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vendredi 14 février 2025

L'OPÉRA "PERKAIN" DES ALDUDES EN 1934

L'OPÉRA "PERKAIN" EN 1934.


Perkain est un drame lyrique en 3 actes, d'après Pierre Harispe, sur un livret de Pierre-Barthélemy Gheusi, une musique de Jean Poueigh, mis en scène par Pierre Chéreau et représenté pour la première fois à l'Opéra National de Paris-Palais Garnier, le 25 janvier 1934.



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OPERA PERKAIN
LE JOURNAL 28 JANVIER 1934



La chorégraphie est de Léo Staats et les décors et les costumes sont de Ramiro Arrue.

Le chef d'orchestre est François Ruhlmann.

Les acteurs et chanteurs sont : Marthe Nespoulos (Gatchucha), Renée Mahé (Mayaléna), Bachillat (Karméla), Popova (la Gitane), Hamy (une Bergère), Martial Singher (Perkain), de Trevi (le Commissaire de la Convention), Etcheverry (Dominique Iharour), Fabert (Kurutchet-le-Gaucher), Gilles (le Barde), Le Clezio (le Catalan), De Leu (l'Officier), Cambon (le Chevrier), Madlen (Le Crieur de jeu), Morales, Goube, Duprez et le Corps de Ballet.



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CHANTEUSE OPERA MARTHE NESPOULOS


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CHANTEUR OPERA MARTIAL SINGHER




Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Le Mesnestrel, le 2 février 1934, sous la plume de 

Jean Chantavoine :



"La semaine musicale.



A l'Opéra Perkain, drame lyrique en trois actes, légende basque de M. P.-B. Gheusi, d'après Pierre Harispe, musique de M. Jean Poueigh.



La mode gastronomique est aux "plats régionaux" : avec Perkain, l'Opéra nous en offre un du goût le plus authentique et dont les ingrédients se réclament de la "provenance directe".



Le livret porte à la scène un épisode de l'histoire révolutionnaire. Au village d'Itxassou, dans une demeure paysanne, on célèbre par des danses et des chants les fiançailles du jeune royaliste Perkain avec Gachutcha, fille du vieux Dominique. Des sans-culottes, conduits par un commissaire de la Convention, surviennent et somment Dominique de leur livrer le trésor de l'église, caché par lui. Sur son refus, on lui applique la question, en lui brûlant la plante des pieds à l'âtre même de son foyer. Il ne rompt le silence que pour entonner un cantique. Perkain chasse les mandrins et leur chef, auxquels (sans qu'à vrai dire on comprenne bien pourquoi) il donne rendez-vous le lendemain, à une partie de pelote, mais bientôt Gachutcha étant restée seule, les mandrins font de nouveau irruption dans la maison, se saisissent de la jeune fille et l'emmènent prisonnière.



Le lendemain soir, les gens d'Ustaritz célèbrent la Saint-Jean, avec force danses où viennent se mêler des gitanes d'Espagne. La fête se passe dans la cour du quartier révolutionnaire, où Gachutcha est retenue captive. Perkain l'y rejoint à la dérobée. Surpris, il échappe en traversant la Nive dans la barque d'un pêcheur ami et en narguant les mousquetons des sans-culottes.



Au troisième acte, Perkain vient de gagner une partie de pelote et c'est l'occasion de nouvelles danses. Le commissaire du peuple et ses acolytes surviennent : au moment où ils vont abattre Perkain, celui-ci se rend. Mais la foule prend fait et cause pour lui. Un chant patriotique du pays basque, entonné par les assistants, convertit au sentiment général le commissaire du peuple, qui tombe fraternellement dans les bras de Perkain.



S'il s'agissait d'un ouvrage de caractère rigoureusement dramatique, on se demanderait peut-être si quelques épisodes de ce scénario ne pèchent pas contre la cohésion ou la vraisemblance, mais, malgré le titre de "drame lyrique", que lui donne l'affiche. Perkain est, somme toute, un ballet mêlé de chant. Il se rattache sur ce point à la tradition de Rameau et à ce genre d'ouvrages dont les méchantes langues de l'époque prétendaient que le bonheur et le malheur des gens y consiste à voir danser autour d'eux.



Ces danses qui retardent un peu plus que de raison, dès le début du premier acte, le déclenchement de l'intrigue, la suspendent encore, aux deux autres actes, plus souvent et parfois plus longtemps qu'on ne voudrait. D'autre part, ces éclipses mêmes de l'action individuelle ne conviennent pas mal, après tout, à une histoire toute farcie d'embuscades.



Pour accompagner ces danses et souligner, dans l'intervalle, les propos des personnages, M. Jean Poueigh fait appel, d'une façon à peu près constante et exclusive, au folklore basque dont on sait, grâce à la Rhapsodie de Charles Bordes et au Ramuntcho de M. Gabriel Pierné, le caractère tour à tour capricieux et mélancolique. Ce procédé montre, chez M. Jean Poueigh, un souci de vérité qui touche à l'abnégation. Il est rare de voir un distingué compositeur effacer de la sorte, volontairement, son inspiration individuelle derrière la voix anonyme du chant populaire. Cet accent de vérité frappe, d'un bout à l'autre, dans la partition de Perkain mais, grâce au scrupule d'exactitude dont témoigne M. Jean Poueigh, c'est une vérité plus documentaire qu'expressive.



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RAMUNTCHO PIECE EN 5 ACTES DE G. PIERNE



En effet dans l'immense majorité des cas, M. Jean Poueigh s'attache, dans les thèmes qu'il choisit pour les traiter, à ceux qui offrent un caractère de "dynamisme", comme on dit aujourd'hui. Accentué par l'âpreté montagnarde et quasi rocheuse que M. Poueigh donne à son orchestre, ce dynamisme agit le plus souvent par le rythme à cinq temps, spécial au pays basque, mais dont les heurts et la boiterie provoquent bientôt l'obsession. Ces thèmes, d'un rythme presque uniforme, s'appliquant ici aux situations et sentiments les plus divers, ce rythme lui-même se prêtant d'ailleurs mal non seulement à la déclamation, qui ne s'y applique qu'en porte-à-faux, mais au développement symphonique où il ne peut guère entrer que sous forme de répétition, il en résulte une impression matérielle de piétinement qui condamne l'ouvrage à quelque monotonie. Et quand le compositeur reprend la parole pour son propre compte et tire le discours musical de son propre fonds, comme dans l'inutile intermède qui précède le second acte, il en résulte une disparate un peu déconcertante.



Dans cette longue et pittoresque "dancerie", quelques phrases de douceur et de charme prennent une valeur particulière : je citerai, entre autres, le cantique du supplicié, la cantilène amoureuse de Perkain et Gatchucha ; les couplets du Barde, au troisième acte, semblent être un précieux écho du moyen âge, et le choeur national de la fin justifie par son éloquence lumineuse la conversion du capitaine révolutionnaire.



Mais comment cette anthologie, que dis-je, cette encyclopédie du chant populaire basque, ne nous fait-elle pas entendre une seule fois l'admirable chant, si candide, si pur, si enthousiaste, du Guernicaco Arbola ?



Trois décors simples et pittoresques encadrent les scènes de Perkain ; mais on voit, sur le second, une Nive dont l'inclinaison ferait du torrent une cascade... Les danses, sans pouvoir prétendre à l'audace et à la variété qui font l'attrait d'un ballet véritable, ont du mouvement et de la bonne humeur.



Deux des protagonistes sont les compatriotes de leurs personnages : M. Martial Singher, chanteur et comédien plein d'aisance juvénile dans le rôle de Perkain et M. Etcheverry, dont la belle voix de basse sonne à merveille dans le rôle du vieux Dominique, dont il dessine une silhouette frappante. M. José de Trévi prête la plus sûre autorité au capitaine des sans-culottes ; MM. Henri Fabert, Le Clezio, R. Gilles, Claverie, de Leu et Cambon tiennent à souhait des rôles épisodiques. Mlle Marthe Nespoulos chante et joue d'une façon charmante celui de Gatchucha, dignement secondée par Mmes Mahé, Bachilliat et Hamy. Parmi les gitanes du second acte, on remarque l'agilité de Mlle Mati Morales et le mezzo éloquent de Mlle Popova.



M. François Ruhlmann règle en arbitre impeccable la lutte de l'orchestre avec le rythme à cinq temps."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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