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samedi 8 février 2025

LE CHÂTEAU DE BIDACHE EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (troisième et dernière partie)

 

LE CHÂTEAU DE BIDACHE.


Le château de Bidache fut le siège de la principauté souveraine de Bidache et appartenait à la famille des seigneurs de Gramont, au moins depuis 1329.



basse-navarre autrefois pays basque château gramont
RUINES DU CHÂTEAU DE BIDACHE
BASSE-NAVARRE D'ANTAN


Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), ArcanguesMaytie (Mauléon), 

BidacheHaïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre

Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), CherauteAhaxe

CharritteMenditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure), Larrea (Ispoure) Saint-Pée-

sur-NivelleMouguerreMauléonSault (Hasparren), Jaureguia (Armendarits), Garro 

(Mendionde), Beyrie sur JoyeuseEtchauz (Saint-Etienne-de-Baïgorry), Luxe-

Sumberrauteles châteaux sans histoire, le château de Laxague à Ostabat, et le 

château d'Aphat à Bussunarits-Sarasquetteil, le château d'Espelette et le château Caradoc à 

Bayonne, voici aujourd'hui le château de Bidache.





Voici ce que rapporta à son sujet, J. Nogaret, dans le Bulletin du Musée Basque N° 11 de 1936 :



"Les châteaux historiques du Pays Basque Français.

Chapitre Quatrième.

La souveraineté de Bidache.

Les châteaux de Gramont à La Moularie et Bidache.



... En 1530 Claire commença sa reconstruction qui fut continuée par Antoine Ier et Corisande. C'était un superbe édifice de pur style Renaissance, bien différent sans doute du précédent et auquel furent apportées de luxueuses améliorations, les dernières par Antoine III et le comte de Guiche. Ce fut alors une somptueuse demeure à en juger par ce qu'il en reste encore.



Elle comprenait deux ailes parallèles encadrant une cour ouverte à l'Est et fermée à l'Ouest par un grand corps de bâtiment prolongé au delà de l'aile Nord et terminé par le donjon, seule partie de l'ancienne construction restant intacte et que l'on mit en harmonie avec le reste de l'édifice. De ce côté s'étendait une large terrasse dominant la vallée de la Bidouze, les hauteurs qui la bordent et dans le fond le vaste horizon formé par la région des Landes.



La porte d'entrée, précédée d'un pont-levis, donnait accès par un couloir dans la cour intérieure. Cette partie était réservée aux divers services du château et à la domesticité. La porte extérieure était surmontée de deux femmes de grande taille supportant les armoiries de la maison et qui sont encore fort bien conservées.



L'aile Ouest, qui a complètement disparu, comprenait vraisemblablement de grandes salles formant magasins pour le très grand nombre d'armes destinées à armer les bandes gramontoises levées à certaines occasions.



Les appartements occupaient une partie de l'aile Ouest et l'aile Nord où il ne reste plus que quelques traces des anciennes dispositions, notamment des cheminées et des niches pour statues.



Une riche bibliothèque se trouvait à l'étage supérieur du donjon ; on pouvait y accéder, soit du Second étage, soit par un escalier ménagé dans l'épaisseur du mur. Au rez-de-chaussée il y avait une chapelle.



Dans toutes les parties du château on pouvait voir des meubles magnifiques, des objets d'art et des pièces rares. Dans une chambre se trouvait un lit élevé, placé sur une estrade, dont il est fait mention dans les histoires du temps comme d'un lit de souverain. On remarquait dans une galerie une belle collection de tableaux, dont plusieurs des membres de la famille, en particulier Arnaud-Guilhem, un Gramont dominicain, tué par les Albigeois ; d'autres représentaient le passage du Rhin, où figurait le comte de Guiche ; Henriette d'Angleterre ; Marguerite, nièce de Jean II de Navarre et plusieurs souverains de la Navarre et du Béarn.



A l'extérieur le comte de Guiche construisit une orangerie qui n'existe plus et de magnifiques écuries encore en excellent état, situées à l'Ouest de la route. A la même époque il fit faire des travaux de terrassement considérables pour rendre l'accès du château plus facile qu'il ne l'avait été jusqu'alors. Primitivement ce château se trouvait sur une éminence isolée dominant la rivière. La large esplanade qui le relie aujourd'hui au village est le résultat de travaux réalisés au XVIIe siècle.



A l'Est, en contre-bas, s'étendaient des jardins à la française auxquels on accédait de la terrasse par un escalier existant encore. Une eau abondante alimentait des bassins, des jets d'eau et des cascades disposées au milieu des parterres et formant un coup d'œil des plus agréables. Ces jardins étaient eux-mêmes continués jusqu'à la Bidouze par une large avenue bordée d'arbres et aboutissant à une terrasse avec des escaliers permettant de s'embarquer facilement lorsqu'on se rendait à Bayonne par voie d'eau.



C'était un moyen de transport très usité. Les Gramont avaient un magnifique bateau désigné dans certains documents sous le nom de "la galère". Elle servit en particulier à transporter le duc d'Anjou de Dax à Bayonne lorsqu'il se rendit en Espagne en 1700 pour y régner sous le nom de Philippe V.



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ROI PHILIPPE V D'ESPAGNE



Pendant la Révolution le château servit d'hôpital, puis d'entrepôt pour l'armée des Pyrénées Occidentales. L'administrateur chargé de sa gestion se livra à des opérations frauduleuses qui motivèrent une enquête. En redoutant les suites, il se noya dans la Bidouze, après avoir mis le feu au château qui se consuma avec tout ce qu'il contenait, en une nuit du mois de Mars 1796.



On ne saurait rappeler les brillantes réceptions qui se donnèrent dans cette somptueuse demeure. Aussi doit-on se borner à mentionner un des événements les plus sensationnels dont elle fut témoin, lorsqu'en 1659, le cardinal Mazarin y fit un court séjour, en se rendant à la frontière pour discuter avec don Luis de Haro les conditions du traité des Pyrénées.



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PORTRAIT DE DON LUIS MENDEZ DE HARO




Le cardinal arriva le 22 Juillet. Le comte de Guiche était allé à sa rencontre à Dax. Le maréchal de Gramont l'attendait sur la route de Peyrehorade avec trois carrosses à six chevaux, suivi de toute la noblesse de la province et de son régiment de bandes gramontoises dont les hommes étaient armés de piques de Hollande et de mousquets de Biscaye. Les deux fils du maréchal, le comte de Guiche et le comte de Louvigny, attendaient le cardinal à la porte du château pour le conduire auprès de la duchesse et de sa fille la princesse de Monaco.



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PORTRAIT D'ANTOINE III DE GRAMONT 
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



Le cardinal fut reçu princièrement, après les préparatifs les plus minutieux. Pour sa chambre on avait préparé "un ameublement de gaze des Indes à fleurs brodées d'or, sur un fond isabelle doré, tant le lit que la courte-pointe, et tous les sièges et fauteuils, pour garnir l'alcôve d'une chambre de l'appartement où le bois de lit étoit de la Chine avec des ornemens d'ébène à l'espagnole, et embellis de plaques d'argent vermeil doré".



Quant aux repas, ils ne nuisirent pas à la réputation d'hospitalité de la maison, à en juger du moins par ce qu'écrivit Loret à la duchesse de Nemours.


On peut dire que le maréchal

Qui presqu'en France est sans égal

En matière de politesse

Et qui fait tout avec adresse

Splendidement le régala

En sa maison qui par delà

Qui soit de pierre, soit de brique,

Est, ce dit-on, très magnifique.

Outre mille oiseaux délicats

Et grand nombre de fruits muscats,

Outre les rares confitures

 repaître cent créatures,

Outre plusieurs mets renommés,

On servit du jambon fumé

Qui provoquait si fort à boire

Qu'on y vida, d'après l'histoire,

Plus de cent-cinquante flacons.

Je l'ai su de plusieurs garçons.



Le lendemain, il y eut de grandes fêtes au château et dans la ville ainsi que divers concerts ou ballets où les danses espagnoles se mêlaient aux danses françaises. Mais le cardinal ne put prolonger son séjour. Il partit le troisième jour pour Bayonne avec sa suite dans les bateaux armés et décorés avec goût, que les échevins avaient envoyés pour le chercher.



Mentionnons aussi le séjour que fit à Bidache la reine Marie-Anne de Neubourg, veuve de Charles II, roi d'Espagne, pendant son exil à Bayonne au commencement du XVIIIe siècle. C'est là qu'aurait été nouée sa liaison avec le chevalier Larretegui qu'elle devait persécuter plus tard pour se faire rendre un diamant qui valait paraît-il six cent mille livres.



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PORTRAIT DE MARIE-ANNE DE NEUBOURG
PAR ROBERT GABRIEL GENCE



De ce magnifique château témoin de tant de brillants épisodes de notre histoire régionale, il ne reste que des ruines. Du moins sont-elles bien en harmonie avec le cadre qui les entoure et en forment-elles le principal attrait. Grâce à la vigilance du duc de Gramont qui pourvoit à leur entretien, elles permettent de se représenter assez exactement ce qu'a été cette demeure seigneuriale au temps de sa belle époque, alors qu'elle était considérée, avec juste raison, comme la plus belle, après le château de Pau, de tout le Sud-Ouest.



Aussi n'était-il pas sans doute hors de propos, en terminant cette étude sur les châteaux du Pays Basque, de consacrer quelques pages à celui des seigneurs de Gramont, en raison de leur rôle dans le passé et des services qu'ils ont rendus, pendant des siècles à la région et à la France."








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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