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mercredi 18 septembre 2024

LE TRAGIQUE DESTIN D'EUZKADI EN 1938 (huitième partie)

 


LE TRAGIQUE DESTIN D'EUZKADI EN 1938.


La guerre civile espagnole, du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939, contraint plusieurs centaines de milliers de Républicains et de Basques à l'exil dans le monde entier.


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EXIL A HENDAYE SEPTEMBRE 1936



Je vous ai parlé dans un article précédent de la septième publication de Pierre Dumas, au sujet 

des Basques dans la guerre civile espagnole.



Voici ce que rapporta Pierre Dumas, dans le quotidien L'Aube, le 30/08/38 :



"Le tragique destin d'Euzkadi.

IV. — D'Arana Goiri à Antonio Aguirre.

(Par Pierre Dumas)



La révélation était faite. L'intelligence et la volonté de Sabin, servies par les erreurs de l'Espagne, allaient faire le reste. Un apôtre était né. Madrid allait en faire un martyr.



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SABINO ARANA GOIRI


Avant d'agir, l'homme coordonna la doctrine. Le fait nouveau, le fait essentiel, c'est que le nationalisme basque demande une indépendance totale vis-à-vis de Madrid quel que soit le régime.



A la différence des autres nationalismes qui naissent dans le vacarme et l'agitation, celui-ci débute dans le silence et l'étude. Ce n'est pas par un coup de foudre que le mouvement s'annonce au peuple, ni par de tonitruants discours, mais par l'exemple d'une vie intérieure ardente, d'une extrême sévérité du chef pour lui-même et de son sacrifice total à la Cause.



Bientôt, Madrid s'émeut et, suivant une vieille tactique, jette Sabin en prison. Aussitôt, la lumière éclate plus intense. L'élite intellectuelle des Basques se déclenche et, avec elle, l'opinion, car on avait compté sans les sentiments violents des foules pour ceux qui sont injustement frappés.




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SABINO ARANA GOIRI


Alors qu'Arana Goiri est à peine connu, il se présente à la députation provinciale et obtient un triomphal succès. La prison l'a mis en vedette, l'élection consacre sa popularité. Il devient, aux yeux des siens, le sauveur de la patrie. Bien plus, un tel homme ne peut avoir une mort banale. Dans une geôle de Bilbao, Alphonse XIII le laisse mourir à petit feu de privations et de fatigue. On ne le relâche que pour le laisser mourir chez lui, en octobre 1903, à l'âge de 53 ans.



Le peuple basque épuisé par les guerres carlistes, par les proscriptions et par les persécutions, se relevait autour d'une tombe. Il n'avait plus seulement Guernica comme lieu de pèlerinage mais aussi l'étroit cimetière où dormait son nouveau chef. Aux dictatures nationalistes basées sur la force, il faut un homme qui parle, qui dirige et qui parade. A un nationalisme d'idées, un tombeau et un idéal ont suffi.



En septembre 1933, je fus reçu à la maison d'Arana Goiri à Bilbao, dans ces pièces où s'était produite la révélation, dans ces chambres qui étaient devenues le centre et le cerveau des oeuvres nationalistes basques. En ces lieux, tout parlait du maître. Les murs entre lesquels il vécut, la galerie vitrée qui était devenue son bureau, les portraits, les drapeaux, les souvenirs. Il était là, plus réel que s'il s'était promené au milieu de nous, car il vivait dans les regards de ses continuateurs et dans le langage des enfants.





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SABINO ARANA GOIRI



Puis, j'avais vu les admirables réalisations opérées par les Basques rénovés. J'avais vu des écoles bondées d'enfants ; j'avais assisté à des cours du soir où, assis sur des bancs de gosse, des hommes de 50 ans, des avocats et des marins, des banquiers et des débardeurs, venaient réapprendre la langue des ancêtres. J'avais vu des syndicats ouvriers, la célèbre "Solidaridad" forte de cinquante mille cotisants ; j'avais vu des journaux quotidiens, des hebdomadaires, des revues, des tracts, des affiches, chanter la renaissance. J'avais vu des danses sur les places publiques. J'avais vu des cohortes de jeunes gens s'en aller, le dimanche, dans les villages les plus obscurs, propager des chansons antiques. J'avais vu l'oeuvre unique des Mendigoizalé, groupant 40 000 adolescents pour les envoyer à la montagne et à la mer. J'avais vu des cercles de haute culture. J'avais vu surtout la joie de vivre, l'orgueil de ce peuple qui regardait avec fierté son propre rajeunissement. Je revenais de Madrid, de Cieutat Real, d'Andalousie, où la misère, une misère épouvantable m'avait écoeuré... Et je trouvais ici le bien-être général, la dignité humaine restaurée, un sens social parfait dans les classes dirigeantes, une émouvante volonté de travail dans les classes laborieuses. Bref, dans une Espagne en décomposition, je trouvais un Pays Basque vigoureux. A n'en pas douter, ce peuple ressuscitait économiquement, physiquement, moralement.



Depuis 1903, le nationalisme basque, pacifique et démocratique, s'élevait lentement vers son idéal, dominé par le souvenir et la doctrine, par l'exemple et par l'élan d'Arana Goiri plus que jamais vivant.



Ce mouvement était intense et profond. A Bermeo, on me présenta, entre des centaines, un gosse héroïque dont l'histoire me révéla l'âme populaire. Au cours d'une grève de marins, la troupe espagnole, fusils chargés, repoussait la foule basque. Un soldat appuyait le canon de son fusil sur la poitrine d'une enfant de 12 ans. Devant ce geste, le gamin s'était redressé et, regardant le militaire les yeux dans les yeux, lui criait : "Tu as du courage ?... Mais pas tant que moi. Tire donc et tue moi, puisque je crie : Mort à l'Espagne".




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SABINO ARANA GOIRI

Un petit pêcheur qui, dans un moment où si souvent les fusils partent seuls, provoque un soldat dont l'arme est braquée sur son coeur... Voilà qui, plus qu'un grand discours, me révéla l'âme des Basques d'aujourd'hui !



En 1936, quand éclata la révolution de Franco, il y avait ainsi, disséminés en trois provinces, des milliers de gosses comme celui de Bermeo, des milliers de pères et de mères décidés à mourir pour maintenir à la fois un idéal et un bien-être inconnus du reste de la péninsule. Il y avait aussi des centaines de chefs qui s'étaient révélés en même temps que la doctrine, des chefs savants dévoués, intègres et purs. En la personne de l'un d'eux, s'est incarnée pour le peule tout entier l'âme d'Arana Goïri, celui-là se nomme Antonio Aguirre, se devait, en face des centralisateurs actuels, exalter l'âme rénovée de sa race.




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JOSE ANTONIO AGUIRRE Y LESCUBE
PRESIDENT GOUVERNEMENT BASQUE 1936


"Era una Mañana"... c'était un matin. Le peuple basque connaît aujourd'hui la nuit sombre et triste mais il sait que, fatalement, les aurores reviennent pour ceux que l'espoir n'a jamais abandonnés."



A suivre...






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