L'ÉGLISE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE (deuxième partie)
L'ÉGLISE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ.
L'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz est renommée pour son retable du 17ème en bois doré et pour y avoir vu y célébré le mariage du roi Louis XIV le 9 juin 1660.
L'église est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 7 mars 1931.
INTERIEUR EGLISE SAINT JEAN-BAPTISTE SAINT-JEAN-DE-LUZ D'ANTAN
Voici ce que rapporta à ce sujet le bulletin de la Société des sciences, lettres & arts de Bayonne, du
Il y en a une du côté nord, tout près du transept. Elle est protégée par un auvent, et, pour y accéder, on descend trois marches.
L'ouverture présente une forme peu commune. Reposant sur des impostes, l'encadrement supérieur est constitué par un appareillage décrivant la figure d'un trapèze à trois côtés égaux. Les angles supérieurs de ce trapèze sont découpés dans les deux claveaux qui enserrent la clé. Au-dessous de ces claveaux d'angle, deux autres taillés en coin constituent chacun des côtés.
La clé, qui est en saillie et de forme rectangulaire, porte le millésime de 1663, entouré d'un ornement quadrilobé.
Les encadrements latéraux sont décorés de deux pilastres très simples, que prolonge une ornementation où, à la partie supérieure, figure une importante pointe de diamant.
La clé, les pilastres et les moulures en général sont à double ressaut.
L'ensemble est surmonté d'un fronton brisé, d'où se dégage une niche, couronnée elle-même d'un fronton curviligne. La niche, dessinée en plein cintre, abrite une statue dorée de la Vierge portant l'Enfant-Jésus.
Une autre porte s'ouvre sur le porche. Etroite et basse, elle est ornée de deux voussures en forme d'anse de panier. Les jambages reposent sur des socles polygonaux à ressaut, jambages et socles fort mutilés.
La porte principale de l'église est percée dans le mur méridional, occupant, dans la seconde travée comptée à partir du porche, tout l'emplacement compris entre deux contreforts.
PORTE DE L'EGLISE SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN
L'ouverture est ébrasée et son sommet est en forme d'arc brisé, mais de brisure peu prononcée. Elle est garnie dans toute sa profondeur de voussures d'inégale grosseur. Les jambages reposent, sans l'intermédiaire de colonnettes, sur des bases allongées, garnies de tores, et à profil polygonal.
Le tympan est décoré d'une ornementation assez pauvre, de style flamboyant, et qui ne semble pas terminée. Un trumeau à profil rectangulaire, épais, en saillie sur l'ouverture et flanqué de deux corbeaux entaillés d'un cavet, soutient le linteau qui, sur les côtés, repose sur deux autres corbeaux. Il est orné d'une statue de saint Jean-Baptiste, dont le socle est supporté par trois colonnettes engagées. Il se continue sur le tympan qu'il coupe fâcheusement dans toute sa hauteur. Accolé au trumeau, un dais surmonte la statue. En forme de clocher accompagné de deux clochetons, il est traité lui aussi dans le style flamboyant avec de nombreux crochets et une culture très poussée.
Avouons que l'oeuvre est peu réussie et ne s'harmonise pas avec le caractère extérieur de l'édifice.
Les fenêtres.
— La nef est éclairée du côté méridional par trois grandes baies allongées, couvertes d'arc en plein cintre. Elles sont ébrasées, à l'intérieur et à l'extérieur, sur tout leur contour. La pierre formant la clé porte sur la face extérieure la date de construction, 1760 pour les deux premières du côté du porche, 1761 pour la troisième.
Du même côté, dans sa partie haute, le mur est percé de trois fenêtres qu'il est difficile de rattacher à un style déterminé, dénotant cependant la fin du gothique et le début de la Renaissance. Toutes trois ont une structure générale commune. Ce sont des fenêtres couvertes d'arc en plein cintre. Elles comportent dans leur ébrasement extérieur deux archivoltes dont les pieds-droits reposent sur des bases à ressaut, cannelées et garnies de tores. Un svelte meneau les partage en deux petites baies surmontées d'un remplage. Elles se différencient par la forme des baies secondaires et l'ornementation du remplage. Pour deux d'entre elles, l'encadrement est couronné d'arcs très surbaissés en anse de panier avec la partie inférieure découpée de trois petits lobes. Pour la troisième, il s'agit de baies en plein cintre, ornées aussi de trois lobes mais ceux-ci très prononcés. Quant à l'ornementation des remplages que nous ne décrirons pas en détail, bornons-nous à dire que, variée dans chacune des ouvertures, elle dénote le travail d'artisans locaux, qui se sont plu à juxtaposer des styles divers.
FENÊTRE HAUTE DU MILIEU EGLISE ST-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN
Ces fenêtres présentent la particularité d'être munies de bancs de pierre dans l'embrasure intérieure. Cette disposition que l'on rencontre fréquemment dans les édifices publics ne se comprend guère dans une église. Elle nous fait émettre l'hypothèse qu'à St-Jean-de-Luz il aurait pu y avoir dans la partie supérieure de la nef une salle réservée aux assemblées communales, car on sait qu'avant la construction de la Maison de Ville en 1657, ces assemblées se réunissaient à l'église. Bien entendu, nous formulons cette hypothèse sans nous y attacher outre mesure.
Le mur septentrional est percé d'une seule grande baie cintrée, semblable à celles du côté méridional. Une petite fenêtre également cintrée la surmonte. Trois autres du même modèle sont ouvertes dans une autre travée, placées les unes sous les autres.
Des gonds restés fichés dans le mur indiquent qu'à une certaine époque ces fenêtres étaient munies de volets, sans doute à défaut de vitrage.
Chaque chapelle du double transept est éclairée par une grande baie de même forme que celles de la nef, mais de dimension moins grande. Au-dessus de celles du côté méridional on lit la date de 1650. Dans la partie nord elles ne portent pas de millésime. L'embrasure extérieure de ces baies est ornée de moulures formant des panneaux étroits et allongés.
L'abside est percée, à sa partie supérieure et sur chaque côté, d'un fenêtre plus petite. Les ouvertures sont cintrées, et, sur la clé de l'arc extérieur, est inscrite la date de 1701.
Ce dernières fenêtres, celles de l'abside comme celles des transepts, sont ornées de verrières. Des images de saints y sont représentées : saint Pierre et saint Jean-Baptiste dans l'abside, saint Sébastien et saint Jacques-le-Majeur dans les chapelles de gauche, saint Augustin et sainte Jeanne dans les chapelles de droite.
Trois fenêtres à faible hauteur éclairent la sacristie logée sous le maître-autel. Celle du milieu porte la date de 1857.
Avant de clore cet exposé des ouvertures, il convient de mentionner que le mur méridional porte les traces de fenêtres plus anciennes. Deux d'entre elles, dont l'une, simplement bouchée du côté intérieur, reste intacte à l'extérieur, présentent de petites baies géminées surmontées d'arcs en accolade.
Le dessin d'une ouverture plus grande et cintrée se voit encore dans la partie du mur méridional correspondant à la quatrième travée. C'est également dans cette travée que se trouvent les traces de la porte à laquelle est attaché le souvenir de Louis XIV qui y passa pour son mariage.
PLAQUE SUR LA PORTE MUREE APRES MARIAGE LOUIS XIV EGLISE SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN
IV. — La Décoration et les Accessoires.
Le Maître-Autel et son retable.
— Suivant une disposition particulière à la plupart des églises du Labourd, l'abside renferme à la fois le maître-autel et la sacristie. Le maître-autel est posé sur un plancher surélevé auquel on accède par une large escalier de 10 marches. La sacristie se loge au-dessous, son propre plancher étant en contre-bas du sol de l'église. De chaque côté de l'escalier, elle a une entrée précédée d'une descente de 4 marches.
Une très belle balustrade en fer forgé, oeuvre du XVIIe siècle due aux habiles ferronniers de la région, garnit l'escalier et se continue de chaque côté de l'étage supérieur, avec ambon ménagé aussi de chaque côté.
L'autel est de structure très simple.
AUTEL ET RETABLE EGLISE SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN
De dessin rectangulaire il n'a pas d'autre décoration que l'antipendium encadré d'une large et riche baguette en bois sculpté et doré. Il y a une seule tablette dans le fond pour les candélabres. Le tabernacle est à deux corps de plan polygonal et garnis de panneaux sur lesquels sont représentés en bas les évangélistes, en haut saint Pierre et saint Paul. A la partie supérieure, de chaque côté, un ange soutient un candélabre. Ce dernier ornement paraît une adjonction moderne.
De même dorure que le retable qui se développe magnifiquement tout autour, l'autel s'harmonise parfaitement avec lui. L'ensemble est parfait. Le retable se compose de trois ordres de hauteur décroissante. Les deux premiers comportent six colonnes chacun, le troisième, flanqué d'ailerons, quatre seulement. Toutes ces colonnes sont torses et leurs chapiteaux sont de style composite. Elles supportent des entablements complets, dont la décoration varie à chaque étage, de même que celle des colonnes.
RETABLE EGLISE SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN
Au premier étage, la frise est ornée de branches et de palmiers ; au deuxième, de rinceaux ; au troisième, de têtes d'anges accostées de deux ailes.
Les colonnes du premier étage sont enlacées un peu lourdement de rameaux de vignes où, mélangés à des enfants nus, des oiseaux picorent des grappes. Sur les deux côtés de l'abside qui ne comportent que deux étages, les colonnes sont remplacées par des pilastres recouverts d'une guirlande en chute, et les chapiteaux, par des culs-de-lampe constitués par des bustes de femmes soutenant l'entablement de la tête et des bras.
Entre chaque colonne se trouvent des statues, sur socles soutenus par des culs-de-lampe. Il est légitime de penser que le choix des saints qu'elles représentent répondait le mieux à l dévotion des habitants, à l'époque où elles furent placées.
A l'étage inférieur sont rangés : à droite de l'autel, la sainte Vierge et dans son voisinage immédiat, l'ange de l'Annonciation, saint Gabriel, puis saint Fabien, saint Etienne, saint Augustin ; à gauche, saint Joseph, saint Pierre, saint Léon, qui fit revivre la foi chrétienne dans le Labourd après les invasions barbares, saint Antoine de Padoue, saint Roch, spécialement invoqué dans les épidémies. Les noms des saints que représentent celles de ces statues qui occupent les parties latérales du sanctuaire, sont inscrits sur les socles.
Au deuxième étage, occupant la place d'honneur, voici saint Jean-Baptiste, le patron de l'église ; à ses côtés, le grand saint basque, François-Xavier, et Saint Laurent, reconnaissable au gril qui se trouve derrière lui, puis saint Louis, roi de France, à qui fait pendant une reine, tenant par la main un jeune enfant porteur d'un panier : sainte Jeanne.
Ces statues n'ont pas une taille égale, mais, grâce à des socles plus ou moins élevés, les têtes atteignent le même niveau. La statue de Saint Louis n'a pas de socle. Elle est plus grande que ses voisines.
Au troisième étage, trois statues seulement. Deux évangélistes, sans attribut qui les caractérise, encadrent l'Assomption de la Sainte Vierge, et tout en haut, dans le cadre d'un demi-cercle, la figure du Père Eternel, surgissant d'un fond de nuages et le monde à ses côtés. Ce demi-cercle, formant fronton, est surmonté du pélican symbolique se déchirant le sein, les ailes déployées, entre deux anges à demi étendus.
Sur les côtés, le retable enveloppe de sa décoration les deux baies qui éclairent l'abside, les orant de frontons, d'archivoltes et de pilastres. La partie resserrée entre ces deux fenêtres et le transept est garnie d'une décoration accompagnant deux petites statues, saint Joseph à droite, sainte Catherine à gauche. Cette décoration forme de chaque côté un ensemble particulier, dont le fronton, de forme triangulaire, est orné de vases à bouquets.
Au-dessus du tabernacle, des nuages d'argent, parsemés de têtes d'anges accostées d'ailes, forment un fond de décor. Du milieu de ces nuages se détache une colombe, aux ailes déployées, représentant le Saint-Esprit. Elle est surmontée de deux anges soutenant une couronne.
Le voisinage de l'Espagne, dont la Renaissance a doté les églises de retables à grand développement et chargés de sculptures dorées, nous a valu la conception de ce grand retable, et, dans son ornementation, on reconnaît la même influence. Cependant, il se sépare des ouvrages espagnols du même genre par un dégagement très net des lignes architecturales, une heureuse ordonnance et plus de mesure dans la décoration, ce qui en fait une oeuvre de marque française fort remarquable et unique en son genre. Nous pourrions faire des réflexions équivalentes à propos des retables qui garnissent les chapelles latérales et dont la description va suivre."
A suivre...
(Source : Wikipédia)
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