LE CHÂTEAU D'ESPELETTE.
Le château des Barons d'Ezpeleta a été bâti vers l'an 1000 et appartient à la commune depuis 1694, à la mort de la dernière baronne, Doña Julian Henriquez, baronne d'Espelette et vicomtesse du Val de Erro.
Il est inscrit monument historique par arrêté du 22 mars 2007.
Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), Arcangues, Maytie (Mauléon),
Bidache, Haïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre,
Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), Cheraute, Ahaxe,
Charritte, Menditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure), Larrea (Ispoure) Saint-Pée-
sur-Nivelle, Mouguerre, Mauléon, Sault (Hasparren), Jaureguia (Armendarits), Garro
(Mendionde), Beyrie sur Joyeuse, Etchauz (Saint-Etienne-de-Baïgorry), Luxe-
Sumberraute, les châteaux sans histoire, le château de Laxague à Ostabat, et le
château d'Aphat à Bussunarits-Sarasquetteil, voici aujourd'hui le château d'Espelette.
Voici ce que rapporta à son sujet le Bulletin du Musée Basque N°11 de 1929 :
"Le château d'Espelette.
Le château d'Espelette, situé sur une éminence, à l'écart du village, ne se présente pas tel qu'il était autrefois. Il fut démoli, tout au moins en partie, au XVIIe siècle, puis reconstruit peu de temps après; mais on ignore ses dispositions primitives et les changements qu'on y apporta dans la suite. Les aménagements réalisés beaucoup plus tard, pour y installer la mairie et les écoles, lui ont enlevé ce qui lui restait de son caractère primitif et en ont fait la construction sans élégance et on peut dire sans intérêt qui est parvenue jusqu'à nous.
Du reste il est peu probable qu'il ait jamais été un bel édifice. Simple maison forte à l'origine, c'était un ouvrage militaire où tout était sacrifié à la défense. Ses possesseurs n'avaient pas de raison de le transformer en une habitation plus élégante et plus confortable, car ils n'y résidaient pas d'une manière permanente. Ils passaient la plus grande partie de leur temps en Espagne où les retenaient leurs devoirs seigneuriaux, leurs intérêts et où ils se sont continués jusqu'à nos jours sous le nom de "Ezpeleta". On peut encore voir à Pampelune leur ancien palais, bel édifice, qui donne une idée parfaitement exacte du type de l'habitation de ville de la noblesse navarraise.
Ils étaient loin cependant de se désintéresser de leurs biens en Labourd, car ils en retiraient de grands revenus, ayant conservé des droits féodaux dans un pays où le régime féodal n'existait plus depuis longtemps.
CHÂTEAU D'ESPELETTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les origines de la seigneurie sont des plus anciennes ; elles remontent à la création de la vicomté de Labourd, si elles ne lui sont pas antérieures. En 1059, en effet, il est fait mention d'un ricombre de ce nom, don Asnar d'Espeleta.
Un siècle plus tard, Jean 1er d'Espelette est cité comme témoin dans la délivrance à la ville de Bayonne d'une charte de privilèges.
En 1270, on trouve un de ses successeurs à la dernière croisade avec Thibaut II roi de Navarre et plusieurs autres gentilshommes du Labourd. Il est désigné sous le nom de "seigneur d'Espelette, Souraïde et Anat".
Au XIVe siècle il en est question au sujet de la rivalité entre cette famille et celle des Saint-Pée. Des incidents qui en furent la conséquence ont été relatés dans un article précédent.
Enfin, au XVe siècle, se produisit un incident qui leur permit de donner des preuves de leur souveraineté dans leur seigneurie. Un désaccord s'éleva entre eux et le sénéchal du roi d'Angleterre sur un sujet qui n'est pas connu, mais qui devait concerner très probablement les droits de justice. A la suite d'une enquête dont il fut chargé, le comte de Dorcester, lieutenant général de Guienne, rendit, en 1413, la sentence suivante :
"... Auger, seigneur d'Espelette, ses antécesseurs et descendants avaient eu, avaient et auraient la justice des biens d'Espelette et que les baillis de Labourd ne pourraient entrer dans ses terres pour y prendre des décrets, même les étrangers, sans demander et obtenir la permission des dits seigneurs." C'était reconnaître l'indépendance de la seigneurie et elle ne fut plus contestée dans la suite.
Ayant de très gros intérêts des deux côtés de la frontière, ces nobles Labourdins eurent fort à faire pour conserver leurs prérogatives et cette situation particulière arriva à leur créer de sérieuses difficultés. Les rois de Navarre cherchaient à se les attirer en les gratifiant de nombreuses dotations ; aussi ne les regardait-on pas sans méfiance du côté français et cela non sans raison. Cependant c'est vers l'Espagne que se porta surtout leur activité et ils y gagnèrent de gros avantages.
CHÂTEAU D'ESPELETTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ils contractèrent des alliances avec les principales familles de la Navarre, les Beaumont, les Villaespeza, les Echauz. Les uns formèrent avec ces derniers la branche des vicomtes de Valderro tandis que d'autres fondaient la dynastie des seigneurs de Beïra.
Ils remplirent toutes les charges importantes du royaume, celles de chambellan, d'échanson, d'écuyer, de bailli, de mérin, etc... L'un devint même chevalier de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Les avantages qu'ils retirèrent de ces situations ne furent pas négligeables. On en a un aperçu par la donation de Charles le Noble, le 25 juillet 1408, à "son aimé chambellan et conseiller, Bertrand d'Espeleta, chevalier, seigneur d'Espelette en Labourd et vicomte de Valderro", qui concernait toutes les montagnes des Aldudes et de Luzaïde, pour en jouir toute sa vie durant."
De leur côté les rois de France comprirent l'intérêt qu'ils avaient à ménager ces gentilshommes dont les terres étaient limitrophes de la Navarre et qui jouissaient d'une grande influence dans ce royaume. Ils leur accordèrent bien des faveurs en diverses occasions et lorsque le roi Louis XI vint dans le pays, en 1462, il érigea la seigneurie en baronnie, en faveur de Jean d'Espelette à qui il accorda aussi une pension de quatre cents livres.
En raison même de ces avantages, il est certain que les Espelette durent se montrer habiles politiques pour conserver les faveurs royales des deux côtés des Pyrénées, lorsque les intérêts des deux nations se heurtaient. Tant que la Haute Navarre eut des souverains intéressés à favoriser la politique française, la chose resta possible ; mais il n'en fut plus de même lorsque le roi d'Espagne eut annexé ce royaume à ses états. Malgré toute leur diplomatie et leurs efforts pour ménager le roi de France et le roi d'Espagne, il arriva un moment où il fallut choisir.
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