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samedi 10 avril 2021

UNE EXPULSION À HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1926

UNE EXPULSION À HENDAYE EN 1926.


En 1926, alors que Miguel de Unamuno est à Hendaye, un de ses amis, commerçant, est expulsé.



pays basque autrefois plage
VUE GENERALE DE LA PLAGE HENDAYE 1926
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Les Cahiers des droits de l'homme, le 5 décembre 1926 :



"Droits des étrangers. 


Viguri (Ramon). — Un honorable commerçant, de  nationalité espagnole, M. Ramon Viguri, installé depuis dix ans à Hendaye (Basses-Pyrénées), vient d’être, sans motif et sur la seule volonté exprimée par le Directoire exécutif de Madrid, l’objet d’une brutale mesure d'expulsion exécutée dans les 24 heures. 



Cette mesure a provoqué l’indignation de toute la région pyrénéenne. Nous avons demandé au ministre de l'Intérieur, le 27 septembre dernier, d'envisager d’urgence la révocation de l’arrêté pris contre l'intéressé. 



L'origine de l’affaire, avons nous écrit, réside dans une question d’ordre privé, à propos de laquelle le consul d’Espagne à Hendaye, M. Mosquera, avait, le 21 juillet dernier, provoqué M. Viguri jusqu’à se livrer à des voies de fait sur la personne de celui-ci. Le sort de M. Viguri était désormais décidé ; l’indésirable était aussitôt reconduit à la frontière belge, sous l’escorte d’un agent de la sûreté. 



A la vérité, celui en faveur duquel nous intervenons présentement avait le tort, aux yeux de ses ennemis, de prêter une collaboration affectueuse au grand proscrit espagnol, Miguel de Unamuno et aux dirigeants du mouvement républicain, Eduardo Ortega y Gasset et les autres. 



Et dès lors, l’affaire dépasse le cadre d’une simple mesure individuelle, pour emprunter le caractère d’une politique générale de persécution, dirigée par la police française contre les réfugiés républicains. 



Nous avons eu, maintes fois, l’occasion de dénoncer à votre haute autorité les erreurs fâcheuses de vos délégués dans les départements de la frontière méridionale. Dans cette même bourgade d’Hendaye, où Unamuno avait cherché un refuge, nous avions pu, il y a quelques mois, détourner la vengeance de ses adversaires. Nous ne pouvons accepter qu’un abus plus grave soit perpétré, mettant en cause l’ensemble de la collectivité immigrée. 



Nous vous demandons donc instamment, Monsieur le Ministre, de rendre à M. Viguri son droit de libre circulation, en même temps que, pour l'avenir, des instructions précises doivent être envisagées dans le but de prévenir de pareils attentats. 



Nous avons insisté, le 2 décembre, en ces termes : 



Comme suite à nos communications des 17 septembre et 16 novembre derniers, nous avons l’honneur de vous faire connaître que nous sommes en mesure de vous donner de nouvelles précisions sur les circonstances qui ont précédé l’expulsion de M. Viguri. 



I. — Origine de l'affaire. — Pour la complète intelligence de cette affaire, nous croyons utile de prendre les faits à leur origine, en indiquant, à la lumière des vérifications que nos contre-enquêtes ont apportées, le rôle de chacun des participants. 



Les témoignages que nous avons recueillis présentent le consul d’Espagne à Hendaye, M. Mosquera, comme ayant entretenu au début des rapports d’excellente entente avec son compatriote, M. Ramon Viguri, commerçant installé de longue date dans la même localité. 



Les mêmes rapports existaient d’ailleurs entre celui-ci et les autres membres de la colonie espagnole, qui compte surtout, en raison de la proximité de la frontière, des réfugiés politiques. M. Viguri, ancien étudiant, avait été notamment heureux de retrouver son ancien maître Miguel de Unamuno, autrefois recteur de l’Université de Salamanque et s’était trouvé honoré d’apporter au grand proscrit l'aide d’une filiale collaboration. 



histoire politique espagne
MIGUEL DE UNAMUNO


C’est alors que le consul avait songé à utiliser l’amitié des deux hommes pour surprendre la vie de Unamuno et en surveiller les actes. 



M. Viguri, et ceci est à son honneur, ne se prêta pas à cette complicité, ce qui dépita fortement le consul, qui ne se gêna plus désormais pour tenir les propos les plus étranges sur le compte de Unamuno et de ceux qui le fréquentaient. L’un de ces propos fut rapporté à M. Viguri par la secrétaire du Consulat, une Française. 



II. — Incident du 22 juillet 1926. — Cette situation fâcheuse persistait lorsque, le 22 juillet 1926, vers midi et demi, dans une rue d’Hendaye (exactement avenue du Commerce), M. Viguri rencontra le consul et l’aborda pour lui demander des explications sur les écarts de langage que ledit consul se permettait a l’égard de ses compatriotes. 



M. Mosquera déclara qu’il n’avait aucune explication à donner ; à quoi, M. Viguri répondit que le fait de calomnier, sans admettre ensuite une demande d’explications, constituait une lâcheté.



Cette riposte provoqua chez le consul un mouvement de colère, aggravé par la déclaration complémentaire de son interlocuteur : "Votre dépit provient de ce que vous ne pouvez plus toucher comme auparavant les chèques de Vallarino." 



Un coup de poing à l’œil droit de M. Viguri fut la réponse de l’interpellé. Une dispute s’ensuivit, à laquelle mirent fin les passants, cependant que les adversaires continuaient à s’injurier :


— "Canaille, allez vous faire en... », lança M. Mosquera. 


— Allez trafiquer sur les certificats d’origine", répliqua M. Viguri. 



Le Consul déclara qu’il continuerait à poursuivre son ressortissant et qu’il mettrait en oeuvre la police de son pays. 



Ainsi que nous le précisions dans notre lettre du 16 novembre, l’incident n’eut pas lieu au consulat, mais en pleine rue, exactement à l’intersection de la rue du Commerce et de la route de Béhobie, en face du garage Sonnet. 



Six déclarations contrôlées, qui sont en notre possession, confirment ce point. Noua avons, en outre, sous les yeux, un certificat d’un oculiste d'Hendaye, aux termes duquel M. Viguri, examiné le 22 Juillet, a été reconnu atteint d’une ecchymose palpébrale et acléroticale de l'œil droit, produite par un coup de poing. 



Le blessé voulait porter plainte, mais en a été dissuadé par un de ses amis. 



III. — Suite. — Les autres circonstances sont conformée au récit que contiennent nos communications susvisées des 17 septembre et 16 novembre. 



La violation des droits de M. Viguri est constante. 



En toute hypothèse, celui qui a été frappé n’a pas été appelé à se défendre et il est autorisé à se dire injustement frappé, tant que des garanties élémentaires ne lui auront pas été accordées.



Nous avons l’honneur, en conséquence, Monsieur le Ministre, de vous confirmer ici nos précédentes déclarations et de vous demander d’envisager toutes mesures susceptibles de rétablir dans ses droits l’honorable commerçant qu'est M. Viguri. 



Nous vous serions très reconnaissant de vouloir bien nous faire connaître, dès qu'il  sera possible, votre décision à cet égard."



 



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