"De quelques travaux sur le Basque faits par des étrangers pendant les années 1892-94.
Les années 1892-93-94 marqueront dans les annales de l'Escuara par un nombre d'ouvrages publiés en basque et par des études sur le basque et sur les Basques. Il y a eu autrefois des époques semblables de progrès dans la connaissance du basque : périodes marquées par la publication d'excellents travaux, par un souffle d'enthousiasme, par la curiosité du monde savant arrêtée pour un instant sur la question basque. Ces époques ont été suivies par de longues années de négligence et de stérilité pendant lesquelles rien, ou presque rien, n'a été produit qui valût la considération des savants.
Les noms de Dechepare et de Leiçarrague remplissent à eux seuls le XVIe siècle. Axular, Larramendi, à qui nous pouvons joindre le nom de Pierre d'Urte, illustrent le commencement du XVIIIe siècle. W. Von Humboldt et Astarloa marquent l'entrée du XIXe siècle ; mais ce n'est que trente ans après que Chaho, Lécluse, d'Abbadie ont entrepris leurs travaux. Pourtant la vraie science, l'étude réellement scientifique du basque et la connaissance approfondie de l'Escuara s'est inaugurée avec les noms du prince L. -L. Bonaparte, de M. le chanoine Inchauspe, de M. Julien Vinson, de M. W. J. Van Eys et de leurs disciples, le capitaine Duvoisin, M. Gèze, Don Arturo Campion et autres. Ce groupe d'écrivains a plus fait pour la connaissance de l'Escuara que tous ses devanciers.
LOUIS-LUCIEN BONAPARTE
Pour la première fois l'étude du basque est assise sur des fondements aussi solides que ceux des autres langues et est conforme à la science linguistique.
Mais comme il arrive toujours dans la marche ascendante de toute science véritable, un progrès déjà fait n'est qu'un échelon vers un progrès ultérieur. Le dernier mot n'est jamais dit. Les matériaux ne sont jamais épuisés. On en trouve toujours de nouveaux. On en remanie les vieux débris que l'on croyait de nulle valeur, et ils donnent des produits superbes sous l'analyse plus exacte et sous les procédés de la science moderne. C'est ainsi que les deux années qui se sont écoulées nous ont montré de nouvelles découvertes dans le basque, et ce qui est peut-être de plus d'importance, elles nous ont donné la publication de manuscrits basques ensevelis dans les bibliothèques de l'étranger, et tout à fait inaccessibles aux savants. Il y a eu aussi la réimpression d'ouvrages rares et presque introuvables, la collection et la publication d'inscriptions et de légendes monétaires ; il a paru des études importantes, des analyses très profondes des formes grammaticales de la langue basque. Je parle seulement de ce qui a été fait à l'étranger ou par des étrangers.
Mais avant d'entrer en matière je tiens à décharger ma conscience sur la témérité de mon entreprise. Je n'ai pas la prétention d'être un basquisant, ni de savoir l'Escuara, je ne suis qu'un amateur du basque, un bascophile qui aime le pays, les traditions, et surtout le peuple basque, mais qui n'a aucunement le droit de s'ériger en critique ou juge des travaux d'autres plus compétents que lui. Je ne suis que leur simple chroniqueur. Et même comme chroniqueur je ne puis faire une histoire complète. Il y a bien des choses qui auront pu m'échapper. Je prie mes lecteurs de bien vouloir suppléer mes défauts et de ne pas être trop sévères sur l'incompétence de l'écrivain :
Si quid novisti rectius istis,
Candidus imperti ; si non, his utere mecum.
Publication de manuscrits et réimpressions.
LINGUISTE JULIEN VINSON
En 1892, M. Julien Vinson, professeur à l'Ecole des Langues Orientales vivantes, à qui les lettres basques doivent tant, et qui tient maintenant la place devenue vacante par la mort du regretté prince L.-L. Bonaparte, M. Vinson a imprimé pour la première fois, avec préface de 16 pages, où il nous dit, selon son habitude, tout ce qu'on sait sur Pouvreau, ses manuscrits et sa vie, Les Petites Oeuvres Basques de Sylvain Pouvreau (Châlons-sur-Saône, chez L. Marceau, 5, rue des Tonneliers). Ces petites oeuvres ne sont que quelques mots très superficiels sur la grammaire de la langue basque (pp. 1-9), ensuite deux pages (11-12) de fragments basques sur un thème de Tacite. Vient encore un sermon pour la Pentecôte (?) en basque, sans traduction (pp. 12-24). Le reste du livre (pp. 25-95) est rempli d'une traduction en basque d'un traité sur Les Privilèges de la Mère de Dieu, avec l'original en français au bas des pages. Le tout finit avec le Privilège du Roi (3 pages). L'époque même de la vie de Pouvreau (1614-1670-80) donne de l'importance à ses écrits. Ces études ont aussi cela de remarquable que Sylvain Pouvreau est le premier des rares étrangers qui ont réussi à apprendre et à écrire l'Escuara couramment et avec correction. Il y a donc un certain à-propos pour que ces petites oeuvres, laissées en manuscrit, soient imprimées après un oubli de deux siècles, par un étranger aussi savant en langue basque que Pouvreau lui-même.
LIVRE LES PETITES OEUVRES BASQUES DE SYLVAIN POUVREAU
Le livre qui attire ensuite notre attention est une réimpression de la même époque que celle des manuscrits de Pouvreau. Elle est due à l'enthousiasme d'un savant voyageur anglais, M. Edward Spencer Dodgson. C'est la Capanagaren Dotrina, une traduction en basque, avec l'espagnol en face, de l'Exposicion Breue de la Doctrina Christiana, compuesta por el P. M. Geronimo de Ripalda de la Compañia de Jésus. (Con licencia en Vilbao, por Juan de Azpiroz, año de 1656). C'est une reproduction exacte de l'édition originale. Elle a la singularité d'avoir été faite par un Anglais à l'imprimerie du journal A Folha, en Vizeu, Portugal. Elle a exigé des soins infinis de la part du rédacteur pour arriver à une si grande exactitude d'impression dans un pays si étranger aux lettres basques et anglaises. A l'édition originale, M. Dodgson a ajouté une page (CLXIV) où le basque, le français, le portugais, l'espagnol et le latin se côtoient assez bizarrement ; un Prologo en espagnol (pp. CLXV-VI), destiné d'abord à la Revista Euskalerria, de San Sebastian ; une Version literale, en espagnol, de la dédicace basque de Capanaga (pp. CLXIX-VIII), et quelques After-words en anglais, où l'auteur donne pleine bride à sa verve originale. M. Dodgson a rendu un service incontestable aux lettres basques par cette réimpression du premier livre imprimé en basque de Vizcaya."
LIVRE DOCTRINA CRISTIANA DU P. JERONIMO DE RIPALDA
A suivre...
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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