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mercredi 25 juillet 2018

FONTARRABIE - HONDARRIBIA EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN JUILLET 1896

FONTARRABIE EN 1896.


Fontarrabie est une commune du Guipuscoa, dans la communauté autonome du Pays Basque Sud.

pais vasco 1900
FONTARRABIE - HONDARRIBIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Elle est située à la frontière française sur la rive gauche de l'estuaire de la Bidassoa, en face 

d'Hendaye.


En 1896, sa population compte environ 4 300 habitants.


Voici ce que rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 8 juillet 1896, sous la plume de 

Paul Berthelot :

"Fontarabie


A ce nom s’évoque un décor moyen âge dans la magie de ses ruines. Mais ces ruines sont vivantes par la fierté des souvenirs, riches de beauté héroïque et pittoresque, colorées du prestige sacré d’un passé glorieux ! 


Au pied de ces remparts désagrégés et des murs branlants de la calle Mayor, dans ces petites rues où bruit encore l'âme sonore des héros castillans : la calle del Obispo, la calle de las Tiendas, la calle Pampinot, la calle Juan de Laborde, etc., il semble que le voyageur respire comme de la poussière d’épopée. 


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CALLE MAYOR FONTARRABIE - HONDARRIBIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Beaucoup d’entre nous ont fait le pèlerinage ; mais presque toujours à la saison chaude, hâtivement, noyés dans le flot des touristes, le nez plongé dans le Guide Joanne, le gosier plus enfiévré que l’imagination... 



Fontarabie demande aux yeux quelque puissance d’attention, à l’âme une faculté d’exaltation égale à la simplicité héroïque de son paysage décoratif. Certes, bien des villes d’Espagne, Tolède, par exemple, ont plus de majesté, de grandeur imposante. Mais la vous avez comme en raccourci, sous une vision restreinte, l’image de l’Espagne des siècles passés, toute grouillante de fierté colorée, toute emplie de bruits d'épée, coupés de refrains cavaliers, de rythmes langoureux et passionnés... 


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PORTE DE FONTARRABIE HONDARRIBIA 1903
PAYS BASQUE D'ANTAN

Fontarabie méritait mieux que des pages froides et mortes dans les Guides. Mais pour en parler dignement, pour en traduire avec fidélité le geste et l’âme, il fallait plus qu’une impression de passant, il fallait une sensation de poète doublé de savant, un regard d’imaginatif, d’historien et d’archéologue. 


M. Xavier de Cardaillac est tout cela. On le savait déjà dans cette région, où son nom, son œuvre et sa personne sont également sympathiques. On le saura mieux encore en lisant cette élude sur Fontarabie, illustrée de dessins de Sylvain Lestrade, et à laquelle Pierre Loti rend dans la préface un si bel et si juste hommage. 


C’est plus qu’une monographie : c’est une véritable biographie, pour ainsi dire, de Fontarabie, que nous présente M. de Cardaillac. Il nous la raconte, il nous la décrit en peintre érudit et amoureux de son modèle. 


Le panorama si suggestif de la région d’où montent tant d’appels historiques ; le récit mouvementé et vibrant du grand siège de 1638 ; la procession commémorative de la délivrance de Notre-Dame de Guadalupe, le jour de la Nativité ; l’histoire et la description des petites rues, du château, de l’église, d’une curiosité archéologique si saisissante, forment autant de chapitres d’un intérêt soutenu, varié, où la science du spécialiste est éclairée et comme réchauffée de la passion de l’historien généreux et impartial, de l’émotion de l’artiste.



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NOTRE DAME DE LA GUADALUPE FONTARRABIE -  HONDARRIBIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Toute cette partie archéologique fera l’admiration des hommes compétents ; elle est indispensable aux touristes qui veulent prendre une idée un peu complète de Fontarabie. Mais tout le long du volume, que de pages vibrantes, où se lève l’âme espagnole en de petits faits, en des actes d'héroïsme grandioses et touchants ! 



A propos de Corta, un vaillant Basque espagnol résidant encore à Hendaye, M. de Cardaillac est amené à parler de la guerre carliste. Corta faisait partie de la guérilla du fameux curé Santa-Cruz, tristement célèbre par sa réputation de cruauté. Ces hommes du bassin de la Bidassoa, guérilleros ou soldats réguliers, se valaient tous. On en cite des traits cornéliens. 


pays basque autrefois
CURE SANTA CRUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Au bombardement d’Irun, don Carlos indique à un capitaine une haute maison dont les fenêtres paraissaient, à la longue-vue, garnies de soldats, et il lui commande de diriger sur elle le feu de sa batterie. 



L’officier pointe lui-même les pièces. A la deuxième volée de canons, l’édifice s’écroule dans un nuage de poussière.



— Connaissiez-vous cette maison demanda à l’artilleur don Carlos.

— Oui, sire, répondit stoïquement le Basque, c’était la mienne. 


Celui-là était le digne fils des Basques qui soutinrent contre nous le fameux siège de 1638, si fécond en actes de bravoure qu’il faudrait plusieurs colonnes pour rappeler les plus marquants. On n’a pas oublié l’assaut d’héroïsme entre l’alcade Butron et le général Eguia sur les remparts. Il n’appartenait pas, disait l’un, au général de faire l’office de soldat. Ce n’était pas, ripostait l’autre, à l’alcade, père du peuple, de combattre dans le rang. Tous les deux, se prenant à bras-le-corps, voulurent se forcer à rétrograder. 



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SIEGE DE FONTARRABIE 1638
PAYS BASQUE D'ANTAN

"Dans ce foyer de tuerie horrible, dit un chroniqueur basque, au milieu de la destruction et de la mort, vivait, dans son immaculée pureté, le sentiment de hidalguia qui jamais dans une autre circonstance ne put briller plus haut." 



L'hidalguia ne nuisait pas à la gaieté ; au contraire. Les Basques, sinon par la race, du moins par la situation, sont petits cousins des Gascons. Un boulet de la place, toujours lors du siège, avait arraché l’oreille à un batteur d’estrade français. Les artilleurs racontaient alors plaisamment que cet homme s’était enfui à Bayonne pour y annoncer que Fontarabie ne se rendrait pas de sitôt, comme on le lui avait dit à l'oreille... 



On ressent, en lisant Fontarabie, de M. de Cardaillac, l’impression qui se dégage de ces ruines, témoins un peu branlants, mais toujours glorieux, des grandeurs d’antan. "Chacune de ces pierres, dit O’Reilly, est le blason sans tache de chacun des enfants de la cité".



pays basque autrefois
LIVRE FONTARABIE DE XAVIER DE CARDAILLAC
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ce blason est celui de l’Espagne tout entière. Fontarabie n’est pas seulement une ville, elle est encore un symbole. 


Avec ses murailles ruinées, son église très belle et trop grande, ses vieux hôtels sans habitants, cette population fière et clairsemée, Fontarabie personnifie à la fois l’Espagne des seizième et dix-septième siècles, au temps où le soleil ne se couchait pas sur ses possessions, et l’Espagne contemporaine, qui oublie les pauvretés du présent pour retourner sa pensée rêveuse vers les richesses passées.



Et ces Basques espagnols qui, soucieux des grands anniversaires, errent fièrement parmi les ruines, le long des palais lézardés et le long des taudis misérables, portent au front, au milieu des tristesses de l’heure actuelle, l'impression d’une race qui est restée riche de gloires, riche de souvenirs et riche aussi d’espérances. 


guipuzcoa antes
PLAZA DE TOROS FONTARRABIE - HONDARRIBIA 1907
PAYS BASQUE D'ANTAN

Fontarabie, c’est l’Espagne même, défendue contre les vulgarités de la civilisation industrielle et mercantile, par la majesté romantique de son décor de ruines, par la fierté toujours vivante de ses souvenirs; c’est l’Espagne drapée dans la pourpre trouée et noblement campée pour l’histoire, pour les processions, la poésie, ou la plaza de toros!"




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