"De quelques travaux sur le Basque faits par des étrangers pendant les années 1892-94.
... Il reste donc à publier l'ensemble de la Grammaire Cantabrique, dont le verbe seul comprend les pages 352-540 du manuscrit, et le Dictionnaire Latin-Basque. M. Llewelyn Thomas, qui a tant fait, n'a plus de loisir, et le Clarendon Press de l'Université d'Oxford ne peut pas dépenser davantage pour les publications basques. Nous faisons donc appel aux Société basques, aux savants basques, espagnols ou français, pour compléter la publication des manuscrits de Pierre d'Urte. Où les étrangers ont tant fait, le zèle et la science des patriotes et des Basques ne doivent pas rester en arrière.
LE DICTIONNAIRE LATIN-BASQUE DE PIERRE D'URTE
Oeuvres grammaticales.
Nous abordons à présent la partie certainement la plus difficile et peut-être la plus importante de notre travail. M. le Dr Hugo Schuchardt, membre de l'Académie Impériale de Venne, professeur de Philologie à l'Université de Gratz, s'est déjà fait remarquer par de savants écrits, surtout étymologiques, et par des critiques sur le basque. Mais l'ouvrage qu'il a publié dans les mémoires de l'Académie Impériale de Vienne, avec le titre : Baskische Studien. I. Uber die Enstehung der Bezugsformen des Baskischen Zeitworts (Etudes basques. De l'émergence des formes référentielles du verbe basque) (Wien. 1893) ne vise à rien moins que d'établir une nouvelle théorie du verbe basque. M. le Dr Schuchardt rejette tous les éclaircissements antérieurs du verbe basque, dont il fait une analyse minutieuse de tous les dialectes. Ses idées ont l'air de s'attacher un peu à celles émises par M. V. Stempf dans sa thèse publiée à Bordeaux en 1890 : La langue possède-t-elle, oui ou non, un verbe transitif. la lecture du traité du savant professeur de Gratz est des plus difficiles. Si nous avons bien saisi la pensée de ces deux auteurs, ils ne veulent pas du tout admettre que la forme pronominale objective enclavée dans le verbe basque soit un objet direct. L'un, M. Stempf, l'explique comme un ablatif après un verbe intransitif. il s'ensuit que ce qu'on a pris pour un verbe transitif n'est, en réalité, qu'une forme passive ou intransitive. Le Dr Schuchardt, si nous le comprenons bien, l'explique plutôt comme un dativus ethicus, mihi, tibi, après un verbe reflexo-passif. Ces auteurs, tous deux s'accordent en ceci qu'il n'y a pas dans le basque une forme de verbe purement transitive ou active, et, par conséquent, que tous les grammairiens antérieurs l'ont mal expliqué.
DR HUGO SCHUCHARDT
La théorie du Dr Schuchardt est admise par M. Van Eys, mais elle est vivement combattue par M. Vinson, surtout pour les formes de tutoiement. La question n'est pas encore vidée. Ce sera peut-être longtemps avant que la vraie théorie du verbe basque soit établie au jugement des savants.
Outre cet ouvrage important, M. le Dr Schuchardt a imprimé plusieurs articles et critiques : Germanische Worter im Baskichen (Mots germaniques en basque), des critiques remarquables sur l'ouvrage italien Delle relazioni tra il Basco e l'antico Egizio, (relations entre les Basques et les Egyptiens anciens), par le prof. Claudio Giacomino, et sur les Rhind Lectures et The Inscriptions and Language of the Northern Picts, par le prof. J. Rhys of Oxford, sans parler de ses écrits précédents.
Dans le progrès de toutes les sciences actuelles, les travaux les plus indispensables paraissent souvent dans les revues scientifiques, dans les mémoires ou bulletins des Sociétés savantes, même dans les publications hebdomadaires ou dans les journaux, avant d'être ramassés et publiés à part. Ce fait est exact pour des recherches grammaticales, pour des articles de critique et de bibliographie. Il y a notamment deux revues publiées à l'étranger qui s'occupent des recherches basques. L'une, l'Euskara, de Berlin est dédiée exclusivement aux connaissances basques ; l'autre, d'une portée bien plus étendue, la Revue de Linguistique et de Philologie comparée (Maisonneuve, Paris), si vaillamment dirigée par notre collègue, le professeur italien Vinson, dont le nom revient à chaque instant en étudiant le basque.
REVUE EUSKARA BERLIN
Quoique un peu au-delà de nos limites, je peux indiquer ici la réimpression d'une traduction en basque souletin, faite par le célèbre Augustin Chaho, des Preces Sancti Nersetis (Revue de Linguistique, t. XXIV, fasc. 4, p. 326). Nerses IV fut patriarche d'Arménie, 1098-1173. Outre beaucoup d'autres écrits plus considérables, il a laissé un recueil de 24 courtes prières ou collectes. Une édition de ces 24 prières ou oraisons en 14 langues fut imprimée à Venise en 1818, suivie d'une autre édition en 24 langues en 1832. Je ne sais pas si Chaho avait préparé sa traduction pour cette dernière édition.
AUGUSTIN CHAHO PAYS BASQUE D'ANTAN
Au tom XXV, fsc. 1, 15 janvier 1892, il y a une nécrologie du prince L.-L. Bonaparte, et un texte basque du XVe siècle. Le fascicule 2 nous donne un fragment d'une pastorale, Sainte Hélène, avec traduction anglaise par M. E. S. Dodgson, à qui nous devons la réimpression de Capanaga. La Société Ramond, de Bagnères-de-Bigorre, annonce dès à présent la publication de cette pastorale tout entière, avec traduction anglaise et française. J'ai écrit quelques mots sur les pastorales pour y servir d'introduction. Au 3e fasc., juillet 1892, nous avons une traduction de 7 strophes de la Chanson de Roland, en basque labourdin, par M. Harispe. Un autre morceau de la même chanson a été traduit en basque par M. E. S. Dodgson. Le tome XXVI, fasc. 1 commence avec de très intéressantes Notes de Bibliographie basque, par M. Vinson. Il y donne un compte rendu de deux ouvrages : L'Office de la Vierge (1638), et le Bréviaire des Dévots (1664). La version basque de l'Office de la Vierge est due à la plume de M. Harizmendi, vicaire de Sare. Le Devoten Breviarioa fut traduit par d'Argainaratz, vicaire de Ciboure, en 1664. Les Sept Saintes, célébrées aux heures canonicales pendant la journée, sont toutes de la famille royale, de sorte que je suppose que l'original de ce bréviaire doit avoir été composé par quelque reine ou princesse. C'est une chose à rechercher. Le fascicule 2, avril 1893, nous montre un vétéran dans les études basques, M. le comte H. de Charency, qui y a écrit un essai sur La Langue Basque et les idiomes de l'Oural ; la fin de cet article se trouve dans le fascicule 3 de juillet. Le même numéro contient la description des manuscrits de Pierre d'Urte, par M. Vinson, et une note très curieuse sur la Versification basque de Bernard d'Echepare, signée E. S. D. (Edward Spencer Dodgson). L'auteur compare la mesure d'Echepare avec celle d'un poème grec, Les Exploits de Basile Digénis Acritas, épopée byzantine. La mesure s'appelle vers politiques depuis le onzième siècle. On trouve des poèmes latins aussi bien que grecs écrits dans cette mesure. Un des ouvrages les plus utiles sur le basque, et surtout pour ceux qui en commencent l'étude, est le Glossar zu Dechepare Poesien, que M. V. Stempf publie de temps en temps dans les pages de cette revue depuis janvier 1887. Quoique écrit en allemand, l'analyse grammaticale y est faite avec une telle netteté et précision qu'elle peut être suivie en grande partie même par ceux qui ne possèdent pas l'allemand. C'est un grand auxiliaire à la connaissance du basque.
LINGUISTE JULIEN VINSON
L'Euskara, l'organe de l'Association basque de Berlin, est dédié entièrement aux études basques. Dans les numéros 12, 13, 14, 15, nous remarquons entre autres articles Die Iberier, VI, VII, VIII, par Karl Hannemann. La réimpression de l'Evangile selon Saint Jean, de Leiçarrague, par M. Dodgson ; plusieurs notes, quelquefois assez hasardeuses, d'étymologie, par le même, d'autres mieux fondées, par M. le comte de Charency, professeur Vinson, Van Eys, Linschmann et d'autres. Nous signalons les noms des nouveaux venus parmi les basquisants : M. C. C. Uhlenbech qui, outre ses articles dans l'Euskara, a publié à Amsterdam une brochure de 50 pages, Baskische Studien (Johannes Muller, 1891), Herr Schwerdrfeger, qui fournit un supplément au numéro 15 de l'Euskara : Zur Ethnischen Stellung der Phonikier."
A suivre...
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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