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jeudi 19 septembre 2024

LES TROUBLES AUX ALDUDES EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1830 (deuxième et dernière partie)

TROUBLES AUX ALDUDES EN 1830.


En 1830, la commune des Aldudes est peuplée d'environ 2 300 habitants et est administrée par le Maire M. Charles Schmarzow.




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LES ALDUDES BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Messager des Chambres, le 9 juillet 1830 :



"Sur les troubles aux Aldudes.



La gazette qui s'imprime en langue espagnole à Bayonne contenait dans un de ses derniers numéros un article sous la rubrique de Pampelune, le 11 juin dernier, portant en substance qu'à la sollicitation du vice-roi de Navarre, et grâces à sa persévérance, il était parvenu, par l'intermédiaire de l'ambassadeur d'Espagne à Paris, à obtenir du gouvernement français l'ordre par le préfet des Basses-Pyrénées de faire exécuter le traité signé en 1785 entre les commissaires des deux puissances, Caro et Ornano, relatif à la délimitation ridicule du pays Quint ou indivis. Voici quelques particularité sur la conduite que tint M. le commissaire du roi de France dans cette opération :


M. Ornano avait épousé une demoiselle d'Echaux, tante de Mme la comtesse Harispe, née d'Echaux. Il devint créancier de cette maison pour une somme considérable. A la mort de M. le vicomte d'Echaux, frère aîné de Mme Ornano, sa succession se trouva tellement obérée que M. Ornano perdit sa créance presque en même temps que son épouse. C'est après ces malheurs qu'il sollicita et obtint du roi cette mission de haute confiance pour la délimitation du pays Quint, afin de concilier les intérêts de la vallée de Baïgorry avec ceux des vallées espagnoles. M. Ornano, très indisposé contre la maison d'Echaux, à son arrivée à Baïgorry, descendit chez M. le curé et se rendit ensuite près de M. le général Caro, commissaire de la cour de Madrid, qui se tenait tantôt à Bastan, tantôt chez les chanoines de Roncevaux. Il ne fut pas difficile aux Baïgorriens de s'apercevoir que leurs intérêts devaient être sacrifiés par ce commissaire, et qu'ils avaient encouru son animadversion.


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GENERAL DON VENTURA CARO



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COMTE D'ORNANO



Le 15 août 1785, trois principaux propriétaires de la vallée de Baïgorry, MM. Harismendi, Ernautone et Minhondo, furent envoyés comme députés à M. Ornano, qui se trouvait aux Aldudes à l'occasion de la fête locale de cette commune ; mais à leur arrivée il les fit arrêter par la maréchaussée et conduire à la citadelle de St-Jean-Pied-de-Port. M. Harismendi demeura près de deux mois dans un cachot, à ce que nous a rapporté l'un de ces députés, M. Minhondo, qui est encore vivant. C'est à cette occasion que des plaintes et des déclamations s'élevèrent spontanément contre M. Ornano et contre ses opérations iniques. Les bornes qu'il fit poser depuis le col d'Ispeguy jusqu'au col d'Ibañeta, et que les espagnols payèrent, furent arrachées le lendemain de leur plantation. Celles qui furent posées d'après le traité de 1703 existent encore. Les Espagnols et les Français les respectent, et dans ce moment les troupeaux des vallées françaises et espagnoles jouissent du pacage de ce territoire.



Si l'article de la gazette espagnole est exact, M. le préfet des Basses-Pyrénées a une mission délicate, difficile et même dangereuse ; heureusement que n'étant pas tenu à l'obéissance passive, il lui reste la ressource des représentations fondée sur le droit incontestable qu'ont les Aldudiens et les Baïgorriens de défendre leurs propriétés sous la protection des lois. Personne en France ne saurait les violer impunément, surtout lorsqu'elles attaquent les propriétaires d'une localité aussi digne du nom français.



De petites causes ont souvent produit de grands effets. On serait curieux de savoir si c'est M. le baron ou M. le comte de Damas qui, dans le deuxième trimestre de 1815, se présenta à Baïgorry, venant de la vallée de Bastan ; s'il n'y fut pas arrêté, et conduit en vertu d'ordres supérieurs jusqu'à l'extrême frontière ; s'il n'y fut pas surpris par un orage qui l'obligea à passer la nuit à écrire dans la maison d'Ubanietta où il se réfugia, et qui est située entre la commune de Baïgorry et le col d'Ispegui (limite entre France et l'Espagne) : le rapport que M. de Damas dut faire sur sa mésaventure à Baïgorry, n'aurait-il pas été produit ou rappelé à l'occasion de la décision rendue en 1827, pour faire exécuter un traité inique et repoussé par Louis XVI.




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ANGE HYACINTHE MAXENCE, BARON DE DAMAS
PAR GEORGE DAWE



Enfin cette oeuvre d'Ornano a pu être l'effet d'une récrimination, ne serait-il pas possible que la décision ministérielle eût la même empreinte ?



Le traité de 1703 a constamment été la règle de conduite entre les habitans des vallées espagnoles et françaises. Depuis 1785 jusqu'au commencement de la révolution ce traité a toujours existé, et celui de Caro et Ornano ne fut jamais exécuté. Depuis 1789 jusqu'en 1827, le traité de 1703 a été exécuté sans interruption ; c'est donc en 1826, à l'occasion d'une contestation insignifiante entre quelques habitans de la vallée d'Erro et des ouvriers de la fonderie de Banca, que le ministère, par une susceptibilité déplacée ou par d'autres motifs peut-être plus blâmables, prononça une décision dénuée de toute équité et de justice. La population de Baïgorry et des Aldudes est une avant-garde nationale et une barrière redoutable. Il n'en est point, sur la frontière des Pyrénées, de plus dévouée ni de plus capable de défendre son territoire. Le gouvernement ne saurait trop apprécier ses belles qualités de patriotisme et de fidélité.


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CARTE FRONTIERE LABOURD GUIPUSCOA 1785


Un détachement de troupes françaises occupe aujourd'hui les Aldudes. Il est temps que le gouvernement prononce s'il y est pour soutenir les prétextes du cabinet espagnol ou pour défendre l'intégrité du territoire français, afin de faire cesser toute incertitude à cet égard. M. le préfet est parfaitement instruit de ce qui se passe et de ce qui a été exposé dans les deux articles précédents publiés dans ce journal. Les états de Navarre et le parlement de Pau se firent entendre au pie du trône de Louis XVI, en demandant justice pour les Baïgorriens. Il faut espérer que Charles X, son auguste frère, daignera écouter, sur le même objet, la voix de cette population digne d'un meilleur sort, et que M. le préfet des Basses-Pyrénées, seul intermédiaire entre S. M. et ce franc et malheureux peuple, ne négligera aucun moyen pour faire cesser cet état de choses. Le canton de Baïgorry a payé indûment 49 mille francs pour le pacage de ses troupeaux. Une indemnité lui est due en toute justice."






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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