La guerre d'Espagne est un conflit qui a duré du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939, et qui a coûté la vie à 500 000 personnes environ, combattants et civils confondus.
AFFICHE COMITE D'AIDE A EUZKADI ET AU NORD
Voici ce que rapporta à ce sujet Arlandis dans l'hebdomadaire La Correspondance
Internationale, le 12 mai 1938 :
"Le problème des nationalités dans la guerre espagnole de libération.
Le problème des nationalités revêt une grande importance dans la lutte épique qui se livre en Espagne entre les masses populaires et le conglomérat d'exploiteurs, de réactionnaires et des fascistes qui tendent de les soumettre par la terreur à leur domination politique, économique et culturelle.
Au nombre des causes essentielles qui contribuèrent au soulèvement fasciste, il faut compter la haine que les réactionnaires espagnols ont toujours ressentie à l'égard des revendications nationales de la Catalogne et du pays basque. La proclamation des statuts d'autonomie servit de prétexte aux fascistes et à tous les réactionnaires de la péninsule pour tenter de dresser le peuple espagnol contre la République en présentant les Catalans et les Basques comme des séparatistes et des ennemis de l'intégrité nationale de l'Espagne. Le caractère furieusement centraliste et totalitaire du fascisme ne pouvait que renforcer la lutte de la réaction contre les libertés autonomes de la Catalogne et de l'Euzkadi, telles que les reconnaît la Constitution de la République.
STATUT D'AUTONOMIE EUZKADI OCTOBRE 1936
Le fascisme prétend rétablir le despotisme des propriétaires fonciers d'Andalousie, de Castille et d'Estrémadure sur les masses populaires, et en particulier sur les peuples catalan, basque et galicien, tel qu'il s'exerçait par l'entremise du vieil Etat centraliste et autoritaire de la monarchie. Réactionnaires et fascistes espagnols nient l'existence du problème national en alléguant que les mouvements de libération en Catalogne et en Euzkadi sont des phénomènes artificiels, fomentés par quelques renégats traîtres à la patrie, contre lesquels il s'agit de sévir d'une main ferme.
Quiconque a quelque idée de l'évolution historique de l'Espagne et de sa situation actuelle comprend à quel degré atteint la thèse fasciste. L'Espagne n'a jamais été une entité, ni ethnique, ni politique, ni linguistique. Tous les efforts déployés par les armes de l'oppression et de la terreur, par les monarques centralisateurs, de Ferdinand II à Alphonse XIII, pour détruire les nationalités et les fondre en un Etat autocratique, se sont révélés vains et n'ont pas obtenu d'autre résultat que de faire obstacle au développement économique et culturel du pays et de provoquer de perpétuelles rébellions et guerres civiles.
Durant cinq siècles, Catalans et Basques, Navarrais, Galiciens et Valenciens luttèrent contre l'assimilation forcée et la souveraineté des monarques castillans. La résistance acharnée opposée par ces nationalités leur a permis de conserver leur langue propre, leurs caractères économiques et culturels, leurs traditions et leurs coutumes, les particularités nationales que reconnaît le code civil, bref tout ce qui détermine ce "fait différentiel" que Catalans, Basques et Galiciens invoquent avec tant de force lorsqu'ils défendent leurs droits et leurs libertés, brutalement attaqués par les hordes fascistes.
Quelques traits caractéristiques du mouvement national basque.
L'Euzkadi, si l'on y comprend la Navarre, occupe un modeste territoire de 17 482 kilomètres carrés, avec une population de 1 355 000 habitants. Les Basques, tant au point de vue ethnologique qu'au point de vue linguistique, constituent une nationalité absolument distincte, non seulement dans le cadre de la péninsule, mais à l'échelle mondiale. C'est l'une des rares nationalités dont les origines et la filiation n'ont pu jusqu'ici être établies. La situation géographique de l'Euzkadi, sa topographie montagneuse, la richesse de son sol, la résistance et l'énergie de ses habitants, leur caractère laborieux et indomptable, ont fait que ce peuple, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, a pu résister tant aux nombreuses invasions qui se sont succédé sur le sol de l'Espagne, qu'aux tentatives d'absorption de la monarchie centralisatrice.
De tous les peuples hispaniques, les Basque sont les plus attachés à leurs traditions, à leur croyance et à leurs libertés. Si, au cours des guerres civiles du XIXe siècle, les Basques servirent la cause du carliste réactionnaire et absolutiste, c'est qu'ils étaient mus par l'amour de leurs libertés, de leurs traditions et de leurs privilèges, que le prétendant Charles de Bourbon, par démagogie, promettait de défendre. Lorsque les Cortès de Cadix tentèrent de soumettre tout le pays à une même législation, elles se heurtèrent à la résistance des Basques, qui voyaient dans les libéraux les ennemis de leurs libertés nationales. Le décret du 25 novembre 1839 abolissait virtuellement les libertés autonomes de l'Euzkadi. Cette politique unitariste fut imitée postérieurement par les conservateurs et les libéraux dynastiques, d'Esparto aux hommes de la République de 1873, ce qui eut pour effet de renforcer l'orientation réactionnaire du mouvement national basque, qui fut durant un demi-siècle le soutien le plus sûr u mouvement clérical-carliste.
L'économie basque révèle des caractéristiques propres, diverses du reste de l'Espagne. On y voit coexister une grande industrie sidérurgique et métallurgique, la plus importante de l'Espagne, une petite et moyenne industrie très développée, une riche agriculture, étendue à l'élevage du bétail, de type semi-patriarcal, et une industrie de la pêche et de la navigation prospère.
Les privilèges basques sur lesquels repose le mouvement nationaliste remontent à la plus haute antiquité et incarnent une tradition essentiellement démocratique, où la suprématie est réservée au pouvoir civil.
A la fin de 1904, en réponse à une tentative faite pour abroger l'accord économique fixant les droits basques, se constitua la puissante "Ligue pour la défense des privilèges" (Liga foral), à laquelle adhérèrent, outre les nationalistes basques, les parti républicain, libéral, carliste et intégraliste. Cette formation obtint des succès retentissants aux élections communales de 1906 et aux élections législatives de 1907, où tous ses candidats furent élus.
Le mouvement nationaliste basque, auparavant diffus et divis, prit une grande homogénéité après la constitution du Parti nationaliste basque, fondé en 1894 par Sabino de Arana, qui établit les bases de la doctrine, en soulignant clairement la démarcation entre le carlisme, qui se bornait à réclamer une certaine autonomie administrative, et le nationalisme, qui défend les principes essentiels des droits de la nation basque. Depuis lors, carlistes et nationalistes se combattirent avec acharnement, à telle enseigne que les premiers ont constitué les forces de choc de l'insurrection fasciste en Euskadi, alors que les nationalistes, en dépit de leur catholicisme intransigeant, ont lutté sur tous les fronts au côté du Front populaire pour la défense de la République et des libertés nationales d'Euskadi.
Le nationalisme basque, de caractère étroitement catholique à ses débuts, a évolué sous l'impulsion des ouvriers, employés et paysans qui, en grand nombre, ont rallié ses rangs. Il a exercé son influence sur des milliers de paysans et d'ouvriers, ceux-ci organisés au sein de la "Solidarité des ouvriers basques", puissante formation qui représentait 40% des ouvriers et employés organisés de Biscaye, Guipuzcoa et Alava. Fondée par les grands industriels nationalistes dans le but de soustraire les ouvriers basques à l'influence socialise et communiste et de se servir d'eux comme de briseurs de grève, cette organisation s'est émancipée de la tutelle patronale, se transformant en une association de caractère syndical, qui a lutté pour ses revendications au côté des ouvriers révolutionnaires de l'U.G.T. et de la C.N.T.
AFFICHE CNT FAI 1936
Le Parti communiste d'Euzkadi a joué un rôle extrêmement dans l'incorporation aux luttes de classe et au mouvement antifasciste de ces ouvriers basques. Malgré les déviations sectaires de certains de ses dirigeants, il s'efforça d'appliquer la doctrine et la tactique de Lénine et de Staline et réussit ainsi à pénétrer dans les larges masses nationalistes, qu'il contribua à mobiliser dans la lutte armée contre le fascisme centraliste et totalitaire, pour la défense de la République démocratique et du Front populaire, qui a permis que soit confirmé le Statut autonome du pays basque.
AFFICHE POUR LE FRONT POPULAIRE ESPAGNE 1936 DE MANUELA BALLESTER
Ce statut a été approuvé par l'assemblée des communes d'Euzkadi, réunie à Pampelune le 19 juin 1932, par 400 voix contre 10. Les suffrages opposés émanant tous de délégués navarrais, il fut décidé d'exclure la Navarre du bénéfice du Statut jusqu'à ce qu'elle se décide à y adhérer. Une année plus tard, le 6 août 1933, le Statut était accepté définitivement par l'assemblée des communes, tenue à Vitoria, et le 5 novembre suivant, soumis à un plébiscite populaire, il était approuvé par 86% du corps électoral. A la fin de décembre 1933, le document était soumis à la ratification des Cortès de la République, mais le gouvernement réactionnaire de Lerroux y opposa son veto.
GOUVERNEMENT ALEJANDRO LERROUX GARCIA DE 1933 A 1935
Finalement, le Statut basque, à nouveau présenté aux Cortès le 15 avril 1936, après le magnifique succès du Front populaire aux élections de Février, fut approuvé par le Parlement le 1er octobre de la même année. Le 7 octobre, le gouvernement autonome d'Euzkadi était constitué, avec la participation d'un conseiller communiste. Les principes essentiels qui régissent le Statut basque sont les suivants :
a) Système parlementaire ;
b) Indépendance de l'administration judiciaire ;
c) Absence de pouvoir modérateur (Chambre haute, Sénat, etc.) ;
d) Démocratie directe ;
e) Décentralisation des services ;
f) Corps autonomes de droit public et conseils techniques pour l'examen des problèmes techniques ;
g) Enseignement unifié et libre ;
h) Bilinguisme ;
i) Finances indépendantes, avec accords économiques et coordination dans le domaine financier.
Sans la force énorme du mouvement nationaliste basque, il n'est pas douteux que l'insurrection fasciste aurait trouvé auprès des masses catholiques d'Euzkadi un appui du même genre que celui dont elle bénéficia de la part des carlistes et catholiques navarrais. C'est là ce qui explique également que l'immense majorité du clergé basque se soit dressée contre les facétieux et que nombre de prêtres aient combattu sur les fronts au côté des ouvriers communistes et socialistes. Des milliers et des milliers de nationalistes catholiques ont payé de leur vie leur amour pour les libertés de l'Euzkadi et leur fidélité au Front populaire dans la lutte contre le fascisme..."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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