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dimanche 8 juillet 2018

L'INDUSTRIE DE LA CONSERVE DU POISSON EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1932

L'INDUSTRIE DE LA CONSERVERIE DU POISSON EN 1932.


A la fin des années 1920, l'industrie de la conserve de poissons traverse une grave crise en France, et en particulier au Pays Basque.


saint jean de luz autrefois
LES DEUX PONTS ET LA RHUNE ST JEAN DE LUZ - CIBOURE 1932
PAYS BASQUE D'ANTAN


En 1930, Saint-Jean-de-Luz captura 3 870 tonnes de sardines valant 11 millions 800 000 francs 

en 1931 ce furent 2 000 tonnes et 6 millions 570 000 francs et en 1932 1 400 tonnes de sardines 

furent capturées pour un prix de vente de 2 millions 850 000 francs.



Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 15 février 1932 :


"Saint-Jean-de-Luz et son port.


L’Industrie de la Conserve du Poisson.



La situation actuelle.




On sait l’importance prise par Saint-Jean-de-Luz et Ciboure comme port de pêche et, conséquence naturelle, comme centre important de conserve de poisson. Il y a quelques années, sa flottille de pêche s’élevait à près de quatre-vingts bateaux, tant vapeurs de pêche du pays que moteurs bretons. 




saint jean de luz autrefois
PORT ST JEAN DE LUZ 1932
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le départ des moteurs bretons qui faisaient chez nous la campagne d’hiver ramena le nombre des bateaux à quarante cinq environ, qui alimentaient en sardines, anchois et, en partie, en thons, les usines bien outillées dont la production assurait à notre port une place très importante dans le marché français de la conserve. 




Depuis quelques années, notre industrie locale subissait une dure concurrence du fait de l’introduction en France de conserves de sardines et de thon importées d’Espagne et du Portugal et s’offrant aux acheteurs, surtout depuis quelques mois, à des prix nettement inférieurs à ceux que pouvaient pratiquer nos usines. 




La supériorité de nos produits les a défendus un certain temps contre les apports étrangers. Mais, dans les derniers temps, la différence de prix coïncidant avec les restrictions qu'impose une période difficile, a diminué les ventes de nos usines, pour le plus grand profit des importations de Portugal et d’Espagne. La lutte devenant trop inégale, plusieurs usines durent successivement fermer leurs portes. Celles qui restaient ouvertes continuèrent à prendre le poisson rapporté par nos vapeurs de pêche et cela jusqu'au 31 janvier dernier, époque à laquelle les contrats passés entre fabricants et pêcheurs furent dénoncés. 




Une autre cause de déséquilibre est venue récemment compliquer la situation et aggraver la crise. Nous voulons parler de la disparition à peu près complète de la sardine sur nos côtes à une époque où elle s’offrait généralement très abondante aux filets de nos marins. De ce fait, les usines qui travaillaient encore durent licencier en totalité ou en partie leur personnel, et nous avons récemment signalé le départ de quelques centaines de Bretonnes dont la présence dans nos usines constituait une charge sans emploi et sans compensation. 




L'importation de poisson frais venant d’Espagne aurait pu fournir un aliment à notre fabrication. Mais cette importation s’est heurtée à une opposition irréductible, de telle sorte que nos usines se sont trouvées paralysées par manque de matière première à travailler. 




Il ne faut donc pas s'étonner de la décision prise, nous dit-on, par une de nos plus importantes marques de conserves d'installer une fabrique en Espagne. Le local serait déjà choisi et se situe à quelque cent mètres du pont international d'Hendaye. 




Il est compréhensible qu'une usine qui a créé une ou plusieurs marques qu'elle a fait adopter au prix de longs et patients efforts par une sérieuse clientèle de revendeurs et de consommateurs ne veuille pas perdre le fruit de ses efforts. 




Nous ne saurions blâmer de transporter son expérience et son outillage en un point où elle trouvera, avec une matière première abondante, de plus grands avantages de fabrication. Mais il est regrettable pour notre port que cette éventualité ait dû être envisagée et soit conduite à sa réalisation. 




Le cas n’est pas nouveau. A l'époque où Méline, pour protéger la viticulture française, frappa les vins d’Espagne de droits prohibitifs, plusieurs maisons françaises créèrent des comptoirs en Espagne, les vins de ce pays étant nécessaires aux coupages qu'elles élaboraient pour leurs affaires d’exportation. 



pays basque autrefois
JULES MELINE PRESIDENT DU CONSEIL DE 1896 A 1898
PAYS BASQUE D'ANTAN



D’autres industries, frappées par les droits prohibitifs que l’Espagne avait levés par représailles sur différentes fabrications françaises, firent de même. 




Le contingentement sur les conserves de poissons espagnols a été établi pour protéger les intérêts de nos fabriques. Ce même contingentement sur l'introduction du poisson frais a été créé dans l‘intérêt de nos pêcheurs, mais la disparition, momentanée, espérons-le, de la sardine n'avait pas été prévue. 




L’absence de poisson, jointe à une concurrence dont le contingentement n’a pas annulé les effets, a créé une situation telle que nos usines s’en sont trouvées paralysées. Le transfert de la fabrication en Espagne peut être un remède pour l’industrie, mais c’est un coup sensible pour nos pêcheurs. Nous ignorons quel remède pourra être apporté à leur situation. Si le poisson revient abondant, trouvera-t-il un écoulement suffisant par le mareyage, à défaut des usines fermées, dit-on, jusqu'en novembre prochain ? Nous ne savons quelles solutions peuvent être envisagées. 




De même que nous nous sommes toujours rigoureusement interdit toute intrusion dans les différends qui ont pu exister entre sardiniers et pécheurs, nous n’avons voulu, ici, seulement que noter les circonstances qui ont une répercussion fâcheuse sur la vie de notre port. Nous voulons espérer que ce n’est qu’une épreuve passagère, mais quelque limitée qu’elle soit dans sa durée, elle n'en est pas moins douloureuse et pour nos industriels et pour nos pêcheurs et, par contre-coup, pour Saint-Jean-de-Luz et Ciboure




C'est pour nous une crise particulière ajoutée à la crise générale. Souhaitons qu’on y trouve sinon un remède, au moins un palliatif en attendant des jours meilleurs."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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