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vendredi 28 juin 2024

LE NAUFRAGE DE "L'ÉMILE" AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1897 (première partie)

LE NAUFRAGE DE "L'ÉMILE" EN 1897.


"L'Emile" est un brick 2 mats, du Havre, de 250 tonneaux de jauge, parti du Verdon le 26 mars 1897, à destination de Cayenne, en Guyane.




pays basque autrefois naufrages tempêtes labourd
BRICK 2 MATS



Voici ce que rapporta à son sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 7 avril 

1897 :



"Le Naufrage de "l’Emile".



Nous empruntons à notre confrère le Courrier de Bayonne l’article très complet et très exact qu’il a publié sur ce naufrage



"La nuit de samedi à dimanche a dépassé peut-être, comme violence d’ouragan et de tempête, les journées les plus terribles de décembre et de février derniers où l’Océan causa tant de ravages sur nos côtes. Une vive inquiétude régnait à Biarritz, car dans la journée plusieurs steamers qui étaient en haute mer se virent refuser l’entrée à Bayonne et c’est à cette circonstance que nous devons sans doute d’avoir à constater un sinistre, sans perte d'équipage. 



En effet, vers 4 h. 1/2, un brick français courant au large mit son pavillon en berne et sa détresse fut signalée aux vapeurs qui se trouvaient dans son voisinage. Le steamer le Boucau, de la maison d’Orbigny, venant de Cardiff, se porta à son secours et parvint, après diverses tentatives, à le prendre à la remorque. Puis tous deux se dirigèrent vers St-Jean-de-Luz. A la tombée du jour on les vit encore par le travers de la côte des Basques. La navigation était devenue difficile, car la mer avait énormément grossi et s’était mise au diapason du vent. L’horizon qui parait d’habitude calme était sillonné par d’énormes lames. Puis la nuit tomba. 




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STEAMER LE BOUCAU VERS 1900
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les marins inquiets et les habitants des falaises vinrent, malgré la continuation de la tempête, sonder l’horizon. A l’aide de jumelles, on aperçut deux feux de position ; le navire était donc encore en vue de Biarritz et ni vent ni mer ne désarmaient. Il était impossible de se tenir debout sur la crête de la côte que devait-il en être au large, sur le flot mouvant et sur une surface où rien n’arrêtait la puissance de la rafale ? 



Comme on avait peu dormi pendant cette rude nuit, ils étaient très nombreux les gens, qui, dimanche, au point du jour, se trouvaient sur le couronnement de la falaise, et alors on vit la plage couverte de débris et le navire avait disparu. Comme le fragment principal se trouvait près des rochers de la Goureppe, on supposa que le navire inconnu s’était brisé sur ce point ; puis, on découvrit que le mur de soutènement de la villa Heeren était ébréché et tout aux abords, des agrès, des caisses défoncées dont les bougies brisées s’éparpillaient sur la plage, des barriques de vins, de liqueurs, des biscuits, avec les adresses des expéditeurs, des tuyaux de plomb, des balles de foin et de bouchons, éparpillés au gré des flots. 



Un bandeau de canot recueilli et portant l’inscription : Emile, Havre, apprit le nom du navire perdu. On sut par les renseignements du Véritas, que c’était un brick de 250 tonneaux de jauge, parti de Bordeaux pour Cayenne. 



Qu’était devenu l’équipage ? La remorque s’était-elle rompue et l’équipage était-il encore à bord quand on voyait les fanaux allumés ? Certains estimaient que devant la violence de la tempête et devant l’impossibilité pour le Boucau de gagner un port de refuge, il avait renoncé à la remorque et embarqué l’équipage. 



C’était là la supposition vraie. 



Voici d’ailleurs ce qui s’était passé : 


Le brick Emile, du Havre, avait quitté le Verdon le 26 mars à destination de Cayenne, avec 200 tonneaux de marchandises diverses. il portait à son bord huit hommes, y compris le capitaine Philaut, le subrécargue Le Tallec et le second Ancelin. 



Dans la nuit du 28 au 29, à 60 milles environ, au large, il reçut un coup de vent. Il prit la cape tribord armures. 



Le 30, le temps se mit tout à fait au mauvais. Dans la soirée la tempête se déchaîna avec une extrême violence. L'Emile continuait à naviguer sous voilure réduite. Un coup de vent emporta la voilure qui fut aussitôt remplacée. 



A ce moment, le navire très fatigué, commençait à faire eau. Il fallut se mettre aux pompes. Ce fut, dès cet instant, une terrible lutte de cinq jours et de cinq nuits pour disputer à la mer la frêle coque et les huit existences humaines qu’elle portait. Pas une heure, pas une seconde de repos. A peine les hommes prenaient-ils le temps de manger. Quant à dormir, pendant les nuits, qui suivirent jusqu’au moment du sauvetage, il n’y fallut pas songer. Il est certain que si le secours s’était fait davantage attendre, l’équipage incapable de prolonger la résistance, se fut laissé couler avec le navire. 



La cape cessa le 2 avril, quand l'Emile prit connaissance des côtes d’Espagne, il se trouvait à la hauteur de Passage. Le capitaine songea à chercher un refuge dans ce port afin d’étancher la voie d’eau et de réparer le gréement, qui avait beaucoup souffert de la tempête. 



Malheureusement, la brise tombant, la mer redevenant grosse, l'Emile courait le danger d’être jeté à la côte. Il mit alors le cap sur St-Jean-de-Luz dans l’intention d’aller atterrir au Socoa



Ce fut dans ces conjonctures que vint le surprendre le terrible coup de temps de vendredi. De plus en plus le navire s’emplissait. Les hommes ne quittaient pas les pompes, soutenus par l’énergie extraordinaire dont faisaient preuve également le capitaine Philaut, les seconds Le Tallec et Ancelin, des marins de belle et solide trempe, de ceux on peut dire, en donnant au terme toute sa force, qu’ils ont vraiment l’âme chevillée au corps. 



Menacés d’être jetés à la cote, l'Emile se trouvait samedi par le travers de Biarritz quand vers 4 heures et demie, il aperçut le vapeur le Boucau, capitaine Jarnot, de la Rochelle, qui se disposait à franchir la Barre de l’Adour pour entrer à Bayonne



C’était, enfin une chance de salut, la seule, la dernière ! on mit le cap sur le Boucau et le pavillon en berne. Le Boucau aperçut le signal de détresse. Il vira aussitôt de bord, se dirigeant sur l'Emile



Une amarre fut lancée. L'Emile réussit à la prendre. D’infinies précautions durent être prises à bord du Boucau de crainte qu’elle ne cassât. Vers 10 heures, le timonier s’aperçut que le vapeur avait augmenté de vitesse. Les feux de l'Emile diminuaient. C’était signe que l’accident que l’on craignait s’était produit, que l’amarre avait cédé. C’était la perte de l'Emile."



A suivre...



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