LA LANGUE BASQUE ET LE MAGYAR.
Il existe depuis longtemps de nombreuses hypothèses sur l'origine de la langue Basque.
Vers les années 1860, le prince Louis-Lucien Bonaparte, linguiste distingué, trouve des similitudes entre les langues finno-ougriennes, dont le Magyar et la langue Basque.
Voici ce rapporta à ce sujet Jules Vinson :
"...La phonétique de l'escuara est simple ; les sons le plus généralement employés sont les sifflantes, les nasales et les gutturales dures : les consonnes douces tombent souvent entre deux voyelles. On y rencontre assez fréquemment de ces sons mixtes, intermédiaires entre les palatales et les gutturales, qu'affectionnent les idiomes du second groupe. Un des traits dominants est l'interdiction absolue de la gémination des consonnes, l'aversion des groupements de consonnes et le soin de compléter par une voyelle épenthétique les consonnes finales muettes : il est probable qu'à l'origine les mots se composaient d'une suite de syllabes régulièrement formées d'une consonne et d'une voyelle.
La dérivation formelle s'opère par la suffixation des éléments de relations ; les signes pronominaux sont pourtant aussi préfixés aux verbes. A part cette différence, les noms et les verbes ne sont pas traités de deux manières distinctes ; ils sont également susceptibles de recevoir les suffixes marquant les rapports de temps et d'espace, dont beaucoup ont conservé entières et leur signification propre et leur forme sonore antique. L'article est le pronom démonstratif éloigné. Les pronoms "nous" et "vous" ne sont point les pluriels de "je" et de "tu" ; ils ont tout l'aspect d'individualités spéciales. On ne forme point de dérivés possessifs : "ma maison" par exemple se traduit par "la maison de moi" et ne présente aucune analogie de forme avec "je mange" ou toute autre expression verbale. Il n'y a pas de genres, mais quelques suffixes sont spécialement remplacés par d'autres avec des noms d'êtres animés, et dans le verbe il y a des formes particulières pour indiquer si l'on parle à un homme ou à une femme. Il n'y a pas de duel. Le signe de pluralité s'intercale entre l'article et les suffixes, mais il peut y avoir, au singulier seulement, une déclinaison indéfinie ou indéterminée, sans article. Il convient de mentionner en outre la double forme des nominatifs, dont l'une ne sert que comme sujet d'un verbe actif ; c'est tout à fait la distinction signalée par M. Fr. Müller dans les langues australiennes entre le nominatif subjectif et le nominatif prédicatif.
La conjugaison est très compliquée. Le verbe basque sait résumer en une seule expression verbale les relations d'espace, de personne à personne, subjectives (idée de neutralité, d'action limitée à son auteur), objectives (idée d'action sur un régime direct) et attributives (idée d'une action faite au profit d'un objet indirectement visé, idée du régime indirect); les relations de temps ; les relations d'état correspondant à autant de modes distincts ; — les nuances de l'action rendues par diverses voix dérivées ; les nuances de sujets ou régimes marqués par les nombreuses formes personnelles ; les nuances de temps et d'état que traduisent les conjonctions de nos langues modernes. A chacune de ces relations ou nuances est affecté un suffixe, souvent considérablement abrégé et réduit, mais à peu près toujours sensible.
Le verbe basque primitif, c'est-à-dire complètement développé, ne différait pas de celui des autres langues du globe. Il ne comprenait que deux modes, l'indicatif et le conjonctif qui dérivait de l'indicatif par un suffixe, et trois temps : le présent, l'imparfait et une sorte d'aoriste impliquant la possibilité éventuelle. Il ne connaissait qu'une voix secondaire, dérivée par un suffixe spécial, la causative. Il joignait à ces formes les signes des régimes directs et indirects, ce qui est le caractère essentiel des idiomes incorporants.
JULES VINSON |
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