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jeudi 8 avril 2021

UN APERÇU SUR LE PEUPLE BASQUE EN 1814 (première partie)

APERÇU SUR LE PEUPLE BASQUE EN 1814.


Ange-Etienne-Xavier Poisson de La Chabeaussière, auteur dramatique et littérateur français, indique, en 1814, sa vision du peuple Basque.

 


pays basque autrefois femme
JEUNE FEMME BASQUE 1800-1860
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Mercure de France, le 1er juillet 1814 :



"Mélanges. Aperçu sur le peuple Basque.


Par M. De la Chabeaussière (junior).  



Le peuple basque mérite d’être plus connu qu’il ne l’a été jusqu'à présent ; il importe surtout de détruire les fausses idées qu'on nous a transmises sur des hommes, qui, reculés de plusieurs siècles pour les vices, ont conservé les vertus vantées chez les anciens patriarches ; elles sont le palliatif de l’âpreté naturelle à l’homme non civilisé. 



Ce peuple, si voisin de nous, ce peuple qui habite une partie du territoire français, n’a jamais eu le désir de se mêler parmi ses voisins ; il n’a point provoqué leur jalousie : satisfait du séjour montueux où, en définitif, il a fixé son domicile, et qu’il s’est appliqué à rendre utile à ses premiers besoins, il a mis toute son étude à s’y maintenir sans songer à se répandre, ni à envahir le domaine d’autrui.



Le peuple basque ne fait, pour ainsi dire qu'une seule et même famille, nombreuse et vertueuse, chez, qui la bonne santé engendre la gaîté, et qui, n’étant point dévorez du vice de l’ambition, n’a pas le souci des remords qui toujours l'accompagnent ou qui la suivent. 



L’ouvrage que M. Dralet a publie sous le titre de Description des Pyrénées, est très recommandable sous beaucoup de rapports ; mais il s’y trouve une erreur lorsque, parlant des Basques, il les dépeint, tome 1er., page 167, comme enclins au vol quand le besoin les presse ; il les compare aux Spartiates qui ne méprisaient que les voleurs maladroits : c'est diffamer gratuitement toute la nation, une partie comme auteur des vols et l’autre comme les voyant sans s'en émouvoir. J'ai habité dix ans au milieu de ce peuple, et je puis certifier qu'il a en horreur le vice dont on l’accuse ; il ne le tolérerait même pas, quel que pût être le motif qui l'aurait fait commettre. D’ailleurs, il semble presque impossible qu'il existe des voleurs dans ce pays. En effet, content de ce qu’il possède, un Basque n’a jamais connu le besoin, et il n’est pas une famille qui ne s’empressât de venir au secours du malheureux à qui le nécessaire viendrait à manquer ; il n’est pas un Basque qui ne soit prêt à se dépouiller pour soutenir celui que la misère pourrait menacer ; et cette vertu naturelle s’étend même jusqu'aux étrangers, si le hasard en conduit quelques-uns dans ses montagnes.



livre description pyrénées
LIVRE DESCRIPTION DES PYRENEES
PAR ETIENNE-FRANCOIS DRALET 1813



Le Basque est naturellement hospitalier, il accueille celui qui le visite, et son premier soin n’est pas de lui faire une invitation oiseuse et calculée ; il détache tout de suite une table ordinairement fixée par des gonds à la muraille de sa chambre principale, et relevée contre cette muraille, il la couvre de linge blanc, et il y dépose les mets qu'il a chez lui. Refuser ce qu’il donne de si bon cœur, ce serait lui faire un affront ; lui offrir une rétribution, ce serait l’insulter. 



Le Basque est fier sans doute, mais il est généreux ; plus porté à l’amitié qu’à la haine, il ne faut qu’être bon et franc avec lui pour capter sa bienveillance ; et cette fierté apparente cède bientôt à son penchant pour aimer. Il aime avec ardeur, il hait de même ; mais c’est à regret qu'il se livre au sentiment de la haine ; elle devient terrible quand il s y abandonne. 



L’imputation faite aux Basques par M. Dralet, peut avoir eu son fondement dans une mauvaise interprétation du nom qu’ils se sont donné, et que quelqu’un aura peut-être voulu commenter, comme je vais le faire moi-même, mais avec des conséquences bien différentes.



Le nom de Basque n’est pas du tout celui de la peuplade à qui on le donne ; ce nom dérive du mot Vascon, que portaient ses voisins, avec qui on la confond encore, quoique bien différente sous nombre de rapports ; or, l’usage en Gascogne est de prononcer le V comme un B, ce qui a fait nommer les Vascons Bascons, et par corruption on a nommé Basques les voisins des Vascons véritables: ceux-ci ont aussi, par corruption de langage, substitué le G au V, et sont restés en propriété du nom de Gascons. Il en est résulté que, dans la manière de s’exprimer, aujourd’hui consacrée par l'habitude, deux colonies voisines, qu’on a confondues dans la même, se sont distinguées dans leur dénomination par la dérogeant de quelques lettres du même mot, et qu’elles s’appellent maintenant, l’une les Gascons, l’autre les Basques, nom substitué pour nous au nom qu’ils ont dans leur langage. On appellerait encore aujourd’hui un habitant du pays par le nom générique de Basque, qu’il ne croirait pas que c’est lui ni aucun de sa nation qu’on veut désigner.



Le nom des prétendus Basques est exprimé, dans leur langue, par le mot escoualdounac au pluriel, ou escoualdouna au singulier ; ce mot est composé de trois autres : escou ou escouia (main), aldé (à côté, de côté, du côté), et ounac ( bons ) ; ce qui peut s’expliquer par la version, bons du côté de la main ; mais qu’on peut traduire aussi par bons coups de main. La première manière d’expliquer a donc pu induire en erreur ceux qui auront fourni à M. Dralet quelques documents à cet égard.



Strabon, cité par M. Dralet ( page 138 de son ouvrage), dit que les habitants des Pyrénées étaient supérieurs à toutes les autres nations, lorsqu’il s’agissait d’activité et d’un coup de main. Ces deux qualités distinguent éminemment les Basques et les Cantabres qui font partie de cette nation, et ils les possèdent encore comme du temps de Strabon ; or, ils ont pu s’enorgueillir au point d’en faire la désignation de leur nouveau nom, car ce nom n’est encore qu’adoptif ; et je ne crois pas que ce soit le premier qu’ils portaient.



Le premier pays qu’habitèrent les Basques, après leur migration, fut une partie de l'Espagne ; ils l’appelèrent ville nouvelle, iriberi, ou pays nouveau, eri beri, eria (pays), beria, nouveau, ou iri (ville) ; or, leur manière de parler étant très brève, on a facilement supprimé dans la prononciation les deux premières lettres pour s’arrêter à la seconde voyelle i, et dire Ibérie. Les historiens les nommèrent Ibériens ; mais dès lors, comme aujourd'hui, ils étaient convenus de s’appeler escoualdounac. Ces prétendus Ibériens préférèrent bientôt de se concentrer dans un pays montagneux, que leurs bergers avaient découvert : il était proportionné à la population de la colonie ; il était d’un abord difficile, ce qui favorisait leur défense en cas d’attaque ; il ne pouvait d’ailleurs être envié de personne : ce n’était que bois et rochers, que repaires de bêtes fauves ; il n’y avait que des dangers à courir, nombre d’obstacles à vaincre ; ils n’en furent point rebutés, leur courage était supérieur à la crainte. 



On ignore d’où cette colonie a pu sortir, et quelle a été la cause de sa migration ; on peut croire qu’elle a précédé celle des Huns, Goths, Visigoths, etc., ou qu’elle en a été contemporaine, lorsque ces peuples vinrent inonder l’Europe ; mais il ne faut pas pour cela confondre les Basques avec ces barbares. Les Basques étaient naturellement doux, pacifiques ; ils ne cherchaient qu’un asile ; assez courageux pour avoir remis à la providence le soin de leur existence, et pour aller chercher loin de leur patrie la nourriture qu’un sol ingrat, ou trop peuplé pour son étendue, leur refusait ; les plus jeunes, les mieux constitués, se fiant à leur courage et à leur force, prirent ce parti ; tandis que les Huns, les Vandales, etc., enfin tous les barbares, animés de la soif des conquêtes et des envahissements, furent un torrent dévastateur, qui cependant respecta toujours la petite contrée qu'habitaient les Basques ; ils recherchèrent même leur amitié, et enfin les derniers des Goths en reçurent des secours, comme on le verra plus loin, quand je parlerai des derniers rejetons des Goths, qui existent encore grâce à l’hospitalité que leurs ancêtres reçurent chez les Basques."



A suivre...



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