CRÉATION DE TRAMWAYS EN 1897 AU PAYS BASQUE NORD.
Dès 1897, le Conseil Général des Basses-Pyrénées est favorable à un projet de tramways au Pays Basque Nord.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-luz, le 13 mai
1897 :
"La Question du Tramway de Biarritz à Saint-Jean-de-Luz.
TRAMWAY STE BARBE SAINT-JEAN-DE-LUZ |
Nous avons, dans notre dernier numéro, donné connaissance du projet d’établissement de nouveaux tramways.
Aujourd’hui nous publions in-extenso, le procès-verbal de la discussion qui a eu lieu au Conseil Général sur cette question.
Conseil Général des Basses-Pyrénées.
Session d'Avril 1807.
Extrait de la Séance du 29 Avril 1897.
M. Leremboure lit un rapport sur l'établissement d’une ligne de tramways de Saint-Jean-de-Luz à Biarritz.
Messieurs,
Une pétition signée par MM. Odolin, industriel, à Paris, Duhart, ingénieur civil à Bayonne et Viguié, ingénieur civil à Saint-Jean-de-Luz, a été adressé avec un avant-projet, à la date du 10 février dernier au Conseil Général des Basses-Pyrénées pour lui demander de vouloir bien poursuivre en faveur du département, sauf rétrocession à eux-mêmes, la concession d’une ligne de tramway à traction mécanique, de Saint-Jean-de-Luz à Biarritz. Ce tramway emprunterait sur une partie de son parcours le sol de la Route Nationale, n° 10.
Sans entrer dans l’examen détaillé des motifs indiqués par les pétitionnaires à l’appui de leur demande il suffira d’exposer que la ligne projetée rattacherait directement à Biarritz par une vole ferrée les communes de Bidart et de Guéthary.
TRAMWAY DE LA CORNICHE BIDART PAYS BASQUE D'ANTAN |
La ligne suivrait presque constamment le littoral constituant aussi une promenade offrant aux touristes, chaque jour plus nombreux, qui fréquentent nos plages, un agrément incontestable, puisqu’ils jouiraient pendant toute la durée du trajet de la vue de l’océan.
Il est bon de faire remarquer que les pétitionnaires ne demandent ni subventions du département, des communes ou de l’Etat, ni garantie d’intérêts d’aucune sorte.
En outre, ils s’engagent à construire et à exploiter cette ligne sans recourir à une émission publique d’actions ou d’obligations et avec le seul concours des capitaux privés dont ils disposent.
Ces conditions, particulièrement favorables, dont vous apprécierez l’avantage, jointes à celles non moins importantes de la moralité et des facultés financières des pétitionnaires, ont parues suffisante à votre 2me commission pour la décider à vous proposer d’accueillir favorablement la demande qui vous est soumise.
Nous vous prions en conséquence d’adopter les conclusions suivantes :
Le Conseil général déclare donner un avis favorable à la demande des pétitionnaires qu’elle accepte en principe et les invite à produire un dossier régulier de demande en concession qui sera examiné à la session d’août 1897.
M. Forsans ne pense pas que le Conseil général puisse se prononcer dès maintenant, même pour un acte platonique, au sujet du Tramway de Biarritz à St-Jean-de-Luz. Il a, quant il lui, le devoir de faire les réserves les plus formelles quant aux conditions d’établissement prévues. Il parait bien qu’on aurait pris l’avis des petites communes traversées, mais on a négligé de consulter la commune de Biarritz, principale intéressée et celle dont l’avis importe le plus. C’est que l’on n’ignorait pas que la ville de Biarritz protesterait avec force contre une tentative qui, si elle était réalisée dans les conditions indiquées au projet, léserait gravement les intérêts de la population. Ce tramway à vapeur, en effet emprunterait, au départ de Biarritz, des promenades très fréquentées par les résidents étrangers. Après avoir traversé la place du Port-Vieux, la voie se dirigerait vers la côte des Basques en longeant le pied des falaises sur un long parcours. Elle passerait devant l'établissement des bains et serait établie, au moyen d’une jetée nouvelle sur la plage même, à l’endroit où se prennent les bains. Ce serait donc la destruction de l'une des plages qui sont la fortune de Biarritz et la ruine de l’un des sites les plus pittoresques qui sont la raison d'être de cette station balnéaire.
TRAMWAY BIARRITZ 1913 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Au surplus, la demande soumise au Conseil Général est incomplète et n’est pas établie dans la forme réglementaire, elle n’est pas de nature en tous cas à justifier l’avis favorable qui est demandé.
M. Forsans ne demande pas que le projet soit rejeté. La discussion, quand au fond, ne peut s’engager aujourd’hui, le Conseil Général n’ayant pas les moyens de se prononcer, mais il demande que toute résolution soit ajournée jusqu’au moment où les pétitionnaires auront présenté un projet établi dans les conditions prescrites par les règlements d’administration publique et où la commune de Biarritz, principale intéressée, aura pu être préalablement consultée.
M. Leremboure dit :
J’attache, à l'encontre de l’opinion émise par M. Forsans, un intérêt capital à ce que le Conseil Général statue sur la question qui lui est soumise, il y a lieu en effet de ne pas décourager une initiative privée dans la réalisation d’un projet qui intéresse au plus haut degré les populations du canton de Saint-Jean-de-Luz. M. Forsans se méprend en donnant à ce qui n’est qu’un simple avant-projet, la consistance que peut seul avoir un projet définitif sérieusement étudié. Cette étude, vous le savez, entraîne des frais relativement élevés et vous admettrez avec moi que les pétitionnaires aient hésité à engager cette dépense avant que le Conseil Général ait manifesté son sentiment à l’égard du projet Saint-Jean-de-Luz-Biarritz. Si vous adoptez le principe en donnant un avis favorable à la demande qui vous est adressée, il en résultera que les pétitionnaires s’empresseront de faire établir un dossier complet et régulier comprenant, non plus un avant projet informe, mais un projet sérieux judicieusement étudié.
J’ai la ferme conviction que les pétitionnaires (et cela découlera de leur intérêt même) s’entendront avec la ville de Biarritz à l’effet d’adopter un tracé qui lui donnera satisfaction.
M. Forsans insiste pour que le Conseil Général ne s’engage pas avant d’avoir pu examiner l’affaire. On n’a pas osé consulter la ville de Biarritz, dont les intérêts seraient lésés pour l’exécution du projet, et on manifeste l’intention de passer outre aux légitimes réclamations qui peuvent se produire en demandant au Conseil Général de prendre position. L’avis favorable, dans ces conditions, ne serait justifié par aucune considération.
Une étude de l’affaire a été faite par MM. les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées et un rapport très consciencieux a été établi dont on ne parle pas. Par des conclusions fortement motivées les ingénieurs se prononcent formellement contre la prise en considération du projet. M. l’ingénieur en chef ajoute qu’il y a lieu d’espérer que "le Conseil Général ne prendra pas l’initiative et la responsabilité d’une œuvre dont on cherche vainement, dans les explications des demandeurs, la raison d’être et les condition de succès."
M. Forsans ne demande pas comme MM. les ingénieurs, que le projet soit dès maintenant écarté, mais il estime que le Conseil Général n’étant pas saisi d’un projet régulièrement établi, n’a pas les moyens de se prononcer aujourd’hui, il compte sur l’esprit d’équité du Conseil Général pour ne pas donner, dès à présent, un avis favorable qui semblerait préjuger la question et qui serait en contradiction avec l’intérêt des populations qu’il représente et avec l’avis des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées, il insiste pour que tout avis soit ajourné.
M, Leremboure répond.
Si M. Forsans se plaint de ce que la ville de Biarritz n’ait pas été consultée, quant au tracé figurant à l’avant-projet, il peut considérer que la loi elle-même lui donnera satisfaction puisqu’elle proscrit des enquêtes dans toutes les communes traversées par la ligne de tramway.
TRAMWAY BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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