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lundi 22 juillet 2024

LE LAIT AU PAYS BASQUE EN 1918 (quatrième partie)

 


LE LAIT AU PAYS BASQUE EN 1918.


Pendant la première Guerre Mondiale, il y a un grand problème d'approvisionnement en laitage pour les habitants du Pays Basque.




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LAITERIE CHÂTEAU DE MONTDEVILLE ANGLET 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

plusieurs éditions :



  • le 22/03/1918 :

"La question du lait.



Nous avons reçu la lettre suivante : 


Monsieur le Directeur, 

En vertu de mon droit de répondre, j’ai l’honneur de vous faire savoir que, non seulement je n’achète pas de lait dans les communes environnant Arcangues, mais que, pour ma consommation personnelle — 20 personnes — et pour ma fabrication de fromages et de beurre, j’emploie seulement 65 litres de lait, provenant de mes fermes. 


Pour mettre fin à des renseignements inexacts et calomnieux, je serais heureux qu’une enquête soit faite par des personnes autorisées. 


J’exige que vous fassiez insérer ceci à la même place que votre article du 21, afin que les lecteurs de la Gazette ainsi que toute la population de Biarritz sachent bien que je ne suis pas un affameur.  

Comte J. D’Arcangues. 



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CHÂTEAU ARCANGUES - ARRANGOITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nous sommes absolument du même avis que M. J. d’Arcangues, sur ce point qu’une enquête est nécessaire et doit être faite sur la destination donnée au lait produit par les communes de notre région, 



A l’heure et dans un pays où il y a insuffisance absolue de lait pour l’alimentation publique, à l’heure où l’arrivée de soldats américains convalescents va augmenter encore le déficit dont se plaignent médecins et mères de famille, la population — dont nous sommes l’interprète — ne peut admettre que le lait soit converti en fromages.  



Quelle que soit la quantité de lait ainsi détournée de son but, cette population a l’impression que ce changement de destination, même si on le considère comme légal, est une action déplorable, contraire aux nécessités créées par la guerre et peu conforme au devoir patriotique. 

"La Gazette".


pays basque autrefois laiterie labourd guerre agriculture
LAITIERES
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • le 27/03/1918 :

"Le lait.



Les municipalités qui ont à résoudre les plus délicats problèmes de la vie chère et du ravitaillement sont en tutelle et ne peuvent pas grand'chose sans le concours des pouvoirs publics dont elles relèvent ; leurs moyens d’action sont limités et subordonnés à l’autorité ministérielle ou préfectorale qui seule peut seconder d’utiles initiatives ou les annihiler. 



Cette vérité, qui parfois échappe au public, se vérifie amplement dans de multiples questions d’actualité et en particulier dans celle du lait, qui prend un caractère d’acuité tout spécial. La pénurie de vient de plus en plus sensible, avec l’affluence de population qui nous arrive en ce moment.



Il y a bien longtemps que nos paysans pratiquent l'élevage et ont délaissé la culture des céréales pour transformer les terres en prairies. Aussi, jusqu’à ces derniers temps, les campagnes fournissaient du lait assez abondamment pour alimenter les agglomérations urbaines. En cette matière comme en tant d’autres, l’esprit de lucre a apporté une grave perturbation dans les nécessités économiques les plus pressantes.  



Des beurreries et des fromageries se sont installées aux portes de Bayonne et de Biarritz, à Saint-Barthélemy, à Urt, à Ustaritz, à Arcangues ; elles accaparent le lait dans les fermes et les villages, souvent au moyen de voitures automobiles pour lesquelles leurs propriétaires trouvent l’essence qui manque aux ménages modestes ! Les laitières consentent volontiers à vendre ainsi leur lait à un prix rémunérateur qui les dispense de le porter à la ville.



Cependant, les produits fabriqués par les beurreries et les fromageries sont des articles de luxe ; le beurre et le fromage se vendent très cher. Ces établissements industriels réalisent des bénéfices, pendant que beaucoup de gens manquent de lait. 



Depuis longtemps, la municipalité de Bayonne a voulu mettre un terme à ce fâcheux état de choses. Elle s’adressa au Préfet dès le mois de décembre, par l’organe de son maire. Dès ce moment, M. Garat signalait aux pouvoirs publics un abus dont il demandait la cessation dans les termes suivants : 


"Saisi de nombreuses plaintes émanant plus particulièrement de mères de famille qui éprouvent de grandes difficultés à trouver du lait pour leurs nourrissons, je crois devoir vous signaler qu’un certain nombre de beurreries et de fromageries emploient une grande quantité de cette denrée indispensable aux enfants, aux vieillards et aux personnes malades, pour la fabrication de fromages et de beurres qui sont, dans notre région, des produits de luxe. Il ne vous échappera pas que dans les temps de misères, de souffrances que nous traversons, l’accaparement du lait par des établissements industriels produit le plus mauvais effet sur l’esprit de la population que j’ai l’honneur d’administrer". 



M. Garat terminait en demandant l’énergique intervention de l’autorité préfectorale pour la suppression du racolage du fait dans les communes rurales et de la vente du beurre. 



Cette démarche fut renouvelée au début de janvier, lors du changement du titulaire de la Préfecture des Basses-Pyrénées. Mais aucune réponse ne fut faite pas plus à la seconde qu’à la première. 



Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, la municipalité bayonnaise estimait que, pour faire face aux graves difficultés du moment, une méthode d’administration agissante était indispensable. Une situation exceptionnelle exige des mesures exceptionnelles, conformes aux nécessités brutales des faits comme au véritable esprit démocratique qui ne se contente pas de paroles, mais réclame des actes énergiques et des décisions promptes. Pour maintenir le moral à l’arrière, il faut lutter contre toutes les tentatives d’accaparement, quelles que soient les formes qu’elles revêtent, contre toutes les tendances injustifiées d’élévation des prix et de surenchérissement des conditions de l’existence, quelles que soient les formules et les formalités empruntées ; il faut aussi par tous les moyens possibles des intérêts particuliers dussent-ils en souffrir, assurer le ravitaillement de la population en matières de première nécessité. 

Un Bayonnais."



A suivre...




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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