LE PORT DE PASAJES EN 1902.
Le port de Pasajes (Pasaia), situé à l'embouchure de l'estuaire de Pasaia, près de Saint-Sébastien, est un port naturel, isolé dans la mer Cantabrique, avec laquelle elle communique par un étroit canal naturel d'une largeur maximale de 200 mètres.
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| PASAJES-PASAIA GUIPUSCOA VERS 1870 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Petite Gironde, le 19 juillet 1902 :
"Le Port de Pasajes.
En route pour l'Espagne.
Le voyage de Bordeaux à Pasajes par mer est bien le plus charmant que puisse faire un Bordelais. Nous en avons fait l’agréable expérience à bord du vapeur Bidassoa, de la maison Worms et Cie, sur lequel nous nous sommes embarqués dimanche dernier. Pas un passager n’a eu le mal de mer ; c’est peut-être grâce aux bons soins dont nous avons été entourés à bord par le jeune capitaine de la Bidassoa, M. Warluzel, qui a de qui tenir, puisqu’il est le gendre du capitaine Basroger, et des officiers composant l’état major du vapeur.
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| VAPEUR BIDASSOA COMPAGNIE WORMS |
Cependant, la traversée, qui avait commencé par calme plat, est devenue quelque peu houleuse, par suite d’un formidable orage qui nous a assaillis dans le golfe, et qui a duré de onze heures du soir à trois heures du matin. Le ciel était littéralement en feu, le veut soufflait avec rage, la foudre éclatait sur nos têtes avec des détonations formidables, et la pluie tombait à flots.
Il nous a été donné de jouir pendant quelques instants d'un phénomène de phosphorescence de la mer des plus intenses. On a aperçu tout à coup un espace lumineux qui figurait une espèce de route d'environ quarante mètres de largeur. La tranche lumineuse partait de la côte et allait se perdre à l’horizon. Le spectacle était vraiment merveilleux.
A huit heures et demie du matin, lundi, nous faisions notre entrée dans le port de Pasajes, le grand pavois hissé à l’occasion du 14 Juillet, et des nombreuses embarcations de pêche que nous croisons partent les cris : "Viva la Francia ! Viva la Republica francesa !"
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| BAIE DE PASAJES 1902 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le Port de Pasajes.
Il faut savoir qu'il existe un port à cet endroit, sans cela il serait impossible de le deviner. L’entrée se trouve entre deux montagnes de plus de cent cinquante mètres de hauteur, an pied desquelles sont les roches Arando Chico et Arando Grande. C'est sur cette dernière que s’est perdu corps et biens, le 3 mars 1897, le vapeur Blanche, dont seul le second capitaine, M. Le BailIif, resté à l'avant, parvint à se sauver en courant sur les roches, entre deux lames, jusqu’à la montagne.
Une simple croix blanche peinte sur le pied de la montagne rappelle ce terrible drame maritime. Le goulet qui mène au port est tellement étroit qu’il ne peut y passer qu’un seul vapeur à la fois. Ce goulet est lui même resserré entre de hautes croupes de rochers. Mais l'eau ne manque pas, il y en a 15 mètres à haute mer. Une fois dans le port on est en sûreté, car les navires sont à l'abri de tous les vents. On se croirait en Suisse, sur l’un des grands lacs. Entouré de hautes montagnes au pied desquelles s'étalent les villages de San Juan, San Pedro, etc., dont les maisons sont garnies de balcons aux couleurs vives, qui de loin sont d’un aspect charmant, Pasajes possède le plus beau port naturel que l’on puisse imaginer. Il n'a fallu que construire des quais et l'aménager. Malgré ses vastes dimensions, il devient trop exigu pour les nombreux navires qui le fréquentent. En ce moment on exécute des travaux destinés à l’agrandir.
Le Commerce des Vins à Pasajes.
Grâce à l'extrême amabilité de M. Male-Prade, le sympathique agent de la maison Worms et Cie, nous avons pu nous rendre compte de l'importance commerciale de Pasajes, importance qui grandit chaque jour aux dépens de Bordeaux, depuis 1899, année de la suppression des entrepôts spéciaux. Les Espagnols ont su profiler de cette aubaine, mais ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi la France a chassé de chez elle ce commerce, qui était si prospère. "C’est un magnifique cadeau que votre pays a bien voulu nous faire", nous disaient ils.
En attendant, Pasajes a monopolisé toute l’exportation des vins sur la République Argentine ; mais ce qui est plus grave, c’est que, petit à petit, les négociants établis dans cette ville sont arrivés à exporter des vins de table en Belgique, en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, et c'est là une concurrence nouvelle et dangereuse pour Bordeaux.
Nous avons visité des chais que d'importantes maisons de Bordeaux ont été obligées d’établir à Pasajes, pour ne pas voir une des branches importantes de leur commerce leur échapper par suite de la suppression des entrepôts spéciaux. Ces chais sont voûtés et admirablement organisés, le personnel est bordelais et les vins sont soignés comme à Bordeaux.
Certes, les vins que nous avons dégustés ne valent pas les vins de la Gironde, mais les acheteurs anglais, belges, hollandais, sont beaucoup plus nombreux que les connaisseurs, et le consommateur s’habitue si facilement à un vin ! Dès que les entrepôts spéciaux ont été fermés en France pour les vins espagnols, le gouvernement espagnol les a immédiatement créés pour les vins venant de France, et chaque maison a chez elle son entrepôt spécial.
Les principales maisons bordelaises établies à Pasajes sont : MM. Coustau frères, Thompson et fils, Boireau et Andrieu, Faurou et Cie, Anglade et Cie, veuve Vigneau et D. Cambours.
Nous avons pu nous procurer quelques statistiques sur le commerce de Pasajes en général et sur celui des vins en particulier.
Les voici :
Pour Buenos-Ayres, il part chaque mois de 1 000 à 1 500 tonnes de vins par les paquebots des Messageries Maritimes et ceux de la Compagnie des Chargeurs Réunis. (La Compagnie des Messageries Maritimes ayant supprimé son service de cargo-boats, les Chargeurs-Réunis font maintenant toucher à Pasajes deux paquebots chaque mois.)
Pour Rouen, on expédie de 150 à 200 fûts par mois.
Peur Bordeaux, 200 fûts et 500 barriques en moyenne par mois.
Pour l'Allemagne, la Belgique et la Hollande, 1 000 barriques environ par mois.
Depuis 1885, les vapeurs de la maison Worms et Cie ont chargé à Pasajes environ 100 000 tonnes de vin pour Bordeaux. Durant l'année 1895 à 1896, de septembre à septembre, ces vapeurs ont transporté 80 160 fûts et 57 505 barriques, soit un tonnage de 68 mil lions 613 693 kilos et de 1897 à 1898, toujours de septembre à septembre, 45 490 barriques et 60 763 fûts, soit un tonnage de 52 millions 493 716 Kilos.
Industries diverses.
D’autre industries françaises sont venues s’établir depuis quelques années à Pasajes. Nous citerons la fabrique de biscuits Olibet, la Bénédictine de Fécamp, la maison H. Garnier et fils, qui fait des cognacs genre français ; une fabrique de futailles cylindriques ; une confiserie française et la maison Marie Brizard et Roger, qui fonde en ce moment une fabrique de ses produits.
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Il existe encore une fabrique de pavés en verre, une fonderie, une fabrique de papier, etc., etc. Comme on le voit par ce rapide aperçu, Pasajes est devenu un centre industriel très important.
Ajoutons que Pasajes reçoit de Bordeaux d'importantes quantités de morues. De 1885 à 1901, il en a été importé 53 millions 27 376 kilos. De 1899 à 1900, on relève le chiffre énorme de 5 millions 693 166 kilos, et de 1900 à 1901, 5 millions 61 724 kilos.
Il y a aussi les importations de charbons de 1 000 à 15 000 tonnes par mois venant des Asturies, et 7 000 tonnes de charbon et briquettes par mois venant d’Angleterre.
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| WORMS ET CIE |
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