteignant pour un bon nombre de cas la forme franchement pentagonoïde, avec quelques sujets plus ou moins isolés et aberrants se répartissant entré les formes sphéroïde, rhomboïde, sphénoïde, auxquelles nous joindrons deux crânes très légèrement plagiocéphales.



Cette différence de forme crânienne entre les deux séries est en partie liée aux fluctuations de leurs indices céphaliques, la dolichocranie l'emportant à Zaraus, tandis qu'une brachycranie modérée domine à Saint-Jean-de-Luz. Les Basques français, plus brachycéphales, ont un crâne qui se renfle dans la région pariétale ; les Basques espagnols, plus dolichocéphales, présentent une courbe pariétale qui s'arrondit plus souplement du front à l'occipital.




Chez les uns comme chez les autres, les sutures tracent un dessin simple, aux sinuosités larges et peu nombreuses. Les os supplémentaires sont rares, localisés sur la suture lambdoïde et toujours de très petite taille à Zaraus, plus fréquents, plus conséquents et apparaissant parfois sur la sagittale dans la série française. On remarque sur deux sujets de Zaraus et un de Saint-Jean-de-Luz la présence d'un os épactal. Un crâne de Saint-Jean-de-Luz se distingue par un volumineux os bregmatique. 




La forme de la glabelle et des arcades sourcilières traduit normalement l'appartenance sexuelle des crânes : glabelle faible et arcades estompées chez les femmes, glabelle plus saillante et arcades plus nettes chez les hommes. Les caractères féminins paraissent plus accentués à Zaraus qu'à Saint-Jean-de-Luz. On constate parfois un désaccord entre les deux caractères, mais il s'agit toujours dans ce cas de crânes au sexe douteux, comme il en existe dans toutes les séries crâniennes un peu importantes.




Les crânes de Zaraus ont un front généralement droit, normalement un peu plus fuyant chez les hommes que chez les femmes. Sa hauteur est peu élevée. Les crânes de Saint-Jean-de-Luz possèdent un front très légèrement plus fuyant et plus haut que les précédents.



Vue en norma occipitalis, la courbe de la voûte crânienne se caractérise par un aplatissement assez sensible dans la région pariéto-sagittale chez les Basques espagnols (sur 75 crânes des deux sexes : 40 voûtes nettement basses, 8 hautes dont 2 très légèrement carénées, les autres se situant dans une moyenne plus ou moins variable). La courbe descend ensuite harmonieusement, sans saillie marquée, jusqu'aux mastoïdes qui regardent toujours vers l'intérieur. A Saint-Jean-de-Luz, le tracé de la voûte semble nettement moins homogène ; on y rencontre des voûtes hautes avec tendance à la carène mais aussi un certain nombre de voûtes plates et moyennes (sur 56 crânes des deux sexes : 18 hauts et légèrement carénés, 16 plats, le reste étant de hauteur moyenne). Ensuite, la courbe n'est plus aussi harmonieuse qu'à Zaraus, en raison de l'exigence nette et assez constante du renflement des pariétaux, mais elle aboutit à des mastoïdes également tournées vers l'intérieur.





L'occipital du crâne basque espagnol se prolonge en un chignon qui est parfois nettement dessiné, parfois simplement esquissé, mais néanmoins presque toujours présent. Le chignon est plus rare sur le crâne basque français mais, les quelques fois où on peut le signaler, il forme une saillie caractéristique, plus importante qu'à Zaraus. Dans les deux séries, l'existence du chignon est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.




Caractères métriques.




Capacité crânienne.




Broca ayant mesuré suivant sa méthode, encore couramment employée aujourd'hui, les capacités crâniennes des deux séries, il nous a semblé inutile de reprendre ces mesures. Nous donnerons donc les chiffres de Broca, qui trouve une moyenne de 1 486,88 cm3 à Zaraus (femmes : 1 395,52) contre seulement 1 414,17 cm3 à Saint-Jean-de-Luz (femmes : 1 298,13). Cette différence assez forte avait surpris Broca qui n'hésite pas à la mettre sur le compte de facteurs raciaux différents ; il indique nettement, dans son étude, "qu'elle n'est pas la conséquence de l'inégale proportion des deux sexes dans les deux séries, qu'elle est plus prononcée chez les femmes, mais qu'elle est encore très forte chez les hommes, qu'enfin elle ne peut être attribuée qu'à une influence ethnique".



A suivre...



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