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vendredi 19 juillet 2024

LE TRAITÉ D'ELIZONDO EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1785 (deuxième et dernière partie)


LE TRAITÉ D'ELIZONDO EN 1785.


Au cours de l'histoire, plusieurs traités ont été signés entre l'Espagne et la France, pour délimiter la frontière entre les deux pays.



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CARTE FRONTIERE LABOURD GUIPUSCOA 1785


Je vous ai déjà parlé de ce traité dans un article précédent.



... D’un point de vue méthodologique, les directeurs de la brigade, avec l’approbation de Caro et d’Ornano, ont conçu un plan de travail qui, à certains égards, est extrêmement ambitieux et original, et qui s’est reflété dans certains croquis et plans à usage interne. Au premier niveau, et comme nous l’avons déjà mentionné, cinq ingénieurs ont été chargés d’effectuer les calculs trigonométriques nécessaires (c’est-à-dire la préparation des canevas de travail géométriques), tandis que les autres étaient chargés des opérations de levé topographique. Dans un second temps, afin d’effectuer le relevé topographique lui-même (ou "détail du terrain"), les directeurs de la brigade, suivant les instructions générales déjà indiquées, organiseront les ingénieurs en binômes mixtes (chacun composé d’un ingénieur espagnol et d’un ingénieur français) et les répartiront selon une grille qui marque la surface de travail assignée à chacun d’eux.




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GENERAL DON VENTURA CARO



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COMTE D'ORNANO



... Les documents relatifs aux campagnes de 1786 et 1787 prouvent qu’il y avait des ingénieurs français travaillant du côté espagnol de la frontière, et vice versa, circonstance très inhabituelle à l’époque, compte tenu de la grande importance géostratégique d’une région comme celle-ci et des restrictions qui, pour des raisons de sécurité, accompagnaient généralement les opérations cartographiques effectuées à cette échelle de détail. Certaines tâches et plans, à la fois trigonométriques et topographiques, ont été exécutés par des binômes ou des groupes d’ingénieurs des deux nationalités.



Mais, comme nous le savons par une lettre de Don Antonio Zara, à partir de 1791, les ingénieurs espagnols et français travaillèrent séparément, étant donné les difficultés rencontrées par les uns et les autres pour pouvoir franchir les frontières dans le contexte politique dérivé du développement de la Révolution. La manière dont le travail était organisé annuellement à partir de cette campagne fut résumée par Zara dans un mémoire adressé à Floridablanca au début de 1792. Selon elle, les deux parties passaient généralement la fin du printemps et les mois d’été à travailler sur le terrain, opérant en bandes symétriques dans le but de couvrir le même tronçon de chaque côté de la ligne de démarcation.



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CARTE GENERALE FRONTIERE PYRENEENNE


... Au cours des mois d’automne et d’hiver, chacune des parties a procédé séparément, dans son pays respectif, à l’élaboration dans ses bureaux de la carte de la zone travaillée cette année-là, les deux délégations se réunissant au début du printemps de l’année suivante pour comparer et partager les résultats obtenus, échanger des copies des cartes établies entre elles. Dresser la carte des rencontres des deux volets et préparer la conception de la nouvelle campagne annuelle. La cordialité semble avoir présidé aux relations entre les ingénieurs des deux pays, "se traitant mutuellement avec l’harmonie et l’amitié qui sont d’un grand intérêt pour la Commission, mais sans aucune préoccupation qui la perturbe".



D’un point de vue technique, la collaboration entre les deux royaumes a impliqué le défi de coordonner un groupe composé de deux délégations qui, au moins au début, ont commencé avec des formations, des méthodes de travail et des instruments différents. Dans une lettre adressée à la Cour après avoir appris la nomination des six premiers ingénieurs qui devaient former la délégation espagnole de la brigade, Caro lui-même exprimait ses doutes sur l’inexpérience de la plupart d’entre eux par rapport à ceux du côté français.



Cependant, au-delà de ces doutes initiaux et des opinions que certains historiens français ont pu exprimer par la suite, la documentation dont nous disposons auprès de la Commission ne permet pas d’en déduire que ces divergences auraient entravé l’avancement des travaux. Il est vrai cependant que la méthode de triangulation et de relevé finalement adoptée (basée sur l’utilisation du graphomètre pour la triangulation et de la petite planchette pour le détail du terrain) est celle proposée par la délégation française ; que ces opérations étaient basées sur le réseau géodésique fourni par la carte de Cassini ; et que les instruments disponibles du côté français, au début, étaient beaucoup plus avancés que ceux possédés par les Espagnols, ce qui a conduit Zara à demander à différentes occasions l’acquisition d’instruments similaires, qui devaient être achetés à Paris et en Angleterre. Ces demandes, ainsi que les factures correspondantes, permettent de reconstituer de manière très détaillée les moyens techniques utilisés pour établir la carte topographique des Pyrénées.



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CARTE DE CASSINI DE BAYONNE A HENDAYE


De même, nous savons par les carnets de terrain de Junker que dans la triangulation géodésique préparatoire de Junker, le cercle répétitif de Borda, conçu en 1784 par Borda et Lenoir, et amené de Paris à Saint-Jean-de-Luz, le point de départ des opérations de la brigade, en avril 1786, a été utilisé comme pionnier. Les possibilités techniques offertes par cette invention en font l’instrument privilégié des campagnes et expéditions géodésiques françaises jusqu’au milieu du XIXe siècle, supplantant le quart de cercle mobile, qui joue un rôle de premier plan depuis le milieu du XVIIe siècle.



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CERCLE REPETITEUR DE JEAN-CHARLES DE BORDA ET ETIENNE LENOIR



En ce qui concerne sa facture et son contenu, la Carte topographique des Pyrénées est un manuscrit à la plume à l’encre noire et enluminé à l’aquarelle en vert, gris, jaune, rouge, terre de Sienne et bleu, qui représente le relief par l’ombrage et qui, outre les principaux fleuves, routes et centres de population et leurs abondantes informations toponymiques, indique des aspects tels que : la ligne de démarcation entre les pays ; les jalons existants (à la fois les anciens et, dans certains secteurs, ceux placés directement par la Commission) ; les lignes de démarcation des vallées (entités administratives traditionnelles) dans lesquelles les Pyrénées navarraises étaient organisées ; les principaux usages du sol, distingués par des tonalités chromatiques en plusieurs catégories (dont au moins cinq sont systématiquement représentées : forêts ; terres labourées ; vignes ; prairies ; pâturages et terres non cultivées) ; la parcelle de base de ces utilisations ; les lignes astronomiques parallèles et méridiennes (cette dernière faisant référence au méridien de l’observatoire de Paris) ; et les altitudes des "montagnes les plus remarquables", calculées en toesas "au-dessus des grandes marées de Fuenterrabía". Comme nous l’avons déjà indiqué, la bande représentée par la carte couvre, approximativement, une bande de 4 lieues de terre françaises de largeur (environ 18 km), deux (environ 9 km) de chaque côté de la frontière.



Suite au traité d'Elizondo, signé le 27 août 1785, la commission de délimitation disparut officiellement fin 1792, un conflit armé ayant éclaté entre les deux parties. Les guerres de la République et du Premier Empire relancèrent les travaux cartographiques, notamment militaires, sur l'ensemble de la chaîne des Pyrénées, mais à chaque fois de façon unilatérale.



(Source :  La carte topographique des frontières entre l’Espagne et la France (1786-1792) : méthodologie, procédure technique et contenu. –FIXER DES LIMITES (wordpress.com) et Histoire : les traitésHistoire traités - Bornes et croix frontière des Pyrénées Atlantiques (frontiere-64.fr))



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