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samedi 6 mars 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (quatrième partie)

  

LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



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TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 21 juin 1922 :

"La tombe Basque.



Mais, je n’hésite pas non plus à déclarer que s'il y a analogie ou apparence d'imitation entre ces divers éléments, en revanche, quelle différence n'existe-t-il pas entre eux et ceux qui entrent dans une composition d’art musulman, par exemple, puisqu’aussi bien cet exemple a été cité ? Cet art oriental est aussi riche que l'art euskarien est pauvre ; cet art oriental est aussi savant que l'art basque est naïf. L’expression décorative du premier révèle une fécondité, une somptuosité d’imagination inouïe, et un travail d’une patience admirable, tandis que le thème décoratif du second est d’une pénurie qui frise l'indulgence. Et combien différentes la facture, la technique, de l’une et de l’autre architectures ? Autant l’art arabe exige des ouvriers adroits, assidus, savants, géomètres exercés, autant l’art euskarien révèle une maladresse professionnelle, une ignorance de métier, et des instruments rudimentaires ! Donc, nulle similitude : deux arts révélant des mentalités, une instruction et des traditions complètement différentes, comme il fallait s’y attendre du reste... Pourquoi admettre, d'après ces données artistiques si différentes, que ces deux arts soient issus, tous deux, de survivances ayant la même origine, et surtout, la plus incertaine et la plus éloignée, l'origine ibérique ? 



Est-ce à dire qu'il n'y ait pas quelque légère pénétration d'un art sur un autre, que l'un ne soit modifié ou déformé même par des influences issues de l'autre ? Peut-on affirmer, par exemple, que l'art roman, quoiqu'il apparaisse comme un art très original, ne se ressente pas des survivances gallo-romaines et mérovingiennes dues aux époques qui l'ont précédé ?... Et n'y a-t-il pas aussi, dans le gothique, encore qu’il soit dû à des principes directeurs issus des arts orientaux, des survivances, ou générales, ou particulières, du roman dont il était la continuation ? 


pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBES DISCOÏDALES MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Art basque, art de terroir, éléments dus à l’influence du Moyen-Âge



Tout œil exercé retrouve infailliblement tous ces signes épars en ces différentes architectures, quand il se livre attentivement à des examens comparatifs. Il en est ainsi, dans cet art primitif de terroir qu'est l'art basque, bien entendu, qui n’est pas né tout entier, tout formé, des mains inexpertes et du cerveau des premiers constructeurs euskariens, à l’exemple de Minerve, qui, d'après la fable mythologique, était sortie tout équipée du cerveau de Jupiter. 



pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE ESPES
PAYS BASQUE D'ANTAN


La plupart des traits généraux de cet art sont ceux des constructions moyenâgeuses de l'époque. Les maisons sont en pans de bois, comme partout où il y a des bois et des forêts, avec encorbellements, sablières décorées d’accolades qui situent l'époque, et il en est ainsi en toutes les provinces françaises. Les motifs décoratifs, encore que plus rares en pays basque que dans la plupart des provinces françaises, rappellent des motifs romans ou même mérovingiens, car la production immobilière, peu ou prou, appartient toujours à son époque. Cette production en a les caractères, en quelque lieu que ce soit, et quelque ce soit celui qui l'ait enfanté, que l'instrument soit tenu par le plus simple, le plus fruste pâtre improvisé ouvrier, ou qu'il le soit par l'artisan le plus exercé de la plus savante corporation. Mais ce qui diffère, ce qui fait l'attrait particulier, c’est "l’expression", l’expression qui est, pour ainsi parler,  "l’écriture du professionnel", l'écriture d’une race, d’une région, celle qui permet à l'archéologue, à l’expert esthète, de discerner les différences entre la production gothique de la Bourgogne et celle de l'Ile de France, celle de Normandie ou de toute autre province. Et c’est justement l’expression qui fait l’intérêt des œuvres euskariennes. C’est à cette survivance de la manière, manière naïve, fruste, d'exprimer toute chose, manière comparable à celle des artistes mérovingiens et de l’art roman à son enfance que l’on doit retrouver un style, le style propre à cet art basque, car il y a un style basque. En cela, je me rencontre avec M. Colas. Mais voir en cet art, au lieu des influences précédemment énumérées, des influences anciennes, tellement anciennes qu’elles remontent aux Ibères, c’est brûler, trop rapidement, les étapes de l’histoire de l’art fondée sur les spécimens artistiques légués par des siècles ; c’est faire abstraction du processus continuel des manifestations artistiques aussi rudimentaires qu'elles puissent être, et c'est aussi écarter les influences ou indigènes ou voisines des arts locaux antérieures à l'époque de l’art euskarien que nous étudions ; c'est enfin passer sous silence une chose très importante pour un art de terroir presque directement issu des nécessités ou climatériques ou pratiques, car c’est ne pas parler des exigences des matériaux locaux et de la technique professionnelle. Et là, à mon sens, est peut-être la clef du mystère, l’explication la plus plausible, la clarté qui dissipe peut-être toutes les obscurités. 



Les nécessités de la matière et de la technique.



Il en est, en effet, de la tombe basque comme de tous les éléments de l’architecture euskarienne dont elle fait partie intégrante du reste, au même titre que le linteau, que la platebande, tous deux extraits des mêmes rocs de la montagne et façonnés, sculptés par les mêmes mains, sous les mêmes influences, avec les mêmes outils. 



pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE
MUSEE BASQUE BAYONNE


Et pour se cantonner, uniquement, dans l’étude de la tombe basque, pourquoi ne pas croire à une très grande prédominance, dans cet art de début, des nécessités inhérentes à la matière trouvée dans le pays, à des réalisations naïves, fruits directs d’ouvriers incultes, lesquels étaient des pâtres improvisés artisans, ou professionnels de villages se perpétuant les traditions familiales, de générations en générations, chez une race où elles sont encore très vivaces. Ces ouvriers improvisés subirent parfois des influences dues à d’autres ouvriers, ceux-ci véritables ouvriers, maîtres artisans éduqués, disciplinés, par les rites des corporations ; ouvriers venus des contrées voisines, ballottés par les hasards de la vie, aventureuse parfois, qu'était celle de ces professionnels du moyen-âge."



A suivre...



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