L'ABBÉ ETCHART DE SAINT-ÉTIENNE-DE-BAÏGORRY EN 1914.
En novembre 1914, l'abbé Etchart, Curé-Doyen de Saint-Etienne-de-Baïgorry se retrouve au tribunal pour un sermon prononcé dans son église.
Je vous ai déjà parlé de cet abbé dans un article précédent.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien politique, antisémite, La Libre Parole, le 13
octobre 1914 :
"Taudis que les catholiques se font tuer à l'ennemi...
Dans un récent "Billet du Matin", nous avons relevé et flétri commue elle le méritait l’odieuse campagne anticléricale de la Dépêche de Toulouse, qui, prenant texte notamment d’une communication de l’archevêque d’Auch et du sermon d’un curé basque, s’était permis à l’égard de la doctrine catholique et des catholiques français, d’abominables insinuations.
Le journal radical-socialiste se trouve, en revanche, contraint d'insérer deux lettres de rectification. De celle de l'archevêque d’Auch nous citerons les passages qui s’appliquent aux calomnies que nous avions particulièrement signalées.
... Vous ajoutez un mot, le plus cruel de tous, auquel n’aura souscrit aucun de vos lecteurs, s’il lui reste une lueur de sincérité : "On se demande si la foi ne fait pas oublier la patrie". Ont-ils donc oublié la patrie ces généraux, ces officiers si nettement chrétiens, qui forcent votre admiration ; ces soldats qui, pour raviver leur courage, se sont presque tous agenouillés devant nos autels ; ces curés fusillés par l’ennemi en haine de la France ; ces prêtres-soldats dont beaucoup sont morts pour la France ou souffrent joyeusement pour elle ; ces infirmiers-prêtres dont les chefs proclament l'intelligent dévouement ; ces missionnaires accourus de bien loin pour répondre à l’appel du pays ; ces religieux revenus d’un cruel exil pour faire leur devoir ; ces sœurs hospitalières frappées par les boulets prussiens au chevet des blessés ; ces religieuses impatientes de travailler et qui se plaignent de ne pouvoir assez se dépenser pour nos blessés ? Est-ce que la foi chez ces admirables ouvriers gène le patriotisme ? Ou bien est-elle sa meilleure inspiratrice, et son plus solide soutien ?...
EGLISE SAINT-ETIENNE-DE-BAIGORRY PAYS BASQUE D'ANTAN |
Vous terminez par une injure qu’à la réflexion vous aurez regrettée. Comme il me serait facile de prendre ici l'offensive ! Mais je ne veux pas être de ceux que flétrit courageusement l’un des vôtres : "C'est le moment, dit-il, que choisissent, en pleine lutte, en pleine angoisse, je ne sais quels imbéciles pour épancher je ne sais quelles calomnies." (Pierre Mille.) Non, monsieur, nos cloches ne sonneraient pas le carillon si l’Allemand entrait dans nos villages ; si elles sonnaient, ce serait pour le tocsin, et nous serions des premiers à courir sus à l’ennemi !...
Espérons ensemble qu’elles ne sonneront que pour le Te Deum de la victoire, et ce chant sortirait plus joyeux de nos cœurs si, en remerciant Dieu d’avoir chassé l’ennemi du dehors, il nous ramenait conquis celui du dedans. Comme nous nous embrasserions tous dans une étreinte fraternelle !...
EGLISE SAINT-ETIENNE-DE-BAIGORRY 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici maintenant une lettre du curé de Saint-Etienne de Baïgorry :
Monsieur,
La Dépêche du 2 octobre, parlant d’un de mes sermons, m’accuse d’avoir souhaité l'anéantissement", la "disparition" de la France.
C’est là un odieux, un abominable travestissement de mes paroles et de ma pensée, car, après avoir affirmé que nous étions coupables devant Dieu, toute la suite de mon discours allait à assurer que le Dieu miséricordieux que nous allions prier donnerait la victoire à la France. Je m’efforçai de jeter dans le cœur de mon auditoire des espérances invincibles, tout en exaltant le patriotisme de nos armées. Et c’est cela que votre correspondant n’a pas dit.
Mieux informé, vous auriez su que tout ceci n’est que la suite d’une misérable querelle électorale que les tristesses de l’heure actuelle n’ont pu arrêter.
Je fais appel à votre patriotisme et à votre loyauté pour l’insertion de cette rectification et de ma protestation dans le plus prochain numéro de la Dépêche.
Recevez, Monsieur, etc.
Abbé Etchart,
Curé de Saint-Etienne-de-Baïgorry
(Basses-Pyrénées).
EGLISE SAINT-ETIENNE-DE-BAIGORRY PAYS BASQUE D'ANTAN |
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