UNE EXPULSION À HENDAYE EN 1926.
En 1926, alors que Miguel de Unamuno est à Hendaye, un de ses amis, commerçant, est expulsé.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Les Cahiers des droits de l'homme, le 5 décembre 1926 :
"Droits des étrangers.
Viguri (Ramon). — Un honorable commerçant, de nationalité espagnole, M. Ramon Viguri, installé depuis dix ans à Hendaye (Basses-Pyrénées), vient d’être, sans motif et sur la seule volonté exprimée par le Directoire exécutif de Madrid, l’objet d’une brutale mesure d'expulsion exécutée dans les 24 heures.
Cette mesure a provoqué l’indignation de toute la région pyrénéenne. Nous avons demandé au ministre de l'Intérieur, le 27 septembre dernier, d'envisager d’urgence la révocation de l’arrêté pris contre l'intéressé.
L'origine de l’affaire, avons nous écrit, réside dans une question d’ordre privé, à propos de laquelle le consul d’Espagne à Hendaye, M. Mosquera, avait, le 21 juillet dernier, provoqué M. Viguri jusqu’à se livrer à des voies de fait sur la personne de celui-ci. Le sort de M. Viguri était désormais décidé ; l’indésirable était aussitôt reconduit à la frontière belge, sous l’escorte d’un agent de la sûreté.
A la vérité, celui en faveur duquel nous intervenons présentement avait le tort, aux yeux de ses ennemis, de prêter une collaboration affectueuse au grand proscrit espagnol, Miguel de Unamuno et aux dirigeants du mouvement républicain, Eduardo Ortega y Gasset et les autres.
Et dès lors, l’affaire dépasse le cadre d’une simple mesure individuelle, pour emprunter le caractère d’une politique générale de persécution, dirigée par la police française contre les réfugiés républicains.
Nous avons eu, maintes fois, l’occasion de dénoncer à votre haute autorité les erreurs fâcheuses de vos délégués dans les départements de la frontière méridionale. Dans cette même bourgade d’Hendaye, où Unamuno avait cherché un refuge, nous avions pu, il y a quelques mois, détourner la vengeance de ses adversaires. Nous ne pouvons accepter qu’un abus plus grave soit perpétré, mettant en cause l’ensemble de la collectivité immigrée.
Nous vous demandons donc instamment, Monsieur le Ministre, de rendre à M. Viguri son droit de libre circulation, en même temps que, pour l'avenir, des instructions précises doivent être envisagées dans le but de prévenir de pareils attentats.
Nous avons insisté, le 2 décembre, en ces termes :
Comme suite à nos communications des 17 septembre et 16 novembre derniers, nous avons l’honneur de vous faire connaître que nous sommes en mesure de vous donner de nouvelles précisions sur les circonstances qui ont précédé l’expulsion de M. Viguri.
I. — Origine de l'affaire. — Pour la complète intelligence de cette affaire, nous croyons utile de prendre les faits à leur origine, en indiquant, à la lumière des vérifications que nos contre-enquêtes ont apportées, le rôle de chacun des participants.
Les témoignages que nous avons recueillis présentent le consul d’Espagne à Hendaye, M. Mosquera, comme ayant entretenu au début des rapports d’excellente entente avec son compatriote, M. Ramon Viguri, commerçant installé de longue date dans la même localité.
Les mêmes rapports existaient d’ailleurs entre celui-ci et les autres membres de la colonie espagnole, qui compte surtout, en raison de la proximité de la frontière, des réfugiés politiques. M. Viguri, ancien étudiant, avait été notamment heureux de retrouver son ancien maître Miguel de Unamuno, autrefois recteur de l’Université de Salamanque et s’était trouvé honoré d’apporter au grand proscrit l'aide d’une filiale collaboration.
MIGUEL DE UNAMUNO |
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