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samedi 17 avril 2021

LA TOUR D'AUVERGNE ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE AU PAYS BASQUE EN 1793 (deuxième et dernière partie)

 

LA TOUR D'AUVERGNE AU PAYS BASQUE EN 1793.


Théophile Malo de La Tour d'Auvergne-Corret est un militaire français, né en 1743 à Carhaix, en Bretagne, à qui Napoléon donna le titre de "premier grenadier de la République".


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LA TOUR D'AUVERGNE





Voici ce que rapporta à son sujet le journal Les Contemporains, le 23 juin 1895 :  



"...Malgré ses éclatants services, La Tour avait été, en 1793, menacé d'arrestation et il ne dut qu’à l'affection de toute l'armée, et particulièrement de ses grenadiers, d’échapper à cette mesure qui n'était d'ordinaire que le premier pas vers l’échafaud. Son nom, ses antécédents, ses opinions l’avaient rendu suspect aux terribles représentants du peuple qui jouaient avec la tète des généraux. La Tour d’Auvergne dédaigna de se justifier et continua de traiter de haut les commissaires de la Convention.



"Que désires-tu ? lui disait un représentant. — Tu as donc bien du crédit ? répliqua La Tour d’Auvergne. Eh bien ! fais-moi donner, ainsi qu’à mes grenadiers, des souliers ; c’est tout ce dont j’ai besoin pour le moment, et je n’ai pu encore l’obtenir du fournisseur. "

Un autre de ces représentants lui faisait demander pourquoi il n’était pas venu le saluer. 

"Va dire a ton maître, répond La Tour d’Auvergne,  que je suis à mon poste, et que je ne fais ma cour à personne ; que je ne connais d'autre devoir que celui de combattre l'ennemi de mon pays et de le vaincre. Dis-lui, s’il est tout-puissant comme tu l'annonces, de mettre l’Espagnol en fuite. Je l’entends qui s’avance, je vais faire battre la charge."



Les biens du brave capitaine avaient été séquestrés. "Mon faible patrimoine, écrivait-il, a été séquestré, comme si j’avais émigré, et tandis que je combattais pour ma patrie... je me trouve dans la nécessité d’emprunter pour faire ma route. Les assignats ayant perdu, jusqu'à ce moment, cinquante pour cent à Bayonne, et ne recevant pas de secours de chez moi, je me suis vu réduit à faire à pied et sans domestique les trois campagnes que je viens d’accomplir... Souffrons de certaines privations, soyons pauvres, mais sachons apprécier aujourd’hui notre existence morale comme elle doit être sentie de tout être qui a de l’élévation dans l’âme, et tenons, jusqu'à la mort, à nos serments, à notre foi donnée a la patrie." Et il signait : "Votre parent et frère en Révolution, le républicain La Tour d’Auvergne-Corret."



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LA TOUR D'AUVERGNE


Cependant les généraux, qui ne pouvaient triompher de la volonté de La Tour d'Auvergne de refuser tout grade supérieur, avaient imaginé de lui confier des fonctions de vrai général. On réunissait ensemble les grenadiers de la demi-brigade pour une opération difficile et on les mettait aux ordres du plus ancien capitaine. C'était La Tour d’Auvergne (sa nomination datait de 1784). Le lendemain, on réunissait les grenadiers de deux demi-brigades, ou d’une division, ou de toute l’armée. La Tour d'Auvergne commandait encore et se trouvait ainsi à la tète d’une division formidable d’hommes d’élite. 



Les généraux confiaient au capitaine l’exécution des coups de main audacieux, de toutes les entreprises difficiles. Ils l'appelaient souvent dans leurs conseils, le traitant comme un égal. Le vieux capitaine était le plus écouté et ses conseils étaient généralement suivis. Lorsqu’on hésitait à adopter un plan qui semblait trop hardi, et il l’aurait été sans doute pour tout autre troupe que celle de La Tour d'Auvergne, il s’écriait : "res non verba. Ce que je propose, je me charge de l’exécuter avec mes grenadiers." La colonne de La Tour d’Auvergne inspira une telle terreur aux Espagnols qu’ils l’appelèrent la colonne infernale. En plus d’une occasion, elle gagna la victoire, avant même que le Corps d’armée eût le temps d’entrer en ligne...



..."La colonne infernale, écrit le général Foy, ambitionnait, sous le commandement de La Tour d’Auvergne, tous les titres de gloire militaire, d’intrépidité, d’humanité : elle observait une discipline qui rappelle la conduite des armées romaines dans les beaux temps de la République ; elle campait une fois en Biscaye, dans des vergers plantés de cerisiers, et les soldats n’osèrent pas cueillir les fruits qui pendaient aux arbres... Paix aux chaumières ; telle était la devise qu’ils avaient reçue de leur chef, et leur respect pour les propriétés s’étendait à la demeure du riche comme à celle du pauvre. Durant le combat, le capitaine se battait comme un lion ; la bataille finie, il redevenait le plus doux des hommes.



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LA TOUR D'AUVERGNE


Cependant, avant la fin de la guerre, on avait dissous le corps des grenadiers réunis qui reparaîtront plus tard, avec Oudinot, dans les immortelles campagnes d’Austerlitz, d’Iéna et de Friedland, contre les Autrichiens, les Russes et les Prussiens. La compagnie de grenadiers de La Jour d’Auvergne fut versée dans la demi-brigade.



Quand les pourparlers pour la paix avec l’Espagne furent sérieusement engagés, La Tour d’Auvergne, malade et atteint du scorbut, sollicita sa retraite et rédigea lui-même le mémoire à l’appui. 



"Il a, disait-il, trente-trois ans de service accomplis sous les mêmes drapeaux, en y comprenant cinq campagnes, dont une à Mahon, une en Savoie, et trois dans les Pyrénées-Occidentales. Son corps usé, sa santé épuisée par les années, les veilles, les fatigues ; réduit par la privation des dents supérieures, à ne vivre, à bien dire, que de lait et d’aliments légers, attaqué d’un vice dans les organes de la vue ; parvenu, enfin, à l’extinction de ses moyens physiques, il vient solliciter de la justice de la Convention de vouloir bien lui accorder sa retraite à l’expiration de cette campagne : à l’égard, de son traitement, il demande qu'il soit appliqué aux citoyens nécessiteux de la ville où il est né. Il ne fera ici aucun exposé de sa conduite militaire, ni de ses sentiments civiques ; ses frères d'armes peuvent attester s’il s’est jamais écarté de la ligne des principes et. si quelqu’un l'a emporté sur lui par son dévouement à la patrie..."



Généraux, représentants du peuple à l’armée des Pyrénées-Occidentales annotèrent le mémoire de La Tour d’Auvergne. "Sa retraite est une perte pour l’armée, mais elle est fondée sur de longs et importants services et par l’impossibilité de les continuer," déclaraient les représentants, et ils invitaient toutes les autorités civiles et militaires à l’accueillir comme un défenseur éprouvé de la cause publique.  Le général en chef Moncey disait de son côté :



"La haute réputation du brave La Tour d’Auvergne, connu par ses talents militaires et par son courage héroïque, me dispense de lui donner des attestations qui seront toujours bien au-dessous de celles que la renommée lui a prodiguées à si juste titre."




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