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jeudi 27 février 2025

L'ÉVASION D'ALLEMAGNE DE TROIS PRISONNIERS DE GUERRE BASQUES EN NOVEMBRE 1918 (quatrième et dernière partie)

TROIS BASQUES PRISONNIERS DE GUERRE EN ALLEMAGNE S'ÉVADENT EN NOVEMBRE 1918.


Quelques jours avant l'Armistice du 11 novembre 1918, des Basques, prisonniers en Silésie prussienne, décident de s'évader du camp de Sprottau.




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CAMP DE PRISONNIERS DE SPROTTAU
SILESIE PRUSSIENNE 1914 1918



Le camp de Sprottau, en Silésie prussienne, situé au Sud-Est de Francfort-sur-l'Oder a accueilli 

des milliers de prisonniers de nationalité française, anglaise, italienne et russe.

Il a été construit pour une capacité de 10 000 hommes. 



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BARAQUE DE CONVALESCENCE SPROTTAU
SILESIE PRUSSIENNE 1914 1918



Au 16 avril 1916, suite à une visite du Comité International de la Croix-Rouge, il contient 1 100 

Russes et Français et son Commandant est le Colonel von Wacholtz.



Le camp est établi sur un terrain sablonneux et sec, dans une contrée boisée.


Il y a deux sortes de baraques : 

1° les Erdbaracken, en planches revêtues de carton bituminé, de 2m 50 de hauteur et 3m 50 de ligne médiane, avec un cube d'air suffisant pour 100 occupants. Le chauffage est assuré par de petits poëles en fonte et l'éclairage par des lampes électriques.


2° les nouvelles baraques, destinées au lazaret de tuberculeux, de dimensions intérieures (10 X 12 X 4), donnant un cube d'air de 18 m2 par lit.



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BOULANGERIE CAMP DE SPROTTAU
SILESIE PRUSSIENNE 1914 1918



Le camp de Sprottau a été désigné comme lazaret central pour les tuberculeux des autres camps. Les autres prisonniers sont peu à peu évacués, en dehors de ceux qui sont nécessaires au service du camp. La présence de ces nombreux malades a changé sans doute l'aspect et la vie du camp, avec la grande difficulté de pourvoir à l'alimentation renforcée indispensable pour le traitement de cette maladie.






Voici ce que rapporta au sujet de l'évasion de ce camp par trois Basques le quotidien local La 

Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 5 décembre 1918 :



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TRIESTE
3 NOVEMBRE 1918

"... Nous comptons être à Pola le soir et à Ancôme le lendemain. Mais tout le jour se passe sans que nous bougions. A 6 heures, on lève l'ancre, mais pour aller simplement à la jetée à l'autre bout du port. Notre déception est grande et nous commençons à comprendre que comme le petit navire, nous avons entrepris un long voyage. Nous nous rendons en délégation auprès du capitaine qui donne sa parole d'honneur de faire débarquer, le lendemain à 7 heures, les 37 Français qui sont à bord. La nuit s'écoule dans cet espoir. Le lendemain, à l'heure dite, malgré nos récriminations et la promesse du capitaine, celui-ci refuse d'appeler le remorqueur. Nous partons à 11 heures cahin-caha, filant du 6 ou 7 noeuds à l'heure le long de côtes plates de l'Istrie. Nous arrivons enfin à 8 heures du soir devant Pola. Dès que nous avons quitté Trieste, nos yeux, où ont pénétré les poussières du charbon sont devenus douloureux. Le soir venu, quand nous essayons de dormir, cette douleur devient intolérable. Nos paupières gonflent jusqu'à cacher entièrement nos yeux, ce qui augmente notre désir de quitter au plus vite ce malencontreux sabot. D'ailleurs, tandis que nous essayons vainement de calmer par des compresses d'eau fraiche cette brûlure, la sirène dans la nuit appelle le pilote qui bientôt vient dire l'impossibilité dans laquelle il se trouve d'entrer dans le port pendant la nuit, à cause des mines flottantes. Notre situation est peu tranquillisante ; on ne nous cache pas le danger auquel nous sommes exposés de nous jeter sur un des champs de mines qui pullulent encore dans l'Adriatique.




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PULA CROATIE 1903



Enfin, le jour vient. De nouveau une délégation de Français va demander au capitaine notre débarquement à Pola. il refuse d'abord, mais sous la menace d'une révolte à bord, il consent à envoyer deux d'entre nous auprès du commandant du cuirassé "Condorcet" que nous savons en rade, pour lui demander de bien vouloir nous prendre à son bord. Celui-ci reçoit nos 2 camarades avec bonté, et détache immédiatement 2 canots auprès du "Maria-Thérésa". Qu'on juge de notre joie en apercevant au loin les 3 couleurs qui flottent à l'arrière des embarcations et les pompons rouges des petits marins français !... En un clin d'oeil, nous avons pris nos paquets et nous sommes logés dans les petites barque blanches, le premier coin de France que nous touchions. Nous voici bientôt contre le "Condorcet" ; l'équipage est en partie réuni sur le pont et le commandant, les mains tendues vers nous, dans un geste accueillant et paternel, nous crie du haut de la passerelle : "Venez vite, mes enfants !" Quelle douce émotion nous éprouvons !... Ce merveilleux bateau de guerre est donc français. Tous ces marins autour de nous parlent français. C'est comme une douce musique qui caresse nos oreilles ; il y a 4 ans que nous attendions ce moment. On nous prend par le bras et on nous conduit, les adjudants au poste des premiers maîtres, les sergents au poste des seconds maîtres et les soldats à celui des matelots. On nous fête, rien ne manque ; un délicieux repas, du vin, des cigarettes. La joie brille dans tous mes yeux, nos frères retrouvés ne se lassent pas d'écouter les récits de notre captivité. Le soir, nous couchons dans des hamacs.



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CUIRASSE CONDORCET 1907



Dès le lendemain 9 heures, nous partons pour Venise sur le contre-torpilleur "Le Sénégalais", qui a à son bord l'amiral Falque. Comme sur le "Condorcet", l'accueil de nos frères marins est touchant. Jusqu'à l'amiral lui-même qui s'entretient avec nous et nous serre la main avec une simplicité charmante. Le torpilleur va à la jolie vitesse de 23 noeuds, et fait la traversée en moins de 3 heures. C'est un enchantement pour nous de le voir bondir sur les vagues.



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CONTRE-TORPILLEUR LE SENEGALAIS



A Venise, le consul français se montre très accueillant et nous délivre des passeports qui nous permettront de prendre le train du soir. Juste le temps de parcourir Venise endormie et presque déserte. Ses habitants, chassés par les Gothas, ont été chercher un refuge vers le Sud ; et ses palais autrefois brillants de lumière, aujourd'hui enveloppée d'une ombre mystérieuse, qui se confond avec celle de l'eau profonde, nous font songer à une ville morte pleurant sur ses splendeurs passées.



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VENISE ITALIE 1918



Quelques jours à peine nous séparent encore du but final. Nous voyons Milan. Gênes, rien n'y marque notre passage. le dimanche 17, nous arrivons à Vintimille. Une des choses qui nous frappe le plus, c'est l'abondance des victuailles qui se montrent aux étalages des magasins de comestibles. Songez donc, des poulets, du gibier, de la belle graisse fine et blanche, un assortiment de charcuterie. Il y a belle lune que nos yeux étaient déshabitués d'un tel spectacle.



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VINTIMILLE ITALIE 1918



C'est le 17 au matin que nous revoyons la France ; nous exultons de joie. Nous sommes libres enfin !... Tout autour de nous respire un air de fête. La Méditerranée déroule à nos yeux émerveillés son long ruban d'azur ; et cela fait en nous un contraste étrange avec les neiges de Silésie que nous revoyons comme dans un mauvais rêve passé.



Au dépôt du 49e régiment d'infanterie, où nous nous présentons le lendemain, nous recevons de la part des officiers et des rares camarades rescapés de la grande guerre un accueil affectueux, et pour lequel nous leur exprimons ici notre reconnaissance."










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