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jeudi 13 février 2025

L'ÉMIGRATION BASQUE EN AMÉRIQUE DU SUD EN 1867 (première partie)


L'ÉMIGRATION BASQUE EN 1867.


En 1867, les autorités Françaises s'inquiètent du nombre de Basques cherchant à émigrer, en particulier en Amérique du Sud.



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BATEAU URAL MONTEVIDEO
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce qu'en rapporta à ce sujet le quotidien La Gironde, le 3 septembre 1867 :



"Au mois d'avril dernier, M. le préfet des Basses-Pyrénées mit au jour une circulaire adressée à tous les maires de son département et destinée à combattre l'émigration basque vers le Rio de la Plata. Cette circulaire, qui s'appuyait sur des faits avancés par le consul de France à Buenos-Ayres, a été publiée dans l'Economiste français. Elle s'est attirée une réfutation très remarquable que va publier le même journal, et dont son auteur, M. John Le Long notre collaborateur, a bien voulu nous communiquer ce manuscrit. En voici les principaux passages :


"Sur les 85 000 Français établis dans les Etats du Rio de la Plata, on compte de 30 à 31 000 Basques.



J'ai visité la plupart des 14 provinces dont se compose la République Argentine, j'ai parcouru le territoire de la République Orientale ; je suis allé jusqu'au Paraguay et aussi dans quelques provinces du Brésil ; partout j'ai trouvé le Basque, même dans le grand Chaco, où il s'occupe à exploiter les bois qui sont les plus beaux du monde ; partout je l'ai vu laborieux, intelligent, honnête ; ai-je besoin d'ajouter que partout il a réussi ?



A côté de Buenos-Ayres, à une lieue, il s'est élevé une ville nouvelle, Barracas, peuplée presque entièrement de Basques ; ils y sont au nombre de 10 000.



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BARRACAS ARGENTINE



Un grand nombre s'occupe de l'industrie du pays, celle des saladeros. C'est un travail dur, travail on ne peut plus pénible, dans lequel le Basque excelle. Cet ouvrage se fait à la tâche ; un ouvrier habile peut gagner de 30 à 40 fr. par jour.




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SALADERO URUGUAY 1904



Faut-il donc s'étonner que l'on compte aujourd'hui un certain nombre de millionnaires parmi ces intrépides travailleurs basques ? C'est ce que nous voyons à Barracas et ailleurs, à la ville comme à la campagne.



Je veux bien que pendant ce temps la main-d'oeuvre ait triplé dans votre département.



Si, dans le pays basque, au lieu de 40 centimes par jour, somme bien insuffisante pour les besoins d'une famille, le prix de la journée est à présent de 1 fr., cette augmentation peut-elle entrer en comparaison avec les immenses avantages que tout ouvrier travailleur et intelligent peut obtenir en émigrant ?



D'abord, la plupart des familles basques qui émigrent, sont pauvres, tellement pauvres, qu'elles ne peuvent même pas payer leurs passages.



Si elles restaient dans leur pays, leurs descendants seraient, dans un siècle, aussi pauvres, aussi malheureux qu'elles-mêmes.



Et combien de fois n'arrive-t-il pas que ces familles sont une véritable charge pour leurs communes !



Voyons maintenant ce qu'elles deviennent lorsqu'elles émigrent.



En arrivant dans le Rio de la Plata, tous travaillent : hommes, femmes et enfants, et, tout en se nourrissant bien, en étant bien vêtus, et devenus ainsi des consommateurs précieux pour la France, ils gagnent encore assez pour faire des économies.



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JOURNAL LE COURRIER DE LA PLATA
LE FRANCAIS



Mes recherches à cette époque (1863) dans les livres que m'ont communiqués deux maisons françaises de Buenos-Ayres m'ont donné le relevé des traites envoyées à leurs familles dans les Pyrénées par un grand nombre d'émigrants basques.



Un de ces relevés embrasse l'année 1862 et celle de 1863 jusqu'à la fin d'août ; l'autre relevé comprend les 8 premiers mois de 1863.



J'ai constaté que la presque totalité de ces traites portaient des sommes qui variaient de 20 à 100 francs, et cependant toutes ces petites sommes réunies formaient un chiffre de 485 861 fr.



En rapportant ces faits au Mémorial des Pyrénées j'ajoutai, afin que personne n'en puisse douter que, dans ce court espace de temps, ce demi-million a réellement été expédié en France par des gens naguère pauvres. Je vous déclare que je suis autorisé à dire, au nom des 2 maisons qui ont reçu le montant de ces traites, que votre correspondant, M. d'Irumberry, s'il tient à constater le fait, n'a qu'à désigner quelque honorable négociant de Buenos-Ayres, et elles prennent l'engagement de lui prouver, par leurs livres, la parfaite exactitude des chiffres que je viens de citer.



Ce fait seul n'est-il pas la réfutation la plus complète de votre circulaire d'avril dernier ?



Quant à ceux des émigrants qu'on déclare désillusionnés, j'en cherche, je l'avoue, vainement la trace.



Certes, on ne les trouvera pas parmi ces 4 000 Basques qui, tous débarqués de Buenos-Ayres pauvres, ont pu, dans l'espace de 18 mois, envoyer à leurs parents près d'un demi-million.



Notez bien, monsieur le préfet, que ces commerçants auxquels je me suis d'abord adressé ne sont pas les seuls qui font ces remises pour les Basques ; je pourrai, s'il est nécessaire, vous en désigner d'autres.



Toutefois, pendant les années qui ont précédé mon départ au Rio de la Plata, je me suis assuré que ces envois de fonds n'avaient pas discontinué.



En 1863 comme aujourd'hui, j'ai compris qu'il était indispensable, dans l'intérêt de tous, que cette prospérité des Basques émigrés fût bien et dûment constatée. J'ai donc voulu pousser encore plus loin mes investigations.



A  cet effet, je me suis adressé à la principale banque de Buenos-Ayres, et, grâce à la bienveillance de son directoire, j'ai obtenu, par chaque nationalité, y compris celle des Basques, l'état des dépôts à intérêts existant à cette banque de la province de Buenos-Ayres, jusqu'à la date du 31 août 1863.



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BANQUE DE LA NATION ARGENTINE
BUENOS-AIRES 



A cette époque, 1 268 Basques avaient déposé des sommes dont le total s'élevait à 11 449 086 fr.



Il faut dire qu'il n'est question ici que la province de Buenos-Ayres, où la position n'a fait que s'améliorer de plus en plus. D'ailleurs, dans les autres provinces argentines, comme dans la république orientale de l'Uruguay, ils possèdent aussi de nombreuses fortunes mobilières et immobilières.



Si, sur les 2 rives de la Plata, les Basques ont partout la préférence comme travailleurs, cependant les autres émigrants ont une bonne part dans le bien-être général. Le relevé de la Banque de la province de Buenos-Ayres en fournit une preuve suffisante.



En effet, le total déposé par les Italiens, qui, de tous les émigrants européens sont les plus nombreux, dépassait 25 millions de francs ; et celui des Français, non compris les Basques, était de plus de 13 millions.



Je voudrais à présent fixer votre attention, monsieur le préfet, sur la note suivante, dont j'ai été redevable à M. Zamudio, secrétaire de la Banque de la province de Buenos-Ayres."



A suivre...



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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