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lundi 10 juin 2024

DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE PIERRE LOTI EN JUIN 1933

DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE PIERRE LOTI EN JUIN 1933.


Louis Marie Julien Viaud dit Pierre Loti, écrivain et officier de marine Français meurt le 10 juin 1923 à Hendaye.




pays basque avant écrivain labourd rochefort marine ramuntcho
PIERRE LOTI
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Figaro, le 8 juin 1933, sous la plume de Gaston 

Mauberger :


"Le dixième anniversaire de la mort de Loti et le cinquantenaire de "Mon Frère Yves".



Il y aura dix ans après-demain que Pierre Loti mourait à Hendaye, dans son petit ermitage des bords de la Bidassoa, et pour célébrer ce dixième anniversaire, ses parents et ses fidèles viendront, comme chaque année d'ailleurs depuis 1923, se recueillir sur sa tombe toute fleurie par leurs mains pieuses dans cet enclos de la Maison des Aïeules, à Saint-Pierre-d'Oléron où il voulut reposer auprès de ses ancêtres huguenots. 



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TOMBE DE PIERRE LOTI SAINT-PIERRE-D'OLERON



Dix ans ont passé. J'ignore si, au temps où nous sommes, les lecteurs de Loti sont aussi nombreux qu'ils devraient être ; ce qui est hors de doute, c'est que, parmi les lettrés, sa glorieuse renommée ne cesse de grandir, c'est que la plupart de ses ouvrages sont déjà devenus classiques et que, suivant le mot d'un éminent critique, son œuvre vivra tant qu'il y aura au monde une intelligence pour comprendre et une âme pour vibrer. 



La célébrité, Loti l'a conquise, voici exactement un demi-siècle, avec Mon Frère Yves. Sans doute ses premières productions, Aziyadé, Rarahu et surtout Le Spahi, sans excepter Fleurs d'ennui, qui contiennent cette délicieuse, bien que vénéneuse, fleur arabe, Les Trois dames de la Kasbah, l'avaient mis en lumière et lui avaient valu une indiscutable notoriété. Mais ce n'était encore que la notoriété lorsque, quatre ans à peine après ses débuts dans les lettres, il vit apparaître, brillante et décisive, la gloire conduite par Frère Yves. Et puisque, aujourd'hui, le dixième anniversaire de la mort de Loti réunit ses admirateurs, n'appartient-il pas à ces derniers de commémorer en même temps le cinquantenaire du livre qui fonda la réputation de l'illustre écrivain ? 



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LIVRE MON FRERE YVES DE PIERRE LOTI


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LIVRE AZIYADE DE PIERRE LOTI




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LE ROMAN D'UN SPAHI DE PIERRE LOTI





Mon Frère Yves parut donc en 1883. Pendant les premiers mois de cette année, Pierre Loti, alors jeune lieutenant de vaisseau en service à Rochefort, commença pendant ses longues soirées de garde à la direction du port ce roman ou plutôt ce poème, car Mon Frère Yves est un poème, le poème de la mer, et en moins de six mois (le 19 juin 1883), se rendant par l'Atalante au Tonkin, pour la guerre, il le terminait hâtivement au mouillage des Lacs-Amers, en Egypte, à mi-chemin entre Port-Saïd et Suez. 



Ce livre, qualifié modestement de petite histoire par Loti, est dédié à son ami Alphonse Daudet, qui lui avait suggéré l'idée d'écrire une vie de matelot en y mettant la grande monotonie de la mer. Cette vie de matelot sera celle d'un simple gabier, Yves Kermadec, qu'il peindra d'après nature. Chez Loti, en effet, peu de fiction, mais une grosse part de vérité. Tout ce qu'il a écrit, il l'a vu, il l'a vécu. N'a-t-il pas dit lui-même : "Je n'ai jamais pu parler que de ce que j'ai vu." L'affabulation de ses livres est toujours rigoureusement exacte ; seuls, les noms des personnages sont changés. Yves Kermadec a existé comme ont existé Aziyadé, Rarahu, Fatou-Gaye et tous ses héros. 



Ce Kermadec s'appelait réellement Pierre Le Cor. Né le 28 août 1852 à Saint-Pol-deLéon, il s'engageait à treize ans comme mousse à Brest et en 1867 il était apprenti marin ou, si mieux vous aimez, novice, quand Julien Viaud (Pierre Loti) fut reçu à l'Ecole navale. C'est à ce moment que ces deux enfants — l'un avait seize ans et l'autre dix-sept — se rencontrèrent. "Le hasard, nous explique Loti, me fit trouver Yves Kermadec chez un protecteur à lui, un vieux commandant, ami de son père. Yves avait le cœur très gros des adieux qu'il venait de faire à sa famille. Cela, et notre âge sensiblement pareil, c'était entre nous deux des points communs." Et il arriva, un peu plus tard, que le bordachien devenu midship et le novice devenu gabier embarquèrent sur le même navire, et il advint aussi, par la suite, que le sort les réunit souventes fois sur d'autres bateaux. Si Kermadec, à bord, était le modèle des matelots, propre, probe, d'un courage et d'un dévouement admirables, par contre, à terre, c'était un terrible coureur de bordées, querelleur, batailleur, traînant dans tous les bouges, toujours ivre. Mais il avait un si brave cœur et de tels retours que Loti, dont la bonté était inépuisable et qui, du reste, avait juré à la mère de ce pauvre dévoyé de veiller toute sa vie sur son fils comme s'il était son frère, se promit de le ramener au bien et de le sauver. Et il y réussit, comme il réussit à sauver, je le sais, beaucoup de matelots qui, sans lui, eussent fini misérablement. Au bout de vingt-huit ans de service, Yves quitta la marine en qualité de premier maître avec la médaille militaire et se retira à Rosporden, dans sa maisonnette "couverte en ardoise" construite d'après les plans de Loti. Il jouissait de sa retraite depuis trente-deux ans, lorsque, terrassé par la paralysie, il succomba le 15 janvier 1927 et il dort son dernier sommeil là où il désirait le dormir, dans le cimetière de son village, du côté de l'étang bleu, vers l'église à la haute flèche de granit à jours, où est venue le rejoindre, le 17 avril 1931, sa femme Marie-Anne Le Doeuff, la Marie Keremenen du livre. 



Sa vie durant, Loti ne s'est jamais désintéressé de son frère Yves, auquel il a servi jusqu'à ses derniers jours une pension. Quant à son filleul, le petit goéland — l'un des fils d'Yves — qui, sous le pseudonyme de Pierre Kermadec, a signé nombre de pages finement écrites, il s'est préoccupé de son instruction, l'a placé comme interne au lycée de Rochefort, fut son correspondant et je ne sache pas qu'à partir de cette époque le parrain ait abandonné son filleul. 



Ce livre vécu, Mon Frère Yves, si plein d'humanité, si débordant d'infinie bonté, dans lequel Loti a mis, suivant sa propre expression, beaucoup de sa vie, obtint un prodigieux succès. Chose rare, il fut accueilli chaleureusement à la fois par la foule et par l'élite. Et après Mon Frère Yves, Loti publia cette merveille : Pêcheur d'Islande ; puis, d'année en année, inlassablement jusqu'à sa mort, il accumula chef-d'œuvre sur chef-d'œuvre. N'empêche qu'il attend toujours sa statue, celui devant lequel s'inclinait Anatole France en disant : "Il est notre maître à tous" ; celui que Claude Farrère proclame le plus génial des écrivains du dix-neuvième siècle. Depuis dix ans qu'il nous a quittés, ni Rochefort, sa ville natale, ni Paris, ne lui ont payé la dette de reconnaissance à laquelle il a droit. Il est vrai que beaucoup de statufiés n'auraient pas leur effigie en bronze ou en marbre si pour eux on eût attendu dix ans. Mais Loti ne se classe pas parmi ces grands hommes en toc. Alors, prenons patience et, en souhaitant proche l'heure de la réparation, ouvrons ses livres — ce sera un moyen de l'honorer." 




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LIVRE PÊCHEUR D'ISLANDE DE PIERRE LOTI





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