LES TOMBES DISCOÏDALES.
L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :
- La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 22 juin 1922, sous la plume d'Henri
Godbarge :
"La tombe Basque.
Mais ces influences sont peu profondes. Le Basque est indépendant. Et son indépendance s’affirme dans son œuvre, dans les soins qu'il consacre à sa maison qui lui est chère. D’abord la matière façonnée est dure, résistante ; c'est une pierre meulière, de montagne, lourde. Celle-ci exige une très grande simplification de travail. Au reste, nous savons que l'interprète est inhabile. Il faut donc viser à la simplification en toutes choses. Et le Basque, constructeur, simplifie et, de ce fait, inconsciemment, stylise. Il crée dans un art de simplification, fait d'expression naïve. Au reste, cette simplification est bien le reflet de la mentalité du Basque de l’époque, comme du Basque de nos jours, en certains coins du pays. Le paysan de la montagne a les gestes sobres, le langage simple ; il s’exprime, en peu de mots, presque laconiques, les mots strictement nécessaires sur des sujets pratiques. Aussi quel contraste avec le latin, son voisin ! Celui-ci, au contraire, est verbeux. Il aime le verbe pour lui-même, pour les sonorités, pour les enjolivements qu’entraînent l’abus de la parole et une imagination excessive. Aussi, ce paysan ouvrier devenu tailleur de pierre simplement, péniblement, extraie sa pierre dure, des carrières environnantes, de la montagne ; pierre de grés, car elle est la meilleure. Il l'aplanit, la rend rectangulaire ou quadrangulaire. suivant le morceau qui s'offre à lui, en tous cas, suivant la forme circonscrite la plus simple, toujours par désir de limiter le travail superflu. Mais cette pierre doit être taillée pour un usage pieux : elle doit perpétuer le souvenir des morts qui lui sont chers, dont il a un culte ardent, culte qu’il conservera à travers les âges, intact, vivace. D'instinct, il comprend qu'elle doit présenter la forme la plus agréable à l'œil, la forme décorative. Les formes curvilignes sont d’ordre plus élevé que les rectilignes, que les quadrangulaires, dans les degrés des difficultés professionnelles. Et il tient à révéler le meilleur de sa science d’ouvrier pour ce soin pieux. Il adoucit donc les angles, sa pierre ayant été équarrie. Il enlève ainsi le moins de matière possible, car il aura toujours le dédain du travail inutile. Il obtient, donc, une figure inscrite curviligne, discoïdale, avec le minimum de travail que son instinct, et ses sentiments de religieux lui révèlent comme une figure évocatrice des choses de la mort.
Et voilà comment la tombe discoïdale est née. à mon sens !
Ainsi, d'instinct, il est arrivé, lui, l’ouvrier inexpert, fruste, à créer un type de pierre tumulaire que les artistes les plus savants et les plus affinés par des siècles d’atavisme artistique recherchent parfois, en vain. Ses successeurs n’ont eu qu’à copier. Ils ont été frappés de la pureté d’expression de ces formes, du caractère intense que cette synthèse décorative renferme, autant que nous le sommes nous-mêmes, à des siècles de distance. Et ainsi s’est transmise, de génération en génération, cette effigie tumulaire. Au reste, elle demande peu de pierre, peu de travail, et peut être obtenue rapidement par l’instrument spécial : le compas, que tout ouvrier, à tout âge, tient à honneur de posséder. Tout en conservant ce thème primitif, cette configuration limitative, chacun, à sa manière, brode, trace des signes familiers, les ornements géométriques, d’une géométrie encore rudimentaire, les objets usuels du défunt, tracés d’une main parfois enfantine, mais ornements assemblés avec la patience, le soin respectueux d’enrichir la dernière demeure de parents regrettés, d’ancêtres vénérés. Comme ces ornements, malgré leur multiplicité, leur assemblage varié sont encore impuissants à traduire ces mêmes sentiments de piété filiale, ils y ajoutent le secours de l'inscription : ces délicieuses lettres primitives tracées selon les mêmes traditions, aussi bien pour la stèle que pour le linteau, avec les mêmes moyens : de simples défoncés, au ciseau, sur une surface unie, bouchardée.
Et, ainsi, les tailleurs de pierre euskariens continuaient, en un métier intermittent, aux heures de morte-saison, quand le travail des champs ne réclamait pas une présence assidue, à dégrossir leur pierre de la Rhune, sous le hangar protecteur couvert de tuiles rouges, près du cimetière basque, tout proche de l’église et du fronton, entourés de cyprès sombres.
CHANTIE TAILLAGE DE PIERRES FRAYE ASCAIN PAYS BASQUE D'ANTAN |
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