LA MONNAIE AU PAYS BASQUE PENDANT LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE.
C'est en 1939 que D. Eliodoro de la Torre y Larrianaga remet au Musée Basque de Bayonne un album contenant la collection complète des monnaies qui eurent cours forcé en Biscaye, Guipuscoa et partie de l'Alava pendant les années 1936 et 1937.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque N°18 de 1939, sous la plume de
Javier de Gortazar, ancien Délégué du Gouvernement d'Euzkadi :
"...Le cours de cette monnaie, équivalente à la monnaie officielle sur toute l'étendue du territoire régi par le Gouvernement basque, fut, lui aussi, déclaré forcé, son pouvoir libératoire étant total pour toute espèce de paiement. Les falsificateurs tombaient dans le délit de falsification de monnaie et la thésaurisation serait passible des mêmes sanctions que celle de la monnaie d'argent.
La détérioration que subirent, à l'usage, les chèques au porteur qui remplaçaient les billets en vertu des décrets précités rendit leur remplacement nécessaire. A cet effet, le Département des Finances décida de procéder à une nouvelle émission pour retirer de la circulation les chèques précédemment émis. Ordre du 16 avril 1937 - Journal officiel du 21.
Les caractéristiques de ces nouveaux chèques devaient être semblables aux précédentes ; mais leur présentation était plus soignée et offrait, entre autres variantes, cette particularité que la signature des organismes émetteurs, de même que la mention "tiene fondos" de la Banque d'Espagne étaient lithographiées. Mêmes garanties, prérogatives et pouvoir de libération que pour les chèques antérieurs. Ils furent émis en séries de 1 000, 500, 100, 50, 25, 10 et 5 pesetas. Les deux premières séries ne purent être mises en circulation, parce que le retard apporté à leur établissement dura jusqu'à la chute de Bilbao.
En outre de cette résolution, il fut interdit aux Banques et Caisses d'Epargne d'effectuer, à partir du 21 avril, des paiements avec les anciens chèques qui devaient être retirés par elles contre leur équivalence en nouveaux chèques.
Pour faciliter l'échange, les anciens chèques furent admis jusqu'à un maximum de 750 pesetas, quantité limite que les particuliers pouvaient détenir en vertu des dispositions du Département ; l'excédent, s'il existait, constituait un compte ou un dépôt, sujet aux restrictions en vigueur sur le retrait des fonds.
MONNAIE EUSKADI 1936 1937 |
Le don.
C'est un album recouvert en maroquin de 39 centimètres de large sur 28 centimètres de hauteur et doublé de moire. Il est timbré en or de l'écusson d'Euzkadi, portant en exergue l'inscription suivante :
1936 Erabili Dirua 1937
A la première page, se détachent sur une grecque aux vives couleurs les armoiries d'Alava, Bizcaye, Guipuzcoa et Navarre et, en dimensions plus grandes, celles de la ville de Bayonne, avec la devise : "Nunquam polluta".
NUNQUAM POLLUTA BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Sous la grecque, on lit cette dédicace :
Pour le Musée Basque de Bayonne.
Collection des monnaies mises en circulation pendant la guerre civile de 1936-1937 par les autorités établies à Bilbao et par le Gouvernement d'Euzkadi.
Offert par Monsieur Eliodoro De La Torre, Conseiller des Finances dudit Gouvernement.
Bayonne, le 24 décembre 1939.
Signé : Eliodoro De La Torre.
ELIODOR DE LA TORRE Y LARRIANAGA |
Les pages 2, 3 et 4 sont consacrées à l'Ordre et aux deux Décrets se rapportant aux émissions de billets et de monnaie. Le premier Décret parut dans le Bulletin officiel de la Province de Bizcaye ; l'Ordre et le deuxième Décret parurent dans le "Journal Officiel du Pays Basque" que le Gouvernement de Euzkadi publia dès sa formation, en basque et en espagnol.
De la page 5 à la page 13 on trouve la collection de chèques et de billets émis par chacune des institutions de crédit suivantes : "Caja de Ahorros Municipal de Bilbao", "Caja de Ahorros Vizcaina", "Banco Guipuzcoano" (Succursal de Bilbao), "Banco de Commercio", "Banco de Bilbao", "Banco Urquijo Vascongado", "Banco de Vizcaya", "Banco Central", "Banco Hispano Americano".
La page 14 contient les monnaies de nickel de deux et d'une pesetas.
Les billets sont collés sur l'album par une seule de leurs marges, les deux faces pouvant être vues facilement.
Les monnaies paraissent en double, montrant l'avers et le revers.
Des illustrations finement coloriées servent de fond aux billets et aux monnaies. Les scènes qu'elles retracent datent du temps où les monnaies avaient cours. Dans l'avant-dernière page apparaît une évocation du monument que Bayonne érigea à ses morts de la guerre 1914-1918, monument dont on ne sait ce que l'on doit admirer davantage de la simplicité de sa composition, de l'émotion qui s'en dégage ou de la beauté de son site.
Luciano Quintana, l'artiste à qui M. de La Torre confia l'exécution de l'album, avait déjà donné à Bilbao, sous le pseudonyme de Nik, des preuves définitives de son bon goût et de son "savoir faire". S'il n'en avait pas été ainsi, la présentation de cet album suffirait à le consacrer comme un maître du genre.
La collection que M. Eliodoro de La Torre y Larrianaga vient d'offrir au Musée Basque est une des rares qui aient pu être réunies au complet, ce qui, joint à l'intérêt intrinsèque de cette collection comme souvenir historique, lui donne une valeur considérable.
Plus tard, lorsque le temps, ayant apaisé les passions et les justes amertumes, permettra de se placer à un point de vue objectif, le signataire de ces lignes aura le plaisir et l'honneur de déposer entre les mains de M. Boissel des objets et des documents se rapportant à l'époque où Bayonne et avec elle, le département des Basses-Pyrénées, sut accueillir avec une sympathie et une charité que nous n'oublierons jamais les Basques transpyrénéens qui lui demandaient l'hospitalité.
WILLIAM BOISSEL DIRECTEUR MUSEE BASQUE DE BAYONNE |
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