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mercredi 4 septembre 2024

LA DESTITUTION DU COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1794 (quatrième partie)

 

LE COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE DE BAYONNE EN 1794.


A partir d'octobre 1793, le Comité Révolutionnaire sévit à Bayonne, en Labourd.




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COMPAGNIE FRANCHE DE BAYONNE 1793
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin N° 3 de janvier 1929 de la Société des Sciences, Lettres, 

Arts et Etudes Régionales de Bayonne, sous la plume de René Cuzacq :



" Origines (suite).



... Mais si fort qu'ait été le courant anti-jacobin de l'opinion bayonnaise, il lui fallut subir bon gré mal gré les conséquences de la nouvelle poussée révolutionnaire. Sous le coup de la défaite de Neerwinden et des craintes d'invasion sur la frontière nord, les 18 et 21 mars 1793, la Gironde encore maîtresse de l'heure concédait et faisait voter par la Convention la création de "Comités de surveillance", auxquels elle refusa explicitement le nom de "Comités révolutionnaires" et qu'elle entendit très strictement limiter au contrôle des étrangers. En exécution du vote de la Convention, le 8 avril 1793, un Comité de surveillance fut effectivement formé à Pau, recruté parmi les seules autorités en résidence dans la ville, par un arrêté des députés à la Convention Nationale, commissaires dans les départements ; c'est à ce Comité qu'est très probablement communiqué l'arrêté de Féraud et de Garrau du 16 Août 1793 sur la mise en état de siège de Bayonne.



Rien de pareil ne semble avoir été fait dans notre ville. Alors qu'un peu partout se fondent çà et là des Comités qui déjà s'intitulent "révolutionnaires", aucune trace n'en existe ici. Le groupe local des jacobins, la célèbre "Société des amis de la liberté et de l'égalité, paraît être restée inerte en l'occurrence ; à consulter ses registres, il y appert un seul acte manquant : le discours du citoyen Latour d'Auvergne, capitaine de grenadiers du 80e régiment, le 2 juin 1793.



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LA TOUR D'AUVERGNE


Au contraire, les Girondins sont plus que jamais maîtres de notre cité ; s'inspirant de leur tactique "fédéraliste", les trois sections dont se compose la commune de Bayonne réclament de la Convention sa tâche essentielle, le vote d'une Constitution.



Mais la Convention Nationale dans sa séance du 23 Août 1793 régularise et généralise encore l'institution des Représentants en mission ; elle dresse la longue liste de ceux qui sont envoyés dans les départements ; près de l'armée des Pyrénées occidentales dont l'arrondissement englobait les Basses-Pyrénées, les Landes, le Gers, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne et la Dordogne, furent ainsi désignés Dartigoeyte, Garrau, Monestier (du Puy-de-Dôme), Pinet aîné, et peut-être dès ce moment Cavaignac. Pinet aîné, Monestier et Cavaignac devaient se réserver en fait la région de Bayonne.



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PORTRAIT DE JEAN-BAPTISTE CAVAIGNAC 


On note le passage de Pinet à Périgueux le 13 Septembre ; le 28 Septembre Pinet aîné et Monestier sont à Pau où ils intiment à toutes les femmes l'ordre de porter la cocarde tricolore ; les 3 et 4 Octobre, les voici enfin à Bayonne. Mais ce n'est encore qu'une prise de contact, l'occasion de donner leurs directives aux chefs de la Société Populaire. Les représentants partent presque aussitôt pour les Landes, département "patriote", réserve faite des villes de Dax et St-Sever et des difficultés qu'y rencontre le recrutement ; ils y réquisitionnent de nombreux sacs de grains et surtout y commencent cette série de mesures violentes dont le retentissement se répand jusqu'aux rives de l'Adour.



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COMITE SURVEILLANCE REVOLUTIONNAIRE


Les voici enfin de retour à Bayonne le 27 Octobre 1793. Ils peuvent éprouver déjà les conséquences de leur visite du début du mois. En face du parti girondin, encore maître théorique des autorités locales, où "les nobles, les hommes à grande fortune... les persécuteurs des patriotes" au dire de Pinet, font toujours la loi, le parti jacobin est en train de s'épurer par l'élimination des éléments modérés qui se trouvent dans son sein. Le 1er Octobre, la Société des amis de la liberté et de l'égalité est devenue la Société républicaine des sans-culottes de Bayonne ; la parisien Leclerc est nommé Président ; Derrécagaix, Martineau, Coutanceau, Dussaut sont nommés secrétaires. La Société régénérée décide aussitôt de créer dans son sein divers comités, de finances, de correspondance et d'instruction publique, et aussi un comité de surveillance. C'est la première mention qui est faite à Bayonne de cette institution ; elle n'est d'ailleurs pour l'instant qu'une émanation du Club local, responsable devant lui et sans pouvoirs par trop définis encore. 



Ce comité ne tardera pas à disparaître comme faisant double emploi avec un Comité officiel bien vite institué ; dans celui-ci figurent les noms d'Aillet, de Coutanceau, de Duvau, de Lartigue ; or ceux-ci apparaissent comme les meneurs de la Société populaire ; celle-ci s'est empressée dès le 1er Octobre de proclamer leur civisme et leur réélection avant tous les autres membres soumis eux aussi au crible de sa critique.



Et déjà ces hommes manifestent leur indépendance ; ils tranchent au gré de leurs désirs sans qu'aucun frein ne leur semble susceptible de venir s'opposer à leurs volontés. Les 2 et 3 Octobre, ils font admettre dans leur sein le général Laroche, Ysabeau, Monestier, Pinet, à l'unanimité, mais ils offrent le spectacle peu commun d'une Société populaire qui, "ajournant" l'admission des députés Garrau et Féraud, jette du même coup un doute dangereux sur leur civisme. Or, il y a beau temps déjà qu'ils exercent leur mission à Bayonne. N'est-ce point là une manoeuvre préventive contre les révélations possibles qu'ils pourraient apporter à leurs nouveaux collègues Pinet, Monestier, Cavaignac ? Ce dernier est admis peu après en même temps que Dartigoeyte, le 6 Brumaire An II, non sans quelques difficultés cette fois encore.



Quoi qu'il en soit, l'accord se maintient étroit entre ces derniers et la Société régénérée ; ils ne veulent pas entrer dans ces querelles locales et ces questions de personnes. A la demande du Club, le 10 Octobre 1793, la municipalité de Bayonne est destituée, comme fédéraliste et parce qu'ayant eu des relations coupables avec Armand Meillan le député proscrit. Elle cède la place à une municipalité jacobine dont Leclerc devient maire ; nous y relevons les noms de Rives, Santivagnès et peut-être Saint-Pé (Sempé) que nous allons retrouver au premier comité révolutionnaire ; de même celui de Danglade, sans doute aussi le futur membre du second comité.



Le même jour, en effet, le 10 Octobre 1793, les Représentants du peuple désignaient comme membres du Comité de surveillance de la commune de Bayonne les citoyens Aillet, Duvau, Lartigue, Destibaux, Graillé, Coutanceau, Pflüger et Grimaux, et les huit membres prêtèrent le serment civique entre les mains du maire "de bien et fidèlement remplir les fonctions importantes qui leur sont déléguées". Il y eut plus tard quelques modifications dans sa composition. Quoi qu'il en soit, le Comité révolutionnaire de Bayonne commençait son histoire.



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COMITE SURVEILLANCE REVOLUTIONNAIRE



Une première période d'activité du Comité révolutionnaire va du 10 Octobre 1793 au 31 Janvier 1794. L'institution a singulièrement grandi en force et en puissance depuis les jours de Mars jusqu'à l'instauration de la Terreur. Presque sans mesures légales, plus ou moins spontanément, au gré des circonstances, les 20 000 Comités qui existent maintenant en France sont les vigilantes sentinelles de la République, dont l'activité incessante domine tantôt une commune, tantôt un canton, tantôt un district entier.



La grande loi du 17 Septembre 1793 leur confie l'arrestation en masse de tous les suspects, la création et la surveillance de maisons de réclusion où ceux-ci sont détenus jusqu'à la paix. Au besoin, le Comité peut les livrer à l'accusateur public près le tribunal criminel révolutionnaire du Département. Il appartient en outre aux Comités d'épurer tous les corps constitués, administrations de district, corps municipaux, tribunaux multiples, notaires publics, fonctionnaires de l'Etat. La poursuite des menées contre-révolutionnaires, plus spécialement la lutte contre le "fanatisme", c'est-à-dire contre le catholicisme, la surveillance des affaires militaires et la recherche des déserteurs rentrent dans le ressort de leur activité ; taxe des riches et impôts civiques, contrôle des biens nationaux et de leurs ventes, des réquisitions en nature et e la vie économique, aussi bien que des fabrications de la défense nationale, tout cela leur est encore dévolu ; à eux seuls de délivrer ces certificats de civisme dont le seul refus suffit pour être mis au rang des suspects ; à eux aussi de prendre au cas d'urgence toutes les mesures de salut public qui s'imposent. Les autorités anciennes ne sont plus que des machines administratives sur lesquelles les Comités révolutionnaires ont la haute main et ceux-ci voient le grand décret du 14 Frimaire An II — 4 Décembre 1793 — apporter à leur activité une consécration légale formelle. Mais il est un pouvoir qui leur est supérieur : devant les décisions des représentants du Peuple, les Comités ne peuvent que s'incliner ; c'est là l'autorité qui se superpose à la leur, aussi absolue dans son domaine qu'étaient leurs pouvoirs dans leur sphère d'action propre.



Ceci est la théorie du pouvoir révolutionnaire — mais la pratique a beaucoup varié selon les cas. Qu'a donc fait le Comité de Bayonne et quels étaient d'abord les membres qui le composaient ?



A suivre...







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